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LE MODÈLE LÉNINISTE D'ARTICULATION PARTI-SYNDICATS-MASSES, LE PARTI COMMUNISTE ITALIEN ET L'UNITÉ SYNDICALE, par PIERRE FAVRE Le concept de « modèle » (d'organisation socio-politique) est en mesure d'aider à l'élucidation des phénomènes politiques où un tel modèle est impliqué. Il en est ainsi du « modèle léniniste » régissant les relations entre partis communistes, mouvement syndical et masses dans les pays occidentaux. Ces relations s'organisent en 1920 en un « modèle initial » défini par Lénine et ainsi caractérisé : le Parti est présent dans les entreprises par le seul intermédiaire syndical ; des noyaux communistes doivent être constitués dans tous les syndicats ; les syndicats restent une forme autonome d'action prolétarienne. Les positions ultérieures de l'Internationale communiste et les conditions d'application de ses directives conduisent progressivement à la définition d'un « modèle dérivé » : le Parti doit être présent en tant que tel dans les entreprises par les cellules communistes, il n'implante de « noyaux » que dans un seul syndicat qu'il contrôle étroitement. A titre d'exemple démonstratif, l'influence d'un tel modèle est isolé dans le processus d'unité syndicale engagé depuis la fin des années soixante en Italie. Le fait que le Parti communiste italien se conforme au modèle léniniste dérivé est une des causes de l'unification en cours, mais la mise en question par l'unité syndicale du modèle dérivé n'en amène pas pour autant la disparition (cet article est suivi d'une note critique de B. Lacroix, pour qui le concept de modèle tel qu'il est défini par P. Favre n'a pas le pouvoir explicatif que ce dernier lui attribue). [Revue française de science politique XXV (3), juin 1975, pp. 433-472.] of the trade unions Communist nuclei must be formed in all unions the unions remain an autonomous form of proletarian action The subsequent positions adopted by the Communist International and the conditions of appli cation of its directives gradually led to the definition of derived model the Party must be present as such in enterprises in the form of Communist cells it sets up nuclei in only one union over which it has tight control By way of example the influence of such model is singled out in the process of trade union unification in progress in Italy since the end of the 1960s The fact that the Italian Communist Party conforms to the derived Leninist model is one of the causes of the current unification but the fact that the derived model is called in question by union unity has not caused it to disappear This article is followed by critique by Lacroix in whose opinion the model concept as defined by Favre does not have the explanatory powers he credits it with) Revue fran aise de science politique XXV 3) juin 1975 pp 433-472.

?L'APPLICATION D'UN MODÈLE DE DÉCISIONS A DES DONNÉES HISTORIQUES, par W.E. SARIS et I.N. SARIS-GALLHOFER Au cours de la phase préparatoire à la paix de Cambrai, conclue en 1529 entre François 1er et Charles-Quint, ce dernier et sa tante, Marguerite d'Autriche gouvernante des Pays-Bas, échangent une correspondance secrète sur la nature et l'ampleur des enjeux de la négociation à venir. Quelles revendications présenter à l'adversaire ? Quelle stratégie de négociation adopter en tenant compte des probabilités de satisfaction des différentes demandes ? A quel moment fera-t-on les offres ? Dès les préliminaires ou seulement à la conférence de paix ? A partir de données extraites de cette correspondance secrète, il s'agit de savoir si l'Empereur et la gouvernante des Pays-Bas prirent leurs décisions d'une manière rationnelle. La preuve est tentée à l'aide d'un modèle mathématique. L'étude des documents ayant révélé que l'Empereur et Marguerite d'Autriche tâchaient d'obtenir un gain optimal, il faut recourir à un modèle qui se fonde sur la maximalisation de l'utilité : le critère d'une décision rationnelle est défini dans ce modèle par le choix de la stratégie optimale. [Revue française de science politique XXV (3), juin 1975, pp. 473-501.] at optimum gains the model used must be based on the maximisation of utility the criterion of rational decision is defined in this model by the choice of the optimum strategy Revue fran aise de science politique XXV 3) juin 1975 pp 473-501.

LA MOBILISATION POLITIQUE : PROBLÈMES ET DIMENSIONS, par FRANÇOIS CHAZEL Le thème de la mobilisation est fréquent dans les écrits sociologiques, mais ses acceptions varient profondément, au point de s'accorder parfois assez mal entre elles. C'est ainsi que Karl Deutsch, Gino Germani, Stein Rokkan, Amitaiï Etzioni, Peter Nettl et Anthony Oberschall ont certainement contribué pour leur part à enrichir la notion de mobilisation sans pour autant, du fait de certaines divergences d'approche, permettre d'en fournir une définition univoque. L'analyse critique de ces différentes conceptions permet à son terme de proposer, à titre provisoire, la définition suivante : la mobilisation consiste essentiellement en une création de nouveaux engagements et de nouvelles identifications ? ou quelquefois en une réactivation de loyautés et identifications « oubliées » ? ainsi qu'en un rassemblement, sur cette base, d'acteurs ? ou de groupe d'acteurs ? dans le cadre d'un mouvement social chargé, au besoin par la confrontation directe et éventuellement violente avec les autorités en place de promouvoir et parfois de « restaurer » des fins collectives. Ainsi selon la nature et les conséquences de l'action collective qui se développe à partir d'engagements « neufs », la mobilisation peut être qualifiée de politique (au sens fort du terme) ou simplement de parapolitique ; mais dans l'un et l'autre cas la mobilisation est portée par des formes non cristallisées de comportements, c'est-à-dire se réfère en priorité à un champ dans lequel les conduites ne sont pas institutionnalisées ou, tout au moins, ne le sont pas encore. [Revue française de science politique XXV (3), juin 1975, pp. 502-516.] relates primarily to field in which behaviour is not institutionalised or at least not yet .Revue -fran aise ae science politique XXV 3) juin 1975 pp 502-516.

?STATUT SOCIO-ÉCONOMIQUE, CLASSE D'AGE, MILIEU D'ORIGINE ET ATTITUDES OPPOSITIONNELLES, par JANINE MOSSUZ . A l'aide de données recueillies par sondages auprès d'hommes et de femmes âgés de 16 à 34 ans et issus d'un milieu urbain parisien, il s'agit d'étudier comment s'organisent certaines attitudes d'opposition au système politique, et plus précisément celles à l'égard de l'Etat, celles à l'égard de ces agents particuliers du changement politique que sont les partis de gauche, celles enfin à l'égard des moyens révolutionnaires du changement tels qu'ils sont retenus et formulés dans le questionnaire de l'enquête : la révolution (sans autre précision), la grève générale, la révolution dirigée par le Parti communiste et l'insurrection gauchiste. On constate que si des variables caractérisant le sujet lui-même (âge, statut socio-économique) interviennent significativement pour rendre compte des degrés de « radicalisme » dans l'attitude oppositionnelle, il importe surtout de considérer le milieu d'origine et surtout l'idéologie familiale pour comprendre les mécanismes de formation des attitudes d'opposition à la communauté, au régime et aux autorités politiques. [Revue française de science politique XXV (3), juin 1975, pp. 517-546.]

?MAURICE DUVERGER ET LES DEUX FACES DE JANUS : NEO-MARXISME OU NÉO-IDÉALISME ?, par JEAN-LOUIS SEURIN Critiquer Janus, l'essai de Maurice Duverger de 1972, c'est tenter de cerner l'évolution des idées de l'auteur à partir de ses ouvrages précédents, en les situant par rapport aux courants de pensée contemporains en science politique. Maurice Duverger reprend des conceptions désormais classiques (typologie des régimes politiques occidentaux, théorie des partis politiques) pour les insérer dans une synthèse globale visant à combiner les apports marxistes et les apports de la sociologie politique occidentale. Maurice Duverger montre bien l'impact de la technostructure sur les institutions de la démocratie pluraliste. Mais l'utilisation du concept de « ploutodémocratie » qui souligne la difficulté de concilier les données du « néo-marxisme » et celles de l'analyse politique empirique, est regrettable. La notion de « système politique » se réfère à une conception analytique difficilement conciliable avec un marxisme qui conserve sa vision synthétique et prophétique de l'histoire. Une classification des régimes politiques, par rapport à une notion de « socialisme » coupée de ses références pratiques encourt en toute hypothèse le reproche d'idéalisme. [Revue française de science politique XXV (3), juin 1975, pp. 547-560.]

?PIERRE RENOUVIN ET LA SCIENCE POLITIQUE, par JEAN-BAPTISTE DUROSELLE Pour Pierre Renouvin, historien, quelle relation l'histoire devait-elle entretenir avec la science politique ? Certainement une relation de dépendance car il ne pouvait y avoir selon lui de science politique en dehors de l'histoire, plus précisément en dehors des données fournies au politologue pour l'histoire. En fait, à travers ce scepticisme éclairé à l'égard de la science politique, Pierre Renouvin condamnait la tendance, si répandue de nos jours, à spéculer sur des abstractions représentant des phénomènes concrets avant que ces phénomènes concrets n'aient été étudiés en profondeur. Finalement, ne voir dans la science politique qu'une histoire d'aujourd'hui, petite et mal aimée, c'était réaffirmer la haute et exigeante conception de l'histoire que Pierre Renouvin professa à travers son œuvre : l'histoire, bien plus qu'une science est l'outil qui fournit aux sciences humaines la substance, qu'elles doivent modeler selon leurs propres fins. Ce qui était une manière modeste d'affirmer que rien n'est en dehors de l'histoire. [Revue française de science politique XXV (3), juin 1975, pp. 561-574.]