Contenu du sommaire : Productions et appropriations locales de l'urbanisme globalisé

Revue Espaces et Sociétés Mir@bel
Numéro no 189, 2023/2
Titre du numéro Productions et appropriations locales de l'urbanisme globalisé
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • I - Productions et appropriations locales de l'urbanisme globalisé

    • Éditorial. Productions et appropriations locales de l'urbanisme globalisé - María Castrillo Romón, Beatriz Fernández Águeda, Céline Vaz p. 9-21 accès libre
    • Covid-19 et émergence d'un « urbanisme de transition » en faveur des mobilités actives à Lyon et à Montréal - Patricia Lejoux, Florence Paulhiac Scherrer p. 23-38 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article interroge l'émergence d'un nouveau référentiel d'urbanisme globalisé à l'occasion de la crise sanitaire liée à la Covid-19 qui s'est traduit par la création, dans de nombreuses villes, d'aménagements en faveur des modes de déplacement actifs. En le comparant aux référentiels préexistants des urbanismes « tactique », « temporaire » ou « transitoire », nous caractérisons, d'abord, cet « urbanisme de crise » en identifiant quatre traits distinctifs. Nous analysons, ensuite, comment deux métropoles, Lyon et Montréal, se sont approprié ce référentiel. En le confrontant aux réalités locales, nous démontrons que cet « urbanisme de crise », derrière l'universalité apparente de ses caractéristiques, se révèle in fine par une différenciation des politiques d'aménagement et de mobilité à Lyon et à Montréal. À partir de ces études de cas, nous concluons sur les enjeux associés au développement d'un « urbanisme de transition » dans les domaines de l'aménagement et de la mobilité.
      This article explores the emergence of a new framework of globalized urban planning in the context of the Covid-19 pandemic, which in many cities has led to the creation of measures to promote active travel modes. By comparing it to the pre-existing frameworks of “tactical”, “temporary” or “transitory” urbanism, we first characterize this “crisis urbanism” by identifying four distinctive features. We then analyze how two cities, Lyon and Montréal, have adopted this framework. By relating this framework to local realities, we show that despite the apparently universal characteristics of this “crisis urbanism”, it ultimately results in different planning and mobility policies in Lyon and Montréal. Based on these case studies, we conclude by raising the issues associated with the development of a “transitional urbanism” in the fields of urban planning and mobility.
    • Fabriquer la ville-verte en Asie : la Green City, de Singapour à Phnom Penh - Dolorès Bertrais, Gabriel Fauveaud, Armelle Choplin p. 39-57 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse les logiques de diffusion et de réappropriation des notions de villes vertes et de villes intelligentes à Phnom Penh, une petite métropole d'Asie du Sud-Est en transformation rapide. En insistant sur le rôle clé de Singapour dans la diffusion de ces modèles à l'échelle locale, nous montrons comment leur matérialisation concrète à l'échelle locale se fait de manière incrémentale et principalement à l'initiative de promoteurs privés. En conséquence, la ville verte est de plus en plus privatisée et réservée aux groupes sociaux privilégiés, produisant de nouvelles formes d'inégalités conditionnées par des différences d'accès à des environnements urbains plus sains, plus verts et plus modernes. Une telle tendance interroge plus fondamentalement la capacité de la ville-verte et technologique à répondre aux enjeux des injustices sociales et environnementales.
      This paper analyzes how the notions of the Green and Smart city are helping to shape the fabric of Phnom Penh, a small capital city in Southeast Asia that is experiencing rapid change. By emphasizing the influence and role of Singapore in these processes, we show that implementation at the local scale is incremental and mainly driven by private developers. As a result, the Green City is increasingly in private hands, and reserved for the wealthiest segments of the urban population. This generates new forms of inequality owing to differences in access to healthier, greener and more modern urban environments. More fundamentally, the results of our research raise questions about the capacity of the green and technological city to address social and environmental injustice.
    • Résister à la « smart city » : une opération de disqualification de la « ville Google » torontoise - Élise Ho-Pun-Cheung p. 59-75 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article s'intéresse aux stratégies de disqualification d'un projet torontois de «  smart city » qui avait vocation à devenir un modèle de portée internationale. Il s'agit donc d'interroger non pas les modalités de mise en circulation et de réception d'un modèle de ville et de ses « bonnes pratiques », mais les résistances à la construction d'une nouvelle norme produite localement et que ses défenseurs ambitionnent de diffuser. Pour cela, cette contribution se focalise sur le cas d'un think tank français de prospective urbaine. Grâce à celui-ci, nous montrons qu'à la périphérie de l'espace institutionnel se joue la formalisation et la diffusion de critiques formulées à l'égard d'un projet de «  smart city » fondé sur l'usage extensif des données et sur un partenariat public-privé poussé.
      This article examines the strategies for blocking a “smart city” project developed in Toronto, originally with the intention of becoming an international model. The aim is not to explore the dynamics around the circulation and reception of an urban planning model and its “good practices”, but rather to study resistance to the construction of a new, locally produced standard that its advocates plan to disseminate. To this end, our analysis draws on the case study of a French think tank working on the future of cities. Through it, we show that private actors on the periphery of institutional space contribute to the formalization and dissemination of critiques against a “smart city” project based on the extensive use of data and on a strong public-private partnership.
    • Bricolages et expérimentations d'un urbanisme féministe en France : faire émerger un nouveau modèle - Elsa Koerner p. 77-91 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le cas de l'urbanisme féministe est étudié dans cet article au prisme de la circulation des modèles urbains, dans le cas de trois villes françaises. Les trajectoires de mise à l'agenda et de mise en œuvre de la prise en compte de l'égalité de genre dans la production urbaine montrent les stratégies d'« avocates de l'égalité » dans un contexte de compétition territoriale des villes. Alors que le cadre juridique du gender mainstreaming dans les collectivités territoriales françaises est flou et peu contraignant, le recours aux modèles et aux « bonnes pratiques » est nécessaire pour les villes engagées volontairement dans cette démarche. Les appropriations locales passent par l'expérimentation et la mobilisation d'un réseau académique, expert ou militant, et permettent l'innovation. Néanmoins, l'écueil à éviter est celui d'une routinisation trop précoce de l'urbanisme féministe par l'intégration dans les outils ordinaires de l'urbanisme, qui en limiterait la portée transformatrice.
      This paper addresses the case of feminist planning through the circulation of urban models, with the example of three French cities. The processes of agenda setting and implementation for this gender-sensitive city planning show how equality advocates act in a context of competition between cities. Since the legal framework of gender mainstreaming in French cities is blurry and unenforced, cities wishing to develop such policies need to look to pioneer cities for models and good practices. Local adoption entails experimentation and the recruitment of a network of scholars and activists in the quest to drive innovation. Yet there is always the risk of feminist urbanism quickly becoming a routine component of ordinary urban planning specifications, and hence losing its significance.
    • De l'émergence à l'appropriation, Europan et la fabrique du concept de ville productive en contexte métropolitain - Alexis Gilbart, Kristel Mazy p. 95-117 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Médiatisée lors de la session 14 du concours Europan et aujourd'hui inscrite à l'agenda politique, opérationnel et scientifique, la notion de ville productive interroge, sous le prisme de l'urban design, les conditions urbaines et architecturales du maintien ou du retour des activités de production en ville. Dans cet article, nous proposons d'analyser en trois temps les éléments saillants qui ont émaillé le processus de production de la notion de ville productive : d'abord, son émergence dans le contexte bruxellois ; ensuite, sa diffusion par la session 14 du concours Europan ; enfin, ses appropriations locales au sein de différents contextes. De la diffusion à l'appropriation, ce mécanisme de transfert engendre une ambiguïté des objectifs portés par la ville productive, en regard de la plasticité de la notion et de sa confrontation aux complexités opérationnelles de la ville néolibérale.
      Session 14 of the Europan competition promoted the concept of the productive city. Today this notion has become part of the political, operational and scientific agenda. Through the prism of urban design, the concept explores the urban and architectural conditions for maintaining or restoring productive activities in the city. In this article, we undertake a three stages analysis of the salient elements that marked the process of construction of the concept: first, its emergence in the Brussels context; then, its dissemination through session 14 of the Europan competition; finally, its local appropriations within different contexts. From dissemination to adoption, this transferral mechanism generates ambiguity around the goals of the productive city, reflecting the plasticity of the notion and its confrontation with the operational complexities of the neo-liberal city.
    • Injonctions à innover et modèles urbains : itinéraire d'une transposition de « Réinventer Paris » à Séoul - Hee-Won Jung p. 119-134 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      S'inscrivant dans la lignée des travaux sur la fabrication de modèles urbains, cet article propose des éclairages sur leur mobilisation comme instruments d'innovation de la politique publique du cadre bâti. Il s'intéresse à l'appropriation de la consultation nommée « Réinventer Paris » par la ville de Séoul. Retraçant l'itinéraire de production, de diffusion et d'appropriation du dispositif parisien, l'article s'attache à rendre compte des conditions qui ont motivé son transfert. Il souligne le caractère hybride des composantes de la circulation d'un modèle urbain, à savoir le dispositif d'origine, le réseau et les acteurs impliqués dans sa diffusion, et son processus d'appropriation. Ce dernier est analysé au prisme de la notion de rationalisation de l'action collective, qui s'inscrit dans un système de mythes rationnels.
      This article looks into how foreign urban models are employed as tools of public policy innovation in the field of architectural and urban planning. Focusing primarily on the appropriation of the “Reinventing Paris” competition by the City of Seoul, it seeks to reveal the context and motives for the adoption of the Paris model by tracing the process its production, dissemination, and appropriation. The article highlights the hybrid nature of the elements characterising the circulation of an urban model between global metropolitan regions: the original instruments, the network and the actors involved in its dissemination, and the process of appropriation. This process is analysed from the perspective of the notion of the rationalization of collective action in the rational myths system.
    • De Paris à Bruxelles : le modèle de la consultation internationale et la redéfinition du paysage métropolitain - Sophie Hubaut p. 135-155 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Face aux enjeux de mondialisation et de développement durable, la consultation internationale pour le Grand Paris (2008-2009) a été conçue comme un dispositif de recherche inédit visant à produire un ensemble de propositions relatives au modèle de métropole durable et a inspiré de nombreuses villes, dont la Région de Bruxelles--Capitale. L'article étudie dans un premier temps la façon dont la consultation parisienne a servi de modèle et été transposée dans le cadre de l'étude Bruxelles 2040 (2010-2012). Dans un second temps, il s'intéresse à la convergence des propositions concernant la métropole durable, et en particulier au rôle structurant accordé au paysage. Il met en évidence la manière dont le paysage est mobilisé pour répondre aux enjeux politiques, institutionnels et environnementaux, et identifie finalement des processus propres au modèle de la consultation qui contribuent à cette convergence, à la circulation et à la diffusion de contenus.
      Faced with the challenges of globalisation and sustainable development, the International Greater Paris consultation (2008-09) was conceived as a new type of research instrument intended to produce an ensemble of different visions for the model of a sustainable metropolis. It seems subsequently to have inspired many cities, including the Brussels-Capital Region. The first part of this paper studies how the Greater Paris consultation was used and transposed as a model for Brussels 2040 (2010-12). The second part focuses on the convergence of proposals for the model of a sustainable metropolis and, in particular, the structuring role assigned to landscape. It highlights how this emphasis on landscape is used to respond to political, institutional and environmental issues, as well as the specific process through which the international consultation contributes to the convergence, the circulation and the dissemination of content.
    • Défier la « bonne pratique » : stratégies d'appropriation du Bus Rapid Transit à Lagos - Fatoumata Diallo p. 157-173 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Certaines politiques publiques suscitent un vif intérêt sur la scène internationale en raison du succès qu'on leur prête. Elles sont qualifiées de «  best practice » (« bonne pratique » ou « meilleure pratique »), étiquette qui leur confère une légitimité auprès de dirigeants d'autres pays. Dans cet article, nous nous intéressons au Bus Rapid Transit ( brt), initialement mis en œuvre dans quelques villes sud-américaines pour remédier à une offre insuffisante de transports en commun et, par la suite, reproduit dans une centaine d'autres villes. Nous évoquons ensuite le rôle d'une communauté d'acteurs structurée qui s'est attelée à faire du brt une des bonnes pratiques les plus populaires du début des années 2000, en l'associant à une promesse de transformation urbaine à moindre coût. Ici, l'attrait de la bonne pratique repose largement sur la définition stricte des critères qu'un réseau de bus doit remplir pour être qualifié de brt. Toutefois, certains décideurs revendiquent de bousculer cette définition rigide. À travers l'étude de la mise en œuvre du brt-Lite à Lagos, l'article retrace les réinventions discursives et matérielles du brt en tant que concept et en tant que réseau de transport. Ce faisant, l'analyse révèle le rôle du défi, de l'opportunisme et de la contestation du discours initial dans les processus d'importation de politiques publiques venues d'ailleurs. Ce texte invite enfin à nuancer l'hypothèse d'une uniformisation des modes de production de la ville.
      A select number of public policies generate strong interest on the international stage because of the success attributed to them. They are labeled best practices, a description that endows them with legitimacy in the eyes of decision-makers in other countries. In this article, we examine Bus Rapid Transit ( brt) policies initially implemented in several South American cities to remedy deficiencies in the provision of public transport, and subsequently reproduced in hundreds of cities. We discuss the role of an internationally structured policy community that worked together to make the brt one of the most popular best practices of the early 2000s by branding it as a low-cost device for urban transformation. Here, the attraction of best practice lies mainly in the strict set of criteria that a bus system must meet to qualify as a brt network. However, some decision-makers contest these criteria in the implementation of their own bus system. Through an analysis of the implementation of brt-Lite in Lagos, this article retraces the discursive and material reinventions of the brt as a concept and as a transport network. In so doing, it highlights the role of resistance, opportunism and challenge to the initial policy in processes of policy transfer. The article hence qualifies claims regarding a convergence between city-making modes.
  • II - Varia

    • La banalisation du modèle résidentiel fermé et sécurisé. Le cas du logement social au Brésil - Alice Moret p. 177-194 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'habitat fermé et sécurisé s'est diffusé dans toutes les classes sociales et a été parfois adopté par les responsables des politiques publiques chargés du logement social. Parmi les motivations avancées pour expliquer ce choix (fermeture résidentielle et équipements sécuritaires), plusieurs chercheurs et chercheuses évoquent la prise en compte d'une demande et les enjeux sécuritaires ; d'autres y voient plutôt une volonté de contrôle des classes populaires. Je me suis demandé ce qui explique ce choix en étudiant le cas du programme Ma maison, ma vie (Minha Casa Minha Vida), dans l'agglomération de Florianópolis, capitale de l'État de Santa Catarina, au sud du Brésil. D'autres ressorts sont apparus pour expliquer l'adoption du modèle résidentiel fermé et sécurisé. Entre autres, il s'est tellement banalisé qu'il semble s'être imposé comme modèle par défaut pour les acteurs du programme évoqué, au point d'être naturalisé et devenu une norme spatiale.
      Gated communities have spread to all social classes and have sometimes been adopted in public social housing policies. According to some researchers, public autorities choose gated facilities in response to demand and security concerns. Others argue that these choices are motivated by the desire to control the working classes. I explored the reasons behind these policies through a study of the “My House My Life Programme” (Minha Casa Minha Vida) in the urban region of Florianópolis, capital of the state of Santa Catarina in southern Brazil. Other factors appear to explain the adoption of the gated residential model: it became so commonplace that it seemed to be the default model for the actors working in the programme framework, to the point of being naturalised as the standard spatial norm.
  • III - Rétrospective

  • IV - Traduction

  • V - Compte rendu de thèse

  • Notes de lecture