Contenu du sommaire : I. Travaux
Revue | Travaux de linguistique |
---|---|
Numéro | no 86, 2023 |
Titre du numéro | I. Travaux |
Texte intégral en ligne | Accès réservé |
- Immersion et submersion : influences respectives sur les attitudes langagières des élèves francophones en Belgique - Thomas Caira p. 7-31 La présente contribution rend compte d'une étude visant à identifier les rapports éventuels entre modèles d'enseignement et attitudes langagières chez les élèves francophones en Belgique. Les trois types d'enseignement pris en compte sont l'enseignement classique, l'immersion et la submersion. Quantitatives de nature, les données ont été collectées par le biais d'un questionnaire en ligne et ont ensuite fait l'objet d'une analyse statistique inférentielle. Les résultats de celle-ci témoignent d'attitudes plus positives envers la langue cible en immersion et en submersion comparées à l'enseignement classique. Le constat n'est cependant pas le même concernant les attitudes envers les communautés linguistiques, pour lesquelles aucune différence significative n'a été observée. La comparaison entre l'immersion et la submersion atteste d'un avantage d'un point de vue comportemental pour les élèves en submersion. En revanche, les attitudes affectives sont plus élevées dans le cas des élèves en immersion.The present work reports on a study that identifies the possible connections between teaching models and language attitudes of French-speaking pupils in Belgium. Three types of teaching have been considered: conventional foreign language teaching, immersion and submersion. The quantitative data were collected through an online survey and subjected to inferential statistical analyses. The results of these analyses show more positive attitudes towards the target language in immersion and submersion compared to conventional teaching. However, the same cannot be said for attitudes towards the language communities, for which no significant differences were found. The comparison between immersion and submersion shows an advantage in the reported behavior for submersion students. In contrast, affective attitudes are stronger for immersion students.
- Les représentations linguistiques comme outils du professeur et du didacticien : le cas des étudiants de langues de l'Université Libre de Bruxelles - Leyla Tielemans p. 33-58 Cette contribution illustre, à l'aide d'un cas concret, les intérêts que peuvent présenter l'identification et l'analyse des représentations linguistiques des apprenants de langue pour les processus d'enseignement-apprentissage et d'acquisition linguistique. Il s'agit d'une étude multilingue réalisée auprès d'étudiants de langues en contexte universitaire à Bruxelles. L'étude en question, qui combine les approches quantitative et qualitative, a permis de mettre en lumière les représentations linguistiques des participants concernant dix-neuf langues, autant dans leurs tendances générales que dans leurs formes marquées par l'expérience individuelle. Cet article propose une méthodologie d'identification et de traitement des représentations linguistiques d'une part, et diverses utilisations des informations récoltées d'autre part, et ce du point de vue du professeur de langue et du didacticien.This contribution illustrates the relevance of the identification and analysis of language learners' linguistic representations for the language teaching and language acquisition processes. It is based on a multilingual case study conducted amongst academic language students in Brussels. This study sheds light on the participants' linguistic representations regarding nineteen languages. Thanks to a combination of quantitative and qualitative approaches, both general tendencies as well as forms of representations marked by individual experience emerged. This article proposes, on the one hand, a methodology for identifying and analyzing linguistic representations and, on the other hand, various uses of the gathered information from the point of view of language teachers and didacticians.
- Concurrence morphologique et préfixation de haut degré : le cas de méga-, giga- et hypra- - Julie Kamber, Richard Huyghe p. 59-83 Cet article porte sur la concurrence morphologique entre trois préfixes de haut degré ( méga-, giga- et hypra-), dont l'emploi s'est développé au cours des trois dernières décennies. Cette concurrence est étudiée à partir de l'analyse d'un échantillon aléatoire de 300 occurrences dans un corpus du français contemporain. Il apparaît que les trois préfixes se distinguent par la catégorie grammaticale de leurs bases de prédilection (adjectifs pour hypra-, noms pour méga- et giga-). Par ailleurs, la frontière entre emploi proprement affixal et emploi lexical est ténue, en particulier pour hypra-, qui manifeste une autonomie plus grande que méga- et giga- et peut souvent s'apparenter à un adverbe. L'examen des dérivés construits atteste de l'existence fréquente de doublons, à la fois entre les trois préfixes étudiés et avec les autres préfixes de haut degré. Si ce doublonnage peut en partie s'expliquer par des spécificités d'ordre sémantique, stylistique ou sociolinguistique, il semble néanmoins exister des cas d'indistinction entre formes rivales. L'apparition de préfixes de haut degré néologiques actualise ainsi une propriété caractéristique de la morphologie évaluative, qui est de pouvoir disposer en abondance de procédés de construction dont la distinctivité est parfois faible.This article investigates the morphological competition between three degree prefixes in French ( méga-, giga- and hypra-) that have emerged in the last three decades. The competition between these prefixes is examined based on a random sample of 300 occurrences in a corpus of contemporary French. It appears that the three prefixes tend to select bases of different lexical classes (with a preference for adjectives in the case of hypra-, and for nouns in the case of méga- and giga-). Moreover, the distinction between affixal and lexical uses is not clear, especially for hypra-, which is more autonomous than méga- and giga- and can often be compared to an adverb. Many doublets can be observed among the words derived by means of the three prefixes at hand, or even with other degree prefixes. While the existence of doublets can sometimes be explained by semantic, stylistic or sociolinguistic differences, there also seem to be indistinct competing forms. Overall, the emergence of novel degree prefixes illustrates the ability of evaluative morphology to produce weakly distinctive derivational patterns.
- Approche contrastive exploratoire « corpus based » des séquences de clôture romanesque : les chaines de référence comme marqueurs linguistiques au service de l' analyse littéraire - Emmanuel Baumer, Dominique Dias, Catherine Schnedecker p. 85-113 Les études littéraires sur la clôture narrative se heurtent à des problèmes de délimitation et de définition. Cet article contrastif (allemand-anglais-français) propose d'élaborer un outil d'analyse linguistique centré sur les chaines de référence. Nous supposons que l'observation des expressions référentielles se rapportant aux personnages permet de comprendre comment se constituent le début et la fin des textes. Les analyses portent ici sur un corpus exploratoire d'environ 50 000 mots, constitué de 45 incipit et 45 excipit (15 dans chaque langue) de romans réalistes, annotés et analysés par le biais de deux logiciels. Il apparait que le mode de référenciation des personnages connait en effet des spécificités dans les incipit et les excipit. Ces spécificités permettent d'établir un ensemble de paramètres observables qui recoupent en partie l'analyse littéraire en termes de topoï thématiques. Enfin, la dimension contrastive conduit à s'interroger sur les spécificités culturelles de ces phénomènes.Literary studies of narrative closure often face problems related to delineation and definition. This contrastive article (German-English-French) proposes to develop a linguistic tool centered on the analysis of reference chains. We assume that the observation of referential expressions referring to characters allows us to understand how the beginning and the end of texts are built. The analysis is applied to an exploratory corpus of about 50 000 words, made up of 45 incipits and 45 excipits (15 in each language) of realist novels, annotated and analyzed with two software programs. It appears that the mode of referencing characters is indeed specific in incipits and excipits. These specificities suggest the existence of a set of observable parameters that partly overlap with the literary analysis in terms of thematic topoï. Finally, the contrastive dimension leads us to question the cultural specificities of these phenomena.
- Fonctionnement textuel des syntagmes nominaux démonstratifs appositifs - Saloua Tritar-Ben Ahmed p. 115-132 La présente contribution se propose de focaliser l'intérêt sur la catégorie des syntagmes nominaux appositifs comportant des déterminants démonstratifs en les inscrivant dans une double opposition : celle, d'une part, entre les syntagmes nominaux démonstratifs appositifs spécifiques et les génériques, et celle, d'autre part, entre les syntagmes nominaux démonstratifs appositifs mémoriels spécifiques et leurs pendants génériques. Cette double opposition relative au fonctionnement des syntagmes nominaux démonstratifs appositifs est saisie dans un cadre textuel, en l'occurrence l'œuvre romanesque d'H. de Balzac, Le Lys dans la vallée, et se focalise sur leur rôle énonciatif dans le discours en tant que foyer du point de vue – au sens narratologique et axiologique du terme – à travers l'analyse de leurs cotextes et de leurs supports.The present contribution zooms in on the under-studied category of appositive noun phrases with demonstrative determiners by considering them in light of a double opposition: that between specific and generic appositive demonstrative NPs and that between specific and generic memorial demonstrative NPs. This double opposition regarding the functioning of appositive demonstrative NPs is captured in a textual framework, viz. H. de Balzac's novel The Lily of the Valley, and focuses on their enunciative role in discourse as a focus of point of view – in the narratological and axiological sense of the word – through the analysis of their co-texts and that of their supports.
- Des différents types d'utilisation de la notation musicale pour visualiser l'intonation du français : entre tradition et modernité - Claudia Schweitzer p. 133-156 Pour décrire la prosodie d'une langue, les chercheurs modernes se servent généralement de 3 paramètres : la fréquence fondamentale, la durée et l'amplitude des sons, aujourd'hui analysables de manière instrumentale. Différents outils permettent ainsi de calculer et de visualiser des spectogrammes, des courbes mélodiques ou d'intensité. Pourtant, les statistiques et graphiques ainsi obtenus sont souvent difficiles à interpréter pour celui qui n'a pas l'habitude de travailler dans ce domaine, voire d'utiliser ces logiciels. C'est pourquoi certains auteurs se servent d'autres types de visualisation, plus ou moins concrets ou abstraits. Parmi les différents modèles, un type de visualisation a notamment une longue tradition en France : celui de la notation musicale qui remonte jusqu'aux débuts de la grammaire française au XVIe siècle. La transcription musicale permet de montrer graphiquement, de manière facilement accessible, différents phénomènes prosodiques, comme la hauteur et la durée, sur un seul support. Grâce à sa connaissance auprès d'un grand public et à sa facilité d'adaptation à différents courants de pensée, la notation musicale n'a cessé d'animer l'imagination des chercheurs, et cela, jusqu'à aujourd'hui. Cet article montre les critères théoriques et pratiques selon lesquels les auteurs des différents siècles et courants se servent du référant « musique » pour visualiser la mélodie ou l'intonation du français.To describe the prosody of a language, modern researchers generally use 3 parameters: the fundamental frequency, the duration and the amplitude of the sounds, which can now be analyzed instrumentally. Various tools help to calculate and visualize spectograms, melodic or intensity curves. However, the statistics and graphs obtained with these tools are often difficult to interpret for those who are not used to working in this field, or even to using certain software. This is why some authors use other types of visualization, which can be more or less concrete or abstract. Among the different models, one type of visualization has a long tradition in France musical notation. Going back to the beginnings of French grammar in the 16th century, musical transcription makes it possible to show graphically, in an easily accessible way, and on a single medium, different prosodic phenomena such as pitch and duration. Because it is usually known by the general public and it is easily adaptable to different currents of thought, musical notation has never ceased to excite the imagination of researchers, up until today. This article shows the theoretical and practical criteria according to which authors of different centuries and currents use the « music » referent to visualize melody or intonation.