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Revue | géographie, économie, société |
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Numéro | Vol. 26, no 1, janvier-mars 2024 |
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- Le changement commercial dans les villes petites et moyennes françaises. Formes et processus à l'œuvre de 2009 à 2019 - Sophie Baudet-Michel, Matthieu Delage, Julie Fromentin p. 5-27 La lutte contre la dévitalisation, notamment commerciale, des centres des villes petites et moyennes est au cœur des politiques Action cœur de ville et Petites villes de demain. Cet article démontre que la dévitalisation commerciale est moins systématique qu'il n'y paraît. En s'appuyant sur les données ouvertes de la base permanente des équipements, les dynamiques d'une sélection de commerces de « centre-ville » (boulangerie, boucherie-charcuterie, pharmacie, salon de coiffure, magasin de vêtements, magasin de meubles, magasin d'électroménager) dans les aires urbaines petites et moyennes entre 2009 et 2019 (747 dont 545 multi-communales) sont quantifiées. Certains commerces (comme les salons de coiffure) voient leur nombre augmenter et se diffusent dans l'espace, tandis que d'autres (comme l'électroménager) diminuent en nombre et se rétractent dans le territoire des villes petites et moyennes. Pour les autres types de commerces, les dynamiques sont plus complexes et marquées par une forte variabilité. Un modèle de régression multiple est ensuite mis en œuvre et mobilise quatre familles de facteurs explicatifs, relatives aux dynamiques démographiques, à celles des concurrences commerciales, à la mobilité quotidienne, et aux fragilités des centres. Le modèle a un fort pouvoir explicatif pour les commerces aux dynamiques de croissance et d'expansion spatiale mais ne permet pas d'expliquer les dynamiques des commerces en décroissance, ou variables.The fight against the decline, especially in commercial terms, of small and medium-sized town centers lies at the core of the Action Cœur de Ville and Petites Villes de Demain policies. This article demonstrates that the commercial decline is not as pervasive as it may initially appear. By utilizing the open data from the Base Permanente des Equipements, the dynamics of a selected range of “city-center” businesses (such as bakeries, butchers, pharmacies, hair salons, clothing stores, furniture stores, and appliance stores) in small and medium-sized urban areas between 2009 and 2019 (747, including 545 multi-municipal areas) have been quantified. Some businesses, such as hair salons, show an increase and spatial diffusion, while others, like appliance stores, exhibit a decrease in numbers and territorial contraction within small and medium-sized towns. The dynamics of other types of businesses are more intricate and characterized by significant variability. A multiple regression model is subsequently implemented, encompassing four explanatory factors related to demographic dynamics, business competition dynamics, daily mobility, and city center vulnerabilities. The model demonstrates a high explanatory power for expanding businesses. However, it fails to explain the declining businesses dynamics or those exhibiting highly variable patterns from one city to another.
- Espaces de travail collaboratifs en milieu rural. L'hypothèse de l'adhérence territoriale - Clément Marinosa, Sébastien Le Gall, Guy Baudelle p. 29-50 L'article vise à éclairer la mobilité résidentielle des néo-ruraux usagers d'espaces de travail collaboratifs (ETC) dans des campagnes reculées et fragiles. Au-delà des facteurs généraux d'installation des citadins en zone rurale, on revient sur le rôle des ETC dans cette mobilité, souvent associée à un projet de vie professionnelle et personnelle plus large. On cherche à caractériser la territorialité de ces usagers d'ETC en introduisant en guise d'hypothèse le concept d'adhérence, plus adéquat que les figures de l'enracinement ou de l'ancrage pour appréhender les spécificités de ce type de migration résidentielle. On montre que l'adhérence au territoire passe par trois étapes : la mobilité géographique, la fréquentation de l'ETC et l'activation de ressources latentes. On souligne le caractère néanmoins réversible de l'installation, proposant ainsi une lecture dynamique de la contribution des ETC à l'implantation en milieu rural et au développement local. On s'appuie pour ce faire sur des enquêtes approfondies menées auprès d'usagers d'ETC en Bretagne et Nouvelle Aquitaine.This article aims to shed light on the residential mobility of neo-rural users of collaborative workspaces (CWS) in remote and fragile countryside. Beyond the general factors of installation of city dwellers in rural areas, we come back to the role of CWS in this mobility, often associated with a wider professional and personal life project. We seek to characterize the territoriality of these CWS users by introducing as a hypothesis the concept of “adherence”, which is more adequate than the figures of embeddedness or anchoring to apprehend the specificities of this type of residential migration. We show that adherence to the territory goes through three stages: geographical mobility, frequentation of the CWS and activation of latent resources. The reversible character of the installation is underlined, thus proposing a dynamic reading of the contribution of the CWS to the establishment in rural areas and to local development. This research is based on in-depth surveys of CWS users in Brittany and New Aquitaine.
- Les intercommunalités et la transition énergétique ? Un savant mélange d'innovations et de recyclage institutionnel à l'œuvre dans la production d'énergies renouvelables - Jacques-Aristide Perrin, Christine Bouisset p. 51-70 En France, les collectivités territoriales disposent désormais de nouvelles compétences pour agir en faveur du développement des énergies renouvelables et de la transition énergétique. Elles prennent place dans un jeu d'acteurs interdépendants pour des raisons de compétences et de financement. Cet article propose d'analyser l'introduction des EPCI dans la gouvernance multi-niveaux de l'énergie par l'intermédiaire d'une étude de cas de leurs stratégies. En questionnant le rôle des EPCI en tant qu'opérateur territorial des énergies renouvelables (Durand et Landel, 2020), l'analyse des ressorts de cette action publique locale montre qu'ils cherchent à mobiliser des instruments d'action publique différents en fonction de leurs motivations de départ. Aussi, les énergies renouvelables représentent un vecteur de développement permettant d'élargir leurs savoir-faire et leurs compétences en sus d'obtenir des revenus financiers. Or, la politisation de leurs stratégies énergétiques se limite à leurs seuls périmètres mettant à mal la possibilité d'élaborer des stratégies avec les territoires limitrophes. Par conséquent, certains EPCI cherchent à élargir leurs champs d'action et à gagner en légitimité à travers des pratiques innovantes mettant sur le devant de la scène le besoin de se situer dans un système relationnel pluri-scalaire pour parvenir à se concerter avec les autres acteurs et à gouverner leurs transitions énergétiques.Local authorities in France have recently been granted competence to pursue action in the domain of renewable energy. They move into an interdependent group of actors regarding the administrative power and financing opportunities. In this article, we discuss the strategies and projects implemented by a diverse set of local authority groupings in France and highlight the different ways in which they have appropriated the issues and challenges of renewable energy. These intermunicipal entities (Établissement public de coopération intercommunale, EPCI) have different sociocultural and geographic configurations, and our study shows that their local public action is driven by different motivations. Renewable energy is a vector for development that can be utilized in various ways, sometimes to legitimate public energy policy in the territory, and in other instances to bring in revenue. The politics of territorial energy strategy are often narrowly bounded by the scope of the intermunicipal structure. This restricted focus makes it difficult to develop strategies spanning several territories, and in the long term could lead neighbouring territories to compete to attract investment. Some of the intermunicipal entities seek to widen their fields of action thanks to the consultation with other types of actors. The challenge is then to relate with different energy stakeholders in an multiscalar framework to govern their energy transition.
- Déploiement des énergies renouvelables et transition énergétique territoriale. Le cas des réseaux de chaleur - Anne-Marie Bocquet, Estelle Delfosse p. 71-98 Le développement des réseaux de chaleur est un objectif majeur des politiques de transition énergétique en France, car ils permettent de mobiliser massivement les énergies renouvelables et de récupération (EnR&R). Cela implique de comprendre comment les acteurs territoriaux des réseaux de chaleur s'approprient la transition énergétique sur le plan local. L'étude de cinq réseaux de chaleur (en Haute-Savoie et dans l'Ain), qui mobilisent massivement les énergies renouvelables, permet d'aboutir à plusieurs constats. Tout d'abord les bénéfices économiques, environnementaux et sociaux de ces réseaux sont bien identifiés par les acteurs locaux, et permettent d'expliquer le choix des Enr&R mobilisées, compte tenu des ressources locales qui peuvent être des sources de valeur territoriale. Les réseaux de chaleur constituent également des projets collectifs, basés sur la vision des acteurs locaux, orientés vers une transition énergétique territoriale à l'échelle des villes. Enfin, ces projets impliquent des ambitions fortes en matière de développement des EnR&R, portées par les acteurs des réseaux, dans le cadre d'une vision de ce que peut être la ville de demain.The development of district heating (DH) is a major objective of energy transition policies in France, since heating networks make it possible to massively use renewable energies. It is therefore important to understand the approach of energy transition adopted by local stakeholders. Interviews with stakeholders of five DH systems using more than 80% of renewable energies, lead to several observations. First of all, economic, environmental and social benefits of these networks are clearly identified by local actors. These benefits help to understand why those energies were chosen regarding local energies available, which can be sources of territorial value. District heating networks can be considered as collective projects, based on a shared vision of energy transition in the cities. Those projects imply very strong ambitions, driven by district heating stakeholders, who share a vision of future sustainable cities.
- De l'émergence des projets alimentaires territoriaux à la transition des systèmes alimentaires. Quels chemins possibles selon les modalités de gouvernance ? - Clara Santini, Stéphane Fournier p. 99-126 Créé en 2014, le dispositif des projets alimentaires territoriaux (PAT) propose un cadre territorialisé et multiacteur pour un développement plus durable des systèmes alimentaires. Devant l'apparente diversité des modalités d'élaboration, ou encore d'émergence, de ces PAT, nous faisons l'hypothèse que ces dernières peuvent révéler des types et des tendances de gouvernance, pouvant amener le système alimentaire des territoires sur différents chemins de transition. Dans un premier temps, nous mettons en évidence six types, dessinant trois tendances plus générales de gouvernance – « centralisée », « partagée » ou « territorialisée » –, sur la base d'une enquête révélant les pratiques mises en œuvre pour l'émergence des PAT en Occitanie. Dans un second temps, nous proposons une modélisation théorique des chemins de transition possibles selon ces tendances de gouvernance – entre politique publique, gestion partagée et projet de développement territorial –, par la mobilisation de différents cadres théoriques de l'économie institutionnelle et notamment de l'économie du territoire.Created in 2014, the Territorial Food Projects (TFP, “Projets Alimentaires Territoriaux” in French) scheme offers a territorial and multi-stakeholder framework for a more sustainable development of territorial food systems. Faced with the apparent diversity of the methods of elaboration of these TFPs, we hypothesize that they may reveal types and trends of governance, potentially steering the food system of territories onto different transition paths. First, we highlight six types of governance of the TFPs, outlining three broader governance trends – “centralized”, “shared” or “territorialized” – based on a survey revealing the practices implemented for the development of TFPs in the Occitanie region, France. Second, we propose a theoretical modeling of the possible transition paths of the TFPs according to these governance trends – ranging from public policy to shared management and territorial development project – by drawing on various theoretical frameworks from institutional economics, notably territorial economics.
- Pauline Delavernier, Le marcheur de la gare, Une architecture des corps, MétisPresses, Genève, 2023, 154 pages. - Antoine Brès p. 127-129
- Guironnet Antoine, Au marché des métropoles. Enquête sur le pouvoir urbain de la finance. Éditions Les Étaques, Ronchin, 2022, 208 pages. - Benoît Frel-Cazenave p. 129-131
- Aude Dziebowski, Emmanuel Guillon, Philippe Hamman (dir.), Idées reçues sur la méthanisation agricole, Paris, Le Cavalier bleu, 2023, 168 pages. - Antoine Bouzin p. 131-134
- Epstein Renaud, On est bien arrivés. Un tour de France des grands ensembles, Le nouvel Attila, Paris, 2022, 160 pages - Lou Aznar p. 134-137
- Fanny Lopez, Cécile Diguet, Spatialités et énergies des data centers. Sous le feu numérique, Metis Press, Genève, 142 pages - Gabriel Dupuy p. 137-139
- Roberto Sega et Manfred Perlik (dir.), Les Alpes productives : renouveler l'industrie alpine pour repenser le futur du massif, PUG, Grenoble, 2023, 271 pages. - Ariane Auroux Berasategui p. 139-141