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LES ABSTENTIONNISTES ONT-ILS TOUJOURS TORT? LA PARTICIPATION ÉLECTORALE EN FRANCE ET AUX ÉTATS-UNIS, par WILLIAM R. SCHONFELD et MARIE-FRANCE TOINET La comparaison chiffrée montre que les Etats-Unis connaissent un taux de participation électorale constamment plus faible que la France. La cause de cette différence ne réside pas essentiellement, comme on l'affirme souvent, dans des difficultés d'inscription plus grandes, en fait largement dues à une politique de discrimination à l'encontre des minorités et qui ont presque disparu durant les dix dernières années, mais à une absence de choix politique réel dont les Américains eux-mêmes se rendent compte. Cette différence ne saurait être écartée comme étant sans signification. Car pour apprécier l'état de développement de la démocratie, le vote, en l'état actuel des connaissances, reste bien le principal indicateur de l'influence des citoyens sur le pouvoir politique et le moyen légitime de contrôle politique le plus également partagé. [Revue française de science politique XXV (4), août 1975, pp. 645-676.]

?LA HOUE, LA MAISON, L'URNE ET LE MAITRE D'ÉCOLE, LES ÉLECTIONS EN TANZANIE, 1965-1970, par DENIS MARTIN Quel est l'intérêt pour les gouvernants d'organiser périodiquement des élections dans un système politique dominé par un parti unique ? L'étude de l'exemple tanzanien permettra peut-être de répondre à cette question. Les mécanismes électoraux tels qu'ils ont fonctionné en 1965 et 1970 sont ici décrits en détail, puis sont présentées les principales interprétations du phénomène proposées par les tanzanologues. Elles tendent à saisir les élections comme un moyen d'affermir les bases du pouvoir de la petite bourgeoisie en jouant le rôle d'un anesthésique sur la majorité de la population. Il convient alors de chercher à comprendre comment elles peuvent agir ainsi, et si leur action est aussi monolithique qu'elle le paraît de prime abord. Des distinctions s'imposent à l'observateur : existence de couches distinctes dans la population ; permanence, et même aiguisement, d'oppositions au sein du groupe dirigeant. En fonction de cette constatation, on peut penser que l'intérêt des élections est de fournir un langage symbolique déchiffrable aux différents niveaux de la société à l'aide de codes distincts, langage contribuant à la réalisation d'un type de société nationale indispensable à toutes les factions en lutte pour le pouvoir, quelle que soit, dans l'immédiat, leur orientation idéologique. [Revue française de science politique XXV (4), août 1975, pp. 677-716.]

?SUR LA VÉNALITÉ DU JOURNALISME FINANCIER ENTRE LES DEUX GUERRES, parJEAN-NOËL JEANNENEY La mauvaise réputation du journalisme financier, en France, entre les deux guerres, est pleinement justifiée. Une faune de petits maîtres chanteurs s'engraisse aux dépens des milieux de Bourse et de finances. D'autre part les agences et les journaux spécialisés vivent de publicité financière, déguisée sous forme rédactionnelle. La chronique financière de plusieurs journaux réputés, telle celle des Débats, est aussi secrètement subventionnée. La radio naissante tend à adopter les mêmes pratiques. La profession prospère des « distributeurs de publicité », sert de relais entre hommes d'affaires et gens de presse. Le système est très néfaste : non seulement les épargnants sont taxés lourdement, malgré eux et à leur insu, au profit de multiples parasites, mais ils sont continuellement trompés par la presse qu'ils croient impartiale. Surtout on constate une contagion fréquente du côté du journalisme politique, que tendent à contaminer les mécanismes très rodés de corruption qui se sont mis en place dans le domaine financier. [Revue française de science politique XXV (4), août 1975, pp. 717-738.] ON THE VENALITY OF FINANCIAL JOURNALISM BETWEEN THE TWO WARS JEAN-NOEL JEANNENEY The poor reputation of financial journalism in France between the two wars is fully justified teeming mass of minor blackmailers thrived at the expense of those in stock exchange and financial circles Apart from this specialist agencies and newspapers lived off financial advertising disguised in editorial form The financial columns of several well-know newspapers such as Débats were likewise secretly subsidised Radio -which was in its infancy tended to adopt the same methods The profession prospered at the hands of the adver tising distributors and served as an intermediary between businessmen and the press The system was extremely nefarious not only -were savers heavily taxed in spite of themselves and unbeknown to them to the advantage of multitude of parasites but they were systematically misled by the press which they thought was impartial Above all it often infected political journalism which tended to be contaminated by the very well-tried machinery of corruption operating in the financial field Revue fran aise de science politique XXV 4) août 1975 pp 717-738.

UN TRAJET: DE LA DEMANDE SOCIALE A L'ÉCONOMIE LIBIDINALE, par ANNE CAUQUELIN et LUCIEN SFEZ Comment les politistes traitent-ils la « demande sociale », cette pression qu'un système politique subit de la part des gouvernés et à laquelle il doit réagir ? Duguit voit en la demande sociale une « norme objective » quant à Easton, il utilise la notion de wants (désirs) comme fondement originel des « demandes ». Dans les deux cas le concept de besoin est implicitement accepté. Or la critique marxiste de la fabrication de la demande sociale fait tomber l'évidence naturelle du besoin, tandis que la notion d'habitus le relativise. Plus nettement encore la psychanalyse, puis l'économie libidinale en tentant de fonder sociologiquement la notion de « désir » élargissent le champ de réflexion. En renouvelant les interrogations sur la demande sociale, cette importation de la psychanalyse dans les sciences sociales parvient-elle à transformer ces dernières radicalement ? [Revue française de science politique XXV (4), août 1975, pp. 740-773.]