Contenu du sommaire : Artivisme
Revue | Hommes et migrations |
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Numéro | no 1342, juillet-septembre 2023 |
Titre du numéro | Artivisme |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Artiste en lutte, activisme par l'art, des affinités contrariées ? - Marie Poinsot p. 3
Le point sur : Artistes, activismes et migrations
- Migrations artistiques. Un état des lieux - Sarah Andrieu, Christian Rinaudo p. 8-11
- Artistes en exil : Carrières migratoires et structures d'accueil - Christian Rinaudo p. 13-20 La catégorie d'« artiste en exil » mobilisée pour désigner certains artistes étrangers réfugiés en France tend à réduire la diversité de leurs expériences migratoires tout en contribuant à les distinguer d'autres migrants. Une enquête de terrain réalisée auprès de l'association française L'atelier des artistes en exil permet de mettre en lumière les effets d'une telle catégorie sur la définition même de l'identité de l'artiste et du regard qu'il porte sur sa propre pratique. Car l'exil informe à la fois la création de l'artiste et la réception de ses œuvres au sein de la société d'accueil.
- Construction et appropriations de la figure de l'« artiste réfugié » dans des dispositifs d'accueil artistique à Berlin - Soline Laplanche-Servigne p. 23-30 Une enquête réalisée à Berlin en 2019 auprès d'artistes étrangers résidant dans la ville et de responsables de dispositifs de soutien permet de mettre en lumière le rôle des catégories utilisées pour les appréhender. La figure de l'« artiste réfugié » mobilisée par les dispositifs d'accueil artistique est le fruit d'une construction qui comporte des biais symboliques aux conséquences bien réelles. Ces créateurs font ainsi face aux attentes d'un public assignant leur travail à une place : celle d'un artiste fuyant des conflits dont il serait sommé de traiter.
- Les défis de la « double présence » : L'engagement multi-situé des chorégraphes burkinabè - Sarah Andrieu p. 33-40 Salia Sanou, Serge Aimé Coulibaly, Bienvenue Bazié et Ahmed Soura, danseurs et chorégraphes originaires du Burkina Faso, partagent leur existence entre l'Europe et l'Afrique de l'Ouest. L'étude du parcours et de l'engagement de ces artistes permet de mettre au jour les modalités de la construction de leur carrière artistique au carrefour de plusieurs territoires. Leurs trajectoires multi-situées excèdent les catégories mobilisées pour décrire les mobilités artistiques internationales. Ni artiste migrant, ni en exil, ces artistes se déjouent des assignations à résidence.
- Musiques anatoliennes en exil : transformations, transgressions - Pinar Selek p. 43-50 L'étude de la formation actuelle de groupes et de collectifs de musiciens d'origine anatolienne en France et en Allemagne permet d'éclairer la vitalité de la création musicale contemporaine en diaspora. Se fondant sur une solide tradition d'activisme musical et une implantation ancienne de réseaux diasporiques en Europe, la jeune génération de musiciens aux origines turques, kurdes ou arméniennes mêlées questionne résolument les codes communautaires, les frontières politiques et les appartenances genrées. La solidarité entre ces artistes débouche sur la création de lieux et d'événements qui dessinent les contours d'un territoire musical transnational.
- Chez Soi - Silina Syan, Sophie Orlando p. 52-59 Née en 1996 à Clamart, Silina Syan est une plasticienne transdisciplinaire. Diplômée de l'École nationale supérieure d'art, la Villa Arson, elle co-dirige le média Echo Banlieues, où elle intervient également en tant que photographe. Les identités postcoloniales, les doubles ou les triples cultures, aussi bien que les histoires d'enfants d'immigré·e·s en France font partie de ses sujets de prédilections. Elle déploie une approche autobiographique en mettant en relief ses souvenirs, ses fabriques d'imaginaires, ses liens avec différentes communautés. En 2021, elle est en résidence à Triangle-Astérides (Marseille), et présente son travail aux Magasins Généraux lors du festival Les Chichas de la Pensée, à la galerie art-cade* (Marseille), au centre d'art de la Villa Arson (Nice) et aux Ateliers Médicis lors de la Nuit Blanche. En 2022, son travail est exposé à la galerie Éric Mouchet (Paris), à Poush Manifesto (Clichy), ainsi qu'à La Villette (Paris) dans 100 % l'expo et au 109 (Nice) à l'occasion du festival Image Satellite. En 2023, elle présente un projet avec le collectif B93 au Sample Bagnolet, soutenu par Mondes Nouveaux. Depuis 2021, elle est en résidence aux Ateliers Médicis (Montfermeil), avec qui elle travaille sur un projet soutenu par Mondes Nouveaux et l'université Côte d'Azur.
- « Sans la culture, on ne peut pas vivre » - Teresa Maffeis, Nick Aikens p. 61-66 L'entretien suivant avec feu Teresa Maffeis a eu lieu à Nice en octobre 2021. Je l'ai rencontrée en juillet 2021, vers la fin d'une visite de recherche de trois mois au sein de l'université Côte d'Azur, dans le cadre du Programme de pratiques de recherche avancées. Mon projet consistait en une exposition-recherche intitulée « Rewinding Internationalism », réalisée en trois expositions à Netwerk Aalst, en Belgique (février-mai 2022), au Van Abbemusuem, aux Pays-Bas (novembre 2022-avril 2023), où je travaille comme conservateur, et à la Villa Arson à Nice (juin-août 2023).
Au musée
- L'album photographique : Faire collection, faire récit, faire commun avec les images - Magali Nachtergael p. 114-117
- « Le plus souvent dans l'histoire, “anonyme” était une femme » (Virginia Woolf). Résidence In Situ, Collège Nelson Mandela au Blanc-Mesnil (93) - Marie Bourdeau, Maya-Inès Touam, Fanny Morère, Nedjma Kacimi, Annella Knerr p. 118-125 Dans le cadre des résidences d'artistes en établissement scolaire portées par le département de la pédagogie du Musée national de l'histoire de l'immigration (MNHI), le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis a financé sur l'année scolaire 2022-2023 une résidence artistique In Situ, réalisée par l'artiste photographe Maya-Inès Touam au collège Nelson Mandela situé dans la ville du Blanc-Mesnil (93). Cette politique de résidence permet de rendre accessible au jeune public le nouveau parcours permanent du MNHI à travers une approche sensible construite sur les trois piliers de l'éducation artistique et culturelle : la rencontre, l'acquisition de connaissances et la pratique artistique.
- « Frontières/Horizon(s) », 10 ans de résidence cinéma au Musée national de l'histoire de l'immigration - Stéphanie Bartolo, Anne Luthaud, Agnès Jahier, Carine May, Luce Fournier p. 126-135 En 2023, la résidence de réalisation « Frontières/Horizon(s) », créée avec le Groupe de recherches et d'essais cinématographiques (Grec), célèbre ses 10 ans d'existence. Conçue pour soutenir la réalisation d'un premier ou d'un deuxième court-métrage sur la thématique de l'immigration en s'appuyant sur les ressources du Musée national de l'histoire de l'immigration, cette résidence a permis, depuis 2014, la réalisation et la production de 10 films.
- Artistes et activistes : vers un plaidoyer commun ? - Lina Louber, Nicolas Treiber p. 136-141 Les associations ont de plus en plus souvent recours au monde artistique pour relayer et porter leurs sujets, leurs actions et leurs combats dans le champ des migrations et de l'immigration. La rencontre organisée au Musée national de l'histoire de l'immigration en partenariat avec l'Agence française de développement (AFD), dans le cadre de la Journée internationale des migrants en décembre 2022, interroge la façon dont la sphère artistique peut compléter, prolonger, relayer et favoriser l'action indispensable des associations.
- « Le bilinguisme est avant tout une expérience physique » - Polina Panassenko, Stéphanie Bartolo p. 142-145 Le Prix littéraire de la Porte Dorée a été décerné cette année à Polina Panassenko pour Tenir sa langue, publié aux éditions de l'Olivier en 2022. Un premier roman drôle et frondeur qui dit toute la complexité d'une enfance prise entre deux pays, deux langues, deux prénoms . Pour le jury, présidé cette année par Mohamed Mbougar Sarr, « l'autrice signe le récit léger et grave, absurde et tendre, d'une lutte intime pour garder ce qui menace de se perdre dans l'expérience d'un déplacement – une langue, une histoire, un héritage ou même un prénom. Tenir, retenir, appartenir : entre deux pays, Polina Panassenko interroge ces trois verbes de l'exil, auxquels elle ajoute un quatrième : aimer, aussi bien la Datcha que Saint-Étienne, sans devoir se renier ».
Champs libres
- L'art et la culture au service de la cause immigrée - Vincent Gay, Samir Hadj Belgacem, Mathilde Pette, Angéline Escafré-Dublet, Mohsen Dridi, Karim Taharount, Hajer Ben Boubaker, Camille Gourdeau, Victor Pereira, Gillian Glaes p. 148-156 Les mobilisations de la cause immigrée ont parfois pris des formes artistiques et culturelles mêlant inspirations françaises, émigrées et anglo-saxonnes. La cause immigrée a investi le domaine artistique – musique, théâtre, cinéma et littérature notamment –, ainsi que certains lieux culturels comme des espaces de revendication, d'engagement et de formation politique. Ici, nous évoquerons le Festival de théâtre populaire des travailleurs immigrés, organisé par la Maison des travailleurs immigrés (MTI) entre 1975 et 1979, ainsi que quatre militant.e.s qui y ont pris part à des moments différents de leurs engagements dans la cause immigrée. Les notices biographiques publiées ici sont des versions courtes se focalisant sur leurs engagements en lien avec le théâtre et la culture. Leurs notices complètes seront publiées dans le dictionnaire Maitron.
- « Donner à voir la cause immigrée dans sa globalité et sa diversité » - Camille Gourdeau, Karim Taharount, Marie Poinsot p. 157-159
- Le droit à la culture pour tous pour les personnes en situation d'exil : Un principe généreux à l'application circonstanciée - Karine Meslin p. 160-164 Si les politiques d'accueil mises en place au cours de la décennie 2010-2020 incluent les droits culturels des migrants, l'étude de projets artistiques à destination d'exilés révèle des biais dans la mobilisation des publics visés.
- Arts et migrations. Entretien croisé de porteurs de projets suivis par Erasmus+ - Stéphane Sauzedde, Alice Brunot, Milena Espinal, Aurélie Gaudin, Laura Chamas, Alice Simon, Sandrine Courchinoux, Marie Poinsot p. 165-170
- Géographies de l'attente - Philippe Monges p. 172-175 Des ateliers de pratique photographique menés avec des demandeurs d'asile en région parisienne, en partenariat avec France terre d'asile, avaient pour objet de questionner leurs représentations du territoire vécu dans leur pays d'accueil. Au-delà de l'apprentissage du médium photographique et de l'exposition de leurs séries photos, ces ateliers ont contribué à développer l'estime de soi des participants.
- Objets trouvés, paradis perdus - Malik Nejmi p. 176-181
- Passeur·ses d'Humanité : un festival de la pensée dans la vallée de la Roya - Marie Poinsot, Jacques Perreux, Yvan Gastaut p. 182-189 Il y a tout juste cinq ans, se déroulait la première édition du Festival des Passeur·ses d'Humanité, du 12 au 15 juillet 2018. Depuis, malgré les années de confinement sanitaire, cet événement largement pluridisciplinaire anime en juillet la vallée de la Roya (06) avec des ateliers en tout genre, des expositions, des conférences et des débats d'idées autour de l'actualité et de l'histoire, des manifestations artistiques, etc.
- Espero France, la couture comme patron d'insertion - Nicolas Treiber p. 190-192 Avec Espero Atelier, Espero France propose des parcours d'insertion sociale et professionnelle à destination de personnes éloignées de l'emploi dans les métiers de la couture. Depuis 2021, près d'une trentaine de personnes ont été formées aux techniques de la couture upcycling dans les ateliers de l'association.
- Bienvenue en Absurdie - Mustapha Harzoune p. 193-196
- Blick Bassy : Une voix engagée pour le Cameroun de demain - François Bensignor p. 197-202 La douceur éthérée de sa voix, immédiatement reconnaissable, contraste avec la détermination qu'exprime Blick Bassy à repenser l'Afrique. Élevé dans la capitale du Cameroun, mais aussi initié aux rythmes et traditions du pays bassa, l'auteur et musicien oeuvre à faire advenir une Afrique nouvelle, dégagée du mimétisme colonial, en phase avec ses racines culturelles profondes comme avec le futur.
- La Gravité : Film de Cédric Ido (France, 2022) - Mouloud Mimoun p. 203
- Le Jeune Imam : Film de Kim Chapiron (France, 2023) - Mouloud Mimoun p. 204
- Le Paradis : Film de Zeno Graton (France, 2023) - Mouloud Mimoun p. 205
- Le Principal : Film de Chad Chenouga (France, 2023) - Mouloud Mimoun p. 206
- L'île rouge : Film de Robin Campillo (France, 2023) - Mouloud Mimoun p. 207
- Omar la fraise : Film de Elias Belkeddar (France, 2023) - Mouloud Mimoun p. 208
- Rêve : Film d'Omar Belkacemi (Algérie, 2021) - Mouloud Mimoun p. 209
- Temps mort : Film d'Ève Duchemin (Belgique, France, 2023) - Mouloud Mimoun p. 210
- Élisabeth Lesne (dir.), Filles de l'Est, femmes à l'Ouest : Paris, Intervalles, 2022, 176 p., 21 €. - Mustapha Harzoune p. 211-212
- Delphine Horvilleur, Il n'y a pas de Ajar : Paris, Grasset 2022, 96 p., 12 €. - Mustapha Harzoune p. 212-213
- Hacène Hirèche, Blessures et résiliences : Paris, L'Harmattan, 2022, 170 p., 18 € - Mustapha Harzoune p. 213-214
- Mehenna Mahfoufi, Slimane Azem, l'impossible retour : Photos et poèmes inédits, Autoédition, 2020, 284 p., 30 €. - Mustapha Harzoune p. 214-215
- Mustapha Saïf, Just Humanis. Manifeste pour celles et ceux qui vivent debout : Paris, éd. Publiwiz, 2021, 100 p., 11 € - Mustapha Harzoune p. 215
- Saïd Mohamed (poèmes), Arnaud Coutancier (musiques), Délits de faciès. Opéra murmuré : Livret et CD, autoproduction soutenue par La Factorie, Maison de la Poésie Normandie, 2021, 16 p., 15 €. - Mustapha Harzoune p. 216
- Saïd Sadi, Mémoires. La haine comme rivale, 1987-1997. Tome III : Paris, éd. Altava, 2023, 589 p., 30 € - Mustapha Harzoune p. 217-218
- Thomas Piketty, Mesurer le racisme, vaincre les discriminations : Paris, Seuil, 2022, 72 p., 4,50 € - Mustapha Harzoune p. 218-219
- Karim Khaled, Intelligentsias algériennes. Le double exil : Préface de Lahouari Addi, Alger, Koukou Éditions, 2023, 240 p., 18 €/1500 DA. - Salim Chena p. 219-220
- L'art et la culture au service de la cause immigrée - Vincent Gay, Samir Hadj Belgacem, Mathilde Pette, Angéline Escafré-Dublet, Mohsen Dridi, Karim Taharount, Hajer Ben Boubaker, Camille Gourdeau, Victor Pereira, Gillian Glaes p. 148-156