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Revue Annales de géographie Mir@bel
Numéro no 754, novembre-décembre 2023
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  • Articles

    • Une géographie mouvante : la composition des effectifs de la Légion étrangère (1831-2022) - François-Michel Le Tourneau p. 5-28 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article documente l'évolution de la composition des effectifs de la Légion étrangère par zone de provenance au cours de son histoire. Il montre les mécanismes qui permettraient d'expliquer les fluctuations, et présente plus en détail la configuration de la Légion étrangère en 2022, démontrant la récente globalisation de ses effectifs et la montée des pays du « Sud global » au sein du recrutement depuis 2010. Pour ce faire, nous présentons dans un premier temps les origines et les spécificités de la Légion du point de vue de son recrutement. Dans un deuxième temps, nous balayons son histoire en montrant les changements des bassins géographiques de provenance en fonction des époques. Enfin, nous nous arrêtons sur la période contemporaine en regardant quels sont les déterminants de la globalisation, en cours à l'heure actuelle, de sa composition.
      This paper documents the evolution of the geographical origins of the soldiers serving the French Foreign Legion along its history, as well as the mechanisms and dynamics that explain their fluctuations, with a particular focus on the situation in 2022. In order to draw what is a geographical perspective of the Legion, we first look at its beginnings and explain the specificities of the recruitment process. In a second part, we browse through the Legion's history and show how the geography of the recruitment has changed across nearly two centuries of existence. Last, we look at the current situation and try o explain why the Legion has lately seen a quick globalization of its composition, which is particularly obvious now.
    • Une évaluation des proximités agroalimentaires : le cas des circuits courts et de proximité de la ville de Nice - Juliette Benedetti, Karine Emsellem, Stéphane Bouissou p. 29-54 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Dans un contexte de développement d'un intérêt politique, scientifique et citoyen pour les systèmes alimentaires localisés, ce travail s'intéresse aux formes diverses des circuits courts et de proximité (CCP) à partir du cas de la ville de Nice. La combinaison de méthodologies quantitatives (constitution d'une base de données à partir d'une enquête de terrain, analyse statistique et méthode de classification) permet de caractériser les différentes formes de CCP niçois. Réalisée à partir de variables a-spatiales — proximités fonctionnelle (nombre d'intermédiaires au long du circuit) et relationnelle (niveau d'information sur la qualité et l'origine du produit) —, la classification identifie trois types de CCP, analysés à la lumière de leur emprise spatiale (distance entre lieux de production et de vente), des typologies de produits échangés et des types de points de vente les commercialisant. En résulte une requalification des termes « court » et « de proximité » qui caractérisent les circuits. Le travail conclut qu'il s'agit de circuits présentant un nombre d'intermédiaires inférieur ou égal à 1 entre producteur et consommateur, avec une qualité d'information satisfaisante dispensée au consommateur sur le produit, et dont l'ensemble des étapes sont réalisées dans un périmètre géographique réduit, d'ordre régional dans le cas niçois.
      In a context of political, scientific and citizen interest in localized food systems, this work focuses on the various forms adopted by short and proximity circuits (CCP) around the city of Nice case study. The combination of quantitative methodologies (database built from a field survey, statistical analyses and clustering method) leads to the characterization of the different forms of CCP. Based on aspatial variables — functional (number of intermediaries along the circuit) and relational proximities (level of customer information on the product's quality and origin), the clustering method identifies three types of CCPs, analyzed based on their spatial influence (geographical distance between places of production and sale), typologies of products exchanged, and the types of outlets marketing them. The result is a requalification of the terms “short” and “proximity.” This work concludes that “CCP” qualifies the food circuits displaying a number of intermediaries less than or equal to 1 between producer and consumer ; associated with a good quality of information provided to the consumer on the product ; and including all the steps (agricultural production, food processing and sale) in a reduced geographical perimeter, regional in the case of Nice.
    • Au nom de l'urgence et de l'expertise technique, (dé)limiter le politique. Reconstruction des routes et berges dans la vallée de la Roya post-tempête Alex - Selin Le Visage p. 55-83 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Le 2 octobre 2020, la tempête Alex a frappé de plein fouet les vallées de la Roya, de la Tinée et de la Vésubie dans les Alpes-Maritimes. En France, la reconstruction post-catastrophe a été moins étudiée que la prévention ou la gestion des risques malgré son rôle pour le développement du territoire, qui sera ici appréhendé dans sa dimension matérielle et relationnelle. En se focalisant sur les modalités de reconstructions des berges et des infrastructures de transport le long de la Roya, cet article interroge la façon dont certaines préférences sociales sont reproduites à travers les choix d'adaptation faits. Dans une perspective de géographie sociale et politique de l'environnement, il étudie les manières dont les acteurs de la gestion de crise et de la reconstruction délimitent les sujets qui peuvent (ou non) être débattus dans les processus de prise de décision. Il montre comment les temporalités de l'urgence permettent de circonscrire artificiellement ce qui serait de l'ordre du technique et du ressort du politique, désamorçant ainsi la conflictualité inhérente aux projets d'aménagement au profit d'une gouvernance efficace. L'article conclut sur une invitation à étudier les effets, pour l'environnement et la consultation du public, d'une nouvelle procédure d'urgence dite à caractère civil au vu des dérogations à un certain nombre de droits fondamentaux qu'elle permet – notamment si l'argument de « l'évidence de l'urgence » est étendu à des projets d'aménagement ou de transition écologique au-delà de la seule gestion des risques.
      On 2 October 2020, storm Alex hit the Roya, Tinée and Vésubie valleys (Alpes-Maritimes, France). Post-disaster reconstruction has been less studied than risk prevention or management, despite its role in the development of the territory – the territory being here understood in the sense of the hydrosocial literature, both in its material and relational dimensions. By focusing on the reconstruction of the riverbanks and transport infrastructure along the Roya river, this article examines the way in which certain social preferences are reproduced through the adaptation choices made. This research is part of a social and political geography of the environment. It looks at the ways in which actors involved in crisis management and reconstruction define the issues that can (or cannot) be discussed in the decision-making process. It shows how the temporalities of the emergency make it possible to artificially circumscribe what would be of a technical nature and what may fall within the scope of politics, thereby disabling the conflict inherent in development projects in favor of governance. The article concludes with an invitation to study the effects on the environment and public consultation of a new so-called civil emergency procedure, as it allows a number of fundamental rights to be waived – this will be all the more necessary if the argument of 'obvious urgency' is extended to development or ecological transition projects beyond risk management alone.
    • Quelle géographie des ressources à l'heure de la transition écologique ? Réflexion théorique à partir des « nouveaux » usages du bois - Vincent Banos p. 84-107 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Partant des débats actuels sur la bioéconomie, cet article propose une réflexion sur la notion de ressources en géographie. Son objectif est plus précisément d'ouvrir un dialogue entre le modèle éprouvé des ressources territoriales et les pistes proposées par la géographie critique des ressources. Bien que partageant la même conception relationnelle, ces deux courants de pensée ne possèdent en effet ni la même généalogie, ni les mêmes marqueurs et objectifs. Mais loin d'opposer ces approches, cet article souligne l'intérêt de les combiner pour appréhender des trajectoires de transition qui tendent à redéfinir, non sans ambiguïtés, les porosités entre développement territorial, logiques industrielles et processus biophysiques. L'exploration des nouveaux usages du bois dans le Sud-ouest de la France met ainsi en lumière le poids des héritages et des coordinations situées, mais aussi des contingences naturelles et des rapports de pouvoir dans la (re)valorisation de ressources locales qui relèvent, en définitive, autant de la spécificité territoriale que de la logique d'accumulation. Cette réflexion invite in fine à considérer que la géographie critique des ressources peut, par l'attention portée aux rouages matériels et politiques des usages industriels de la « nature », aider à mieux comprendre la recomposition des modèles productifs dominants et, ce faisant, contribuer à actualiser le modèle alternatif des ressources territoriales.
      Exploring the current debates on bioeconomy and its diverging techno-political paths to sustainability, this article provides a theoretical discussion about the concept of resource in geography. Its aim is more precisely to initiate a dialogue between the French territorial lens and the “revived resource geography”. Although understanding resource in relational terms as a potent social category, these two theoretical frameworks have neither the same genealogy, nor the same lens and objectives. However, this article argue that these two approaches are complementary to grasp the co-construction of place-based markets and natures. Monitoring the development of innovative wood-based products in Aquitaine region (southwestern France), this paper relates the importance of historical heritage and coordinating process, but also the importance of materialities and the power relations they convey. In doing so, it shows how the transformation of the local resources is as much a matter of territorial specificities as of the logic of accumulation. Finally, this article suggest that the “revived resource geography”, by paying attention to the neoliberalization of nature and the political-economic materialities, could be fruitful to better understand incumbents' responses to transition processes and, therefore, to update our conception of an alternative territorial development.
  • Comptes rendus