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Revue Revue Française de Science Politique Mir@bel
Numéro 46e année, n°5, 1996
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Articles

    • L'information et la sensibilité des électeurs à la conjoncture - Jacques Gerstlé p. 731-752 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'explication du comportement électoral fait une place croissante aux facteurs à court terme. La recherche internationale met en évidence des processus susceptibles de produire des effets empi­riquement observables dans les récentes campagnes électorales françaises. Tout d'abord, les élec­teurs sont sensibles à la conjoncture. Cette proposition appelle l'examen du concept de conjoncture et le recours à la mobilité des intentions de vote comme indicateur de la sensibilité. Différents modèles de l'électeur face au court terme sont concevables qui font un usage varié de l'information: l'électeur rationnel, l'électeur responsable, l'électeur néo-rationnel et l'électeur sensible jusqu'à procéder à une évaluation en ligne de la situation politique. Ensuite, l'informa­tion affecte la sensibilité des électeurs à la conjoncture à travers différents mécanismes persua­sifs potentiels : effet d'agenda, effet de cadrage et effet d'amorçage. L'attention portée par les médias peut peser sur la hiérarchisation de préoccupations, sur les représentations, sur l'imputa­tion des résultats et sur les critères d'évaluation de l'offre électorale. L'étude des campagnes électorales aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne ou en RFA atteste depuis une dizaine d'années l'effectivité de ces mécanismes. Ils incitent à expliquer la décision de vote par l'inter­action entre accessibilité de l'information, mémoire et attitudes politiques, notamment la préfé­rence partisane. Enfin, l'analyse des campagnes électorales françaises récentes, en particulier la présidentielle de 1995, permet de mettre en regard la perception des enjeux prioritaires, l'éva­luation des candidats et des effets persuasifs de l'information. L'information à court terme oriente l'attention publique dans certaines directions qui stimulent l'évaluation de l'offre électo­ral et plus généralement de la situation politique.
      The explanation of electoral behavior increasingly emphasizes short-term factors. International research highlights processes which may produce effects which are observable empirically in recent French election campaigns. First of all, voters are sensitive to conjuncture. This statement calls for an examination of the concept of conjuncture and the use of the mobility of voting intentions as an indicator of sensitivity. Various short-term voter models are conceivable, which use information in various ways : the rational voter, the responsible voter, the neo-rational voter and the sensitive voter, up to a constant evaluation of the political situation. Secondly, information affects the voters' sensitivity to the conjuncture through various potential persuasion mechanisms : the agenda effect, the framing effect and the priming effect. Media attention can affect the hierarchy of interests, representations, the interpretation of results and the criteria of evaluation electoral supply. The analysis of election campaigns in the USA, Canada, Great Britain and Germany in the last ten years confirms the effectiveness of these mechanisms. They lead to explanations of the voting decision by the interaction of accessibility of information, memory and political attitudes, especially party preferences. Finally, the analysis of the recent French election campaigns, in particular the 1995 presidential campaign, makes it possible to confront the perception of the major issues, candidate evaluations and the persuasive effects of information. Short-term information orients public attention in directions which stimulate the evaluation of electoral supply and, more generally, of the political situation. 873
    • Mort et résurrection de l'électeur rationnel. Les métamorphoses d'une problématique incertaine - Loïc Blondiaux p. 753-791 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La réflexion sur les facteurs explicatifs du comportement électoral s'organise autour d'une vision de l'électeur mais aussi d'une représentation de la démocratie. Nul hasard dès lors si la question de la rationalité de l'électeur hante la sociologie électorale depuis ses origines. A partir d'une relecture historique des débats suscités, principalement aux-États-Unis, par la question de la compétence de l'électorat, l'auteur développe simultanément deux réflexions en forme de constats. La première a trait au caractère historiquement instable et ambivalent de la notion d'électeur rationnel. Qu'est-ce qu'un vote rationnel? S'agit-il d'un acte pur de la raison ou d'un acte qui se conforme simplement à une certaine forme de rationalité procédurale? Les références à la rationalité dans l'histoire des études électorales aux États-Unis ont oscillé entre ces deux définitions, la seconde ayant progressivement phagocyté la première au point que le concept de rationalité, tel qu'il s'applique aux études électorales, ait sans doute aujourd'hui per­du tout sons sens. La seconde discussion renvoie à la manière dont s'articulent depuis les origines deux types de questionnements autour de l'électeur, l'un de type descriptif (comment les gens votent-ils?) et l'autre de type normatif (votent-ils comme l'on doit voter dans une démocratie idéale?). La mise en évidence au cœur de la science politique contemporaine d'une telle confusion des problématiques constitue un préalable indispensable à la compréhension de la manière dont se sont progressivement structurés les débats autour de l'opinion publique et du comportement électoral et dont la question de la compétence politique y est aujourd'hui encore posée.
      La réflexion sur les facteurs explicatifs du comportement électoral s'organise autour d'une vision de l'électeur mais aussi d'une représentation de la démocratie. Nul hasard dès lors si la question de la rationalité de l'électeur hante la sociologie électorale depuis ses origines. A partir d'une relecture historique des débats suscités, principalement aux-États-Unis, par la question de la compétence de l'électorat, l'auteur développe simultanément deux réflexions en forme de constats. La première a trait au caractère historiquement instable et ambivalent de la notion d'électeur rationnel. Qu'est-ce qu'un vote rationnel? S'agit-il d'un acte pur de la raison ou d'un acte qui se conforme simplement à une certaine forme de rationalité procédurale? Les références à la rationalité dans l'histoire des études électorales aux États-Unis ont oscillé entre ces deux définitions, la seconde ayant progressivement phagocyté la première au point que le concept de rationalité, tel qu'il s'applique aux études électorales, ait sans doute aujourd'hui per­du tout sons sens. La seconde discussion renvoie à la manière dont s'articulent depuis les origines deux types de questionnements autour de l'électeur, l'un de type descriptif (comment les gens votent-ils?) et l'autre de type normatif (votent-ils comme l'on doit voter dans une démocratie idéale?). La mise en évidence au cœur de la science politique contemporaine d'une telle confusion des problématiques constitue un préalable indispensable à la compréhension de la manière dont se sont progressivement structurés les débats autour de l'opinion publique et du comportement électoral et dont la question de la compétence politique y est aujourd'hui encore posée.
  • Notes de recherche

    • L'« extrême Ouest » loin de l'extrême droite. Le vote Front national dans le Finistère - Jean-Luc Richard p. 792-816 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'«extrême-ouest» loin de l'extrême droite le vote front national dans le finistère L'élection présidentielle d'avril 1995 a permis à J.-M. Le Pen, au niveau national, avec 15 % des voix, d'accroître son nombre d'électeurs et son influence politique. Mais, en Basse-Bretagne, sa région natale, il obtient des scores faibles et ne progresse pas, sauf sur le littoral. L'analyse des résultats dans le département du Finistère met en évidence les facteurs historiques et socio-économiques qui expliquent cette résistance de la Bretagne bretonnante. Le caractère égalitaire des relations familiales et la forte activité professionnelle féminine jouent un rôle de premier ordre, dans un département où l'immigration étrangère est très faible. L'influence du catholicisme et l'identité culturelle bretonne semblent aussi constituer des raisons déterminantes qui expliquent la modestie des succès rencontrés par le FN.
      L'«extrême-ouest» loin de l'extrême droite le vote front national dans le finistère L'élection présidentielle d'avril 1995 a permis à J.-M. Le Pen, au niveau national, avec 15 % des voix, d'accroître son nombre d'électeurs et son influence politique. Mais, en Basse-Bretagne, sa région natale, il obtient des scores faibles et ne progresse pas, sauf sur le littoral. L'analyse des résultats dans le département du Finistère met en évidence les facteurs historiques et socio-économiques qui expliquent cette résistance de la Bretagne bretonnante. Le caractère égalitaire des relations familiales et la forte activité professionnelle féminine jouent un rôle de premier ordre, dans un département où l'immigration étrangère est très faible. L'influence du catholicisme et l'identité culturelle bretonne semblent aussi constituer des raisons déterminantes qui expliquent la modestie des succès rencontrés par le FN. The "far-west" far from the far right the front national vote in finistere The 1995 Presidential election enabled J.-M. Le Pen to increase, at the national level, with 15 % of votes, the number of his supporters and his political influence. But, in Lower Brittany, the region where he was born, he registered law results and did not progress, excepted in the coastal areas. This article, based on an analysis of Finistère, results, highlights the historical and socio-economic factors which explain Lower Brittany's resistance. The equalitarian family relationships and the high rate of women's employment play a big role in a département where there are very few foreign immigrants. The influence of Catholicism and the cultural identity of Brittany also seem to contribute strongly to the low score of the FN.
    • La dynamique référendaire : pourquoi les Canadiens ont-ils rejeté l'Accord de Charlottetown ? - Richard Johnston, Elisabeth Gidengil, Neil Nevitte, André Blais p. 817-830 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La dynamique référendaire: pourquoi les canadiens ont-ils rejeté l'accord de charlottetown ? Le texte propose une analyse du comportement des Canadiens lors du référendum sur l'Accord de Charlottetown, en octobre 1992. L'étude démontre que le moment clé de la campagne a été un discours percutant de l'ancien Premier ministre Pierre-Elliott Trudeau, qui a eu pour effet de légitimer le «Non» chez un grand nombre d'électeurs canadiens-anglais qui étaient jusqu'alors résignés à voter Oui même s'ils n'aimaient pas plusieurs aspects de l'Accord. L'étude montre également que les électeurs plus scolarisés et plus informés ont davantage appuyé l'Accord. Il semble que les électeurs plus informés ont adopté une perspective plus « deliberative » et que le Oui aurait récolté un peu plus de votes si les électeurs avaient été plus informés. Cet effet fut cependant mince. La majorité des Canadiens anglais étaient peu disposés à faire des concessions au Québec et le caractère complexe de l'Accord n'a pas été un facteur déterminant.
      The referendum dynamics : why did canadians reject the charlottetown accord ? The paper examines voting behaviour in the October 1992 Canadian referendum on the Charlottetown Accord. The study shows that the key event of the campaign was a forceful speech by former Prime Minister Pierre-Elliott Trudeau, which made the "No" vote legitimate among English Canadians who were until then resigned to vote Yes even if they did not like many elements of the Accord. The study also shows that better educated and informed voters were more supportive of the Accord. It appears that the better informed adopted a more deliberative approach and that the Yes would have obtained more votes if voters had been better informed. This made only a small difference, however. The majority of English Canadians were unwilling to make concessions to Quebec, and the complexity of the Accord was not a major factor in the defeat.
  • Lectures critiques

  • Revue des revues - p. 845-848 accès libre
  • Informations bibliographiques - p. 849-872 accès libre
  • Résumés des articles/ abstracts - p. 873-875 accès libre