Contenu du sommaire : Monarques et monarchies pendant la Seconde Guerre mondiale

Revue Guerres mondiales et conflits contemporains Mir@bel
Numéro no 294, avril-juin 2024
Titre du numéro Monarques et monarchies pendant la Seconde Guerre mondiale
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  • Dossier : Monarques et monarchies pendant la Seconde Guerre mondiale

    • Introduction - Frédéric Le Moal p. 3-7 accès réservé
    • Les Windsor, une famille métamorphosée par les deux Guerres mondiales ? - Philippe Chassaigne p. 9-21 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Clef de voûte du système institutionnel britannique, la monarchie ne pouvait échapper à la mise à l'épreuve des deux guerres mondiales. Georges V (1910-1936) puis Georges VI (1936-1952) – ce dernier dans une mesure plus grande encore – tinrent sans faillir leur rôle de monarque constitutionnel, en apportant un soutien total aux décisions de leurs Premiers ministres. les Royals surent se mettre à l'unisson de la nation : les deux rois jouèrent pleinement leur rôle de « père tutélaire » de leurs sujets et, lors de chaque conflit, l'ensemble de la famille royale multiplia les visites sur le terrain ou en s'engageant dans maintes activités caritatives. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la princesse héritière Elizabeth, future Elizabeth II (1952-2022) fut même le premier membre féminin de la famille royale à servir un uniforme, sous les couleurs de l'Army Territorial ervice. En outre, les médias déclinèrent à l'infini ce thème de la monarchie partageant les épreuves des Britanniques. La dimension impériale de la couronne sortit renforcée : l'Empire démontra un loyalisme à toute épreuve (exception faite de la neutralité irlandaise en 1939) et l'adoption du Statut de Westminster (1931), redéfinissant les rapports entre la métropole et les Dominions, mettait expressément l'accent sur l'allégeance à la Couronne comme facteur de l'unité impériale. L'institution sortit donc consolidée de deux conflits qui, sur le Continent, entraînèrent la ruine de plus d'une dynastie européenne.
      As the keystone of the constitutional architecture, the British monarchy was unlikely to escape the ordeal of two world wars. But the imperial dimension of the monarchy stood comforted : Dominions and colonies alike displayed an unflagging loyalism (with the exception of the neutrality of Ireland in 1939) and the 1931 Statute of Westminster expressly mentioned a “common allegiance to the Crown” as the cement of Imperial unity. Above all, the Royals knew how to present themselves as sharing the burdens of the people. George V and George VI were real “father figures” and all of the members of the Royal family had to fulfill an increasing number of public engagements that the media scrupulously advertised. The ‘‘people's war'' gave birth to a ‘‘people's monarchy'', the legacy of whichstill perdures today.
    • Guerre et monarchie vues du Vatican - Frédéric Le Moal p. 23-42 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Pie XII, élu en mars 1939, éprouvait une réelle sympathie pour la monarchie, sans apporter son soutien à la cause monarchique. Grâce aux archives vaticanes désormais accessibles pour son pontificat, on découvre d'une part les ressorts de la levée de la condamnation de l'Action française, motivée par la volonté d'unir les Français conservateurs dans le combat contre le bolchévisme, puis d'autre part l'espoir entretenu, pendant la Seconde Guerre mondiale et jusqu'en 1946, d'une survie de la monarchie italienne, mais sans que le pape n'associe le Saint-Siège au sort du régime en suspens.
      Pius XII, who was elected in March 1939, was genuinely sympathetic to the monarchy, without supporting the monarchy. Thanks to the Vatican archives now accessible for his pontificate, we discover on the one hand the springs of the lifting of the condemnation of the French Action, motivated by the will to unite the conservative French in the fight against Bolshevism, then on the other hand the hope maintained, during the Second World War and until 1946, of a survival of the Italian monarchy, but without the Pope associating the Holy See with the fate of the pending regime.
    • Le roi dépossédé Pierre II de Yougoslavie - Vojislav Pavloviç p. 43-61 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Pierre II de Yougoslavie, devint roi après le coup de 27 mars 1941, mais il ne régnait que depuis trois semaines lorsque son pays fut vaincu par l'Allemagne hitlérienne. Le jeune souverain d'à peine dix-huit ans se trouva face à un double conflit en Yougoslavie, la guerre ethnique et la guerre civile sur fond d'occupation étrangère. L'issue de la guerre en Yougoslavie fut décidée lorsqu'à Téhéran fut prise la décision d'abandonner le projet d'un débarquement dans les Balkans laissant la Yougoslavie dans la zone d'influences soviétique. Dès lors les partisans de Tito ont pu prendre le pouvoir en Yougoslavie et instaurer une dictature de type stalinien, privant le roi de son pouvoir en le forçant à l'exil permanent.
      Peter II of Yugoslavia became king after the coup of March 27, 1941, but had only been reigning for three weeks when his country was defeated by Hitler's Germany. The young, barely eighteen-year-old ruler was faced with a dual conflict in Yugoslavia: ethnic warfare and civil war against a backdrop of foreign occupation. The outcome of the war in Yugoslavia was decided when a decision was taken in Teheran to abandon plans to land in the Balkans, leaving Yugoslavia in the Soviet zone of influence. From then on, Tito's followers were able to seize power in Yugoslavia and establish a Stalinist-style dictatorship, depriving the king of his power by forcing him into permanent exile.
    • La Seconde Guerre mondiale et la monarchie en Grèce : une page sous-éclairée d'une institution contestée - Elli Lemonidou p. 63-75 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Le texte se concentre sur George II, roi des Hellènes, et son rôle pendant la Seconde Guerre mondiale. Une analyse approfondie est fournie sur ses actes de 1935 à 1941, qui ont largement déterminé la façon dont il était considéré pendant la Seconde Guerre mondiale. Le texte traite ensuite du départ du roi de la Grèce occupée par les nazis, de ses années d'exil, du fort soutien britannique (et américain) dont il a bénéficié, de sa réticence à accepter un référendum sur l'avenir (très débattu) de l'institution royale avant à son propre retour en Grèce, ainsi qu'aux développements turbulents du début de l'après-guerre dans le pays, avant son retour sur le trône en 1946. La dernière partie du texte est dédiée à la fin définitive de la royauté en Grèce, scellée par le référendum de 1974.
      The text focuses on George II, King of the Hellenes, and his role during the Second World War. A thorough analysis is provided on his acts from 1935 to 1941, which very much determined the way he was regarded during the Second World War. The text deals afterwards with the King's departure from Nazi-occupied Greece, his years in exile, the strong British (and American) support towards his side, his unwillingness to accept a referendum over the (much-debated) future of the royal institution prior to his own return to Greece, as well as the turbulent developments of the early after-war period in the country, before his return to the throne in 1946. The final part of the text refers to the definitive end of kingdom in Greece as sealed by the referendum of 1974.
  • Varia

    • L'exil des cigognes : l'expérience de la détention des Alsaciennes-Lorraines dans l'Empire allemand 1914-1918 - Paul Anthony p. 77-100 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La Première Guerre mondiale fait de l'internement des civils un phénomène global et une expérience banale. L'Alsace-Lorraine présenta des formes particulières de la détention des civils. En effet, il s'agissait d'interner des citoyens de son propre pays. On distingue l'emprisonnement, de l'internement dans les camps et de l'assignation à résidence. Pour une femme, être reléguée à l'intérieur de l'Empire allemand impliquait différents statuts d'exilées. Invisibilisées par les sources, les Alsaciennes-Lorraines appartenaient à toutes les catégories sociales, culturelles et économiques de la Terre d'Empire. L'expérience collective de l'internement sembla unir les individus entre eux. Elle modela certains attachements qui doivent être replacés sur un spectre de sentiments d'appartenance.
      The First World War made the internment of civilians a global phenomenon and a banal experience. Alsace-Lorraine presented particular forms of civilian detention. Indeed, it was a question of interning citizens of their own country. A distinction was made between imprisonment, internment in camps and residence confinement. For a woman, being relegated within the German Empire meant different exile statuses. Invisibilized by the sources, Alsatian-Lorraine women belonged to all social, cultural, and economic categories of the Land of Empire. The collective experience of internment seemed to unite people. It shaped certain attachments which must be placed on a spectrum of feelings of belonging.
    • L'Orphelinat des armées au cœur des controverses : l'implosion de l'union sacrée autour des orphelins - Mélanie Fabre p. 101-122 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse les controverses entourant l'Orphelinat des armées, œuvre d'assistance aux orphelins pendant la Grande Guerre. Fondée à l'initiative de Dick May, une intellectuelle proche des socialistes, elle s'adresse à tous les enfants victimes de la guerre, quels que soient leur confession et leur ancrage géographique. Œuvre d'assistance, elle poursuit également un modèle éducatif ambitieux. De portée nationale, elle est patronnée par les présidents de la République, de la Chambre des députés, du Sénat, et par tous les ministres du gouvernement Viviani. L'Orphelinat des armées désire ainsi incarner l'Union sacrée autour des orphelins. Pourtant, lorsque se prépare en 1915 une journée nationale de quête en sa faveur, Maurice Barrès attaque l'œuvre, catalysant ainsi une campagne de presse qui rejoue la « Guerre des deux France ».
      This article analyses the controversies surrounding L'Orphelinat des armées, which provided assistance to orphans during the Great War. Founded on the initiative of Dick May, an intellectual close to the socialists, it was a imed at all children affected by the war, regardless of their faith or geographical location. It also pursued an ambitious educational model. With a national scope, it was sponsored by the Presidents of the Republic, the Chamber of Deputies and the Senate, and by all the ministers in Viviani's government. L'Orphelinat des armées wanted to embody the sacred union around orphans. However, when preparations were made for a national collection day in 1915, Maurice Barrès attacked the association, catalysing a press campaign that re-enacted the "War of the Two Frances".
    • La guerre en Ukraine et l'unité allemande - Bernard Chappedelaine p. 123-141 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La « victoire sur le fascisme » et le contrôle exercé sur la RDA ont été des éléments essentiels du statut international du régime soviétique après 1945. Très affaiblie, l'URSS donne son aval à la réunification de l'Allemagne, mais les conditions dans lesquelles la guerre froide prend fin vont créer dans l'opinion russe un traumatisme qui va être instrumentalisé par V. Poutine, témoin de ces événements à Dresde. La révolution pacifique de 1989 conforte les Allemands dans une vision des relations internationales fondée sur la loi et le marché et sur l'exclusion du recours à la force, conception dont ils auront du mal à s'extraire. Pour justifier l'annexion de la Crimée en 2014, puis l'invasion de l'Ukraine en février 2022, le Kremlin met en avant la nécessité de surmonter la « division de la nation russe », ainsi que les promesses qui auraient été faites par les Occidentaux sur le non-élargissement de l'OTAN lors des négociations (« 2+4 ») en 1990.
      « Victory over fascism » and control exerted over GDR were essential parts of the international status of the soviet regime after 1945. A weakened USSR endorses German unification, but for many Russians the way the cold war ends is a traumatic experience which is going to be instrumentalized by V. Putin, witness of these events in Dresden. The peaceful revolution of 1989 strengthened the Germans in their belief that international relations can be based on the law and the market and on the exclusion of the use of force, they will struggle to free themselves from that belief. In order to justify Crimea's annexation in 2014 and Ukraine's invasion in 2022, the Kremlin puts forward the necessity to overcome the « division of the Russian nation » as well as the so-called promises made by western powers on NATO enlargement during the negotiations (« 2+4 ») in 1990.
  • Comptes rendus