Contenu du sommaire : Les invisibles de la Résistance
| Revue |
Le Mouvement social |
|---|---|
| Numéro | no 290-291, janvier-juin 2025 |
| Titre du numéro | Les invisibles de la Résistance |
| Texte intégral en ligne | Accès réservé |
- Les régimes de visibilité de la Résistance. Éditorial - Claire Andrieu p. 5-24
Cette introduction présente l'évolution de l'historiographie de la Résistance sous un jour nouveau : elle montre l'évolution récente du champ et révise l'interprétation usuelle des phases de l'historiographie. L'approche par les régimes de visibilité ou régimes mémoriels permet de comprendre les variations dans le temps de l'analyse du passé sans avoir à recourir à des notions tirées d'autres disciplines, telles que « occultation », « tabou », « retour du refoulé ». Des facteurs politiques, sociaux et culturels infléchissent le regard sur le passé, en modifient la visibilité et parfois même le sens. Ce sont ces combinaisons contextuelles qui produisent les séquences historiographiques, lesquelles n'évoluent pas « de la mémoire à l'histoire », mais de mémoire en mémoire. Aux deux scansions déjà connues, celle qui privilégie l'organisation, le combat et l'héroïsme dans la Résistance (1945-1970) puis celle qui, tout en conservant ce regard guerrier et politique, le nuance et le complexifie (1970-2000), s'ajoute maintenant une troisième phase plus sociale qui s'intéresse à la Résistance diffuse, celle du « non-consentement », d'importance vitale pour les organisations et pour les victimes de l'oppression.This introduction presents the development of the historiography of the Resistance in a new light: it shows the recent evolution of the field and updates the usual interpretation of the phases of historiography. An approach based on regimes of visibility or memorial regimes allows us to understand the variations over time in the analysis of the past without having to resort to notions drawn from other disciplines such as “concealment”, “taboo” or the “reappearance of the repressed”. Political, social and cultural factors influence the way we look at the past, changing its visibility and sometimes even its meaning. These contextual combinations produce historiographical sequences, which evolve not “from memory to history”, but from memory to memory. In addition to the two already well-known phases – the first focused on the organisation, combat and heroism of the Resistance (1945-1970), and the second which, while retaining this martial and political approach, nuanced and made it more complex (1970-2000) – there is now a third, more social phase which looks at the Resistance in diffuse terms, the Resistance of “non-consent”, which was of vital importance for the organisations and for the victims of oppression. - Le ressort intime : Espace domestique et résistance individuelle dans les nouvelles de Vercors, 1942-1945 - Denis Charbit p. 25-42

- L'ombre portée des expériences de guerre de 1870 et 1914 dans la Résistance : L'exemple du nord de la France - Catherine Lacour-Astol p. 43-60

- La Résistance de 1940 effacée ? : L'exemple du réseau Grenier-Godard en Côte-d'Or - Dimitri Vouzelle p. 61-80

- Quand la mémoire nationale ne retient qu'une partie de la Résistance - Claire Andrieu p. 81-106

- Face à la bureaucratie de la violence : les faussaires de la Résistance (1940-1944) - Marie-Cécile Bouju p. 107-126

- La contribution britannique à la Résistance : une invisibilisation précoce et durable - Raphaële Balu, Laure Humbert p. 127-150

- Des infiltrés : les hommes et les femmes de confiance de l'Abwehr : Le Service de renseignement allemand (SRA) - Fabrice Grenard p. 151-172

- Un mouvement social à réévaluer : les comités de libération - Gerd-Rainer Horn p. 173-196

- Des portraits contre la nuit et le brouillard : résister au cœur de l'univers concentrationnaire - Guillaume Piketty p. 197-220
Compagne naturelle des résistants, la mort alla souvent de pair avec le risque de disparaître sans laisser de traces, dans les camps de concentration notamment. Une poignée des combattants de l'ombre déportés choisirent de poursuivre la lutte en représentant des scènes de la vie du camp et/ou des camarades de détention. Cet article est principalement fondé sur les 203 dessins réalisés par le Français Camille Delétang, de la mi-septembre 1944 au début d'avril 1945, alors qu'il était interné au kommando « Hecht » du camp de Buchenwald. Produits avec l'aide d'un réseau de complicités, ces dessins renseignent sur la résistance en action à Buchenwald puis à « Hecht ». Ils témoignent également d'une volonté de lutter contre la déshumanisation et l'invisibilisation programmées des prisonniers. Perdus au cours de l'évacuation du kommando, réapparus en 2012, ils renvoient enfin au silence qui a bien souvent accompagné la fin du système concentrationnaire nazi et le retour des camps.Death was a constant companion of resistance fighters, often coming hand in hand with the risk of disappearing without a trace, particularly in concentration camps. A handful of deported resistance fighters chose to continue their struggle by depicting scenes of camp life and/or of their fellow prisoners. This article is based mainly on the 203 drawings produced by the Frenchman Camille Delétang between mid-September 1944 and early April 1945, when he was interned in the “Hecht” kommando of Buchenwald camp. Produced with the help of a network of accomplices, these drawings provide information about the resistance in action at Buchenwald and then at “Hecht”. They also demonstrate a willingness to a desire to combat the planned dehumanisation and invisibilisation of prisoners. Lost during the evacuation of the kommando, rediscovered in 2012, these drawings are a reminder of the silence that often accompanied the end of the Nazi concentration camp system and the deportees' homecoming from the camps. - Des cadavres invisibles ? : La nécropole de la déportation au mémorial de Natzweiler-Struthof - Jean-Marc Dreyfus p. 221-240

- Résistante ? Juive ? Communiste ? Revoir l'histoire de la Résistance à l'aune de la critique du témoignage - Zoé Grumberg, Guillaume Pollack p. 241-264

Notes de lectures
- Dimitri Vouzelle, Pionnier de la Résistance. Le réseau Grenier-Godard (1940-1942), Dijon, Éditions universitaires de Dijon, « Histoires », 2022, 328 p. Préface d'Édouard Bouyé. - Fabrice Grenard

- Fabrice Grenard, Ils ont pris le maquis, Paris, Tallandier-Ministère des Armées, 2022, 192 p. - Christian Bougeard

- Alain Prigent, Madeleine Marzin. Bretonne, résistante et élue communiste de Paris, Paris, Éditions Manifeste !, « Ligatures », 2022, 394 p. - Danielle Tartakowsky

- Jean Bourcart, Le général Delestraint. La Résistance : de l'Armée secrète jusqu'à Dachau, Paris, Perrin, 2023, 368 p. Préface de Jean-Noël Grandhomme. - Raphaële Balu

- Bénédicte Vergez-Chaignon, Une juvénile fureur. Bonnier de la Chapelle, l'assassin de l'amiral Darlan, Paris, Perrin, 2019, 464 p. - Christine Levisse-Touzé

- Alya Aglan, Le rire ou la vie. Anthologie de l'humour résistant, 1940-1945, Paris, Gallimard, « Folio Histoire », 2023, 258 p. - Alexandra Oeser

- Michel Borwicz, Écrits des condamnés à mort sous l'occupation nazie, 1939-1945, Judith Lyon-Caen (éd.), Paris, Gallimard, « Tel », 2023, 468 p. Préface de René Cassin. - Philip Nord, Élise Roy

- Diane Galbaud du Fort, Comment devient-on Juste ? Lucie Chevalley-Sabatier (1882-1979), Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, 2023, 304 p. - Patrick Fridenson

- Judy Batalion, Les Résistantes. L'histoire inédite des femmes juives dans les ghettos, Paris, Les Arènes, 2022, 560 p. Préface d'Annette Wieviorka, traduit de l'anglais par Omblage et Danielle Charron. - Audrey Kichelewski

- Muriel Chochois, « Even… Une pierre de vie en la mémoire de Roza Shabad-Gawronska et des orphelins du ghetto de Vilna », Tsafon. Revue d'études juives du Nord, n° 10, hors-série, 2022. - Thomas Chopard

- Marie Moutier-Bitan, Le pacte antisémite. Le début de la Shoah en Galicie orientale, juin-juillet 1941, Paris, Passés/Composés, 2023, 324 p. - Thomas Chopard

- Jean-Luc Pinol, Convois. La déportation des Juifs de France, Paris, Éditions du Détour, 2019, 320 p. Préface de Serge Klarsfeld. - Christian Chevandier

- Johanna Lehr, Au nom de la loi. La persécution quotidienne des Juifs à Paris sous l'Occupation, Paris, Gallimard, « Connaissances », 2024, 288 p. - Jean Laloum

- Kenneth Mouré, Marché Noir. The Economy of Survival in Second World War France, Cambridge, Cambridge University Press, 2023, 310 p. - Fabrice Grenard

- Jacques Cantier, Lire sous l'Occupation. Livres, lecteurs, lectures, 1939-1944, Paris, CNRS Éditions, « Biblis », 2024 [2019], 568 p. - Isabelle Antonutti

- Marie-Cécile Bouju, De plomb et de papier. Les industries graphiques en France pendant la Seconde Guerre mondiale, Paris, Les Indes savantes, 2024, 308 p. - Danielle Tartakowsky

- Jean-François Muracciole, Quand de Gaulle libère Paris, juin-août 1944. Récit d'une prise de pouvoir, Paris, Odile Jacob, 2024, 491 p. - Bernard Lachaise

- Fabien Lostec, Condamnées à mort. L'épuration des femmes collaboratrices, 1944-1951, Paris, CNRS Éditions, « Nationalismes et guerres mondiales », 2024, 396 p. Préface de Marc Bergère. - Charlotte Barnabé

- Marc Bergère, Lignes de fuite. L'exil des collaborateurs français après 1945, Paris, PUF, 2024, 374 p. - Frédéric Sallée

- Agathe Bernier-Monod, Les fondateurs. Reconstruire la République après le nazisme, Lyon, ENS Éditions, « Sociétés, espaces, temps », 2022, 294 p. - Pierre Millet

- Pierre Salmon, Un antifascisme de combat. Armer l'Espagne révolutionnaire, 1936-1939, Bordeaux, Éditions du Détour, 2024, 254 p. Préface de Nicolas Offenstadt. - Nathan Rousselot

- Secundino Serrano, Maquis. Histoire des guérillas anti-franquistes, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2021, 512 p. Ouvrage traduit de l'espagnol par Pierre-Jean Bourgeat. - Mercedes Yusta

- Alain Blum et Emilia Koustova, Déportés pour l'éternité. Survivre à l'exil stalinien, 1939-1991, Paris, Éditions de l'EHESS-INED Éditions, « En temps et lieux », 2024, 384 p. - Vanessa Voisin

- Rod Kedward, The French Resistance and its Legacy, Londres, Bloomsbury, 2022, 148 p. - Hanna Diamond

- Laurent Douzou, Le moment Daniel Cordier. Comment écrire l'histoire de la Résistance ?, Paris, CNRS Éditions, 2021, 200 p. - Jean-Marie Guillon

- Jérôme Krop et Corinne Vérizian (dir.), Le massacre d'Ascq, 1 er avril 1944. Enseigner un traumatisme de l'histoire, Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2021, 112 p. - Cécile Vast

- Simon Perego, Pleurons-les. Les Juifs de Paris et la commémoration de la Shoah (1944-1967), Ceyzérieu, Champ Vallon, « Époques », 2020, 392 p. Préface de Claire Andrieu. - Audrey Kichelewski

- Philip Nord, Après la déportation. Les batailles de la mémoire dans la France de l'après-guerre, Lormont, Le Bord de l'eau, « Judaïca », 2022, 502 p. Traduit de l'anglais par Sylvie Servoise. - François Azouvi

- Noëlline Castagnez, Quand les socialistes français se souviennent de leurs guerres. Mémoire et identité (1944-1995), Rennes, Presses universitaires de Rennes, « Histoire », 2021, 478 p. Préface de Jean-François Sirinelli. - Gilles Vergnon

- Samuel Moyn, L'affaire Treblinka, 1966. Une controverse sur la Shoah, Paris, CNRS Éditions, 2024, 272 p. Traduit de l'anglais par Philippe Lesavre. - Simon Perego

- Sarah Gensburger, Qui pose les questions mémorielles ?, Paris, CNRS Éditions, 2023, 336 p. - Robert Gildea

- Dimitri Vouzelle, Pionnier de la Résistance. Le réseau Grenier-Godard (1940-1942), Dijon, Éditions universitaires de Dijon, « Histoires », 2022, 328 p. Préface d'Édouard Bouyé. - Fabrice Grenard
Livres reçus
- Livres reçus - p. 345-346

- Livres reçus - p. 345-346


