Contenu du sommaire : Le référendum d'avril et l'élection présidentielle de juin 1969
Revue | Revue Française de Science Politique |
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Numéro | 20e année, n°2, 1970 |
Titre du numéro | Le référendum d'avril et l'élection présidentielle de juin 1969 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Le référendum d'avril et l'élection présidentielle de juin 1969
- Le référendum du 27 avril 1969 : suicide politique ou nécessité stratégique? - Frédéric Bon p. 205-223 Le référendum du 27 avril 1969, suicide politique ou nécessité stratégique? par Frédéric Bon La décision d'organiser le référendum du 27 avril 1969 laisse perplexes bien des observateurs. Certains ont avancé l'idée d'un suicide politique, d'autres ont porté le référendum au compte de la psychologie personnelle du général de Gaulle. La thèse développée dans cet article prend le contrepied de ces interprétations. Il s'agit de montrer que, replacé dans son contexte, le référendum est une décision sinon parfaitement rationnelle - quelle décision politique pourrait se prétendre telle ? - du moins fortement justifiée. La source du référendum peut être recherchée dans les ambiguïtés de la victoire du 30 juin 1968. La manoeuvre politique, par laquelle le régime assure sa survie, noue une situation grosse de conflits futurs, fondée sur la contradiction entre la politique de mouvement annoncée le 24 mai et la réaction conservatrice organisée le 30. Les sept mois qui séparent le triomphe électoral de l'U.D.R. de l'annonce du référendum illustrent l'enlisement progressif d'un exécutif écartelé entre les promesses du 24 mai et les rancunes du 30 juin. La stratégie mise en oeuvre en 1969 ne diffère guère de celle utilisée pour le règlement de l'affaire algérienne. L'échec ne s'explique pas par une erreur de manoeuvre, mais par l'absence de contenu de la politique de participation.Was the referendum of April 27th 1969 a political suicide or a strategic necessity? by Frédéric Bon The decision to organize a referendum on April 27th 1969 left many observers in a state of perplexity. Some spoke of a political suicide, others put the referendum down to the personal psychology of general de Gaulle. The argument developed in this article is of a different order. We show that in its context the referendum was if not perfectly rational - and what political decision ever is? - at least strongly justified. The source of the referendum may be found in the ambiguities of the victory of 30th June 1968. The political manoeuvre, by which the regime ensured its survival, created a situation pregnant with conflicts, based on the contradiction between the policy of movement announced on May 24th and the conservative reaction organized on the 30th. The seven months which separate the electoral victory of the U.D.R. from the announcement of the referendum illustrate the gradual engulfing of an executive torn between the promises of May 24th and the rancour of June 30th. The strategy elaborated in 1969 hardly differed from that used to solve the Algerian problem. Its failure lies not in a tactical error but in the emptiness of the policy of participation.
- Persuasion et politique : les campagnes de Georges Pompidou et Alain Poher - Monica Charlot, Jean Charlot p. 224-248 Persuasion et politique, les campagnes de Georges Pompidou et Alain Poher, par Jean et Monica Charlot La campagne électorale des deux principaux candidats à l'élection présidentielle de juin 1969 témoigne d'un souci de rationalité dans les décisions importantes : declaration de candidature, choix de l'image, choix des moyens, organisation et rythme de la campagne : MM. Pompidou et Poher n'ont pas eu recours aux conseils en campagnes politiques - contrairement à Lecanuet en 1965 - et se sont défendu de faire une "campagne à l'américaine" ; ils ne negligèrent pas pour autant les armes modernes, du sondage d'opinion à l'avion à réaction. Leurs campagnes respectives, cependant, sont davantage mar- quées par leurs conceptions divergentes de la présidence, par leur entourage et par leur tempérament que par les techniques de persuasion politique.The new politics, the campaign of Georges Pompidou and Alain Poher, by Jean and Monica Charlot The election campaigns of the two major candidates in the June 1969 presidential election bear witness to a desire to rationalize important decisions: nomination, image and media selection, organization and rhythm of the campaign. Neither Mr. Pompidou nor Mr. Poher had recourse to political campaign consultants - as Mr. Lecanuet did in 1965 - and both denied that their campaigns were "american-styled"; this did not however mean that they neglected modern means of propaganda - ranging from the opinion poll to the jet tour. Nonetheless their respective campaigns were less under the sign of the new politics than focused on their diverging conceptions of the Presidency and their contrasted temperaments.
- L'évolution politique des électeurs français, de février à juin 1969 - Alain Lancelot, Pierre Weill p. 249-281 L'évolution politique des électeurs français de février à juin 1969, par Alain Lancelot et Pierre Weill A partir de douze sondages effectués par la SOFRES auprès d'échantillons nationaux, cet article retrace l'évolution des intentions de vote des Français entre février et juin 1969. La France vivait encore à l'heure du oui en février 1969. Mais elle a reçu sans enthousiasme - avec même une vague inquiétude - le vaste projet de réforme proposé par le général de Gaulle. Basculant dans l'opposition, le centre-droit a arbitré en faveur du non. Après le départ du général de Gaulle, le regroupement du centre-gauche et du centre-droit sur le nom de M. Poher a paru un moment en mesure de l'emporter. Mais la très grande cohésion de l'électorat gaulliste et la remontée régulière du candidat communiste ont entraîné le retour à une certaine polarisation : les modérés ont reflué vers un gaullisme un peu plus marqué à droite qu'au temps du général de Gaulle.The political evolution of French electors between February-June 1969, by Alain Lancelot and Pierre Weill This article traces the evolution of the voting intentions of the French electorate between February-June 1969 thanks to twelve opinion polls carried out by the SOFRES and based on a national sample. In February 1969 France was still solidly behind general de Gaulle. But the vast scheme of reform proposed by him was received without enthusiasm - even with a certain degree of apprehension. By joining the opposition the centre-right weighted the scales in favour of the noes. After general de Gaulle's departure the grouping together of centre-left and centre-right in favour of Mr. Poher seemed for a moment capable of winning the day. But the cohesion of the gaullist electorate and the regular rise in popularity of the communist candidate forced the return to a certain polarization: the moderates joined up with a gaullism slightly further right than in general de Gaulle's time.
- L'électorat communiste dans l'élection présidentielle de 1969 - Jean Ranger p. 282-311 L'electorat communiste dans l'élection présidentielle, par Jean Ranger L'électorat de Jacques Duclos, au premier tour, résume des mouvements de sens contraires qui s'équilibrent à un niveau intermédiaire entre les résultats législatifs du Parti communiste en 1967 et en 1968. Le P.C. prélève huit à neuf cent mille suffrages dans la clientèle habituelle de la F.G.D.S., voire dans les clientèles centristes, cependant qu'il abandonne, principalement au bénéfice de M. Poher, un demi-million d'électeurs qui lui avaient été fidèles jusqu'en juin 1968. Ces transferts expriment une certaine nationalisation des comportements électoraux. Ils marquent surtout l'incertitude des électeurs de gauche devant l'ouverture de la succession du général de Gaulle. Au second tour, la réponse des électeurs communistes "de tradition" à la consigne d'abstention proposée par le P.C. est nettement plus ferme que celle des électeurs fraîchement conquis. Pour l'un et l'autre groupe, elle se traduit cependant de façon assez différente (abstention formelle ou vote blanc) suivant les milieux sociaux et politiques.The communist electorate in the presidential election, by Jean Ranger Jacques Duclos' electorate, on the first ballot, was the sum of a certain number of shifts in the electorate; it totalled some 21.3% votes and was thus at a level between the general election results of 1967 and those of 1968. The Communist Party won some 8 to 900 000 votes from among the normal supporters of the F.G.D.S. and perhaps even from among supporters of the centre, whilst it lost, principally to Mr Poher, some half a million electors who had remained faithful to it until June 1968. These shifts show a certain supremacy of the national dimension in voting behaviours. They show above all the uncertainty of left-wing electors faced with the departure of general de Gaulle. On the second ballot the discipline of "traditional" communist voters as regards the appeal of the Party in favour of abstention was greater than that of the newly won electors. For both groups the appeal was interpreted diversely (formal abstention or blank voting paper) according to the social and political milieux.
- Atlas des élections françaises de 1968 et 1969 - Marie-Thérèse Lancelot, Alain Lancelot p. 312-328 Atlas des élections francaises de 1968 et 1969, par Marie Thérèse et Alain Lancelot Cet atlas rassemble et commente brièvement vingt cartes donnant les résultats par département des élections législatives de 1968, du référendum d'avril 1969 et de l'élection présidentielle de juin 1969. Le gaullisme, le communisme et la gauche modérée retrouvent, dans l'ensemble, leurs zones de force et leurs zones de faiblesse traditionnelles. Mais l'analyse détaillée fait apparaître quelques changements significatifs et suggère quelques hypothèses pour l'explication. En outre la géographie du centre, représenté par M. Poher, et celle de l'abstentionnisme au second tour de l'élection présidentielle sont très originales. En annexe, résultats officiels du référendum et de l'élection de 1969.An atlas of French elections in 1968-1969, by Marie Thérèse and Alain Lancelot This atlas groups and briefly comments on twenty maps presenting the results - department by department - of the general election of 1968, the referendum of April 1969 and the presidential election of June 1969. Gaullism, communism and the moderate left hold, by and large, their traditional zones of strength and weakness. But a more detailed analysis reveals certain significant changes and suggests certain explanations. Furthermore the regions in which the centre, represented by Mr Poher, is strong and those where non-voters were numerous on the second ballot of the presidential election were not always those that had been expected. The official results of the referendum and presidential election of 1969 are given in an appendix.
- Le référendum du 27 avril 1969 : suicide politique ou nécessité stratégique? - Frédéric Bon p. 205-223
Les conflits internationaux : Vietnam (1945-1970)
- L'évolution du conflit et les perspectives de solution - Philippe Devillers p. 330-348
- L'opinion américaine et les pourparlers de paix - Manuela Semidei p. 349-362
- Les positions soviétique et chinoise devant le conflit - Francois Joyaux p. 363-372
Notes bibliographiques
- Lipset (Seymour Martin) - Revolution and counterrevolution, Change and persistence in social structures - Jean-Pierre Derriennic p. 373-375
- Le « parlementarisme majoritaire » en Belgique - Jean-Luc Parodi p. 375-377
- Les effets politiques des lois eéectorales. Une analyse nouvelle - Jean-Luc Parodi p. 377-382
- L'Univers politique, Relations internationales. Ouvrage annuel. 1968. Établi sous la direction de Jean Meyriat - Pierre Gilhodes p. 383-385
- Fischer-Galati (Stephen) - The new Rumania, From democracy to socialist republic.. Montias (John Michael) - Economic development in communist Rumania - Pierre Hassner p. 386-387
- Informations bibliographiques - p. 388-438
- Ouvrages reçus - p. 439-447