Contenu du sommaire : Minorités à l'Est

Revue Le Courrier des Pays de l'Est Mir@bel
Numéro no 1052, novembre-décembre 2005
Titre du numéro Minorités à l'Est
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Avant-propos - p. 3 accès libre
  • Minorités et nouvelle Europe - Plasseraud Yves p. 4-18 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    La perception que les minorités ont d'elles-mêmes et les politiques les concernant ont connu, dans l'Europe médiane, différentes séquences au cours du XXe siècle. Ainsi, à partir de la fin des années 1920, les minorités, jusqu'alors étroitement liées à la communauté majoritaire, sont instrumentalisées à des fins souvent douteuses. Ensuite, avec l'instauration des régimes communistes, elles sont ou bien ignorées quand elles sont issues des bouleversements territoriaux décidés lors du partage de Yalta, ou bien mises en exergue par la propagande, du moins jusqu'à ce que les dirigeants, face aux difficultés économiques, n'en viennent à faire vibrer la fibre patriotique. Une nouvelle phase, plus favorable aux minorités, débutera à la suite des accords Est-Ouest d'Helsinki (1975) et se poursuivra jusqu'à l'éclatement de l'URSS (1991). Après la chute du communisme, le nationalisme ethnique, majoritaire ou minoritaire, fait partout un retour en force et a été parfois à l'origine de conflits sanglants. Quoi qu'il en soit, à la faveur de la démocratisation, les minorités se sont employées à faire valoir leurs droits spécifiques : si aucune n'a obtenu, jusqu'à présent, une autonomie administrative pour le territoire qui l'abrite, si certaines se voient encore refuser la citoyenneté par leur pays d'adoption, elles ont, en général, été dotées de prérogatives assez étendues dans les domaines linguistique et culturel. Toutefois, ces avancées dans les textes ne sont pas toujours mises en pratique par les gouvernements qui, souvent, ne s'intéressent aux minorités qu'après un coup de semonce.
    Minorities and the New Europe The perception which minorities have of themselves and policies with regard to them have passed through several stages in median Europe during the twentieth century. From the end of the 1920s, minorities, previously closely connected to the majority community, were often used to dubious ends. With the subsequent arrival of communist regimes, they were either ignored if they resulted from the territorial upheavals brought about by Yalta, or displayed for propaganda purposes, at least until the leadership, facing economic difficulties, used them to foster patriotic sentiments. A new phase, more favorable to minorities, followed on the Helsinki East-West accords (1975) continuing until the collapse of the USSR (1991). After the fall of communism, ethnic, majority or minority, nationalism returned in full force everywhere sometimes leading to bloody conflicts. To many extents, aided by democratization, minorities have endeavored to enforce their special rights. While none has to date obtained territorial administrative autonomy and some are refused citizenship by their adoptive country, substantial progress has been made on linguistic and cultural levels. However, advances on the books are not always put in practice by governments which, often, only take interest in minorities after the first storm clouds gather.
  • Les Roms au coeur de l'Europe - Liégeois Jean-Pierre p. 19-29 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Les Roms, 7 à 9 millions de personnes en Europe, forment la plus importante minorité du continent. Souvent présentés comme un «problème», à travers un discours porteur de connotations négatives, exprimant les difficultés d'«intégration» d'un groupe considéré comme marginal, ils sont en réalité pour l'Europe un vecteur d'intégration politique, par leur position à la fois centrale et inspiratrice de réflexions et d'actions concernant les autres minorités et les fonctionnements sociopolitiques et géopolitiques plus larges. Les Roms sont ainsi au cœur d'une Europe marquée par un développement de la mobilité, par une plus grande visibilité des minorités, par une situation de multiculturalité que les Etats s'efforcent de gérer. Leur situation est caractéristique de ce que l'Europe a de plus négatif, en termes de discrimination exacerbée, de rejet, de racisme, d'impuissance à accepter et à gérer la diversité. Mais, par leur présence dans plusieurs pays européens et leurs liens transnationaux, ils pourraient être les pionniers d'une Europe future. Suprême paradoxe que ces relégués prétendument anachroniques et qui vivent selon les valeurs de demain.
    The Rom at the Heart of Europe Consisting of 7 to 9 million people, the Rom form Europe's largest minority. Often considered to be a «problem», through discourse heavy with negative connotations expressing the difficulty of «integrating» this socalled marginal group, they are, in reality, a vector of political integration in Europe, both by their central position and because they inspire reflection and action with regard to other minorities as well as with regard to broader socio- and geopolitical functioning. The Rom are, thus, at the heart of a Europe marked by development of mobility, greater visibility for minorities, and multiculturalism which governments are endeavoring to manage. Their situation characterises what is most negative in Europe in terms of exacerbated discrimination, exclusion, racism, and an inability to accept and manage diversity. However, by their presence in several European countries and their international ties, they could be the pioneers of a future Europe. The supreme paradox is that those considered to be anachronisms are living according to tomorrow's values.
  • Balkans

    • Temps amers pour les « petits peuples » - Dérens Jean-Arnault p. 30-41 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Les conflits de la fin du XXe siècle en ex-Yougoslavie ont été fréquemment présentés comme des guerres «inter-ethniques», alors que les notions même d'ethnie et de minorité nationale demeurent difficiles à définir. Dans les affrontements entre les «grands» nationalismes − serbe, croate, bosniaque ou albanais − les «petits peuples» font figure d'oubliés, sommés de renoncer à leur identité ou de faire acte d'allégeance aux nouvelles nations. La complexité identitaire des Balkans est ainsi en voie de disparition. Les exemples du Kosovo et de la Macédoine illustrent ces évolutions qui se poursuivent encore. Ces «petits peuples» ont été largement ignorés par les processus de modernisation politique des sociétés balkaniques. A contrario, le cas du Monténégro présente l'exemple du maintien d'un modèle de gestion «impérial» des minorités nationales, qui pourrait aussi s'effondrer en cas de durcissement politique dans cette république. Au bout du compte, quelles sont les chances de survie et les alternatives identitaires qui s'offrent à ces «petits peuples» ?
      The Balkans A Bitter Time for the «Small Peoples» The conflicts of the end of the twentieth century in the ex-Yugoslavia were often presented as «inter-ethnic» wars, whereas even the concepts ethnicity and national minority remain difficult to define. In the confrontations between «great» nationalisms − Serb, Croatian, Bosnian or Albanian − the «small peoples» are seemingly forgotten, obliged to renounce their identity or to perform acts of allegiance to the new nations. The complex identity of the Balkans is, thus, disappearing. The examples of Kosovo and Macedonia demonstrate that these developments are continuing. The «small peoples» were largely ignored during the political modernization of Balkan society. In contrast, the case of Montenegro demonstrates continuation of an «imperial» management model for national minorities, but this model could unravel should this Republic take a political hard line. What are, in the final analysis, the chances of survival and identity alternatives facing these «small peoples»?
  • Lettonie

    • Les russophones entre intégration et repli identitaire - Droit Emmanuel p. 42-50 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Profondément enracinés dans la société lettone depuis l'époque moderne, les russophones de Lettonie constituent un ensemble social hétérogène uni par la défense de l'identité culturelle russe et par un sentiment de discrimination et de déception depuis le début des années 1990. Sous la pression d'acteurs internationaux, et malgré une politique officielle très restrictive à l'origine, la communauté russophone a pu progressivement accéder à la citoyenneté lettone. Leur degré d'intégration est cependant limité par une certaine réticence à apprendre le letton qu'ils considèrent comme une «langue inférieure». Le champ scolaire constitue le point de tension actuel entre les gouvernements successifs et les russophones. La politique éducative officielle tente d'imposer le letton comme langue principale d'enseignement dans les écoles russophones afin d'en faire le ciment unificateur de la nation. Face à cette politique de défense de l'identité nationale lettone, les russophones cherchent à défendre leur propre identité culturelle sans que cela ne débouche sur des tensions ou des violences inter-ethniques.
      Latvia The Russian Speakers between Integration and Self-Exclusion Deeply rooted in Latvian society in modern times, the Latvia's Russian speakers constitute a heterogeneous social group, united in their defense of Russian cultural identity and, since the early 1990s, by sentiments of discrimination and disillusion. Under pressure from international interests and despite a very restrictive official policy early on, the Russians peaking community could gradually attain Latvian citizenship. Their degree of integration is, however, limited by a certain reserve with regard to learning Latvian which they consider to be an «inferior language». Education is the current point of tension between successive governments and Russian speakers. The official educational policy is endeavoring to enforce national unity by making Latvian the first language of instruction in Russian-speaking schools. Faced with the policy of defending the Latvian national identity, Russian speakers are attempting to defend their own cultural identity without this leading to inter-ethnic tension or violence.
  • La politique régionale européenne

    • Suspendue aux arbitrages budgétaires. 2007-2013 - Duboz Marie-Line p. 52-65 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'année 2004 a été celle d'un élargissement de l'UE à dix nouveaux pays dont huit d'Europe centrale et orientale (PECO). S'ils ont augmenté sa population de 20 %, les nouveaux entrants n'ont cependant contribué au PIB de l'UE qu'à hauteur de 5 %. Alors que ses perspectives financières et sa politique de cohésion doivent être redéfinies pour la période 2007-2013, l'UE se trouve aujourd'hui confrontée à un difficile problème : il lui faut tenter de maintenir son budget à un niveau assez bas pour satisfaire les principaux contributeurs nets tout en réduisant les disparités existantes afin de stimuler la croissance dans une Union élargie à des pays au faible PIB par habitant. L'étude réalisée met en évidence la persistance de fortes disparités régionales dans les PECO et ce, malgré l'attribution d'aides de transition et de pré adhésion. Les PECO, pays en rattrapage, enregistrent un taux de croissance important mais connaissent simultanément un creusement de leurs disparités régionales dans la mesure où leur dynamisme tend notamment à être tiré par des effets de pôles de croissance apparaissant dans les capitales. Cette efficacité limitée des fonds européens pose la question de leur réforme tant dans le sens de leur augmentation pour les PECO, afin de les rendre comparables aux efforts financiers consentis par le passé à d'autres pays de l'UE, que dans celui de leur concentration pour éviter leur saupoudrage.
      European Regional Policy Suspended Until the 2007-2013 Budget Negotiations 2004 marked the expansion of the EU with ten new countries including eight in Central and Eastern Europe (CEEC). While they increased its population by 20 %, the new members only contributed 5 % to the EU's GDP. As its financial perspectives and cohesion policy must be re-examined for the years 2007 to 2013, the EU now faces a difficult problem. It must maintain a budget low enough to satisfy its principal net contributors, while reducing existing disparities in order to stimulate growth in a Union expanded to countries with a low per capita GDP. The study carried out emphasises the persistence of sharp regional disparities in the CEEC despite transition and preaccession aid. The CEEC, endeavoring to catch up, are showing a substantial growth rate but are also experiencing a deepening of regional disparities to the extent that their dynamism is being drawn to growth poles located in the capitals. This limited effectiveness of European funds raises questions as to whether it should be reformed and the ways in which it should be increased for the CEEC in order to render it comparable to financial efforts previously granted to other EU countries, as well as on how to concentrate it so as to avoid dispersal.
    • La police russe en procès - Favarel-Garrigues Gilles p. 66-74 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'arbitraire policier n'a pas pris fin en Russie avec la chute de l'URSS. Si les autorités du pays dénoncent en permanence les abus des forces de l'ordre, déplorant le peu de confiance que la population place en celles-ci, la réforme de la police, maintes fois annoncée, qui devrait à la fois améliorer les conditions de travail et la rémunération des fonctionnaires et les rapprocher des citoyens, n'a toujours pas vu le jour. L'obligation de résultats, qui demeure au centre de la mesure de l'activité, contraint les agents à «faire du chiffre» au détriment de l'élucidation d'affaires complexes. La faiblesse de leurs rémunérations les pousse bien souvent, en outre, à la corruption et à la recherche d'activités lucratives exercées au besoin dans le cadre même de leurs fonctions. C'est pour cette raison que la lutte contre la corruption policière est devenue le cheval de bataille du pouvoir, ce qui évite à celui-ci de réfléchir à des réformes de fond de l'institution.
      The Russian Police Force under Scrutiny Highhanded police action did not end in Russia with the fall of the USSR. While the country's authorities consistently denounce police abuses, deploring the lack of confidence the population affords them, the frequently announced police reforms which should improve the working conditions and wages of policemen and bring them closer the citizens, has still not seen the day. The obligation to produce results, which remains the principal assessment factor, has constrained agents to «meet the quota» to the detriment of investigating complex affairs. Moreover, low wages very often pushes them, in addition to corruption, to search for lucrative jobs even within the framework of their functions. For this reason the fight against police corruption has become the state's battle-cry enabling it to avoid reflecting on basic institutional reforms.
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