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Revue Revue Française de Science Politique Mir@bel
Numéro 33e année, n°1, 1983
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Une source méconnue de la philosophie politique marsilienne : l'organisation constitutionnelle des ordres religieux - Léo Moulin p. 5-13 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le système politique proposé par Marsile de Padoue a été calqué sur les structures constitutionnelles adoptées et développées par les Ordres religieux : régime de droit, primauté de l'Assemblée, pouvoirs limités de l'Exécutif, révocation des mandataires, consensus obligé des sujets, principe de la sanior pars, etc. Il est peu probable que Marsile les ait ignorées. Mais on perçoit fort bien les raisons pour lesquelles le champion de la laïcité ne pouvait reconnaître pareil emprunt.
    Marsilius of Padova's political System was modeled on the constitutional structures adopted and developed by the religious orders: legal status, primacy of the assembly, limited powers of the executive, revocation of mandatories, necessary consensus of the subjects, principle of the sanior pars, etc. It is improbable that Marsilius did not know them, but it is easy to understand why the champion of secularism could not acknowledge his source.
  • Religion et politique chez Benjamin Constant - Maurice Barbier p. 14-40 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Benjamin Constant propose une théorie élaborée des rapports entre religion et politique, sous l'influence à la fois de ses conceptions religieuses et de son libéralisme politique. Il identifie la religion au sentiment religieux, qu'il distingue des formes extérieures qu'il peut revêtir. Il établit un lien naturel entre la religion et la liberté qui se conditionnent mutuellement, et il préconise une séparation stricte entre la religion et la politique, ce qui entraîne une double conséquence : d'une part, il faut reconnaître à la religion une liberté absolue et pratiquer une tolérance sans restrictions ; d'autre part, la religion doit être entièrement indépendante du pouvoir politique, car celui-ci est incompétent en matière religieuse. Originale et courageuse à son époque, cette théorie contient un message qui reste toujours actuel au niveau de sa signification.
    Benjamin Constant propose une théorie élaborée des rapports entre religion et politique, sous l'influence à la fois de ses conceptions religieuses et de son libéralisme politique. Il identifie la religion au sentiment religieux, qu'il distingue des formes extérieures qu'il peut revêtir. Il établit un lien naturel entre la religion et la liberté qui se conditionnent mutuellement, et il préconise une séparation stricte entre la religion et la politique, ce qui entraîne une double conséquence : d'une part, il faut reconnaître à la religion une liberté absolue et pratiquer une tolérance sans restrictions ; d'autre part, la religion doit être entièrement indépendante du pouvoir politique, car celui-ci est incompétent en matière religieuse. Originale et courageuse à son époque, cette théorie contient un message qui reste toujours actuel au niveau de sa signification. Benjamin Constant proposed a theory of the relations between religion and politics under the double influence of his religious views and his political liberalism. He identified religion with religious feeling, which he distinguished from its external forms. There was a natural link between religion and liberty, which condition one another, and he advocated a strict separation between religion and politics. This had two consequences. On the one hand, religion must be accorded absolute freedom and unrestricted toleration. On the other hand, religion must be completely independent of political power, because religious questions are not within its field of competence. In its time, this theory was original and courageous, in our time it still contains a valid and meaningful message.
  • Friedrich-August Hayek et la question du libéralisme - Bernard Manin p. 41-64 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'étude porte sur la dimension politique et sociale de la pensée de Hayek. Elle recherche les fondements théoriques et pratiques de sa critique de l'intervention étatique dans l'économie et la société. Hayek réinterprète le concept libéral classique de la main invisible. L'absence d'une instance régulatrice consciente devient chez lui le mérite essentiel du marché : une régulation invisible aux acteurs sociaux et que personne n'a voulue permet de soustraire le mécanisme qui réalise des ajustements toujours douloureux à la critique et à la pression des groupes. Cette thèse permet, chemin faisant, d'éclairer les raisons de la faveur actuelle du monétarisme. Hayek met à jour, pour les critiquer, les principes de l'interventionnisme étatique et affirme en particulier que celui-ci suppose la mise en œuvre d'une idée du Bien social concret, ce qui contrevient aux principes fondamentaux du libéralisme et de l'Etat de droit. On montre en quoi sa critique est à la fois partiellement justifiée mais manque peut-être la signification essentielle de la démocratie.
    This study concerns the political and social dimension of Hayek's thought. It seeks the theoretical and practical bases of his critique of state intervention in thé economy and society. Hayek reinterprets the classical liberal concept of the invisible hand. The absence of a conscious regulating instance is for him the essential merit of the market: a regulation, invisible to the social actors and involuntary, makes it possible to keep the mechanism that makes always painful adjustments from being subject to the criticism pressure of groups. The development of this thesis helps explain the current fashion of monetarism. Hayek sheds light on the principles of state interventionism and asserts that interventionism implies the implementation of an idea of the concrete social good, which goes against the fundamental principles of liberalism and the constitutional state. His critique is shown to be partially justified although perhaps missing the essential significance of democracy.
  • Le vocabulaire des notions « nation », « État », « patrie ». Quelques résultats d'enquête - Bernard Peloille p. 65-108 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Une sociologie du fait «nation» en France requiert, entre autres, un ensemble d'investigations sur les représentations de la nation, et dans celles-ci une analyse visant à élucider les polysémies et les métonymies diachroniques et synchroniques recelées par les discours courants et savants, pour ce qui a trait notamment aux notions «nation», «Etat», «patrie». L'analyse de contenu des représentations de nation, patrie et Etat, formulées par une population restreinte, et telles qu'elles s'expriment dans une enquête exploratoire, interdit des généralisations. Elle met cependant à jour un certain nombre d'indications relatives à ces trois notions. Chacune de ces notions s'affirme sur un mode propre et spécifique. Elles revêtent des caractères variés, de formes diverses et de poids différents, couvrant, selon la notion, une gamme modulée de la simple dualité à la contradiction. Ces différences et ces diversités discursives, et sans doute pratiques pour autant que vaut un discours, constituent le mode d'existence de dimensions et de caractères communs aux trois notions, encore qu'inégalement prégnants et différemment construits : historicité, relativité sociale, efficacité des classes sociales. Ces notions entretiennent des rapports où elles se distinguent nettement; l'on observe une relation privilégiée d'attraction et de répulsion entre nation et Etat, relation qui n'est pas sans suggérer l'idée nation-Etat, bien que le concept lui-même soit quasi absent de nos données. Sans qu'il s'agisse d'y voir une «définition» de la nation, c'est à travers la tendance à apparaître comme communauté historique, fortement politique et sociale, que dans cette analyse la nation est en filiation directe avec les idées et les pratiques historiques de l'époque contemporaine en France.
    A sociology of the « nation » as fact in France requires, among other things, a series of investigations of the representations of the nation, including an analysis aimed at elucidating the diachronic and synchronie polysemies and metonymies contained in the ordinary and scholarly discourse having to do particularly with the notions of « nation », «state» and «fatherland». A content analysis of the representations of «nation», «fatherland», and «state» expressed by a limited population in an exploratory survey does not allow generalizations. It does, however, bring to light some indications concerning these three notions. Each has ils own specifie mode. All have varied characteristics, forms and weights, covering a scale going from simple duality to contradiction. These discursive differences and diversifies, undoubtedly also practical ones in as much as a discourse has practical effects, form thé mode of existence of sizes and characteristics common to the three notions, although unequally constraining and differently constructed: historicity, social relativity, efficacity of the social classes. The notions are interralated but clearly differentiated. There is a privileged relation of attraction and repulsion between nation and state, a relation which suggest the idea of nation-state, even though the concept itself is virtually absent from the data. Without wanting to find in them a « definition » of the nation, it is through the tendency to appear as a historic, strongly political and social community, that the nation, in this analysis, is derived directly from the ideas and historical practices of the « contemporary era» in France.
  • La Grèce en quête d'une politique indépendante - Panayote E. Dimitras p. 109-132 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    La victoire des socialistes grecs aux élections de 1981 a inquiété un grand nombre de gouvernements occidentaux, à cause des thèses neutralistes et antioccidentales du parti de M. Papandréou. Ces thèses reflétaient d'ailleurs l'isolationnisme de l'opinion publique, réagissant à 150 ans d'intervention, souvent directe, des grandes puissances dans les affaires du pays. Or, pendant la campagne électorale, le PASOK avait laissé entendre qu'une fois au pouvoir il adopterait une politique réaliste, ce qui s'est bien passé depuis les élections : M. Papandréou essaie de redéfinir la politique étrangère de la Grèce au sein et non pas en dehors de ses alliances. Si, toutefois, cette modération n'aboutit pas à des résultats dans l'immédiat, il demeure un risque de déviation neutraliste à cause des pressions provenant de l'aile gauche de son parti et du Parti communiste, au profit duquel le PASOK a perdu 12% des voix aux élections municipales de 1982.
    The victory of the Greek socialiste in the 1981 elections worried many western governments because of Mr. Papandreou's party's neutralist and anti-western positions. These positions were reaction to 150 years of often direct intervention in the coutry's business by the great powers and a reflection of the public opinion's isolationism. However, during the electoral campaign, the PASOK had indicated that once in power it would adopt a realistic policy and this has, in fact, happened since the elections. Mr. Papandreou is trying to redefine Greece's foreign policy within, not outside, its alliances. But if this moderation does not produce immediate results, there remains the risk of a neutralist shift due to the pressures put upon the party by its left wing and by the Communist party, to which the PASOK lost 12% of the votes in the 1982 municipal elections.
  • Note bibliographique

  • Informations bibliographiques - p. 136-172 accès libre
  • Résumés des articles/ Abstracts