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Revue | Actes de la recherche en sciences sociales |
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Numéro | vol. 40, no. 1, 1981 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Pour une sociologie de la perception - Pierre Bourdieu, Yvette Delsaut p. 3-9 Pour une sociologie de la perception L'œil du Quattrocento. L'œil du Quattrocento, œil moral et spirituel, façonné par la religion, l'éducation, les affaires, n'est autre chose que le système des schèmes de perception et d'appréciation, de jugement et de jouissance qui, acquis dans les pratiques de la vie quotidienne, à l'école, à l'église, sur le marché, en écoutant des cours, des discours ou des sermons, en mesurant des tas de blé ou des pièces de drap ou en résolvant des problèmes d'intérêts composés ou d'assurances maritimes, sont mis en œuvre dans l'existence ordinaire et aussi dans la production et la perception des œuvres d'art. Contre l'erreur intellectualiste, qui guette toujours l'analyste, Baxandall vise à restituer une expérience sociale du monde, entendue comme l'expérience pratique qui s'acquiert dans la fréquentation d'un univers social particulier, c'est-à-dire, dans le cas considéré, un habitus de marchand ou, comme il le dit lui-même dans un résumé intentionnellement schématique de ses analyses, d'«homme d'affaires qui fréquente l'église et a du goût pour la danse».Towards a Sociology of the Perception. The Quattrocento Eye. The Quattrocento eye, a moral and spiritual eye, shaped by religion, education, business, is nothing other than the System of schemes of perception and appreciation, judgement and enjoyment, acquired in the practices of everyday life, in school, at church, in the marketplace, listening to lectures, speeches or sermons, measuring heaps of corn or lengths of cloth or solving problems of compound interest or maritime insurance, and put into practice in ordinary existence and also in producing and perceiving works of art. Rejecting the intellectualist fallacy to which the analyst is always exposed, Baxandall seeks to reconstruct a social experience of the world, understood as the practical experience that is acquired by frequenting a particular social universe, i.e., in this case, habitus of a merchant or, as he himself puts it in a deliberately schematic summary of his analyses, the habitus of «a church-going businessman who enjoys dancing».
- L'?il du Quattrocento - Michael Baxandall p. 10-49
- Domination symbolique et géographie artistique - Enrico Castelnuovo, Carlo Ginzburg p. 51-72 Domination symbolique et géographie artistique dans l'histoire de l'art italien. Les notions de «centre» et de «périphérie» n'ont guère retenu l'attention des historiens de l'art qui ont eu souvent tendance à les faire coïncider avec celles d'innovation et de retard. En réalité, le champ artistique a été de tout temps le lieu de luttes et de conflits qui avaient pour enjeu la domination symbolique. Les différentes tentatives de domination qu'ont exercées les «centres» à travers les spoliations de l'héritage artistique des régions dominées, l'annexion des «cerveaux», l'imposition de modèles, l'occultation du passé au travers d'une historiographie fortement idéologisée, et d'autre part la résistance des «périphéries» qui peuvent produire des tendances différentes et de véritables «écarts» sont l'objet de cette relecture de l'histoire de l'art italien.Symbolic Domination and Artistic Geography in the History of Italian Art. Art historians have paid little attention to the notions of «centre» and «periphery», tending to regard them as synonymous with innovation and backwardness. In reality, the artistic field has always been the site of struggles and conflicts for symbolic domination. This re-reading of the history of Italian art deals with the various attempts the «centres» have made to consolidate their dominance by plundering the artistic heritage of dominated regions, annexing «brains» and obscuring the past by means of a highly ideologized historiography ; and with the resistance of the «peripheries», which may produce different tendencies and genuine aesthetic «deviations».
- Une avant-garde sans avancée - Daniel Grojnowski p. 73-86 Une avant-garde sans avancée : les «Arts incohérents» (1882-1889). Les historiens de l'art omettent de signaler l'existence des Incohérents dont les manifestations ont pourtant connu quelque éclat dans le courant des années 1880. Un tel oubli (qui joue le rôle de censure) pose le problème des conditions d'émergence d'un «mouvement» esthétique socialement reconnu. Une trentaine d'années avant le Dadaïsme, les Incohérents ont accompli un certain nombre de transgressions décisives : désacralisation de l'œuvre d'art, mise en question de la transparence de l'image. Autant de propositions affirmées avec force et insistance, mais qui n'ont pas trouvé le public et l'audience dont dépendait leur consécration.A Forgotten Avant-garde : the «Incoherent Arts» (1882-1889). Art historians fail to mention the existence of the «Incoherents», a group whose activities caused some degree of scandal in the 1880s. This neglect (which is equivalent to censorship) raises the question of the conditions in which a socially recognized aesthetic «movement» can emerge. Thirty years before Dadaism, the Incoherents performed a certain number of decisive transgressions : desacralizing the work of art, questioning the transparency of the image. These statements were made forcefully and insistently but failed to find the public and the audience they needed in order to achieve consecration.
- Remarques sur les "Arts incohérents" et les "avant-gardes" - Denys Riout p. 87-88
- Résumés - p. 90-91