Contenu du sommaire : La régression numérique

La médiation scientifique permet non seulement la vulgarisation scientifique mais également la réflexivité. Elle est désormais utilisée de plus en plus par les scientifiques, elle est même encouragée par certaines écoles doctorales.Dans cet article, nous présentons dans un premier temps une réflexion théorique sur la médiation scientifique, puis nous présentons le cas du « vrai-faux » procès de l'Intelligence Artificielle, pièce de théâtre dont une partie a été jouée par les auteurs de cet article devant le public assistant à la conférence M'2022 en octobre 2022 à Alès.

Cet article procède de la philosophie politique et de l'éthique interdisciplinaire, dans une double perspective à la fois de travail conceptuel et de dégagement de propositions pratiques et appliquées. Nous y questionnemerons le projet même de régression numérique, et plus spécifiquement sa compatibilité avec les déploiements hypermodernes du projet démocratique. Nous déclinerons ainsi la démarche philosophique dans ses trois principaux registres : analytique et descriptif, normatif, pratique. Nous esquissons une critique (discernement conceptuel et discussion) de la régression numérique et de certaines propositions de sa mise en œuvre (1). Nous bâtissons ensuite en contrepoint un modèle prenant acte d'une certaine irrésistibilité numérique dans l'hypermodernité démocratique et dans les sociétés des individus qui s'y développent (2). Nous explicitons enfin les lignes de forces d'une logique d'accompagnement de l'irrésistibilité numérique en démocratie, puis nous projetons rapidement sur des recherches l'éprouvant (3).

La définition du concept de la « régression numérique » laisse à penser qu'il aurait vocation à accompagner les mutations consécutives de la transformation numérique. La problématique questionnée est sujette à la duplicité des stratégies des acteurs : Soit les stratégies mises en œuvre visent à s'accommoder au développement de la digitalisation de telle sorte qu'elle engendre ces mutations en constatant ensuite qu'elles sont pour partie saine et pour partie perverse ; soit elles visent à orienter et à piloter les transformations en garantissant l'intégrité et la dignité des valeurs humaines. Encore faudrait-il pour cela qu'il existe une économie de la vertu permettant de réfréner l'ambition et la cupidité de l'Homo-œconomicus. N'est-il pas patent qu'un tel projet n'est pas envisageable dans une économie mondialisée et concurrentielle, qui plus est gouvernée par les firmes monopolistiques et les réseaux d'acteurs de l'économie capitaliste ou pseudo-capitaliste informationnelle et cognitive, comme cela ne l'a guère était possible également depuis les XVIIe et XVIIIe siècles…

Cet article présente le contexte des organisations, de plus en plus connectées et numérisées suite à la période Covid. Notre domaine de recherche étant le Sentiment de Présence (Sense of Presence) dans les environnements immersifs, nous cherchons à comparer les variables du Sentiment de Présence (ou immersion psychologique) dans les environnements immersifs, le sentiment de Présence attentive (ou Mindfulness) et le sentiment de présence numérique (hyperconnexion) dans les entreprises. Notre hypothèse est que l'organisation hyperconnetée ne favorise pas le sentiment de Présence attentive (Mindfulness) et peut ainsi provoquer des pathologies physiques et mentales graves chez l'humain.

L'hyperconnexion de la société a transformé profondément les relations sociétales. L'économie s'est digitalisée et a précipité le développement de nouvelles formes de servitude du travailleur. Le citoyen entrepreneur est la clé pour bifurquer et redonner ses lettres de noblesse au travail. Le travailleur de demain saura faire face aux jeux des algorithmes, car il valorisera ses savoirs, contribuera au bien commun et se rémunérera correctement : il aura une démarche entrepreneuriale.

Le présent article analyse, d'une manière singulière, les impacts sociaux-urbanistiques du déploiement de réseaux communautaires sans fil MESH au sein de la ville de Détroit (États-Unis d'Amérique). En rapprochant ces réseaux de télécommunications locaux et participatifs de la notion d'infrastructure inversée (Egyedi & Mehos, 2012) et en les analysant au prisme de plusieurs auteurs qui travaillent les notions de liens ; nous cherchons à comprendre pourquoi ce type de communs infrastructurels, leur construction et leur maintenance est, selon nous, capable de constituer, un « devenir numérique et urbain » à la fois plus éthique, ouvert, durable et inclusif. Nous montrons aussi, tout au long de cet article, que la forme même dont se constituent ces réseaux (décentralisés et pair-à-pair) à Détroit, les raisons qui poussent les personnes à les établir ont un impact sur l'image de la ville, la façon dont la solidarité s'y conçoit. Nous analysons aussi comment s'y projette un certain avenir, bien éloigné des imaginaires industriels que l'on projetait sur Détroit il y a plusieurs décennies. Notre objectif est de comprendre quel est le « devenir-avec les autres » (Haraway, 2020) que dessinent les réseaux MESH de Détroit, qui tissent, sans fil, des liens sociaux entre des habitants.

Cette contribution propose d'aborder la transformation numérique en mobilisant le prisme de la trajectoire pour analyser la nature des changements induits par l'introduction des technologies 4.0. En effet, la transformation digitale véhicule un certain nombre de promesses notamment liées au développement d'organisations plus agiles et flexibles. A partir de l'étude comparée de deux organismes d'habitat social, la recherche montre la façon dont la transformation numérique génère des trajectoires différenciées. Celles-ci s'inscrivent tantôt dans des modèles connus, telle la bureaucratie, tantôt dans des formes renouvelées, comme le métier 4.0. Loin d'un développement univoque, l'article montre des formes de transformation très différentes, déterminées par les structures d'organisation et l'autonomie déléguées aux professionnels.

L'une des meilleures façons de se prémunir des effets de la réalisation d'un risque réside dans la mise en procédurisation des opérations productives et administratives d'une organisation. C'est ainsi l'une des raisons d'être de la plupart des normes ISO. Au-delà, les normes régulatrices voire réglementaires connaissent une mise en extension, quels qu'en soient la nature et les motifs, facilitée et amplifiée par le numérique et la digitalisation des activités1.Cependant cette mise en procédurisation par l'approche algorithmique s'appuie par des calibrages à partir d'un système ordonné basé sur des standards souvent mal actualisés. Ce qui a pour conséquence de ne fournir que des réponses standardisées. Cette modélisation ne peut supporter ni le singulier, ni le hasard, voire l'imagination. Face aux dysfonctionnements en particulier des processus numériques et mis dans l'incapacité d'activer des solutions alternatives puisqu'interdites, les professionnels de la gestion peuvent se trouver plongés dans l'hasardeux et l'aventureux et de ce fait mis dans l'angoisse d'un conflit de loyauté avec leur socle socio-professionnel.

Répartis sur des territoires ciblés, à l'initiative des politiques territoriales en coordination avec le MESRI (Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation), le dispositif Campus Connectés vise à proposer des espaces physiques et un accompagnement humain pour une poursuite de la formation de chacun des étudiants dans l'enseignement supérieur. Intégré dans une approche diplômante (BTS, Licence ou Master), ces Campus se mettent en place selon un processus d'innovation sociale menant à la constitution d'une Cité Négociée, intégrante et participative, mêlant partenariats institutionnels et industriels au sein d'une communauté souveraine de citoyens dont l'organisation et le développement est régis par des lois en cours de négociation.

Cet article s'intéresse à des échecs de commercialisation d'objets communicants et connectés. Ces échecs étant principalement dû à des évolutions techniques & managériales, en prenant appui sur l'approche de la sociologie de la traduction ou acteur-réseau, nous essayerons de comprendre ces échecs et en quoi ils liés aussi à des questions socio-économiques. Nous proposerons une étude de cas pour illustrer nos propos : Le cas de la société Violet.

L'ensemble de cette étude prend sa source, dans un premier temps, des paramètres dérivés de notre champ instinctuel lié à notre appartenance au monde du vivant. Et c'est à partir de cette approche globale, que sera développé dans la première partie, la relation à l'autre dans le cadre de l'épouillage vocal, retraduit par la hiérarchisation dans la société civile. Dans la seconde partie, il sera analysé la relation à l'autre dans le paradigme numérique où la hiérarchie est pratiquement inexistante, mais où le phénomène de foule est activé dans le cadre des réseaux sociaux, mais aussi des internautes ayant polarisé un ensemble de leurs congénères autour de leur regard sur le monde. Les fausses nouvelles ou « fake news » font partie des conséquences liées à la structure grégaire prenant sa source de la polarisation sur un évènement, qu'il soit réel, transformé ou l'objet d'un fantasme. Après un rappel des principaux travaux dans ce champ, nous posons trois questions : quel est le rôle de la confiance dans le processus de décision ? Est-ce que la confiance numérique est différente de la confiance analogique ? Comment favoriser l'émergence de la confiance pour contribuer à un développement harmonieux de nos activités numériques ?

Jusqu'à ce jour, la digitalisation du travail demeure un sujet d'intérêt intense au sein de la communauté scientifique. Cependant, il est important de noter qu'en ce qui concerne le contexte africain, les disparités tant à l'intérieur qu'entre les organisations engendrées par la pratique du télétravail n'ont pas été explorées de manière exhaustive. Afin de pallier cette lacune, nous proposons une étude à multiples facettes centrée sur trois entreprises camerounaises distinctes : une PME, une grande entreprise locale du secteur industriel, une grande entreprise internationale opérant dans les services. Dans un premier temps, notre recherche met en évidence comment le télétravail accentue les disparités parmi les membres d'une même organisation. Ce phénomène ayant un impact direct sur l'équité des évaluations individuelles. Dans un second temps, elle démontre comment le télétravail déséquilibre la concurrence entre les entreprises opérant sur un même marché, ce déséquilibre étant tributaire du degré d'appropriation des systèmes d'information par les collaborateurs de ces organisations. En dernier lieu, notre étude nous offre la possibilité d'explorer le concept de télétravail grâce à la situation de crise sanitaire liée à la Covid-19, et d'en tirer des enseignements quant à son déploiement en Afrique en tenant compte des réalités locales.

Cet article parcourt certaines doctrines en matière d'appréhension des biorisques et des biohackerspaces ainsi que, dans une perspective transdisciplinaire, des évolutions que sont susceptibles d'impulser trois domaines : la philosophie de la biopolitique de Michel Foucault (biopouvoirs, biorisques), l'approche en termes de complexité initiée par Edgar Morin appliquée au vivant (co-engendrement, système autopoïétique « étrange ») et la sociologie de sciences latourienne (innovation socio-technique, STS).Nous esquisserons ensuite la présentation d'une expérience d'instrumentation de cette approche enrichie de la complexité en incertitude, à l'ère du biohacking. L'analyse structurale de réseau textuel s'affirme ainsi comme une approche facilitant bien l'identification de propriétés émergentes d'un système dynamique complexe (au sens de Morin & Le Moigne, 1999) qui se révèle pertinente pour une application à une veille ou une prospective stratégique du biorisque et des biohackerspaces.