Contenu du sommaire
Revue | Revue Française de Science Politique |
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Numéro | 36e année, n°1, 1986 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- La transformation de l'image des partis politiques français - Jean Charlot p. 5-13 Depuis 1958, contrairement à ce qui se passait aux Etats-Unis, en France les citoyens sont plus nombreux à s'identifier à un parti politique. Cette montée de la légitimité des partis dans une culture politique qui leur est pourtant plutôt défavorable s'explique par l'efficacité du système de partis français, rénové par les institutions de la Cinquième République, par la présidentialisation du régime et des grands partis, par l'alternance enfin réalisée en 1981. Mais la méfiance des Français vis-à-vis des partis est toujours prête à reprendre le dessus.Since 1958 in France, unlike the USA, more citizens have been identifying with a political party. This rise in the legitimacy of the parties in a rather unfavorable political culture can be explained by the effectiveness of the French party System renewed by the Fifth Republic's institutions, by the presidentialization of the regime and of its major parties, and by the alternation which took place in 1981. But the distrust of theFrench towards parties is never far from the surface.
- Le RPR et l'UDF à l'épreuve de l'opposition - William R. Schonfeld p. 14-29 Le RPR et l'UDF, associés-rivaux accoutumés depuis de longues années à l'exercice du pouvoir, ont eu après 1981 à faire l'apprentissage du rôle de partis d'opposition et à se préparer, toujours dans une relation de concurrence, à un retour au pouvoir lors de l'échéance décisive de 1988 (dont l'issue pourrait se dessiner dans la période 1986-1988). Pour y parvenir, les deux partis ont dû adapter leur système organisationnel. L'épreuve s'est révélée beaucoup plus difficile pour l'UDF que pour le RPR parce qu'elle n'est qu'une fédération de partis restés autonomes, parce que son unité est menacée par l'instauration de la représentation proportionnelle et par la rivalité de ses leaders à vocation présidentielle. Le RPR, en revanche, a rencontré plus de difficultés à s'adapter idéologi-quement au vent « libéral » qui souffle sur l'opinion sans céder trop d'espace au courant autoritaire et nationaliste que cherche à occuper le Front national. Enfin, le RPR a réalisé de bien meilleures performances électorales que son associé-rival, mais la représentation proportionnelle aiguise la concurrence entre les deux partis pour les élections de 1986, et les grandes manœuvres en vue de 1988, avec trois candidats potentiels et avec les appétits grandissants de la génération des jeunes leaders, accroissent les difficultés de l'UDF et du RPR.The RPR and the UDF, rival-associates long accustomed to holding power, have had to learn the role of opposition parties since 1981 and to prepare for a return to power in the decisive occasion of 1988 (whose outcome might well begin to appear in the years 1986-1988). To get there, the two parties have had to adapt their organizational System. This had proved much more difficult for the UDF than for the RPR because it is only a federation of autonomous parties, its unity threatened by the institution of proportional representation and by the rivalry of its leaders, potential candidates to the presidency. The RPR had more trouble adapting ideologically to thé « liberal » wind which is blowing on public opinion without yielding too much to the authoritarian and nationalist current that the National Front is trying to embody. Finally, while the RPR has had much better electoral scores than its rival-associate, proportional representation is sharpening the competition between the two parties for the 1986 élections, and the grand manœuvres for 1988, with three potential candidates and the growing appetite of the generation of young leaders, are increasing the problems of the UDF and the RPR.
- L'émergence du Front national - Monica Charlot p. 30-45 La percée électorale de l'extrême droite en France depuis 1983 rappelle celle d'Enoch Powell et de ses idées en 1964-1970 outre-Manche : même situation politique d'une gauche qui a déçu au pouvoir après en avoir été longtemps écartée ; même exploitation politique de l'enjeu « immigration » ; même capacité à retourner à son avantage l'hostilité des médias. L'analyse des discours de Jean-Marie Le Pen, la sociologie de ses soutiens électoraux, l'impact sur les autres dirigeants et forces politiques de sa montée permettent de préciser la nature du phénomène et ses limites.The electoral breakthrough of the Extreme Right in France since 1983 recalls mat of Enoch Powell and his ideas in 1964-1970 in Great Britain : the same political situation of a left which has proved disappointing in power after having been kept away from it for a long tinte ; the same political exploitation of the immigration issue ; the same capacity for turning the hostility of the media to its advantage. An analysis of Jean-Marie Le Pen's speeches, the sociology of his electoral support, and the impact of his rise on the other leaders and political forces help understand the phenomenon and its limits.
- Le déclin du Parti communiste français - Jean Ranger p. 46-63 Since 1981, the French Communist Party (PCF) has been subjected to a process of degradation in all aspects : a series of electoral failures, loss of positions of local power, fall in membership and drop in militant activity, unfavorable development of its image in public opinion. These problems are rooted not only in current political events. The Party's électoral fragility goes bock to the late 1960s. The CGT has been losing ground for at least two decades. Rejection of the USSR by public opinion affects the PCF at each crisis of the communist world. Associating the structural weakness of its integration in French society with an inability to define or share a mobilizing political project, the PCF is open to a double danger which is likely to condemn it within a few years : a slow asphyxia by isolation, with brutal political shocks similar to those of 1958 and 1981.
- Évolution politique du Creusot de 1836 à 1983 - Marie-Claire Laval-Reviglio p. 64-92 S'attacher à retracer l'évolution de la ville du Creusot depuis 1836, date à laquelle s'implante la famille Schneider, c'est tenter de mettre en évidence l'emprise de cette entreprise sur la vie politique de la cité. La perspective historique retenue permet de dégager les caractéristiques majeures de la vie politique creusotine sur une très longue période. En premier lieu, un constant phénomène de dualisme électoral et de bipolarisation politique qui ne se manifestera sur le plan national que tardivement. En second lieu, la faiblesse des autres formations politiques qui tentent d'exister indépendamment du clivage fondamental. En troisième lieu, l'ancrage presque absolu de la ville au conservatisme. De telles constantes posent la question du changement politique intervenu depuis 1976 : s'agit-il d'un temps de rupture dans une évolution qui reprendra son cours naturel ou bien s'agit-il de la traduction d'un changement en profondeur ? Ce changement tient-il à des paramètres locaux ou n'est-il que la traduction locale d'une évolution politique nationale ?Relating the political development of the city of Le Creusot since 1836, when the Schneider family settled there, means showing the Schneider company's grip on the political life of city. The historical perspective chosen reveals the major features of Le Creusot political life over a long period : (1) a constant electoral dualism and political bipolarization which will be seen nationally much later ; (2) thé weakness of the other political forces which try to exist independently of the basic division ; (3) thé almost absolute conservative anchoring of the city. Such constants lead to the question of the political change which has occurred since 1976. Is it a period of break, in a longer development which will go bock to its natural course, or is it the manifestation of a deep change ? Is this change due to local factors, or is it the local version of a national political change ?
- L'alternance et la continuité de la politique de l'État. Cas des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France - Abdeltif Menouni p. 93-110 Comment certains régimes démocratiques se reproduisent-ils par alternance, en garantissant une continuité minimum de la politique de l'Etat ? En apparence simple rotation institutionnalisée de majorités opposées, l'alternance est moins une institution isolée que la forme d'émergence d'une structure démocratique spécifique, intervenant dans la stabilisation du système politique par le biais des conditions mêmes de sa réalisation : le consensus idéologique et l'intégration politique. Séculaire aux Etats-Unis, enraciné en Grande-Bretagne, plus récent en France, le consensus, même s'il admet des divergences et des conflits, contribue à limiter la portée des changements politiques, à orienter les partis vers une certaine forme de réalisme et de pragmatisme opportuniste. L'alternance, impliquant la bipolarisation politique, agit dans un système pris en charge par les partis dominants, caractérisé par l'absence de maître du jeu politique, par un partage simultané ou alternatif du pouvoir et par la routinisation des conflits. L'étude de la politique extérieure conduite par la gauche en France, ainsi que certains aspects de la politique intérieure britannique fait ressortir deux expressions concrètes de la continuité dans les systèmes politiques à alternance : le changement adaptateur et la continuité alternative.How do certain democratie regimes reproduce themselves through alternation guaranteeing a minimum of continuity of public policy ? Apparently a mere institutionalized rotation of opposing majorities, alternation is less an isolated institution than the emergence of a specifie democratie structure, leading to the stabilization of the political System through the very conditions of ils achievement : ideological consensus and political integration. Centennial in the USA, deeply rooted in Great Britain, more recent in France, consensus, even marked by divergences and conflicts, contributes to limiting the scope of political changes, to orienting parties towards a certain form of realism and opportunisme pragmatism. As alternation implies political bipolarization, it acts in a System controlled by the dominant parties, characterized by the absence of a political game master, by a simultaneous or alternate sharing of power and routinization of conflicts. The foreign policy of the French Left as well as certain aspects of British domestic policy show two concrete expressions of continuity in « alternation » political Systems : adaptive change and alternative continuity.
Notes Bibliographiques
- VAN EFFENTERRE (Henri) - La cité grecque. Des origines à la défaite de Marathon. - Odile Rudelle p. 111-112
- ROSANVALLON (Pierre) - Le moment Guizot. - Odile Rudelle p. 112-115
- STONE (Judith F.) - The search for social peace. Reform legislation in France, 1890-1914. - Anne Sa Adah p. 115
- BROWN (Archie) ed. - Political culture and communist studies. - Henri Mendras p. 116-117
- Informations bibliographiques - p. 118-146