Contenu du sommaire : Des États-Unis à l'État uni ? Le fédéralisme américain en question

?LA FIN DU FÉDÉRALISME AUX ÉTATS-UNIS ?, par HUBERT KEMPF ET MARIE-FRANCE TOINET Après avoir passé en revue l'évolution qu'avaient subie, depuis les intentions et les compromis originels, la définition et la politique (notamment en ce qui concerne l'autonomie des collectivités locales) du fédéralisme américain, on s'est attaché à démontrer combien le processus de centralisation, fort avancé, était devenu irréversible. L'analyse même du « nouveau fédéralisme », présenté par R. Nixon comme un retour aux sources, montre qu'il s'agissait surtout d'une tentative de rationalisation, permettant avant tout à Washington de mieux contrôler l'ensemble des autorités sub-nationales. Au total, sous des apparences fédérales ? qui n'en gardent pas moins d'importance mais dont le rôle est peut-être plus dysfonctionnel que générateur d'efficacité ? le contrôle politique central, grâce, en particulier, aux moyens financiers dont dispose l'Etat fédéral et qu'il utilise avec une grande habileté pour créer la concurrence entre ses partenaires fédérés, est devenu la règle ; les unités sub-nationales trop tentées par Washington pour contre-attaquer, ne peuvent plus que battre en retraite, en tentant de maintenir ? en ordre dispersé, ce qui contribue à leur faiblesse ? les quelques positions qui leur restent. [Revue française de science politique XXX (4), août 1980, pp. 735-775.]

POUVOIRS SUR LA VILLE : LES « MACHINES » DE ROCHESTER (NEW YORK), par PHILIPPE DRESSAYRE L'évolution du pouvoir politique dans les municipalités américaines a été particulièrement frappante en un demi-siècle. Une réorganisation technocratique substitue aux anciennes « machines » partisanes de nouvelles « machines » bureaucratiques dont le fonctionnement échappe au contrôle local et tend à renforcer le pouvoir des grandes entreprises et du gouvernement central sur l'unité urbaine. Sous leur pression de plus en plus coordonnée et cohérente, une élite technocratique s'empare des municipalités. La structure politique des cités d'Outre-Atlantique en est ainsi profondément modifiée. Dans l'analyse de cette stratégie urbaine appliquée à une ville « typique » comme Rochester, on constate combien, au plan local, le mouvement de centralisation modifie les contours du fédéralisme américain. [Revue française de science politique XXX (4), août 1980, pp. 776-798.]

DÉBAT NATIONAL ET PROTESTATIONS PÉRIPHÉRIQUES : LES RÉFÉRENDUMS SCOLAIRES AUX ÉTATS-UNIS, par YVES MÉNY Etant donné le disfonctionnement du système national, les instruments de la vie politique locale servent de plus en plus à exprimer des préoccupations qui dépassent le cadre territorial étroit où elles semblent confinées. Le choix des élections scolaires comme lieu de protestation peut, a priori, sembler surprenant puisque la politique politicienne en est en principe exclue. Cela n'est vrai que formellement : en réalité, le malaise américain y trouve un mode d'expression, le mécontentement populaire s'y canalise. Mais ces consultations, exprimant de plus en plus souvent des refus qui perdent une partie de leur impact possible en raison d'une très faible participation, ne sont qu'un procédé subsidiaire dans la stratégie nationale des groupes de pression. En un sens, au lieu de redonner le contrôle aux citoyens, elles renforcent les tendances centralisatrices puisque les Etats sont dans l'obligation de se substituer aux autorités locales pour permettre à la machine scolaire de fonctionner. [Revue française de science politique XXX (4), août 1980. pp. 799-833.] NATIONAL DEBATE AND PERIPHERAL PROTESTS SCHOOL REFERANDA THE UNITED STATES YVES MENY Because of the disfunctions of the national system the instruments of local political life are serving increasingly to express considerations which go beyond the narrow territorial framework within which they appear to be confined It may priori seem surprising to choose school elections as vehicle for protest in that politicking in theory has no part therein This is true only formally ia fact they afford means of expression for the American malaise and vehicle for popular dissatisfaction However these consultations which tend increasingly to express refusal lose some of their possible impact because of very poor participation and are only subsidiary process in the national strategy of pressure groups In sense instead of giving control back to the citizen they increase the trend towards centralisation in that States are obliged to take the place of the local authorities so that the school system can function Revue fran aise de science politique XXX 4) août 1980 pp 799-833.

LA PRESSE AMÉRICAINE : UN EMPIRE ÉPARPILLÉ, par CLAUDE-JEAN BERTRAND La presse américaine subit à l'heure actuelle le contre-coup de processus en apparence contradictoires : elle se centralise et elle se localise à la fois. La centralisation provient de la concentration financière (télévision et chaînes de journaux), du rôle prééminent du pôle New York-Washington et de l'unification des sources d'information (recours plus fréquent aux grandes agences, diminution du nombre de correspondants à l'étranger). Dans le même temps, cette presse se localise : elle développe ses attaches « à la base » et tente de mieux couvrir l'actualité locale. Au total, ce qui semble en voie de s'instaurer, c'est un équilibre entre un localisme retrouvé et une centralisation moderne. [Revue française de science politique XXX (4), août 1980, pp. 825-833.]

LE DÉBAT SUR LA RÉGLEMENTATION ÉCONOMIQUE FÉDÉRALE : RATIONALISATION OU DÉSENGAGEMENT ?, par MICHÈLE RUFFAT La réglementation de l'activité économique est dorénavant inscrite dans les faits aux Etats-Unis. Mais le contrôle croissant de l'exécutif sur ces « agences » et le côté tatillon et inefficace (en raison, notamment, des pressions diverses de l'industrie) des procédures provoquent actuellement un débat sur les fonctions que devraient remplir ces « agences ». Le congrès, en particulier, voudrait réaffirmer ses prérogatives. Au total, on peut se demander si les changements en cours, d'ailleurs limités, aboutiront à rationaliser les méthodes ou à réduire le rôle de ces « agences ». [Revue française de science politique XXX (4), août 1980, pp. 834-845.]