Contenu du sommaire : Allemagne : deux États, une nation?

Revue Revue Française de Science Politique Mir@bel
Numéro 37e année, n°3, 1987
Titre du numéro Allemagne : deux États, une nation?
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Allemagne : deux États, une nation?

    • Introduction - Anne-Marie Le Gloannec p. 293-295 accès libre
    • Opinions publiques et sociétés. L'Allemagne : une utopie - Anne-Marie Le Gloannec p. 296-308 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Depuis plus de trois décennies, les gouvernements qui se sont succédé à Bonn justifient leur Deutschlandpolitik notamment par le désir des Allemands des deux Allemagnes d'être réunifiés. Les sondages faits en RFA montrent cependant une ambiguïté : si les Allemands de l'Ouest souhaitent la réunification, celle-ci n'en est pas moins l'une de leurs dernières priorités. La RDA leur apparaît de plus en plus comme un pays étranger, même s'ils sont de plus en plus nombreux à s'y rendre. Inversement, si peu d'Allemands de l'Est peuvent traverser la frontière, les habitants de la RDA vivent en partie dans la culture politique ouest-allemande. Cette étrange symbiose nourrit chez certains, à l'Ouest comme à l'Est, la nostalgie d'une troisième voie.
      For over three decades, the Bonn governments have justified their Deutschlandpolitik partly on the basis of both the East and the West Germons' wish for reunification. Public opinion polls in the FRG show however an ambiguity : the West Germans certainly do wish Germany to be reunited, but that is one of their lowest-ranking priorities. The GDR is increasingly a foreign country for them, even though they visit it in increasing numbers. Conversely, while relatively few East Germans can cross the border, the inhabitants of the GDR live partly in West Germany's political culture. This strange symbiosis nurtures in certain sectors of the population, West and East, the nostalgia of a third road.
    • L'Allemagne dans les relations Est-Ouest - Pierre Hassner p. 309-319 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Le problème allemand est fondé sur le contraste qui oppose le caractère particulièrement mouvant et indéfini de l'identité allemande et le caractère particulièrement strict des contraintes que lui impose sa situation géopolitique. Ces contraintes ont trouvé leur forme la plus brutale dans la division de l'Allemagne au lendemain de la deuxième guerre mondiale, conséquence de la division Est-Ouest. Avec le déclin de la Guerre froide classique, une différenciation se produit à l'intérieur des deux camps. Le nouveau problème est celui des rapports entre trois niveaux : les relations des deux Allemagnes, des deux Europes, et des deux Grands. Que ces relations soient parallèles ou divergentes, leur clivage peut conduire à une restructuration de la sécurité européenne.
      The crux of the German problem lies in the contrast between the particularly changing and indefinite character of Germany's national identity and the particularly rigid constraints imposed by its geopolitical situation. These constraints have found their most brutal expression in the division of Germany in the wake of World War II, as a consequence of the division between East and West. With the decline of the Cold War, at least in its classic form, the new problem is that of the three-level congruence or discrepancy between the two Germanies, the two Europes and the two Superpowers. Whether these relations are parallel or divergent, the differentiation may lead to a restructuring of European security.
    • Les deux Allemagnes sous l'?il de Moscou - Renata Fritsch-Bournazel p. 320-330 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      On ne peut pas comprendre l'évolution de la politique allemande de l'URSS depuis 1945 sans tenir compte de tout un passé fait de lutte à mort et de complicité, de rejets passionnels et de convergences d'intérêt. La défaite du IIIe Reich marque pourtant un tournant décisif, car pour la première fois de leur existence les Soviétiques sont en mesure de peser directement sur le destin étatique et social d'une partie de la nation allemande. En dépit d'un discours novateur dans le domaine des relations Est-Ouest, la position de Gorbatchev à l'égard de la question allemande ne diverge pas fondamentalement de celle de ses prédécesseurs : il s'agit toujours d'empêcher la reconstitution d'un pôle de puissance au cœur de l'Europe.
      To understand Soviet policy towards Germany after 1945 one must take into account the fact that Soviet-Germon relations often oscillated between deadly struggle and collusion, passionate rejection and convergence of interests. The defeat of the Third Reich nevertheless marked a turning point : for the first time in its history, the Soviet Union is able to exert a direct influence on the constitutional and social fate of part of the German nation. Despite changes in pronouncements concerning East-West relations, Gorbachev's position on the German issue is not basically different from that of his predecessors : the aim is still to prevent the revival of a power center in the heart of Europe.
    • Le problème allemand vu de l'Europe du Centre-Est - Jacques Rupnik p. 331-345 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Dans les pays du Centre-Est européen, les débats sur la question allemande sont à la fois révélateurs d'une identité nationale fragile et le passage obligé de toute réflexion, de tout projet politique visant à surmonter le statu quo hérité de la dernière guerre mondiale. Deux débats récents illustrent ce phénomène. Le premier se veut non politique et concerne la redécouverte d'une identité culturelle centre-européenne. Or celle-ci est impensable sans la prise en compte du fait allemand (et de la présence de minorités allemandes), identifié tantôt à la modernisation et à la pénétration de la civilisation occidentale, tantôt à l'oppression nationale. Le second débat concerne la « sortie de Yalta ». Au-delà de l'utilisation de la menace allemande par les régimes du Centre-Est européen, deux thèses s'affrontent : (1) la hantise d'un nouveau Rapallo, d'une entente soviéto-allemande par­dessus la tête des Polonais ou des Tchèques ; (2) la nécessité de surmonter la division de l'Europe, et donc celle de l'Allemagne.
      In the countries of East-Central Europe, the debutes concerning the German problem reveal the fragility of their national identity, and are the basis of all thinking and ail political projects concerning the overcoming of the legacy of World War II. Two recent debutes illustrate this phenomenon. The first, deliberately non-political, concerns the rediscovery of a Central European cultural identity, of which the German presence (including that of German minorities) is an element, identified at times with modernization and the penetration of Western civilization, and at times with national oppression. The second concerns the partition of Europe. Beyond the use of the German threat by the communist regimes in East-Central Europe, two contradictory theses have been put forward : (1) the ghost of a new Rapallo, a Soviet-German entente over the heads of the Czechs, the Poles and the Hungarians ; (2) overcoming the partition of Europe, and therefore that of Germany.
    • Églises et conscience nationale en Allemagne - Margaret Manale p. 346-357 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Depuis la débâcle nazie, le thème de la responsabilité de l'Allemagne en ce qui concerne la paix dans le monde a permis aux Eglises d'apparaître comme les dépositaires d'une identité nationale qui continuerait à exister en dépit de la frontière qui sépare les deux Etats. Les protestants, à l'Est comme à l'Ouest, profitent des occasions offertes par les anniversaires de la guerre 1939-1945 pour affirmer l'opposition irréductible du peuple allemand dans son ensemble à la guerre et à la course aux armements. Plus récemment, les catholiques, surtout à l'Est, ont redécouvert, eux aussi, leur appartenance à la communauté allemande et travaillent pour la paix de concert avec les protestants, suivant ainsi la politique ?cuménique prônée par le Vatican. Le pacifisme implique donc la possibilité pour toutes les Eglises allemandes de consolider leurs liens par-dessus les frontières et d'être reconnues, dans la société sécularisée, comme la conscience morale dont doit tenir compte leur Etat respectif.
      Since the Nazis' downfall, the theme of Germany's responsibility for peace in the world has enabled the Churches to appear as the repositories of a national identity presumed to continue despite the frontier between the two States. The Protestants, in both East and West Germany, use the occasions provided by the anniversaries of the 1939-1945 war to affirm the irreducible opposition of the German people as a whole to war and to the arms race. More recently, the Catholics, especially in East Germany, have rediscovered their place in the German community. For them, working for peace means working alongside the Protestants, in keeping with the oecumenism advocated by the Vatican. Thus, pacifism implies for the German churches the possibility of strengthening their ties above the frontiers which separate them, and of being recognised in secular society as moral forces which their respective States must take into account.
    • La France et le problème allemand - Henri Ménudier p. 358-370 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Hostile après 1945 à une Allemagne centralisée et unie, la France s'est accommodée ensuite d'une moitié d'Allemagne intégrée et bien contrôlée dans la communauté européenne et occidentale. Cette donnée fondamentale caractérise la politique extérieure française depuis 1950 à tel point que la montée du pacifisme au début des années 1980 a poussé François Mitterrand à développer la coopération avec la RFA dans le secteur de la sécurité. Les Français comprennent mieux aujourd'hui que les Allemands désirent un jour retrouver leur unité nationale même s'ils ne savent guère par quelles voies ceux-ci pourraient y parvenir.
      Hostile to a centralized and united Germany after 1945, France has managed with a half-Germany, well-controled and integrated in the European and Western community. This basic fact has characterized French foreign policy since 1950, to such an extent that the rise of pacifism in the early 1980s led François Mitterrand to develop cooperation with West Germany in the field of security. The French now understand better that the Germons want to recover some day their national unity even if they do not know how they might reach that aim.
    • L'Allemagne et l'Europe - Michael Stürmer p. 371-378 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La géostratégie de l'Europe continentale a eu, pendant plusieurs siècles, le problème allemand pour épicentre. Ce problème fut mis entre parenthèses en 1945, faute de pouvoir être réglé, et la République fédérale demeure le champ de bataille d'un conflit psychologique ayant pour enjeu sa légitimité et sa loyauté et, inévitablement, l'avenir de l'Europe. En conséquence, les définitions que les Allemands donnent de leur histoire passée et de leur avenir ont des implications directes ou indirectes sur le sort de l'Europe. Ces définitions ont des fondements moins scientifiques que politiques, idéologiques, stratégiques et géographiques.
      For centuries, the German problem has been at the center of continental Europe's geostrategic ensemble. It was put between parentheses in 1945, with no solution in sight. The Federal Republic is still the scene of a psychological tug-of-war in which both its legitimacy and loyalty and, per force, the future of Europe are at stake. As a consequence, the definitions that the Germans try to give of their past and their future have a direct and indirect bearing on Europe's fate. These definitions owe their existence less to academie reasons than to politics and ideology, strategy and geography.
  • Notes Bibliographiques

  • Informations bibliographiques - p. 385-406 accès libre
  • Correspondance - p. 407-412 accès libre
  • Cours et travaux inédits de science politique (année 1986)