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Revue | Actes de la recherche en sciences sociales |
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Numéro | vol. 66, no. 1, 1987 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Galilée critique d'art - Erwin Panofsky p. 2-24 Galilée critique d'art. Mettant à l'épreuve une érudition encyclopédique Panofsky opère, entre les domaines les plus variés de la culture de la Renaissance, des rapprochements fondés sur l'homologie existant entre les goûts esthétiques de Galilée et ses dispositions scientifiques : les uns et les autres relevant d'un même «purisme critique» qui explique tant sa méconnaissance des découvertes de Kepler sur la trajectoire elliptique des planètes, que sa prise de position en faveur de la peinture dans le débat qui l'opposait à la sculpture. C'est ainsi qu'au mépris de tous les cloisonnements universitaires l'historien d'art propose, à une question épistémologique, une réponse esthétique.Galileo as a Critic of the Arts. Drawing on encyclopaedic knowledge, Panofsky makes connections between the most varied areas of Renaissance culture, based on the homology between Galileo's aesthetic tastes and his scientific dispositions. Both derive from the same «critical purism» which explains both his ignorance of Kepler's discoveries on the elliptical orbits of the planets and his stated preference for painting as opposed to sculpture. Thus, disregarding all academic demarcations, an art historian offers an aesthetic answer to an epistemological question.
- Odilon Redon et ses critiques - Dario Gamboni p. 25-34 Odilon Redon et ses critiques. L'examen des rapports complexes et souvent conflictuels entretenus par Odilon Redon (1840-1916) avec ses critiques, en particulier avec Joris-Karl Huysmans, permet de mettre en évidence les relations d'interdépendance qui unissent et opposent les peintres et leurs commentateurs, au moment où la fin du monopole étatique de consécration des œuvres d'art fait de la production de leur valeur un enjeu de lutte majeur pour les divers protagonistes du champ artistique.Odilon Redon and His Critics. A study of the complex and often conflictual relations between Odilon Redon (1840-1916) and his critics, in particular Joris-Karl Huysmans, brings to light the relationship of interdependence which united and opposed the painters and their commentators, at a time when the end of the state monopoly on the consecration of works of art was making the production of their value a major stake in the contests between the various protagonists in the artistic field.
- Le plus illustre des illustrateurs... le cas Gustave Doré (1832-1883) - Philippe Kaenel p. 35-46 Le plus illustre des illustrateurs... le cas Gustave Doré. La pratique de l'illustration se professionnalise considérablement à partir de 1830 en France, sous l'effet de la restructuration du champ de l'édition d'une part, et du champ artistique d'autre part. Les illustrateurs forment un groupe hétérogène en plein processus de définition sociale et professionnelle, muni de stratégies différentes qui, bien qu'elles se recoupent, doivent être analysées cas par cas. La vie de Gustave Doré (1832-1883) peut être lue comme une véritable mise en scène des différentes tentatives de reclassement d'un illustrateur, autodidacte particulièrement doué et ambitieux, qui vécut de manière aiguë et tragique l'impossibilité de se détacher de l'image et de la réputation dévaluée d'illustrateur qu'il s'était construites.Profession : Iltustrator. The Case of Gustave Doré. The illustrator's craft was considerably profes-sionalized in France after 1830, as a consequence of the restructuring of the publishing field on the one hand and the artistic field on the other. Illustrators formed a heterogeneous group under-going social and occupational definition, armed with various strategies which, though they overlap, have to be analysed case by case. The life of Gustave Dore (1832-1883) can be read as an acting-out of the various reclassification strategies available to an illustrator, a particularly gifted and ambitious autodidact who acutely and tragically experienced the impossibility of escaping from the devalued «illustrator» image and reputation that he had made for himself.
- Arts et sciences à l'âge classique - Nathalie Heinich p. 47-78 Arts et sciences à l'âge classique. Si le rapprochement entre activité artistique et activité scientifique peut avoir un sens aujourd'hui, la légitimité d'une telle mise en rapport varie historiquement avec le statut de ces disciplines, soumis à une évolution dont le moment institutionnel (situé en France dans la seconde moitié du 17e siècle) est une étape primordiale. Ce moment s'inscrit dans le mouvement général d'académisation des activités «culturelles» qui, dans le cas des arts du dessin et dans le cas des sciences, aura à long terme des effets opposés : soit de déprofessionnalisation, par la rupture opérée avec l'univers de la corporation, soit au contraire de professionnalisation, par la distance prise avec la tradition dilettante des activités «libérales». Mais, dans l'un et l'autre cas, l'institutionnalisation académique n'en engendre pas moins des effets spécifiques, et notamment la mise en forme d'un élitisme proprement culturel.Arts and Sciences in the Classical Period. Whatever the present-day significance of the convergence of artistic and scientific activity, the legitimacy of such a relationship varies historically with the status of these disciplines, which is subject to an evolution in which the institutional moment (situated, in France, in the second half of the 17th century) is a fundamental stage. This moment has to be set in the general process of academicisation of «cultural» activities which, in the case of the arts of drawing and in the case of the sciences, had contrary long-term effects — either deprofessionalisation, through the break made with the world of the corporation, or professionalisation, through the distance taken from the dilettante tradition of «liberal» activities. But in either case, academic institutionalisation nonetheless produced specific effects, in particular the development of a strictly cultural elitism.
- Du réalisme et du fromage de Brie - Maria Mimita Lamberti p. 79-89
- Les chefs-d'œuvre n'ont pas de prix - Giacomo Agosti p. 91-94
- Vicissitudes récentes de la monographie d'art - Giovanni Agosti p. 95-104 Vicissitudes récentes de la monographie d'art. Réflexions italiennes (1982-1985). Longtemps la monographie s'est imposée comme le genre dominant de l'histoire de l'art : apprentissage méthodologique et genre éditorial, elle constituait aussi la forme privilégiée de la consécration artistique, soit par le biais des grandes expositions, soit par celui des «redécouvertes» d'artistes mineurs destinées à satisfaire les exigences du marché de l'art. Pourtant, avant même les remises en question de ces dernières années et la volonté des chercheurs et des éditeurs de construire l'histoire de l'art en dehors de son cadre, le genre monographique a été l'objet d'infléchissements sensibles dont l'auteur retrace l'histoire en Italie. Il en dévoile ambitions et présupposés théoriques et analyse ainsi les transformations de la monographie à travers les œuvres de Zeri, Arcangeli, Castelnuovo, Previtaliet Romano notamment, avant de s'attacher plus longuement au cas ambigu et déterminant de Roberto Longhi.Recent Vicissitudes of the Artistic Monograph (1982-1985). For a long time the monograph was accepted as the dominant genre in art history. As well as being a methodological apprenticeship and an editorial genre, it was also the favoured form of artistic consecration, whether through major exhibitions or through «rediscoveries» of minor artists, designed to satisfy the demands of the art market. However, even before the recent questioning of the genre and the desire of scholars and publishers to construct art history outside this framework, the monograph genre underwent significant modifications. This article traces the history of these changes in Italy. Revealing their ambitions and theoretical presuppositions, it analyses the transformations particularly in the works of Zeri, Arcangeli, Castelnuovo, Previtali and Romano, before dealing at greater length with the ambiguous and decisive case of Roberto Longhi.
- L'art d'estimer l'art - Annie Verger p. 105-121 L'art d'estimer l'art. Dans la deuxième partie du 20ème siècle, l'introduction de modes d'évaluation fondés sur l'appréciation chiffrée de la valeur des artistes plasticiens témoigne de l'apparition de nouveaux agents en concurrence pour détenir le monopole du pouvoir de consécration. Les techniques de classement telles que les palmarès, les «bestseller lists» ou listes de célébrités, utilisées par le milieu spécialisé de l'art, enregistrent de façon rationnelle les fluctuations de la cote des artistes, les ascensions comme les déclins. Elles révèlent, du même coup, les positions des institutions culturelles qui les consacrent et, à travers elles, celles des pays représentés. Ainsi, le champ artistique français, qui pouvait prétendre exercer le leadership européen jusqu'au début des années 60, apparaît-il menacé par les grandes opérations de promotion artistique —Documentas, Biennales, Foires d'art contemporain, etc.— f autant d'entreprises de jugement produites par le marché international de l'art.The Art of Valuing Art. In the second half of the 20th century, the introduction of modes of evaluation based on numerical appreciation of the value of visual artists indicates the appearance of new agents competing for the monopoly of the power to consecrate. The techniques of classification, such as prize lists, «bestseller lists» or lists of celebrities, used by the specialist art milieu, record in a rational way the upward and downward fluctuations in artists' ratings. They also reveal the positions of the cultural institutions which consecrate them and, behind the institutions, the positions of the countries represented. Thus, the French artistic field, which could claim to lead Europe until the early 1960s, seems threatened by the major operations of artistic promotion —Documentas, Biennales, contemporary art fairs, etc.—, centres of judgement produced by the international art market.
- Livres lus, livres à lire - p. 122-123
- Résumés - p. 125-128