Contenu du sommaire : La Chine en transition : regards sociologiques
Revue | Cahiers internationaux de sociologie |
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Numéro | vol. 122, janvier-juin 2007 |
Titre du numéro | La Chine en transition : regards sociologiques |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Sociologie de la transition, transition de la sociologie - p. 5-6
- Changement social et mouvements sociaux - Lun Zhang p. 7-30 Le changement social en Chine depuis trente ans bouleverse profondément le pays et engendre de nouveaux défis. La double transition, conjuguant postcommunisme et modernisation, fait émerger des enjeux sans précédent, complexes et entrecroisés. Dans ce contexte, l'apparition de nouveaux acteurs et mouvements sociaux offre un champ d'observation pour l'avenir de cette transition, qui est une nouvelle étape de la construction de la modernité en Chine.
- De la reconstruction de la discipline à l'interrogation sur la transition : la sociologie chinoise à l'épreuve du temps - Aurore Merle p. 31-52 Après trente ans de suppression, le rétablissement de la sociologie en Chine au début des années 1980 et son développement jusqu'à aujourd'hui offrent un cas critique d'analyse des conditions politiques, sociales et intellectuelles d'existence de la discipline. Comment cette science supprimée, violemment critiquée puis réhabilitée par le régime communiste se reconstruit-elle ? L'article présente le processus de reconstitution de la discipline, en mettant en lumière les formes d'engagement des différentes générations de chercheurs, les ressources qu'ils mobilisent ainsi que les débats qu'ils soulèvent. Il analyse ensuite les productions sociologiques et leurs évolutions à partir de deux perspectives, les transformations de la société chinoise et la question de la modernisation.
- La transition sociale : un nouvel enjeu pour la sociologie du développement - Liping Sun p. 53-72 Dans les théories traditionnelles de la sociologie du développement, les recherches se concentrent sur deux axes. D'un côté, les théories de la modernisation, qui étudient l'évolution des pays développés, de l'autre, celles du développement, qui s'intéressent aux modèles latino-américains, africains et est-asiatiques. Ces deux axes traditionnels limitent fortement le champ de vision de la sociologie du développement. Nous montrerons que les processus de transition dans les pays socialistes tels que la Chine, l'ex-URSS ou l'Europe de l'Est soulèvent toute une série de débats inédits. Comment analyser la voie de développement propre à des régions et des pays différents ? Comment examiner les relations entre l'État et la société au sein du processus de développement et de transition ? Comment aborder le problème des inégalités sociales au sein de ce processus ? Autant de nouvelles questions – et ce ne sont pas les seules – qui élargissent non seulement le champ de vision de la sociologie du développement, mais qui permettent aussi d'envisager une nouvelle théorie pour cette discipline. Il s'agit d'observer le processus pratique de transition sociale dans les pays de l'ancien bloc communiste. L'objectif ? Restructurer la sociologie du développement autour de trois piliers : les théories de la modernisation, du développement et de la transition.
- « Intervention forte » et « intervention faible » : deux voies d'intervention sociologique - Yuan Shen p. 73-104 Confrontée à la question de la « production de la société », la « sociologie des transitions » doit rechercher de nouvelles méthodes qui se distinguent du positivisme instrumental. L'« Intervention sociologique », fondée sur la « sociologie de l'action », représente un choix possible. Cependant, face aux logiques pratiques de la transition sociale chinoise, cette méthode, développée par l'« École de Touraine », doit être perfectionnée tant dans ses principes que dans ses techniques. S'inspirant de la « sociologie de la libération » et de la « sociologie publique », les deux types d'intervention que nous distinguons, « forte » et « faible », constituent une tentative féconde. En présentant deux recherches menées sur les paysans migrants et les mouvements urbains, cet article tente d'expliquer les caractéristiques des « interventions forte et faible ».
- « L'école rurale » et les études chinoises sur la gestion autonome villageoise - Xing Ying p. 105-121 L'instauration d'élections dans les campagnes chinoises a favorisé l'émergence et l'essor d'un champ de recherche sur la gestion autonome villageoise. Cet article analyse les travaux d'une école de pensée, « l'École rurale », dont la plupart des chercheurs enseignent dans le Centre de la Chine. Décrivant les changements de perspective de cette École, l'auteur montre que son principal apport théorique est de relier l'autonomie villageoise à la question de la gouvernance dans les campagnes. Cependant, il critique l'École pour ses faiblesses méthodologiques, notamment son rejet des théories occidentales.
- École du parti et formation des élites dirigeantes en Chine - Émilie Tran p. 123-144 Dans un régime comme celui de la République populaire de Chine, où prévaut la suprématie d'un Parti-État unique, la politique et le politique constituent, a fortiori plus qu'ailleurs, la chasse gardée de l'élite dirigeante du pays, à savoir les cadres du Parti communiste. Cet article tente de saisir qui sont les élites politiques aux commandes de la Chine d'aujourd'hui à travers l'analyse du modus operandi de l'École des cadres du Parti de Shanghai. L'étude de cette institution, qui participe à la régulation de la circulation des élites et constitue l'un des lieux privilégiés de la transmission et de l'exercice du pouvoir, permet, par-delà son propre fonctionnement, d'éclairer la nature et le devenir même du régime. S'il apparaît que les forces modernisatrices, en assimilant davantage l'École du Parti à un institut d'administration publique, œuvrent à la professionnalisation du métier de cadre, c'est également et avant tout afin de mieux perpétuer l'hégémonie du Parti-État unique.
- Mémoire reconstituée : les stratégies mnémoniques dans la reconstruction d'un monastère bouddhique - Zhe Ji p. 145-164 La renaissance du bouddhisme dans la Chine contemporaine est d'abord un travail symbolique qui consiste essentiellement en la reconstitution d'une mémoire. Par l'observation d'un monastère reconstruit depuis 1988 en Chine du Nord, cet article analyse comment un appareil institutionnel religieux se légitime dans sa réimplantation en invoquant l'autorité de la tradition. Quatre stratégies de mémoire adoptées par le responsable du monastère sont discernées : le réaménagement de l'espace, l'encodage des objets, la commémoration des personnages historiques et l'inscription de la généalogie.
- La Chine et l'avenir mondial de la sociologie - p. 165-168
- Comptes rendus - p. 169-181
La Chine en transition : regards sociologiques
- Numéro dirigé par Aurore Merle et Zhang LunNotes de lecture, Comptes rendus
- David Le Breton, La saveur du monde. Une anthropologie des sens - Salvador Juan p. 171
- Nathalie Heinich, L'Elite artiste. Excellence et singularité en régime démocratique - David Ledent p. 173
- Philippe Manning, Freud & American Sociology - Samuel Lézé p. 175
- James Cohen, Spanglish America : les enjeux de la latinisation des Etats-Unis - Olga L. Gonzalez p. 177
- Nancy Fraser, Qu'est-ce que la justice sociale ? Reconnaissance et redistribution - Frédéric Gonthier p. 179