Contenu du sommaire : Reconstructions de la sociologie française, 1945-1960
Revue | Revue Française de Sociologie |
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Numéro | 1991, 32-3 |
Titre du numéro | Reconstructions de la sociologie française, 1945-1960 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Présentation - Philippe Besnard p. 319-320
- La seconde fondation de la sociologie française, les Etats-Unis et la classe ouvrière - Jean-Michel Chapoulie p. 321-364 L'article étudie les recherches empiriques réalisées dans un cadre universitaire par les premiers chercheurs à revendiquer l'étiquette de « sociologue », et plus particulièrement les recherches entreprises dans l'entourage de Georges Friedmann entre 1945 et 1955. L'investigation repose principalement sur des témoignages a posteriori et l'examen des comptes rendus de recherches publiés. L'analyse est centrée : a) sur l'élaboration d'une formule de recherche, avec ses modes de documentation (avec une insistance particulière sur l'observation in situ), d'exploitation de celle-ci et de rédaction des comptes rendus ; b) sur la relation avec les recherches extérieures à la discipline et même à l'université ; c) sur le contexte intellectuel et socio-politique de l'époque à travers lequel s'est exercée l'influence des recherches sociologiques américaines, notamment en matière de démarches de recherche. L'article dégage la configuration singulière de facteurs qu'il faut prendre en compte pour rendre intelligibles des recherches qui prétendent à une étude « objective » de la société.Jean-Michel Chapoulie : The second founding of French sociology, the United States and the working class. This article examines empirical studies carried out in a university environment by the first research scientists claiming to be "sociologists", and more particularly, the studies led by George Friedmann between 1945 and 1955. The investigation is based on evidence a posteriori and reports made on published research work. The analysis concentrates a) on the elaboration of a research formula, including documentary methods (insisting essentially on in situ observation), the way it is used and the writing of reports ; b) on the relation with research work in different disciplines and not necessarily within a university environment ; c) on the intellectual and sociopolitical context over the period during which there was this influence from American sociology research work, especially in the approach to research. The article defines a distinct configuration of factors to be taken into account in order to give an intelligible nature to research work, maintaining that it is producing an "objective" study of society.
- Pionniers par défaut ? Les débuts de la recherche au Centre d'études sociologiques (1946-1960) - Johan Heilbron p. 365-379 Malgré une autonomie apparente, la première génération de sociologues français après 1945 souffrait d'une double exclusion. Exclus du champ intellectuel et du champ universitaire, ils ne faisaient pas non plus partie de l'univers de la recherche professionnelle au service de l'Etat (représenté par l'INSEE et l'INED). Les travaux sociologiques ne résultaient pas d'un projet précis ou d'une vocation déterminée, mais constituaient une réponse hésitante et ambiguë aux tensions presque insurmontables entre ces deux mondes, entre l'engagement et l'expertise, entre Sartre et la statistique.Johan Heilbron : Pioneers by default ? The first research work at the Centre d'Etudes Sociologiques (Centre of Sociological Studies) (1946-1960). Despite their apparent autonomy, the first generation of French sociologists in 1945, were excluded from both intellectual circles and university groups. Neither were they considered part of the professional research groups working for the State (ex. INSEE - National Institute for Statistics and Economic Studies - and INED - National Institute for Population Studies). Sociology work was not the result of a precise project or decided vocation, but rather a hesitant, ambiguous response to insurmountable tensions between these two worlds ; between commitment and expert evaluation, Sartre and statistics.
- Les premières années du Centre d'études sociologiques (1946-1955) - Jean-René Tréanton p. 381-404 Créé par le CNRS en 1946, le Centre d'études sociologiques a joué un rôle important dans le nouveau départ de la recherche au lendemain de la dernière guerre. Renonçant très vite à un programme trop ambitieux, qui en aurait fait la préfiguration d'une Faculté de sciences sociales, il a mis l'accent sur la formation des chercheurs, à qui il a procuré un instrument de travail sans équivalent à Paris. Sa bibliothèque et son centre de documentation ont permis à toute une génération de se familiariser avec les travaux étrangers, en particulier américains, et de poser les premiers jalons d'enquêtes sur le terrain qui donneront une tournure plus empirique à la sociologie française, contribuant ainsi à diffuser le point de vue sociologique dans le climat intellectuel des années 1950. Faut-il pour autant parler d'une « nouvelle sociologie » ? Plutôt qu'une rupture, il est permis d'y voir le prolongement d'un effort de réflexion et de méthode qui était déjà apparent durant l'entre-deux-guerres et que le conflit mondial n'avait fait qu'interrompre.Jean-René Tréanton : Early years at the Centre of Sociological Studies (1946- 1955). Founded by the Centre National de la Recherche Scientifique (National Centre for Scientific Research), the Centre of Sociological Studies played an important role in the development of research studies after the second world war. Not wanting to be judged as a Faculty of Social Science, they turned away from ambitious projects and invested their time in training research workers and developing tools for work, quickly proving to be a unique source of information in Paris. Both the library and the documentation centre have enabled a whole generation to become familiar with foreign works, especially American, and to open up the science of field surveys, giving greater empirical bearing to French sociology, helping to spread the sociologists' points of view within the intellectual climate of the 1950s. Is this to be classified as "New Sociology" ? Not a real break, but rather a certain progression in the ways and methods of thinking, already apparent between the two world wars and which was briefly interrupted by this world conflict
Document
- Le Centre d'études sociologiques en 1959 - Claudine Laude p. 405-409
- Comment rompre avec Durkheim ? Jean Stoetzel et la sociologie française de l'après-guerre (1945-1958) - Loïc Blondiaux p. 411-441 Entre 1945 et 1958, la redécouverte de la sociologie américaine et le renouvellement des cadres de la discipline suscitent différents projets de redéfinition des objectifs et des méthodes de la sociologie française. Parmi ces tentatives, celle de Jean Stoetzel apparaît comme l'une des plus originales et des plus révélatrices d'une volonté de s'éloigner de la tradition sociologique française, marquée par l'apport du durkheimisme. Différents facteurs liés à la fois à l'évolution générale de la discipline et à la trajectoire individuelle de Jean Stoetzel permettent d'éclairer ce discours qui s'articule autour de quatre énoncés majeurs : valorisation du travail de terrain, refus de la théorie, standardisation des procédures de recherche et promotion des techniques quantitatives. Au terme de cette présentation, la comparaison de cette vision avec d'autres définitions contemporaines de la discipline incite à en relativiser l'importance.Loïc Blondiaux : Breaking away from Durkheim ? Jean Stoetzel and French post-war sociology (1945-1958). Between 1945 and 1958 the rediscovery of American sociology and the new framework for this discipline led to the creation of a number of projects to redefine objectives and methods of French sociology. One of the most original projects was signed by Jean Stoetzel, and clearly revealed the desire to break away from the French Sociological tradition greatly influenced by Durkheim. A number of factors related to both the global evolution of the discipline and Jean Stoetzel 's own itinerary explain this project which comprises four main principles : valorization of field work, refusal of theory, standardization of research procedures and promotion of quantitative work techniques. Following this presentation the comparison of this vision with other contemporary definitions of this discipline prompts one to relativize its importance.
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- L'esprit de la sociologie contemporaine - Jean Stoetzel p. 443-456 Les idées de Stoetzel pour dépasser la sociologie de Durkeim et pour rejeter la culture philosophique.
- L'esprit de la sociologie contemporaine - Jean Stoetzel p. 443-456
Notes critiques
- Sociologie de l'éducation et sociologie de l'enquête : réflexions sur le modèle universaliste - François Héran p. 457-491 Depuis une quinzaine d'années, les spécialistes français des sciences de l'éducation suivent attentivement les tendances de la recherche dans les pays anglo-saxons. Trois publications récentes donnent l'occasion d'apprécier cette évolution : la synthèse critique de Jean-Claude Forquin sur les sociologues britanniques de l'éducation, le recueil des notes de synthèse publiées depuis dix ans par la "Revue française de pédagogie" et la présentation didactique que donne Alain Coulon de l'ethnométhodologie avec un fort accent sur l'observation du monde scolaire. A la lecture de ces ouvrages, un parallèle s'impose entre les controverses que soulève la diversité des méthodes d'éducation (l'école doit-elle être coupée de la communauté ? peut-on transmettre à tous un trésor culturel commun ? faut-il des programmes séparés selon les publics ?) et celles que soulève la diversité des méthodes ? observation (l'enquête quantitative est- elle réductrice ? l'ethnographie échappe-t-elle aux contraintes de l'objectivation ? l'approche « ethnométhodologique » peut-elle saisir la portée du modèle universaliste incarné aussi bien par notre système scolaire que par les grandes enquêtes ?).François Héran : Educational survey : reflections on the universalistic model. For the last fifteen years, French specialists in educational sciences have been carefully following research tendencies in Anglo-Saxon countries. Three recent publications clearly demonstrate their evolution : a critical synthesis by Jean-Claude Forquin on British sociologists of educational science, a collection of synthesis notes published by the "Revue française de pédagogie" (French Teaching Review) over the last ten years, and a didactical presentation given by Alain Coulon on ethnomethodology, insisting strongly on observation in the school environment. A parallel must be drawn between the controversy that exists as regards the diversity in teaching methods (Should the school be cut off from the community ? Must programmes vary according to the type of public ?) and that existing as regards the diversity in observation methods (Does a quantitative survey reduce reality ? Is ethnography free from the constraints of objectivization ? Is the ethnomethodological approach capable of measuring the bearing of the universalist model existing in both our educational system and in large-scale surveys ?).
- La sociologie en manuels - Philippe Besnard p. 493-502
- Sociologie de l'éducation et sociologie de l'enquête : réflexions sur le modèle universaliste - François Héran p. 457-491
- Sommaires des numéros thématiques consacrés à l'histoire de la sociologie française - p. 503-506
- Résumés (anglais, allemand, espagnol) - p. 507-512