Contenu du sommaire : Regards croisés sur l’extrême droite en Europe
Revue | Revue internationale de politique comparée |
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Numéro | vol. 12, no 4, octobre 2005 |
Titre du numéro | Regards croisés sur l’extrême droite en Europe |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
In memorian Jean-François Médard - Dossier : Regards croisés sur l'extrême droite en Europe
- Coodination : Yves Déloye p. 403- Avant-propos - Yves Déloye et Yannis Papadopoulos p. 405
- Introduction - Hanspeter Kriesi p. 407
- Unis contre la mondialisation ? Une analyse de la convergence programmatique des partis populistes de droite européens - Simon Bornschier p. 415 Cet article considère la croissance des partis populistes de droite comme un des éléments d'une transformation plus large des systèmes de parti européens, due à l'émergence d'enjeux liés à l'identité, et comme un contre-mouvement à la gauche libertaire. Bien que la mondialisation ne soit pas à l'origine du développement de ces partis, elle catalyse le potentiel culturel et économique que ces partis mobilisent. On peut donc s'attendre à ce que les orientations programmatiques des partis populistes de droite convergent. La partie empirique de cet article examine cette proposition au travers de l'analyse comparée de l'espace politique de l'Autriche, de la France, des Pays-Bas et de la Suisse.This paper considers the growth of right-wing populist parties as one of the elements in a broader transformation of European party systems, resulting from the emergence of issues related to identity and as a counter-reaction to the libertarian left. Although globalisation is not at the origin of these parties' development, it is the catalyst for the cultural and economic forces which these parties mobilise. We may therefore expect the orientations of the right-wing populist parties' programmes to converge. The empirical section of this paper examines this assertion, through a comparative analysis of the political arena in Austria, France, the Netherlands and Switzerland.
- Les enjeux de l'adaptation de l'extrême droite aux revendications sociales de l'Allemagne de l'Est : le face à face protestataire de la DVU et du PDS - Johana Edelbloude p. 433 Dans la stratégie de conquête des nouveaux Länder issus de l'ex-RDA, la DVU se distingue des autres partis d'extrême droite par le succès rencontré aux élections régionales de Saxe-Anhalt en 1998. Elle livre une âpre concurrence aux néo-socia-listes du PDS sur le terrain protestataire de la défense de la justice sociale, chère aux Allemands de l'Est. Le caractère répandu de certaines convictions d'extrême droite dans les nouveaux Länder pourrait remettre en cause le rôle de rempart contre l'extrême droite joué par le PDS. En substance, l'analyse renvoie à des questions classiques de la sociologie politique comme la légitimité, la représentation et la domination.In its strategy to conquer the new German Länder resulting from the former GDR, the DVU distinguishes itself from the other far-right parties through its success in the Saxe-Anhalt elections in 1998. It bitterly competed with the neo-socialists of the PDS in the confrontational field of the defence of social justice, so dear to Eastern Germans. Certain widespread, extreme right-wing convictions in the new Länder could challenge the PDS's role of blocking the right-wing extremist vote. Classic issues of political sociology such as legitimacy, representation and domination are analysed here.
- Visages et usages de l'"extrême droite" en Italie. Pour une analyse relationnelle et non substantialiste de la catégorie "extrême droite" - Stéphanie Dechezelles p. 451 Les mots “droite”et “extrémisme”constituent des catégories autant employées que dissensuelles et subjectives. En Italie le seul substantif “droite”( destra) a suffi à désigner et stigmatiser la droite de descendance fasciste depuis 1945. Mais l'accession au pouvoir ( 1994,2001) des alliés de S.Berlusconi, Alleanza Nazionale et Lega Nord, rangés à l'“extrême droite”malgré leur substrat idéologique différent et le positionnement clivé de leurs militants sur l'échelle “gauche-droite”, invite à questionner la logique classificatoire et le taxon “extrême droite”. Ce dernier apparaît problématique lorsqu'on l'utilise comme catégorie d'entendement substantialiste ou homogène. Il gagne donc à être inscrit “en contexte”synchronique et “à distance”diachronique. Cette double opération fait alors apparaître son caractère labile et mobile, qui en fait tantôt une ressource, tantôt une contrainte dans le jeu des étiquettes entre acteurs. L'article s'intéresse particulièrement aux jeunes militants d'Alleanza Nazionale et de la Lega Nord et éclaire les divers phénomènes de transferts/transfuges à l'œuvre de l'une, en phase d'institutionnalisation et de respectabilité, vers l'autre, lancée dans un discours radical de la xénophobie et de l'ordre moral.The words “right”and “extremist”are categorisations which are as widely used as they are subjective and cause dissension. In Italy, the noun “right”(destra) sufficed to designate and stigmatise the right-wing party of fascist descent since 1945. But the rise to power (in 1994 and 2001) of the allies of S. Berlusconi, Alleanza Nazionale and Lega Nord, positioned at the “far right”in spite of their disparate underlying ideologies and the divided positioning of their militants on the “left-right” scale, calls into question the classification logic and taxonomy of “far right”. The term appears to be problematic when used to mean a substantialist or homogenous category. It is therefore worthwhile to place it in a synchronic “context”and a “remote”diachronic. This twofold operation then reveals its labile, mobile nature, which sometimes constitutes an asset, and at other times a constraint in the interplay of labels between the actors. The paper focuses particular attention on the young militants of Alleanza Nazionale and the Lega Nord, highlighting the various phenomena of transfers/defections operating from the one, in a phase of institutionalisation and respectability, to the other, engaged in a radical discourse of xenophobia and moral order.
- Le Monde des militants d'extrême droite en Belgique, en France, en Allemagne, en Italie, et aux Pays -Bas - Bert Klandermans p. 469 À partir d'une enquête comparative menée à l'aide d'histoires de vie dans cinq pays (Allemagne, Belgique, France, Italie, Pays-Bas), auprès de militant(e)s d'extrême droite, cet article montre que le trait commun, qui structure leur identité politique, est la stigmatisation dont ils font l'objet. Prenant l'exemple des Pays-Bas, où celle-ci atteint son paroxysme, les auteurs montrent comment les stratégies de réponse des militants, qui vont de la négation au retournement du stigmate, varient en fonction de leurs trajectoires d'entrée dans le mouvement, selon qu'elles sont vécues sur le mode de la continuité, de la conversion ou de la dépendance.Based on a comparative survey conducted using the personal experiences of far right militants in five countries (Germany, Belgium, France, Italy and the Netherlands), this article shows that the common factor, which structures their political identity, is the stigmatisation to which they are subject. The example of the Netherlands, where it has reached its paroxysm, is taken by the authors to show how the militants' response strategies, which range from negation to reversal of the stigma, vary according to the trajectories by which they joined the movement and whether they perceive it in terms of continuity, conversion or dependence.
- La professionnalisation des partis "populistes" en Europe : une comparaison entre le mouvement polonais Samoobrona et le Dansk Folkeparti - Frédéric Zalewski p. 487 Cet article s'attache à une analyse des facteurs spécifiquement politiques de réussite de deux partis labellisés “populistes” en Europe: le Dansk Folkeparti au Danemark et le mouvement Samoobrona en Pologne. Nouveaux entrants dans les jeux politiques, ces deux partis travaillent à construire leurs ressources de manières à occuper une place centrale dans les jeux politiques: partisanisation de leur organisation, professionnalisation accrue, politisation de causes les distinguant de la concurrence. En resituant la causalité dans des logiques politiques d'accès aux arènes politiques “officielles”, cet article pose que les partis “populistes” sont justiciables des mêmes approches que les partis ordinaires, en rupture avec les interprétations dominantes du succès de ces partis.This paper aims to analyse the specifically political factors of success of two socalled “populist” European parties : the Dansk Folkeparti in Denmark and the Samoobrona movement in Poland. As new arrivals in their respective political landscapes, these two parties are striving to build up their resources in order to occupy a central position in the political arena: generating loyalty to their organisation, increased professionalisation and politicisation of causes which differentiate them from their rivals. By restoring causality to the political logics of access to “official” political arenas, this article postulates that these “populist” parties are making use of the same approaches as ordinary parties, breaking with the dominant interpretations of their success.
Article
- L'analyse comparée des politiques publiques. Méthodes et principes vécus - Emmanuel Négrier p. 503 L'objectif de cet article est de rendre compte du lien qui s'opère au concret entre méthodes et théories de la comparaison. Il met celles-ci à l'épreuve du terrain, à partir de plusieurs récits de comparaison de politiques publiques qui ont associé méthodes quantitatives et qualitatives. Leur combinaison renvoie à des processus concrets dont la complexité est le plus souvent occultée dans la présentation des résultats. Entre l'épistémologie et les conclusions raisonnées, une part fait souvent défaut, celle de l'apprentissage de la comparaison, de ses incertitudes, doutes et difficultés de tous ordres. Cette dimension du comparatisme, avec ses apories et opportunités, est pourtant cruciale pour l'analyse des objets “en train de se construire” que sont les politiques publiques. La nécessité d'un cadre méthodologique part de la distinction opérée par Charles Ragin, qui pose la plupart des questions que la pratique doit affronter. Ensuite, les différentes étapes de recherches sont présentées. Elles sont fondées sur plusieurs dimensions (internationale, intranationale) du comparatisme. Les leçons tirées de l'expérience comparatiste nous conduiront enfin à mettre en évidence les stratégies de déplacement et de trahison qui, paradoxalement, unissent les objets, perceptions et méthode de l'analyse comparée.The aim of this article is to assess the link that occurs in practice between methods and theories of comparison. It puts these to the test in the field, based on several experiences of comparison of public policies that have combined quantitative and qualitative methods. Their combination refers to actual processes whose complexity is generally obscured in the presentation of the results. Between the epistemology and the reasoned conclusions, a component is often lacking: that of the concrete learning of the comparison, of its uncertainties, doubts and all manner of difficulties. This dimension of the comparative research, its aporias and opportunities, is nevertheless crucial for the analysis of these objects “under construction” that are public policies. The need for a methodological framework arises from the distinction made by Charles Ragin, who asks most of the questions that have to be considered in practice. The various stages of the investigations are then presented, based on several dimensions (international, intra-national) of comparative research. Finally the lessons drawn from the comparative experience will lead us to highlight the strategies of displacement and misrepresentation which, paradoxically, unite the subjects, perceptions and methodology of comparative analysis.
- L'analyse comparée des politiques publiques. Méthodes et principes vécus - Emmanuel Négrier p. 503
Notes bibliographiques
- Voter en Afrique. Comparaisons et différenciations, de Patrick Quentin - Olivier Dabène p. 525
- Constitutional Origins, Structure, and Change in Federal Countries, de John Kincaid and G. Alan Tarr - Julian Thomas Hottinger p. 527