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Revue |
Actes de la recherche en sciences sociales ![]() |
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Numéro | no 257, juin 2025 |
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- Pages de début - p. 2-3
- Pourquoi travaille-t-on à l'école ? : Rapports aux verdicts scolaires et à l'ascension sociale à la sortie du lycée - Yohan Selponi p. 4-23 En quoi la manière dont les élèves se posent la question du lien entre notation, orientation et certification traduit-elle la façon, socialement différenciée, dont elles et ils sont intéressé·es au jeu scolaire et, à travers lui, à celui de l'ascension sociale ? La première partie est consacrée aux tensions entre dénégation des intérêts associés aux notes et usages de celles-ci dans la manipulation des aspirations sociales et scolaires des élèves et des chances de les réaliser dans un contexte de monétisation des notes ordinaires. Dans un second temps, on montre comment les manières de jouer le jeu de l'école et de l'ascension sociale par celle-ci peuvent être socialement différenciées et institutionnellement entretenues.In what way does the way in which students ask themselves the question of the link between grading, orientation and certification reflect the socially differentiated way in which they are interested in the school game and, through it, in the game of social climbing? The first part is devoted to the tensions between denial of the interests associated with grades and their use in manipulating students' social and academic aspirations and the chances of achieving them in a context of monetization of ordinary grades. The second part shows how the ways of playing the school game and of social climbing through it can be socially differentiated and institutionally maintained.
- Mettre au travail les mineurs non accompagnés : Une économicisation silencieuse de l'assistance publique - Thomas Douniès p. 24-39
- Avorter à l'heure du médecin : Contribution à une sociologie du pouvoir médical - Raphaël Perrin p. 40-59 Cet article analyse les modalités concrètes d'exercice du pouvoir médical à partir d'une enquête ethnographique menée dans trois centres d'interruption volontaire de grossesse (IVG). Dans un contexte où l'autorité médicale apparaît de moins en moins légitime et en l'absence de pouvoir contraignant officiel, il éclaire les pratiques par lesquelles les médecins imposent aux femmes les conditions et le déroulement de leur IVG. Un répertoire de pratiques de pouvoir – de formes invisiblisées, telles que le mensonge ou le contrôle du calendrier de prise en charge, à des formes plus explicites et brutales à l'encontre des patientes occupant des positions particulièrement dominées dans les rapports sociaux – est transmis et transformé lors de la socialisation des étudiant·es et jeunes médecins. Si les médecins légitiment leur usage du pouvoir par une connaissance supérieure de l'intérêt sanitaire des patientes et un rôle de normalisation de leurs comportements médicaux et sociaux, l'analyse rend apparent le lien étroit entre pratiques de pouvoir, contraintes organisationnelles et intérêts des médecins.This article analyzes the concrete ways in which medical power is exercised, based on an ethnographic survey conducted in three French voluntary abortion centers. In a context where medical authority appears less and less legitimate, and in the absence of any official binding power, it sheds light on the practices by which doctors impose on women the conditions and procedures of their abortions. A repertoire of power practices - from invisibilized forms, such as lying or controlling the timing of treatment, to more explicit and brutal forms against patients occupying particularly dominated positions in social relations - is transmitted and transformed during the socialization of medical students and young doctors. While doctors legitimize their use of power through a superior knowledge of patients' health interests and a role in normalizing their medical and social behaviour, the analysis reveals the close link between power practices, organizational constraints and doctors' interests.
- Vers l'Afrique et au-delà : Les ambivalences de l'internationalisation de l'association Aides - Lucille Gallardo p. 60-77
- Peut-on changer de race comme on change de sexe ? : Penser les mobilités sociales au-delà du passing - Emmanuel Beaubatie, Solène Brun, Claire Cosquer p. 78-99 Une personne née de deux parents blancs peut-elle changer de position raciale et devenir noire ? Cette expérience est-elle comparable à celle d'une personne trans' qui a changé de position de genre ? Prenant pour point de départ la controverse suscitée par l'affaire Rachel Dolezal, une femme se revendiquant transrace comme d'autres sont transgenres, cet article suggère la possibilité de penser des déplacements sociaux de race, par analogie avec les déplacements de genre. Ces deux types de traversées sont généralement étudiés à l'aune du passing, tout particulièrement les premières, qui demeurent largement plus impensables que les secondes. Cet article théorique invite d'abord à dépasser le concept de passing – bien moins employé au sujet des déplacements de classe que des déplacements de race et de genre – au profit d'un raisonnement en termes de mobilité sociale. Il dissocie ensuite les deux rapports sociaux afin de comparer les conditions de possibilité des déplacements de race, d'une part, et de genre, d'autre part. Certains paramètres les différencient, d'autres les rassemblent : l'article se penche sur le rôle du langage, des institutions, de la généalogie, de l'hérédité, de la mixité ou encore de la socialisation dans le façonnement des rapports sociaux de race et de genre et dans la manière qu'ils ont de contraindre ou d'autoriser des déplacements. Enfin, si ce texte repose avant tout sur un geste analogique, il veille à l'articuler avec une conception intersectionnelle des rapports sociaux et à prendre au sérieux les spécificités des contextes nationaux et locaux.Can a person born to two white parents change their racial position and become Black? Is such an experience comparable to that of a trans person who has changed their gender position? Taking as its starting point the controversy surrounding the case of Rachel Dolezal — a woman who identifies as transracial in a way that echoes transgender identification — this article explores the possibility of thinking about racial mobility through an analogy with gender transitions, considered here as a form of gender mobility. These two forms of crossing are generally analyzed through the lens of passing, especially the former, which remains far more unthinkable than the latter.This theoretical article first calls for moving beyond the concept of passing — a notion less frequently used to describe class mobility than racial or gender mobility — in favor of a framework grounded in social mobility. It then analytically separates race and gender as social relations in order to compare the conditions under which racial and gender shifts may occur. While some factors distinguish them, others bring them closer together. The article focuses on the role of language, institutions, genealogy, heredity, racial mixing, and socialization in shaping racial and gender relations, and in defining how these relations either constrain or enable forms of mobility. Although this text relies primarily on an analogical approach, it seeks to anchor it in an intersectional understanding of social relations and to take seriously the specificities of national and local contexts.
- Pages de fin - p. 104-112