Contenu du sommaire : Les élections régionales et cantonales de mars 2004
Revue | Revue Française de Science Politique |
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Numéro | Vol. 54, no 4, 2004 |
Titre du numéro | Les élections régionales et cantonales de mars 2004 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Les élections régionales et cantonales de mars 2004
- Les élections « intermédiaires » du printemps 2004 : entre structure et événement. Introduction - Parodi Jean-Luc p. 533-543
- Équation sans inconnus. Les nouveaux paramètres de l'offre électorale régionale - Patriat Claude p. 545-570 Les conseils régionaux se sont complètement transformés lors du scrutin de mars 2004. Les élections régionales ayant toujours constitué un véritable laboratoire d'expérimentation politique, il convenait de s'interroger sur les causes de cette révolution. L'auteur examine ainsi l'évolution qui affecte l'offre électorale. Celle-ci, modifiée par l'introduction de mécanismes majoritaires dans un scrutin proportionnel, a amplifié le changement. Les régions ont cessé d'être un théâtre de protestation sociale et catégorielle, signalant un retour inattendu à la bipolarisation. Les électeurs ont utilisé la distribution régionale des listes pour plébisciter une offre partisane homogénéisée, unifiée et simplifiée, et pour exprimer un vote sanction national.Regional Councils radically changed in the aftermath of the March 2004 round of elections. As Regional elections have traditionally and indisputably represented a political experimentation, it appeared important to question the causes of such a revolution. This article analyses the evolution involved in the electoral supply. Indeed, the 2004 electoral supply was modified by the introduction of majority based elections in a proportional system, which amplified the change. Now, regions have ceased to be the scene for social protest, which has unexpectedly favoured a return to bi-polarisation. In their use of regional electoral rolls, voters approved the homogenous partisan political supply, and clearly demonstrated their disapproval.
- La régionalisation des élections régionales ? Un modèle d'interprétation des élections régionales en France - Dupoirier Élisabeth p. 571-594 Pour mieux comprendre la place occupée par les élections régionales dans le système politique français et leur degré de régionalisation, cet article dresse d'abord un panorama européen des modèles d'articulation des comportements électoraux entre élections à enjeux institutionnels différents. Il distingue ensuite, en France, deux approches du phénomène de régionalisation : la première s'intéresse aux relations entre élections régionales et élections de rang national et conclut à une interdépendance des deux niveaux de représentation dont permet de rendre compte la notion de « multilevel electoral competition », tandis que la seconde approche cherche à apprécier au niveau des régions le phénomène de régionalisation à partir du processus de différenciation électorale entre unités territoriales et démontre leur inégal engagement dans ce processus.This article aims at clarifying the status of regional elections in France through first reviewing European patterns of articulation between electoral behaviours and institutional interests. Then it distinguishes two different approaches of regionalisation in France : the first model describes the interrelation between regional and national elections and leads to the conclusion that multilevel electoral competition results in the interconnection of these two levels. The second model seeks to analyse the impact of regionalisation at the local level drawing on electoral differentiation between territorial districts. It eventually discloses unequal degrees of involvement in this process.
- Quels présidents pour les régions ? Les effets pervers des modes de scrutin - Bidégaray Christian p. 595-620 Les élections régionales de 2004 n'ont pas consacré l'émergence d'une nouvelle catégorie de présidents. Aux présidents surprises, issu de marchandages laborieux entre groupes politiques hétérogènes auxquels donnait lieu la représentation proportionnelle adoptée en 1985, ont succédé des leaders de majorités claires générées par le nouveau mode de scrutin. Pour autant, consacrant les logiques des élections intermédiaires et du vote sanction, l'élection de 2004 n'a été qu'un nouveau « sacre des notables ». Ceux de droite ont été remplacés par ceux de gauche, dont à peine cinq sur vingt-et-un ont pu faire figure d'inconnus. La révision souhaitable des règles de cumul ne suffira probablement pas à assurer la rénovation du personnel politique territorial.The 2004 regional elections did not establish a new type of presidents. Unexpected presidents elected after tedious bargaining among heterogeneous parties – facilitated by the proportional representation introduced in 1985 – have been superseded by clear-cut majority leaders as a result of the new poll system. However, the 2004 elections are nothing but the consecration of the Establishment. Rightist tycoons have been replaced by leftist ones of which only five were totally unknown. The justified change set up by plurality of offices does not seem to be capable of regenerating a new political elite.
- Le retournement du rapport de force aux élections régionales de mars 2004 : amplitude et déterminants - Brouard Sylvain p. 621-637 Le rapport de force gauche-droite a subi une inflexion électorale claire en mars 2004, comparé aux élections des années 2002 et 1998. L'importance du mode de scrutin relativise l'amplitude, en sièges et majorités, de la victoire de la gauche, dont le Parti socialiste recueille la majorité des fruits. Si le recul de l'extrême gauche est à la fois un effet et une condition de la victoire de la gauche, la contribution de l'extrême droite à la défaite de la droite n'est pas déterminante. La victoire de la gauche repose sur une mobilisation différentielle des électorats de gauche et de droite, sans être pour autant une victoire par défaut. En effet, au premier tour et entre les deux tours, la droite a gagné des suffrages par rapport à 1998. Le scrutin régional à deux tours a probablement été le véhicule ad hoc du « vote sanction » et le moteur inédit du sursaut de la participation.The characteristic left/right rapport de force undoubtedly experienced a mutation in the March 2004 elections in comparison with the 2002 and 1998 elections. Even though the socialist party came out winning a majority of seats, the victory of the left should however be temporised by the voting process. Even if the setback of the extreme left parties represented a condition for the victory of the left, the part played by the extreme right parties cannot be taken as determinant in the defeat of the right. The victory of the left can be accounted for by the differential mobilisation of all voters ; it cannot be considered as a failing victory. In comparison with 1998, whether it be in the first round or between the two ballots, the right gained votes. In the regional elections, the two ballot system may appropriately have promoted the “disapproval vote”, as well as enhanced participation.
- Élections régionales de 2004 : notabilités traditionnelles et nouvelles maîtrises des territoires électoraux - Bussi Michel, Fourquet Jérôme, Ravenel Loïc p. 639-667 Les résultats des élections locales sont souvent marquées en France par l'importance des effets de notabilité. C'est également le cas pour les élections régionales de 2004, en particulier pour certains partis, comme l'UDF ou le parti communiste, mais également parfois pour le Front national. Néanmoins, les élections de 2004 confirment aussi l'émergence de nouveaux enjeux spatiaux. Les explications nationales doivent être nuancées en fonction des contextes régionaux. Mais surtout, le « gradient d'urbanité » semble s'affirmer comme une variable discriminante du comportement électoral, en particulier pour les espaces périurbains, caractérisés par un sur-vote pour les partis protestataires et un « rejet » de la gauche gouvernementale. Le recours à la carte électorale nationale à l'échelle du canton et à des méthodes d'analyses spatiales s'avère un outil utile pour mesurer les anciennes comme les nouvelles formes de contrôle de l'espace électoral.In France, local elections results have considerably been characterised by notability. This applies to the 2004 regional elections, particularly for such parties as the UDF or the Communist Party, but also, to a lesser extent, for the National Front. However, the 2004 elections have confirmed the emergence of new spatial interests : national answers must be attenuated by regional contexts. Above all, the “urban gradient” seems to appear as a discriminant variable in voting habits particularly in suburban areas characterised by overwhelming votes for protests parties and reject of the governing left. Therefore, it seems appropriate to take into account district constituencies over national one, as well as a space-oriented approach. These should provide useful means to measure up new forms of electoral space control.
- À la recherche de l'abstentionnisme différentiel. Actualité d'une vieille question - Dolez Bernard p. 669-680 On parle d'abstentionnisme différentiel lorsqu'un camp est plus touché que l'autre par l'abstention. La droite en a bel et bien été victime lors des dernières élections régionales, même si cela n'explique que partiellement la sanction électorale qui l'a frappée. Mais l'abstentionnisme différentiel que l'on observe en 2004 a des propriétés différentes de celles qu'on lui prêtait jusqu'alors : loin de tirer mécaniquement parti de la hausse de l'abstention, la gauche n'y puise de gains substantiels que si son propre électorat n'est pas, à son tour, gagné par la tentation de bouder les urnes. Concrètement, cela se traduit ici par le fait que, plus l'abstention progresse par rapport à l'élection présidentielle de 2002, plus les gains relatifs de la gauche sont faibles. La hausse tendancielle de l'abstention depuis vingt ans touchant tous les électorats, l'abstentionnisme différentiel en est aujourd'hui un phénomène d'autant plus difficile à isoler.Differential abstentionism usually designates drastic abstention vis-à-vis one party, which the right experienced in the last regional elections. This, however, only partially accounts for the reproof it took in. The 2004 differential abstentionism differs from the traditional previous forms : far from benefiting from the high level of abstention the left only became visible thanks to the participation of its electorate. In other words, the higher the abstention rate – in comparison with the 2002 presidential election – the weaker the votes gained by the left. As the abstention rate steadily progressed for the last twenty years present differential abstentionism constitutes a complex phenomenon.
- Des cantonales à l'image des régionales - Martin Pierre p. 681-695 Les élections cantonales des 21 et 28 mars 2004 ont été marquées, comme les régionales organisées les mêmes jours, par un fort vote sanction contre le gouvernement Raffarin. Dans le cadre d'une participation électorale en redressement, le Parti socialiste a remporté une très nette victoire en voix et en sièges aux dépens de la droite UMP-UDF et aussi du Parti communiste. Il progresse également fortement en terme de présidences, en obtenant 41 (+ 12) sur les 95 de métropole, contre seulement 36 (– 10) à l'UMP. Le Front national a subi un léger recul par rapport à 1998 et n'obtient qu'un seul siège sur 1946 en jeu. Les Verts progressent par rapport à 1998, mais restent marginaux en termes de sièges. L'extrême gauche, qui avait fait un gros effort de présence, n'a obtenu que des résultats marginaux.The 21st and 28th March 2004 district elections materialised voters' disapproval of the Raffarin government, just as the regional elections did the same day. Benefiting from increasing participation, the Socialist Party greatly succeeded to the detriment of the right (UMP-UDF) and the Communist Party. It also gained 41 presidencies (+ 12) over 95, whereas the UMP only gained 36 (– 10). Compared to 1998, the National Front (Front National) shrunk back to 1 seat (out of 1946). Even if the Greens did better than in 1998, they still remain marginal. In spite of a better visibility, the extreme left gained only insignificant results.
- Entre survie, impasse et renouveau : les difficultés persistantes du centrisme français - Sauger Nicolas p. 697-714 Représentant l'un des animateurs les plus actifs de la campagne du premier tour des élections locales 2004 en France, l'UDF a vu progressivement son rôle s'effacer lors de ces élections. Si celles-ci doivent néanmoins être considérées comme un succès pour l'UDF, c'est que le statut de ce parti sur la scène politique française a profondément changé en l'espace de quelques années. De membre de la « quadrille bipolaire » dominant la vie politique, notamment au cours des années 1980, l'UDF est devenu un petit parti qui ne lutte plus qu'indirectement dans la compétition pour le pouvoir et qui rencontre des difficultés liées à l'adoption d'une stratégie centriste. En examinant la situation de l'UDF, cet article propose également une analyse plus globale du système partisan français. Le caractère fondamentalement multipartite de la compétition politique en France est ainsi souligné, malgré la domination effective des deux principaux partis.Although a most active protagonist in the first round of the 2004 French local elections, UDF saw its influence steadily fade. Obviously, this political party successfully came out of the elections, but only because its status on the French political scene underwent changes over the last few years : it moved from the status of member of the politically dominant “bipolar quadrille” – particularly in the 1980s – to the one of a minor party engaged in the competition for command facing the difficulties related to a centrist strategy. This article draws on the actual status of the UDF to analyse the more global French partisan system. The author emphasises the characteristics of French political competition, fundamentally multipartite, in spite of the effective predominance of two main parties.
Lectures critiques
- Lectures critiques - p. 715-723
Lectures critiques - Comptes rendus
- Comptes rendus - p. 723-730
Revue des revues
- Revue des revues - p. 731-738