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La génération de 1912-1914 : image, mythe et réalité ? par Philippe Bénéton L'étude d'une génération peut permettre d'éclairer la part de la solidarité de l'âge parmi la concurrence des solidarités. Or la génération de 1912-1914 présente un intérêt exceptionnel car, avant d'être l'une des "générations sacrifiées" de 1914-1918, elle fut la "jeunesse miraculeuse" de 1912-1914. A la suite de nombreuses enquêtes sur la jeunesse bourgeoise, une nouvelle image de la jeune génération s'est imposée la veille de la guerre : une jeunesse pleine d'énergie et de vaillance, réaliste et disciplinée, patriote et religieuse. Cette image, consacrée par l'opinion, apparaît déformée par rapport à la réalité en raison de la partialité des enquêteurs. Un mythe s'est créé : les origines principales en sont, semble-t-il, les changements de moeurs, l'approche de la guerre et le développement d'une classe âge autonome, la population étudiante. Quant à la jeunesse réelle, elle reste en grande partie une inconnue, mais il semble qu'elle fut moins ardente et moins novatrice que les contemporains ne l'ont cru. [Revue française de science politique XXI (5), octobre 1971, pp. 981-1009]

La nouvelle génération étudiante à Grenoble. Essai de typologie, par Jacqueline Freyssinet Apartir d'une enquête réalisée à Grenoble par sondage aléatoire dans les classes terminales et les deux premières années d'enseignement supérieur, et exploitée suivant le programme TYPOL, cette recherche aboutit à la description de huit types d'étudiants : les types 1et 2 (19 % et 18 %) peuvent être qualifiés de novateurs, les types 7 et 8 (8 % et 18 %) de conservateurs, les types 3, 4, 5 et 6 (7 %, 14 %, 8 % et 8 %) d'intermédiaires. Si on réduit ces différents types à deux grands groupes, on peut alors souligner le pouvoir particulièrement discriminant de certaines variables. Plus que sur l'opinion à l'égard de l'ambiance de mai 1968, du vote à dix-huit ans, du principe de l'allocation d'étude, le fait de croire ou de ne pas croire en Dieu, de se placer ou de ne pas se placer à gauche, c'est sur la question du service militaire, son utilité, sa finalité, son efficacité, que la jeune génération étudiante exprime les points de vue les plus divergents. [Revue française de science politique XXI (5), octobre 1971, pp. 1010-1044]

Révolutions militaires et indépendance nationale en Amerique Latine (1968-1971), par Alain Rouquié Les trois nouveaux régimes militaires établis en Amérique latine depuis 1968 (Pérou, Panama, Bolivie) ont pour caractéristiques communes la volonté de récupérer leurs richesses nationales et de prendre leurs distances vis-à-vis des Etats-Unis. Par une politique de développement accéléré et de réformes audacieuses, les militaires au pouvoir dans ces trois pays cherchent moins à effectuer une transformation révolutionnaire de la société qu'à renforcer la capacité de décision autonome de l'Etat national. Sans sous-estimer le rôle des facteurs internes dans l'émergence de ces attitudes nationalistes, en rupture avec le passé contre-révolutionnaire récent des armées latino-américaines, il apparaît qu'une telle mutation, de portée continentale, a été rendue possible par un changement de conjoncture extérieure et l'évolution du système militaire interaméricain. [Revue française de science politique XXI (5), octobre 1971, pp. 1045-1069] and to break away from the United States Their policy of accelerated deve lopment and daring reforme aims not at revolutionizing the society but at reinforcing the possibility of autonomous decision-making of the nation-State Wir out underestimating the role played by internal factors in tlie forming of these nationalist attitudes which go against the recent counter-revolutionary past of Latin American armies it seems that such change of vital importance to the whole continent was rendered possible by change in the external situation and by the evolution of the inter-American military system Revue fran aise de science politique XXI 5) octobre 1971 pp 1045-1069

Le Secrétaire Général des Nations Unies, problématique d'une nomination, par Marie-Claude Smouts En choisissant le secrétaire général de l'ONU, les Etats membres ne font pas qu'élire un haut fonctionnaire. Les débats autour de cette nomination peuvent remettre en cause les conditions d'exercice de la fonction, la bonne marche de l'organisation, le prestige des groupes et des Etats membres. Les deux "grands" ont un vote essentiel dans ce choix et leur volonté s'exerce comme un contrôle et un filtrage des candidatures. Aux petites et moyennes puissances il revient de proposer les candidats et d'approuver le marchandage conclu par les grands. Dans certains cas, le candidat pressenti joue un rôle dans sa propre nomination (U Thant). La particularité de l'élection de 1971 tient à l'importance de l'Assemblée générale dont la majorité échappe au contrôle des Etats-Unis, mais dont les débats se compliquent de divergences entre les groupes régionaux. Elle tient aussi à la présence implicite de la Chine dans les négociations. [Revue française de science politique XXI (5), octobre 1971, pp. 1070-1094]