Contenu du sommaire : Le reaganisme à l'oeuvre
Revue | Revue Française de Science Politique |
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Numéro | 39e année, n°4, 1989 |
Titre du numéro | Le reaganisme à l'oeuvre |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Le reaganisme à l'œuvre
- Présentation - Luc Rouban p. 453-455 Réflexion sur la politique menée par Reagan: la réception en France du reaganisme, analyse de la doctrine et bilan.
- La continuité institutionnelle ou le reaganisme centralisateur - Marie-France Toinet p. 456-476 La continuite institutionnelle ou le reaganisme centralisateur. Marie-France Toinet. En arrivant à la présidence, R. Reagan se déclare favorable à une réduction du rôle de l'État fédéral. Après huit ans au pouvoir, on ne saurait considérer qu'il y soit institutionnellement parvenu. Tant au niveau fédéral (relations de la présidence avec les autres institutions et l'administration, problème de la réglementation) qu'au sein de la pyramide fédérale, l'État fédéral est plus puissant que jamais. La société civile (droits individuels) ne cesse de perdre du terrain.Institutional continuity or centralizing reaganism. Marie-France Toinet. On becoming president, R. Reagan declared himself favorable to a reduction of the role of the federal government. After eight years, it cannot be said that he has institutionally succeeded. On the federal level (relations between the presidency and the other branches of government as well as with the regulatory apparatus) and between the different levels of the federal pyramid, the federal government is more powerful than ever. The people (in particular in the field of individual rights) have continued to lose ground.
- Les démocrates face au reaganisme - Marie-Christine Granjon p. 477-492 Face au reaganisme, les démocrates américains ont du procédé à un recentrage néolibéral du parti.
- La fin du Welfare State aux États-Unis : le reaganisme et l'appareil d'État - Luc Rouban p. 493-516 La fin du Welfare State aux États-Unis : le reaganisme et l'appareil d'État. Luc Rouban. Le reaganisme a modifié le système politico-administratif américain. Il se traduit en effet par la mise en place d'un nouveau système d'intégration des politiques publiques rompant avec le modèle hérité du Welfare State. Les réformes (déréglementation, renouveau du management, nouveau fédéralisme) ont toutes porté atteinte aux mécanismes politiques des « triangles de fer ». À la nouvelle donne économique semble donc correspondre une nouvelle politique institutionnelle. Par ailleurs, le renforcement de la « présidence administrative » a permis de simplifier l'agenda et de concentrer les pouvoirs de l'exécutif. Cette stratégie s'est cependant heurtée à la crise profonde de la fonction publique. Au-delà des restrictions budgétaires, le reaganisme consacre en effet un changement profond dans la régulation des politiques publiques. S'appuyant sur une évolution sociale du long terme, il a accéléré la substitution de la régulation juridique par une régulation managériale.The end of the Welfare State in The United States: reaganism and the federal state apparatus. Luc Rouban. Reaganism has modified the American political and administrative system. It has produced a new system of public policy integration which alters the Welfare State pattern. Each reform (deregulation, management renewal, New Federalism) somewhat disrupted the classical political mechanisms of the "iron triangles ". A new institutional policy seems to correspond to the new economic deal. The strengthening of the "administrative presidency " allowed a simplified agenda and a further concentration of executive power. This strategy nevertheless encountered the serious crisis of the career civil service. Beyond fiscal austerity, Reaganism actually has meant a real change in public policy regulation. Benefitting by a deep social trend, it accelerated the move from legal-based towards management-based social regulation.
- Ronald Reagan, le Congrès et les déficits budgétaires - Hubert Kempf p. 517-538 Ronald Reagan, le Congrès et les déficits budgétaires. Hubert Kempf. Les deux mandats de R. Reagan se sont caractérisés par des déficits budgétaires spectaculaires. L'explication purement économique de la conjoncture américaine s'avère incapable de répondre à la question cruciale que ces déficits posent : pourquoi a-t-il été impossible de corriger la politique en cours, alors que les déficits ne cessaient de croître ? Seule une lecture politique des rapports entre l'exécutif et le Congrès permet d'y répondre : les déficits sont le produit d'une lutte pour le contrôle du processus budgétaire entre les responsables fédéraux. A l'issue des années Reagan, le Congrès apparaît clairement comme le vainqueur ? peut-être provisoire ? de cette lutte sourde et constante.R. Reagan, Congress and budget deficits. Hubert Kempf. R. Reagan's two terms were characterized by spectacular budget deficits. The purely economic explanation of the American conjuncture provides no answer to the crucial question that these deficits pose : why was it impossible to correct the policy although the deficits were constantly rising ? Only a political reading of the relations between the executive and Congress can provide an answer : the deficits were the product of a struggle among federal officials for the control of the budgetary process. At the end of the Reagan years, Congress clearly appears as the winner ? perhaps temporary ? in this constant and veiled fight.
- Une présidence hamiltonienne : la politique étrangère de Ronald Reagan - Denis Lacorne p. 539-562 Une présidence hamiltonienne : la politique étrangère de Ronald Reagan. Denis Lacorne. II n'est plus possible, au lendemain du Watergate, d'écrire sur la politique étrangère des États-Unis sans faire référence aux rapports conflictuels qui opposent le président au Congrès. A une « présidence impériale », justement dénoncée dans les années 1960, succédait une présidence affaiblie, en but aux assauts d'un Congrès qui cherchait à réétablir son ancienne prééminence. Face au « déséquilibre » produit par un Congrès dominateur, le président Reagan a tenté d'inverser la balance au profit de l'exécutif. Il n'y a réussi qu'imparfaitement, au prix d'une incessante confrontation avec un Congrès revigoré, comme l'illustrent la question de l'entrée en guerre des États-Unis, la crise de l'Irangate, et les tentatives de réinterprétation du traité des missiles antibalistiques. La présidence « restaurée » par Reagan n'est pas la « présidence impériale », mais plutôt une « présidence énergique », ou encore « hamiltonienne », puisqu'elle se rattache à une conception du pouvoir inaugurée, dès la fin du 18e siècle, par le plus monarchique des Pères fondateurs : Alexander Hamilton.A hamiltonian presidency: Ronald Reagan's foreign policy. Denis Lacorne. After Watergate, one can no longer write about US foreign policy without referring to the conflictual nature of the relationship between presidency and Congress. For a while, the « imperial presidency », justly denounced in the sixties, was replaced by a weakened presidency, which had to face the repeated assaults of an insurgent Congress wishing to recover its former preeminence. Faced with the " disequilibrium " provoked by a dominant Congress, president Reagan attempted to redress the balance in favor of the executive. His success, the result of a long confrontation with a stronger Congress, was only partial, as demonstrated by the exercise of his war-making powers, the Iron-Contra affair and his attempt at reinterpreting the ABM treaty. President Reagan did not « restore » an « imperial » presidency, but instead an « energetic », or « Hamiltonian » presidency, for it derives from a concept of power inaugurated at the end of the eighteenth century by the most monarchical of the Founding Fathers : Alexander Hamilton.
- La « relation spéciale » américano-britannique sous Ronald Reagan et Margaret Thatcher - Jacques Leruez p. 563-583 La « relation spéciale » américano-britannique sous Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Jacques Leruez. Malgré la proximité de leurs « philosophies » politiques et de leurs doctrines économiques, Margaret Thatcher et Ronald Reagan ont gouverné différemment, du moins dans le domaine économique ; et la Grande-Bretagne de M. Thatcher a donné aux États-Unis une leçon de rigueur financière en obtenant un surplus budgétaire appréciable dès 1987. Cela n'a pas empêché le développement de très bonnes relations personnelles entre le Président et le Premier ministre et la poursuite de la « relation spéciale » entre les deux pays. Toutefois, la Grande-Bretagne a dû supporter des désagréments (renforcement du mouvement antinucléaire, intervention américaine à la Grenade, bombardement de la Libye) tout en bénéficiant de contreparties non négligeables (fourniture de missiles Trident, participation à la recherche sur l'IDS, renforcement du traité d'extradition et donc de la lutte contre le terrorisme nord-irlandais). Cependant, la politique extérieure de Ronald Reagan a provoqué en Grande-Bretagne la renaissance d'un anti-américanisme latent que les Français ne soupçonnent guère.The UK-US "special relationship " during the Ronald Reagan and Margaret Thatcher years. Jacques Leruez. In spite of the closeness of their political philosophies and economic tenets, there has been a contrast between Margaret Thatcher's and Ronald Reagan's management of their countries, in the economic field at least. Thatcher's Britain has taught the US a lesson in financial rectitude by achieving a respectable budget surplus by 1987. This contrast did not prevent a warm friendship from developing between the two statespersons thus keeping alive " the special relationship ". Still, Britain had to accept some harsh constraints (the rebirth of the Campaign for Nuclear Disarmament, the US intervention in Grenada, the air attack on Libya) while reaping some benefits (supply of Trident missiles, association to SDI research, strenghtening of the extradition treaty giving new means to Britain in its fight against the IRA). However, R. Reagan's external policies have reinforced a deep-rooted British anti-Americanism, of which the French are hardly aware.
- Présentation - Luc Rouban p. 453-455
Notes Bibliographiques
- Balandier (Georges) - Le désordre, éloge du mouvement. - Denis-Constant Martin p. 584-585
- Jaume (Lucien) - Le discours jacobin et la démocratie. - Stéphane Rials p. 585-587
- Mendras (Henri ) - La seconde révolution française. 1965-1984. - François Goguel p. 587-589
- Sirinelli (Jean-François) - Génération intellectuelle. Khâgneux et normaliens dans l'entre-deux-guerres. - Giuliana Gemelli p. 589-590
- Joseph-Barthélemy - Ministre de la Justice. Vichy 1941-1943. Mémoires. Préface de J.-B. Duroselle. - François Goguel p. 591-593
- Kepel (Gilles) - Les banlieues de l'Islam, Naissance d'une religion en France. - Michel Wieviorka p. 593-595
- Joyaux (François) - La nouvelle question d'Extrême-Orient. 2 : L'ère du conflit sino-soviétique 1959-1978. - Anne De Tinguy p. 595-597
- Informations bibliographiques - p. 598-626