Contenu du sommaire : Politiques de l'innovation

Cet article apporte un éclairage international à la compréhension des politiques d'innovation en s'appuyant sur le cas de l'OCDE. Plus précisément, l'article analyse comment l'innovation devient un élément de travail du comité en charge en charge des politiques scientifiques et technologiques (le CPST) et de ses groupes de travail. L'institutionnalisation progressive de l'innovation n'est pas exclusive d'autres centres d'intérêt dans les pratiques du comité. Surtout, la manière dont l'innovation se diffuse résulte tout autant d'un équilibre entre la voix des pays et l'agenda de l'organisation, dans un contexte propice à ce cadrage, que d'une conversion exclusive à cet impératif de « l'innovation ».

Dans une perspective de sociologie de l'action publique, cet article s'intéresse à la manière dont les politiques de la recherche et de l'innovation ont encouragé les entreprises à s'investir dans des coopérations avec des laboratoires publics en France. L'article montre que les services de recherche et développement (R&D) des grandes entreprises se sont appuyés sur ces collaborations afin de défendre leur position face à des pressions budgétaires croissantes. Ils s'efforcent, d'une part, de tirer parti des liens avec des laboratoires publics pour compléter et renouveler leur expertise et, d'autre part, d'orienter la recherche publique afin de favoriser la production de connaissances susceptibles d'alimenter des développements technologiques. Ce cas met ainsi en évidence un processus original de redéfinition des frontières entre secteurs public et privé, dans lequel l'Etat contribue à aider des acteurs économiques à transférer et co-produire une partie de leurs activités avec le public.

Dans cet article, je déplie succinctement les dispositifs avec lesquels un docteur en nanophysique devenu startupeur compose. Cette opération permet de montrer les relations entre des mesures d'action publique - des opportunités objectives - et la trajectoire d'un agent. Ce faisant, j'identifie de multiples arrangements et mets ainsi en exergue l'appropriation par un docteur/startupeur de ce que j'appelle un  espace des possibles institutionnels. Cet article montre les boucles de rétroaction qui mènent à produire, à discuter et, dans une certaine mesure, à alimenter cet espace. En somme, l'article montre comment les aspirations d'un startupeur trouvent un espace d'expression dans des dispositifs d'action publique et comment ces aspirations viennent renforcer des perspectives institutionnelles.

Cet article examine ce que la mise en œuvre des politiques d'innovation fait au contenu des productions des personnels de recherche, à partir de l'étude de deux projets de transfert des résultats de la recherche publique. Les choix successifs des porteurs et porteuses, informés et contraints par les dispositifs de financement de leur institution et par les conseils des chargé·es de valorisation, font évoluer leur invention conformément à une conception économique de l'innovation. Une fois ce processus enclenché, le développement de la technologie est orienté par la création de valeur économique, et il devient de plus en plus difficile de revenir sur des décisions passées : la trajectoire de valorisation s'inscrit dans une dépendance au sentier économique. Les porteur·ses adoptent des postures et y trouvent des bénéfices différenciés, mais doivent trouver des arrangements avec les chargé·es de valorisation, au sein de leur équipe, et avec eux·elles-mêmes.