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L'analyse des politiques publiques a souvent conduit à décrire l'action publique comme la résultante de dynamiques aléatoires, plus ou moins maîtrisées par les acteurs politiques et débouchant sur des variations marginales des principes et des dispositifs. En prenant l'exemple des politiques du livre, il apparaît cependant que la conjonction de facteurs favorables alimente parfois des changements substantiels. La crise de l'édition dans les années 1970, la désorganisation des règles de fonctionnement du secteur, ainsi que l'évolution des perceptions attachées à l'objet lui-même ont pu produire en effet une crise de politique (la remise en cause de l'action traditionnelle centrée sur la lecture), la mobilisa­tion des intérêts et des acteurs concernés, et enfin, I'activation du champ politique autour d'un problème précis, le prix du livre, construit par une représentation spécifique du milieu, «le livre n'est pas un produit comme les autres». Au-delà de l'action collective, c'est ici la transformation de la conjoncture et des dynamiques politiques lors de l'alter­nance de 1981, qui permit une variation de l'action étatique grâce à l'ouverture d'une «fenêtre politique » élargissant la marge de manœuvre du gouvernement.

Boris Eltsine a été réélu le 3 juillet président de la Fédération de Russie, à l'issue du second tour. Grâce à une campagne efficace et inéquitable, il a réussi à opérer une très forte remontée dans les intentions de vote. 40 % des votants ont tout de même préféré son rival communiste, Guennadi Ziouganov, et près de 5 % ont voté « contre les deux candi­dats ». La Russie est divisée entre ceux qui peuvent s'adapter aux changements et les lais-sés-pour-compte. Les cartes des résultats montrent que la géographie électorale s'est confirmée depuis les scrutins de 1993 et les législatives de décembre 1995. La Russie vote et s'exprime. Le suffrage universel s'est imposé comme la grande contrainte démocratique à laquelle les dirigeants ne peuvent se soustraire.