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Revue | Les Cahiers d'Outre-Mer |
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Numéro | vol. 38, no 149, janvier-mars 1985 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Etudes
- Port-au-Prince (Haïti). Les « quartiers » et les mutations récentes du tissu urbain - Henry Godard p. 20 pages L'accroissement démographique très rapide de l'agglomération de Port-au-Prince (494 000 habitants en 1971, plus d'un million en 1983, d'après nos estimations) entraîne de profondes mutations urbaines (extension spatiale sans précédent, densification et dégradation du tissu urbain existant) et une aggravation des problèmes auxquels se heurte la métropole haïtienne. L'extension spatiale s'observe dans tous les «quartiers» de la capitale ; zones d'habitat misérable (marécages du Nord de la ville), populaire (extension sur les mornes), moyen (terrains plats situés au Nord-Est et Sud-Ouest), aisé et très aisé (pentes bénéficiant d'un climat plus clément et d'une vue imprenable). La densification affecte les zones occupées par les plus pauvres (la densité est parfois supérieure à 1 500 hab./ha), les anciens quartiers aisés dont la population originelle est progressivement remplacée par des citadins ne disposant que de faibles revenus, et les îlots du centre qui accueillent les nouveaux migrants se dégradent peu à peu à partir de l'intérieur. L'aire métropolitaine n'est pas reconnue officiellement et la notion de «quartier» n'existe pas administrativement. Les «quartiers» sont extrêmement difficiles à cerner tant au plan géographique qu'au plan social ; aussi avons-nous tepté de les approcher à partir de la typologie de l'habitat en déterminant de grands secteurs homogènes.The City of Port-au-Prince, Haïti.— The very rapid population growth of the city of Port-au-Prince (from 494 000 inhabitants in 1971 to more than a million in 1983, according to our estimates) has resulted in profound urban mutations (an unprecedented spatial extension, densification and downgrading of the existing urban network) and an intensification of the problems which plague the Haitian metropolis. The spatial extension can be seen in all the «quarters» of the capital : areas of extremely poor habitat" (the swamps in the northern part of the city), working class areas (spread out over the hills), middle income areas (flat lands located in the northeast and northwest), wealthy and very wealthy areas (hills which have a more benign climate and a magnificient view). The densification affects the areas occupied by the poorest people (at times the density is more than 1 500 inhabitants per hectare) ; the formerly wealthy neighborhoods where the original population is being progressively replaced by low income groups ; and areas in the downtown district which are inhabited by new .migrants and become downgraded from the inside out. The metropolitan area is not officially recognized as such and the notion of «quarters» does not exist administratively. It is difficult to delimit the «quarters» geographically as well as socially ; for this reason, we have attempted to treat them based on the type of habitat and by determining large «homogeneous sectors».
- Kinshasa, symbole d'une Afrique urbaine - Marc Pain p. 27 pages Kinshasa fait figure de symbole. Par sa croissance hors du commun, elle accumule aujourd'hui sur plus de 200 km2 tous les éléments constitutifs d'une crise urbaine latente. Symbole sur le plan de l'urbanisme par la richesse et la diversité des études qui lui ont été consacrées, mais qui sont restées lettre morte sur le terrain en dehors de réalisations ponctuelles. L'échec patent des tentatives d'urbanisme ne pose pas seulement avec une permanence aiguë la question de la maîtrise de villes immenses, mais aussi celle de l'appréhension de leur véritable identité. La carence des pouvoirs publics n'a pas forcément conduit à une urbanisation sauvage, et là encore, Kinshasa prend une dimension exemplaire, à l'échelle d'une ville multimillionnaire. De nombreux indices témoignent d'une capacité humaine à produire un espace urbain différent de l'espace urbain défini par les critères habituels. Des perspectives de recherche seront trouvées dans la permanence de l'autoconstruction, la multiplicité des initiatives individuelles pour combattre la pauvreté ou pour s'enrichir, l'importance du secteur informel dans l'économie urbaine, l'émergence d'une classe de citadins heureux de vivre et «d'avoir grandi à Kinshasa». Il apparaît essentiel de penser la ville dans sa réalité sociale, en dehors des seuls aspects négatifs ou spectaculaires habituellement retenus. La démarche du géographe sera de découvrir comment la ville est appropriée et de révéler les différents espaces vécus par le citadin : l'espace historique responsable des grands clivages du tissu, l'espace socio-économique marqué par une forte ségrégation des quartiers, mais aussi l'espace d'usage, révélateur de l'individu et du quotidien plus que des antagonismes sociaux. Toute la société urbaine participe à l'émergence d'une ville africaine qui fonctionne en s'adaptant de façon remarquable aux multiples processus de l'urbanisation spontanée.Kinshasa a symbol of urban Africa. — Kinshasa appears as a symbol. Symbol because of its growth above the average, today it gathers all the constituent elements of latent urban crisis, over more than 200 km2. Symbol from the point of view of urbanization because of the richness and the variety of the studies which have been devoted to it, but which have actually remained dead letter apart from punctual realizations. The patent failure of urbanization attempts does not only keep on setting the question of controlling huge towns, with accuteness, but also that understanding their true identity. The deficiency of public authorities has not necessarily led to wild urbanization, and from that point Kinshasa can be taken as an exemple among multimillionaire towns : many sings show the human ability to produce and urban space different from the urban space defined by the usual criteria. Futher prospects for research will be produced by the permanence of self-construction, the multiplicity of self initiatives to fight against povety of to get rich, the importance of informality in urban economy, the rise of an urban class happy to live and «have grown in Kinshasa». Considering the town in its social reality, apart from its negative and spectacular aspects which are the only ones to be usually described, seems of prime importance. The geographer will proceed so as to know how people own their town, and to reveal the different spaces in which the inhabitants live : the historical factor responsible for the great splits of the urban texture, the socio-economic factor responsible for a large segregation in the different districts, and also the factor of everyday life and use dealing more with the individual than with social oppositions. All the urban society takes part in the birth of an African town which functions and adapts itself remarkably to the various processes of spontaneous urbanization.
- Les causes géographiques du partage politique des îles Samoa - Peter John Perry p. 11 pages L'Archipel des Samoa, qui constitue une entité géographique bien définie, est cependant partagé en deux ensembles politiquement distincts, les Samoa occidentales (2 934 km2, environ 169 000 hab.), indépendantes depuis 1962 et les Samoa américaines (197 km2, 30 000 hab.) qui, comme leur nom l'indique, font partie de l'aire de souveraineté des Etats-Unis sous la forme d'un territoire doté d'une large autonomie interne. Pourquoi ce partage ? La réflexion géographique peut apporter beaucoup à l'explication de ce type de phénomène politique en faisant intervenir des éléments comme l'éloignement, la situation, les ressources, la taille, le contexte géographique de l'archipel, et ne doit pas se limiter à la seule analyse des conséquences géographiques — considérables évidemment — du phénomène politique du partage.A geographical approach to the partition of Samoa. — Such questions as «why are there two political sovereignties in Samoa ?» rather than one are no longer central to political geography. A recent shift of emphasis in favour of discussion of the geographical outcomes of political decisions in a regrettable weakening of the traditional breadth and depth of the field. This can be demonstrated by showing how the partition of Samoa cannot be explained without recourse to such geographical causes as distance, position, resources, size and environment.
- Les devises touristiques : bénéfice ou leurre pour la Côte d'Ivoire ? - Josy Dienot p. 16 pages Les recettes en devises issues du tourisme sont l'un des aspects le plus souvent mis en avant pour justifier l'effort financier important consenti par certains pays du Tiers monde dans le cadre d'une politique de développement touristique. L'analyse des comptes d'exploitation du complexe touristique d'Assinie (Côte d'Ivoire) permet de nuancer cette affirmation. En effet une partie importante des recettes brutes en devises est redépensée par ces pays pour le fonctionnement des hôtels et pour payer les salaires des employés européens. Les importations de consommations intermédiaires sont importantes dans la mesure où ces pays en voie de développement n'ont pas une économie suffisamment diversifiée et développée pour assurer un ravitaillement autonome des hôtels. Ainsi en 1976, 5,2 % des recettes brutes en devises touristiques sont restés effectivement dans le pays. C'est peu et l'on peut se demander, dans ces conditions, si l'effort financier consenti pour le développement du tourisme international se trouve économiquement justifié...Tourist Trade Revenues : Profitable, or a Bait for Ivory Coast ?. — Foreign currency obtained from the tourist trade is one of the arguments most put forward by certain countries of the Third World in order to justify the considerable financial expenditures they have undertaken so as to promote the growth of the tourist industry in their nations. An analysis of the balance sheets of the tourist complex of Assinie, Ivory Coast, leads one to question this view. Indeed, a very large part of the gross receipts in foreign currency is spent in the respective countries for the operation of the hotels and to pay the salaries of the European employees. Imports of intermediary consumer products also erode these receipts in that the developing countries do not possess a sufficiently diversified economy to assure a domestic supplying of the hotels. As a consequence, in 1976 only 5.2 % of the gross receipts derived from tourist-producing currencies actually remained in the country. This is very little, and one can thus wonder whether the financial effort devoted to the growth of an international tourist trade is really justified economically.
- Port-au-Prince (Haïti). Les « quartiers » et les mutations récentes du tissu urbain - Henry Godard p. 20 pages
Chroniques
Notes et comptes rendus
- San Pedro : nouveau port du sud-ouest de la Côte d'Ivoire - José Luzón p. 7 pages
- Nouvelles données sur la préhistoire du littoral au Gabon - Bernard Peyrot p. 6 pages
Bibliographie
Le climat de l'Afrique Tropicale
- Leroux (M.). — Le climat de l'Afrique tropicale. 1983 - Alain Huetz de Lemps p. 2 pages
Portugais et Espagnols dans le Pacifique méridional (XVIe siècle)
- Hervé (R.). — Découverte fortuite de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande par des navigateurs portugais et espagnols entre 1521 et 1528. 1982 - Christian Huetz de Lemps p. 1 page
Un recueil d'études de géographie de la population.
- Geography and population. Approaches and applications. Edited by J.I. Clarke. 1984 - Serge Lerat p. 1 page
De nouvelles publications sur les produits tropicaux : le cotonnier
- L'Institut de Géographie en 1984 - p. 2 pages
- Les Lundis de la Géographie - p. 1 page