Contenu du sommaire : Revue de l'OFCE n°52

Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Mir@bel
Numéro no 52, 1995
Titre du numéro Revue de l'OFCE n°52
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Perspectives à moyen terme de l'économie française 1994-2000 - Loïc Cadiou, Gérard Cornilleau , Catherine Mathieu p. 7-27 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    En 1995, la France devrait retrouver une croissance de l'ordre de 3,5 %. Ce regain est-il durable ? Pour explorer les évolutions possibles, deux scénarios ont été envisagés ; le premier est caractérisé par une croissance modérée dans la plupart des pays (2,5 % de 1994 à 2000), le second retient une croissance plus forte dans l'ution européenne (3,6 % de 1994 à 2000). Dans les deux cas, la France pourrait répondre facilement, du côté de l'offre, aux sollicitations de ses partenaires. Mais, au delà du cycle d'investissement lié à l'ajustement des capacités de production (1995-1997), la demande intérieure ne retrouverait pas un rythme suffisant pour empêcher l'affaiblissement de la croissance. En effet, le niveau élevé du chômage, qui limite la progression des salaires réels, et le rééquilibrage rapide des finances publiques pèseraient fortement sur l'évolution de la demande. Avec 2,4 % de croissance en moyenne de 1994 à 2000 dans le premier scénario, le chômage serait à peine stabilisé, malgré l'inflexion du rythme de croissance de la productivité du travail. Dans le second scénario, la réduction plus rapide du déficit public dans un contexte de plus forte croissance permettrait une politique budgétaire moins restrictive et un moindre infléchissement de la demande intérieure. Pourtant, même dans le cas d'une politique budgétaire encore plus accommodante, la croissance française, qui pourrait alors atteindre 3,4 % en moyenne au cours des cinq prochaines années, ne permettrait qu'une baisse de un point du taux de chômage (soit environ 300 000 chômeurs de moins de 94 à 2000). Cette réduction ne serait pas suffisante pour effacer les effets de la dernière phase de ralentissement (+ 800 000 chômeurs de 1990 à 1993).
    Forecasts for the French economy in 1994-2000 Loic Cadiou, Gerard Cornilleau, Catherine Mathieu France's growth rate should reach 3.5 % in 1995. Will this recovery be long-lasting ? In order to explore all the possibilites, two scenarios have been considered : the first one is characterised by a moderate growth rate in most countries (2.5 % from 1994 to 2000), and the second one by faster growth within the European Community (an average of 3.6 % from 1994 to 2000). In both cases, from the supply side, France could easily respond to its partners's demand. But beyond the investment cycle due to capacity adjustment (1995-1997), domestic demand would not reach a sufficient rate of increase to avoid the slowdown of growth. Indeed, the high level of unemployment, which limits real wage growth, and the rapid reduction of the public defict would strongly depress domestic demand. With an average growth rate of 2.4% from 1994 to 2000 in the first scenario, unemployment would barely be stabilised in spite of the decrease of the slope of labour productivity. In the second scenario, the faster reduction of public deficit due to stronger growth would allow a relaxation of fiscal policy and thus lead to a more dynamic domestic demand. If budge-tary policy were more accomodating still, French growth, which then could reach an average rate of 3.4 % over the next five years, would lead to a decrease of just one percentage point of the unemployment rate (300 000 persons from 1994 to 2000). This reduction would not be sufficient to eliminate the increase from the last slowdown period (800 000 more unemployed persons from 1990 to 1993).
  • Monnaie commune, décentralisation et inflation : Hujus Regio, Cujus Pecunia ? - Marc Flandreau p. 29-47 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Existe-t-il un lien systématique entre l'organisation du mécanisme de décision au sein d'une union monétaire et le niveau d'inflation moyen que cette union tend à produire ? Autrement dit, une union décentralisée est-elle inflationniste ? A l'inverse de l'analyse de Casella et Feinstein (1989) qui utilise un argument de type « free rider » pour montrer que décentralisation égale inflation, cet article, en s'appuyant sur une réflexion à la fois théorique et historique, suggère que le prétendu biais inflationniste des unions décentralisées peut être corrigé au moyen de mécanismes eux-mêmes décentralisés.
    Common Currency, Decentralization and Inflation : is the « Westphalian Model » relevant ? Marc Flandreau Is there a systematic relation between the organization of the decision making process within a monetary union and the average inflation rate that this union tends to produce ? More specifically, does decentralization leads to higher inflation ? Contrary to Casella and Feinstein [1989] who build on a free rider argument to demonstrate that decentralization means inflation, we argue — on the basis of theoretical and historical analysis — that it is always possible to set up a number of decentralized incentive mechanisms which can be used to ruie out the alleged inflationary bias of decentralized monetary unions.
  • L'avenir des régimes publics de retraite dans les pays du G7 - Thierry Chauveau , Rahim Loufir p. 49-103 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La plupart des pays de l'OCDE connaissent, depuis la fin des années soixante, une baisse du taux de fécondité et un allongement de l'espérance de vie. Même si ce taux remonte pour atteindre le seuil de remplacement, le rapport du nombre d'inactifs du troisième âge au nombre d'actifs augmentera très sensiblement, dans ces pays, au cours des prochaines décennies, entraînant l'apparition pour les systèmes publics de retraite, de déséquilibres financiers dont l'étude est entreprise dans cet article. Nous y utilisons le modèle « à espérance de vie variable » qui a déjà servi à notre étude du cas français, publiée dans le numéro 50 de cette Revue. Les principaux enseignements de l'étude sont les suivants (i) le vieillissement de la population est un phénomène commun aux pays du G7, même si son intensité est plus marquée au Japon et en Italie qu'au Canada ou aux Etats-Unis; (ii) ce problème n'est pas aussi inquiétant qu'on le suggère parfois dans la mesure où l'équilibre financier des régimes de retraites publiques par répartition devrait pouvoir être maintenu, quel que soit le scénario considéré, au prix il est vrai d'un ralentissement de la croissance de la production par tête, ou d'une baisse du niveau de vie relatif des retraités ; (iii) en toute rigueur, il n'existe pas de meilleur scénario car selon les critères utilisés (croissance, équité actuarielle ou bien-être), la hiérarchie des comptes n'est pas la même ; (iv) la stratégie de maintien, à son niveau actuel, du taux de cotisation, favorise l'épargne : elle implique donc un taux d'intérêt réel moins élevé que la stratégie alternative de maintien du taux de remplacement et par conséquent, un supplément d'investissement et de production ; d'où, à dépenses publiques par tête égales, moins d'impôts. En revanche, la forte baisse du taux de remplacement implique une diminution des prestations-retraite par tête, en dépit de l'accroissement relatif de la masse salariale ; (v) la plupart des résultats précédents demeurent valables sous l'hypothèse « de petites éco- nomies ouvertes ». On observe, néanmoins, que l'hypothèse d'« économies ouvertes » permet aux pays comme la France et le Royaume-Uni d'obtenir des résultats beaucoup plus favorables en matière d'agrégats macroéconomiques ou d'équité actuarielle en raison du niveau du taux d'intérêt réel américain, sensiblement plus faible que le taux national de référence. La situation contraire prévaut pour le Japon.
    The future of public pensions in the seven major economies Thierry Chauveau, Rahim Loufir In most OECD countries, the financing of the current public Pay-As-You-Go (PAYG) pension system may become quite worrisome due to the likely ageing of the population. This article provides an analysis of the consequences of the demographie transition on the equilibrium of the public pensions systems in the seven major economies. A new CGEM-OG model is used, which rules out the well known weakness of earlier models : the simulated age structure (and total population) do not coincide with the actual ones. For each of the seven countries, main macroeconomic aggregates, intergenerational transfers, and welfare criteria are analysed. Our conclusions are somewhat different from those based on other methodologies such standard CGEM-OG or econometric or generational accounting models. The main conclusions are that (i) Ageing of the population is a problem very similar from one developed country to another ; (ii) This problem is not so much worrying as is sometimes suggested and policies in which PAYG financing is maintained and the retirement age held constant are allowable ; (iii) There is no « one best social security policy » ; (iv) On the contrary, there is a trade-off between, on the one hand, lowering interest rates, increasing investment and output, lowering taxes,... and, on the other hand, increasing the standard of living of the retired, and (v) Most of these results still hold with the polar assumption of small open economies. Nevertheless, for countries in which the domestic real rate of interest is higher than the American one, opening the economy leads to better macroeconomic outeomes and higher actuarial fairness. It is the case for France and the United Kingdom ; the opposite situation characterizes Japan.
  • Cycle immobilier et politique du logement : comparaison internationale et étude du cas britannique - Christine Rifflart p. 105-135 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Un grand nombre de pays développés ont connu, au cours des dix dernières années, un cycle immobilier particulièrement dynamique. En baisse tendancielle depuis le milieu des années soixante-dix, l'investissement logement s'est stabilisé (France, Royaume-Uni) ou a ralenti son déclin (Europe du Nord) sur l'ensemble du dernier cycle. Cette inflexion s'explique essentiellement par deux facteurs. Les politiques du logement ont davantage favorisé le statut d'accédant à la propriété pour stimuler l'investissement privé et compenser le désengagement de l'Etat. Simultanément, la déréglementation financière a permis de financer ces investissements par un recours accru au crédit. Le cas britannique illustre parfaitement ces changements. Dès 1979 la politique du logement s'est orientée radicalement vers le « droit à l'achat » pour tous tandis que se libéralisaient les marchés financiers. De fait, la reprise de l'investissement logement a été liée exclusivement à l'émergence d'une demande solvable d'accession à la propriété jusque là non exprimée. En contrepartie, le taux d'endettement des ménages a rapidement augmenté, dépassant les autres pays. Durant la période de flambée des prix, la montée des risques a été masquée par un effet d'illusion patrimoniale, les investisseurs s'endettant pour acheter un bien dont la valeur augmentait très rapidement. Les déséquilibres sont apparus avec le resserrement de la politique conjoncturelle. La hausse des taux d'intérêt s'est répercutée presque instantanément sur les charges financières de la dette hypothécaire, les contrats étant à taux variable. Le retournement a été brutal. Le secteur de l'immobilier est entré alors dans une crise profonde dont il sort à peine. Que peut-on dire des perspectives à moyen terme du secteur immobilier britannique ? La reprise de l'investissement logement permise par l'arrivée des primo-accédants ayant un accès plus facile au crédit, a probablement atteint ses limites. Les déboires récents devraient inciter à limiter dans l'avenir les risques d'insolvabilité associés à la dynamique de l'endettement. De plus, les facteurs socio-démographiques, qui ont soutenu la demande, devraient s'affaiblir. Cependant, étant donné l'ancienneté du parc de l'immobilier résidentiel au Royaume-Uni, de nouveaux investissements seront nécessaire à moyen terme pour renouveler une partie des logements, tandis qu'une nouvelle voie en faveur de l'investissement locatif pourrait s'ouvrir.
    Property cycle and housing policy : international comparison and study of the British case Christine Rifflart Most of the countries have seen during the last ten years a very ample property cycle. Declining during the seventies, housing investment has stabilised (France, United Kingdom) or slackened (Northern Europe,...) in the last cycle. This inflexion is mainly caused by two factors. Housing policies have increased the incentives to home buyers to fuel private investment. Meanwhile, financial deregulation has permitted the financing of these projects by an increased use of credits. The British case is a good exemple of these changes. From 1979, housing policy has entirely moved towards the « right to buy » for everybody while financial markets were liberalised. Actually, the housing investment recovery was explained by the emergence of a new demand which was until then unexpressed. In turn, the debt income ratio raised very quickly, surpas-sing that in other countries. During the house price boom period, rising risks were hidden by a wealth illusion effect. Imbalances appeared when the monetary policy became more restrictive The increase in interest rates was immediately passed on to mortgage debt interest payments The downturn was abrupt and the property sector moved into crisis from which it was just emerging As for the British medium term outlook investment dynamics allowed by the entry of first time buyers on the housing market is probably over with the earlier disappointments Moreover socio demographic effects on demand will further reduce demand However rebuilding needs could be required due to the age of the residential property stock while another solution could be found in investment in rental property
  • Intermédiations financières sur un marché globalisé - Olivier Passet p. 137-172 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La multiplicité des représentations du marché financier global aboutit souvent à une juxtaposition de logiques difficilement conciliables. Cet article part du constat, que les divergences de lecture de la finance mondiale relèvent d'abord des différences de niveau et de fréquence d'observation des phénomènes étudiés. Le contraste est saisissant entre la représentation la plus agrégée, celle des déséquilibres courants globaux, qui tend à formaliser le marché global comme le lieu d'équilibrage de l'épargne et de l'investissement des nations sur la base de déterminants réels (stade de développement, structure démographique, besoin de financement public...), et les approches les plus désagrégées en termes de transactions brutes où la volatilité, le surdimensionnement et le bruit prévalent. La balance des paiements, dont la présentation s'organise autour de l'équivalence comptable entre solde des transactions courantes et solde des flux de capitaux reflète cette ambivalence. Comment concilier alors la volatilité extrême des transactions, hypersensibles à un système de prix dont on peut douter de l'efficience, et l'apparente polarisation des flux d'épargne ? Le marché global demeure un espace hiérarchisé imparfaitement intégré. Une représentation géographique et institutionnelle des circuits de flux bruts de financement, permet de montrer la réalité des liens qui s'instaurent entre débiteurs et prêteurs. Elle rend compte d'une plus grande dispersion des dépendances financières que ne le suggère l'étude des flux nets. Elle restitue aussi les différences d'influence des agents. A ce niveau d'observation, trois éléments contribuent à la polarisation des flux financiers : — les décalages temporels dans la mise en œuvre de l'internationalisation des portefeuilles des investisseurs institutionnels — l'hétérogénéité des stratégies d'investissement et d'endettement des agents nationaux, avec une spécificité marquée du Japon — la localisation des intermédiaires financiers qui influe sur l'orientation des flux d'épargne. L'emprise financière décrite ici, loin d'être déstabilisatrice, participe à la polarisation et à la relative inertie des besoins de financement que décrit le haut de la balance des paiements.
    Financial intermediations on a glogal market Olivier Passet The multiplicity of global financial market models leads to a juxtaposition of partial representations which are hardly reconcialable. This paper emphasizes how the level of aggregation and the frequency of observations influence these models. Aggregated representations, which focus on current account balances, tend to formalize the global markets as an equilibrium between savings and investment on the basis of real determinants (development levels, demographic structure, public deficits...). These approaches contrast with disaggregated ones, which focus on gross transactions, where hypertrophy, volatility and noise prevail. The balance of payments, which is based on the equality between current account transactions and capital account flows reflects this ambivalence. Therefore, how do we justify the great volatility of capital flows, hypersensitive to the price system, whose efficiency is doubtful, and the polarization of saving flows ? Global markets remain an hierarchical and imperfectly integrated area. A geographical and institutional representation of gross financial circuits allows one to perceive the concrete links between debtors and creditors. Financial interdependencies appear more dispersed than suggested by the net flows analysis. From this point of view, three main factors contribute to orientate financial flows : — different timings in the internationalization of institutional investors' portofolios — heterogeneity of national investment and indebtness strategies, especially in Japan — location of financial intermediaries. The financial influence shown here, contributes to the orientation of financial saving flows between nations, and to the relative inertia of current account imbalances.
  • Chronique des tendances de la société française et comparaisons internationales - Louis Dirn, Laurence Duboys Fresney, Odile Benoît-Guilbot, Louis Chauvel, Henri Mendras, Michel Forsé, Olivier Galland p. 173-190 accès libre avec résumé
    On trouvera dans cette chronique trois analyses comparatives internationales et deux présentations de tendances françaises : • La nouvelle baisse de la nuptialité et de la fécondité en Europe met en évidence une convergence ; après une forte baisse entre 1960 et 1985, selon des modalités différentes dans chaque pays, les évolution sont maintenant parallèles. • Le dernier ouvrage d'Emmanuel Todd sur les immigrés montre que le pourcentage d'enfants naissant de femmes étrangères et de père français ne cesse d'augmenter, quelle que soit la nationalité de ces femmes. La comparaison avec l'Allemagne, les États-Unis et le Royaume-Uni met en évidence l'originalité du modèle français. • Les taux d'emploi, de chômage, d'inactivité et de scolarisation en Europe font apparaître deux modèles de régulation du marché du travail ; un modèle anglo-germanique où les jeunes sont rapidement intégrés au monde du travail, où les gens âgés n'ont pas connu de baisse de leur activité, et un modèle des pays du Sud, dont la France, où les jeunes prolongent durablement leurs études, et où les gens âgés quittent précocement leur emploi. Visiblement il y a différentes formes d'institutionnalisation des marchés du travail en Europe. • Les cinq dernières années ont été décisives pour l'évolution du système d'enseignement technique en France, grâce à des élèves de plus en plus nombreux à passer un baccalauréat technique et à s'inscrire dans les IUT. • Une enquête récente de l'INSERM fait le point sur le bien-être et le mal-être des adolescents : les facteurs sont plutôt psychologiques et affectifs chez les filles, et de nature sociale chez les garçons qui réagissent souvent avec plus d'agressivité.
  • Chronologie 1994 - Sylvie Le Golvan p. 191-205 accès libre
  • Summaries in English - p. 207-209 accès libre