Contenu du sommaire : Les approches nationales des politiques publiques
Revue | Revue Française de Science Politique |
---|---|
Numéro | Vol. 52, no 1, 2002 |
Titre du numéro | Les approches nationales des politiques publiques |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Les approches nationales des politiques publiques
- Introduction : vers un décloisonnement de l'analyse des politiques publiques ? La diversité des débats nationaux - Patrick Hassenteufel, Andy Smith p. 3
- Une école allemande d'analyse des politiques publiques entre traditions étatiques et théoriques - Olivier Giraud p. 5-21 Les pistes de recherche développées en Allemagne dans le champ de l'analyse des politiques publiques ont, plus tôt que dans les autres pays occidentaux, mis en valeur les contraintes qui pèsent sur l'État en action. Entre le poids des intérêts organisés et les entraves liées à l'organisation fédérale des institutions, le caractère « domestiqué » ou « semi-souverain » du pouvoir allemand a tôt stimulé les approches qui pensent les modes horizontaux ou verticaux du partage du pouvoir. Cet article se propose à la fois de recenser les différentes approches théoriques (néo-corporatisme, gouvernance associative, approche des réseaux ou de l'institutionnalisme centré sur les acteurs) dominantes dans la tradition allemande d'analyse des politiques publiques, tout en mettant en perspective les transformations des régimes d'action publique en RFA au cours des dernières décennies. Ce tour d'horizon des approches dominantes de l'analyse des politiques publiques se conclut en esquissant une double mise en perspective de ces approches : à la fois dans le. modèle historique de l'État allemand mais aussi dans le contexte du paysage des sciences sociales d'Outre-Rhin.A german school of public policy analysis, between political and theoretical traditions In the field of public policy analysis, the types of research developed in Germany underlined earlier than in other Western countries the importance of the constraints on state action. Between the weight of organized interests and the restrictions linked to the federal character of German institutions, the « domesticated » or semi-sovereign character of power in this country has stimulated the analytical approaches which tackle the vertical and horizontal means of power-sharing. This article both reviews the various theoretical approaches that have dominated German public policy analysis (neo-corporatism, associational governance, network analysis and actor-centred institutionalism) and attempts to put into perspective the transformations of how public action in Germany has been changed over the last decades. This survey of the dominant approaches ends by sketching the need for contextualization of this subject matter in order to deal with the historical model of the German state in the context of the social sciences in that country.
- Grandeur et décadence de l'analyse britannique des politiques publiques - Andy Smith p. 23-35 En Grande-Bretagne, la trajectoire suivie par l'analyse des politiques publiques trouve ses origines dans l'étude de l'administration nationale et locale des années 1930, avant de connaître une expansion rapide dans les années 1970 et 1980. En s'appuyant sur la sociologie des organisations et sur l'étude du rapport entre l'État et les groupes d'intérêt, les chercheurs impliqués dans ce domaine ont transformé l'analyse de l'action publique en composante centrale de la science politique britannique. Au cours des années 1990, toutefois, la qualité de son rendement scientifique s'estompe en raison, d'une part, d'un changement des relations entre le monde universitaire et les pouvoirs publics et, d'autre part, d'une routinisation des problématiques qui fait négliger le rapport entre les politiques publiques, la politique et l'espace politique.The rise and fall of british public policy analysis The trajectory of public policy analysis in Great Britain has its origins in 1930s' studies of national and local public administration. But it really took off in the 1970s and 1980s, a period during which many of the researchers involved in this field used organizational theory and studies of the relationship between the state and interest groups to place public policy analysis at the centre of British political science. Over the 1990s, however, the scientific output of this approach to power has stagnated for two reasons : (1) the relationship between university-based researchers and public authority has changed ; (2) the problematics of public policy analysis in Great Britain have tended to become routinized, due to lack of attention to the link between policy, politics and polity.
- Politics et policy dans les approches américaines des politiques publiques : effets institutionnels et dynamiques du changement - Marc Smyrl p. 37-52 Plutôt que de dresser un tableau exhaustif de la recherche américaine sur l'analyse des politiques publiques, l'objet de cet article consiste à entamer une réflexion autour d'un des programmes de recherches actuellement le plus en vue, celui du « nouvel institutionnalisme ». Plus précisément, en ciblant un aspect particulièrement problématique de ce programme ? la relation entre les institutions, les politiques publiques, et le changement ? nous soulignons le chemin conceptuel qui reste à parcourir avant d'en arriver à une approche réellement intégrée de l'action politique. En effet, c 'est justement cette ambition théorique qui justifie la mise en relations d'approches des institutions et des politiques publiques pratiquées en France avec celles utilisées le plus souvent aux États-Unis.Politics and policy in the american approaches to public policy : institutionnal effects and the dynamics of change Rather than set out to summarize all the American approaches to public policy analysis, this article's objective is limited to opening up reflection about one of the most important research programmes that have emerged in the United States over recent years, that of « new institutionalism ». More precisely, by identifying one of the most problematical dimensions of this programme ? the relationship between institutions, public policies and change ? we underline the conceptual road that still needs travelling before new institutionalists achieve a genuinely integrated approach to political action. Indeed, this theoretical ambition is precisely what justifies attempts to bring together approaches to institutions and public policies developed in France and those mostly used in the United States.
- Essoufflement ou second souffle ? L'analyse des politiques publiques « à la française » - Patrick Hassenteufel, Andy Smith p. 53-73 L'analyse des politiques publiques en France est aujourd'hui à la recherche d'un second souffle. En effet, un certain essoufflement la guette du fait d'éléments de cloisonnement sur elle-même de cette sous-discipline de la science politique et surtout à cause d'un déficit de réflexion méthodologique. Celui-ci est net dans le cas, emblématique pour l'analyse des politiques publiques en France, de l'approche cognitive. Ce second souffle peut notamment passer par une problématisation des politiques publiques en termes de sociologie politique. L'analyse de l'articulation policy/politics offre des pistes de recherche stimulantes, à condition de dépasser la quête (impossible) de « la » variable politique pertinente, en s'intéressant notamment à la légitimation et à la politisation des politiques publiques.Out of steam or search for a second wind ? public policy analysis à la française In France, public policy analysis is currently in search of its second wind. Indeed, today it has to a certain extent run out of steam due to a tendency to look inwards and cut itself off from the rest of political science but also, and above all, to a lack of methodological reflection. This is particularly so in one of the flag-bearing parts of French approaches to public policies : the so-called cognitive approach. In order to get their second wind, these approaches could usefully reframe themselves within apolitical sociology perspective. In particular, analysis of the articulation between policy and politics appears to offer a stimulating way forward, so long as one avoids getting bogged down in the (impossible) quest for « the » relevant political variable. Instead, the way forward is to investigate the legitimation and the politicisation of public policy-making.
- Rapport au politique, dimensions cognitives et perspectives pragmatiques dans l'analyse des mouvements sociaux - Lilian Mathieu p. 75-100 Le développement récent de l'analyse des mouvements sociaux ne l'a pas tenue à l'abri des pièges croisés de l'objectivisme et du subjectivisme. Le premier écueil affecte le concept de structure des opportunités politiques : destiné à rendre compte des rapports que les mobilisations entretiennent avec leur environnement politique, ce concept pèche par son indéfinition, son statisme et son mécanisme. Le modèle subjectiviste des « cadres de l'expérience contestataire », qui envisage les processus d'engagement comme le résultat d'un alignement des perceptions respectives des militants et des organisations de mouvement social, apparaît, pour sa part, victime d'un lourd présupposé idéaliste et intellectualiste. L'article propose de surmonter ces difficultés en traçant la voie d'une analyse pragmatique de l'action collective, envisagée comme un domaine d'activité exigeant des compétences spécifiques et prenant place dans un univers de pratique et de sens relativement autonome : l'espace des mouvements sociaux.this concept is weakened by its lack of definition, its statism and its mechanism. The subjectivist model of « protest experience frameworks », which considers commitment as the result of an alignment of the perceptions of activists and social movement organizations, comes across as the victim of a heavy idealistic and intellectualist presupposition. The article suggests that these difficulties can be overcome by pragmatic analysis of collective action, considered as afield of activity demanding specific skills and as part of universe of practice and relatively autonomous meaning : the space of social movements.
Comptes rendus
- Mark Thatcher, The Politics of Telecommunications : National Institutions, Convergence, and Change in Britain and France - Yves Surel p. 101-104
- Françoise Collin, Evelyne Pisier, Elini Varikas (dir.), Les Femmes de Platon à Derrida : Anthologie critique - Bertrand Guillarme p. 104-105
- Thomas Lindemann, les doctrines darwiniennes et la guerre de 1914 - Marcel Merle p. 106
- Revue des revues - p. 107-113