Contenu du sommaire
Revue |
Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques |
---|---|
Numéro | No 45, 1993 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Introduction
- Les cycles économiques - Jean-Paul Fitoussi, Philippe Sigogne p. 5-8 En 1993, la croissance française sera pratiquement interrompue. Les taux d'intérêts restent trop élevés, et la zone OCDE attend la reprise pour épurer les déficits. (Tableaux,Graphiques).
- Les cycles économiques - Jean-Paul Fitoussi, Philippe Sigogne p. 5-8
I. Développements théoriques et approche conjoncturelle
- Les théories contemporaines de la croissance - Pierre-Alain Muet p. 11-51 Cet article présente un panorama des théories contemporaines de la croissance depuis les réflexions d'Harrod et Domar jusqu'aux théories de la croissance endogène développées ces dernières années. Ce qui allait devenir le modèle de base des théories de la croissance était initialement une interrogation relativement pessimiste sur les possibilités d'une croissance équilibrée de plein-emploi. Entérinant la stabilité de la croissance qui succéda aux périodes de reconstruction, la théorie économique s'attachera par la suite à décrire les mécanismes susceptibles de conduire à une croissance assurant le plein-emploi. Pour la théorie néoclassique, c'est la flexibilité des techniques de production qui permet de maintenir le plein-emploi. Dans les modèles d'inspiration « post-keynésienne » la flexibilité résulte au contraire de l'impact des variations de la répartition des revenus sur le taux d'épargne. Les années soixante verront se développera la fois les prolongements théoriques et empiriques du modèle néoclassique : optimalité des régimes de croissance, modèles à générations de capital, analyse des facteurs de la croissance à long terme. Les déséquilibres engendrés par les chocs pétroliers vont conduire à une disparition quasi complète des théories de la croissance, du moins dans les préoccupations des théoriciens. La seule innovation importante est l'intégration explicite des déséquilibres dans les modèles de croissance antérieurs. La fin des années quatre- vingt marque au contraire la renaissance de ces théories avec les théories de la croissance endogène. Le modèle néoclassique et ses prolongements ultérieurs décrivaient bien le rôle de l'accumulation du capital dans le processus de croissance, mais en raison des rendements décroissants du capital, la croissance ne se maintenait à long terme que par la présence de facteurs exogènes tels que l'augmentation de la population et le progrès technique. Pour engendrer une croissance entretenue, il fallait abandonner l'hypothèse de rendements décroissants des facteurs de production accumulables. Mais alors se pose le problème des rendements croissants de l'ensemble des facteurs de production et sa compatibilité avec l'existence et l'optimalité de l'équilibre concurren- tiel. Dans les modèles de croissance endogène, les rendements constants des facteurs accumulables résultent presque toujours d'externalités positives engendrées par le processus de croissance. De ce fait, l'équilibre concurrentiel existe, mais n'est pas socialement optimal : le rythme de croissance est plus élevé lorsqu'il résulte d'une planification centralisée des ressources plutôt que de l'optimum des agents individuels. Il reste cependant un long chemin à parcourir pour confirmer ou infirmeries conclusions les plus controversées auxquelles conduisent ces nouvelles théories. La politique économique modifie-t-elle seulement transitoi rement le rythme de croissance, comme le suppose la théorie traditionnelle ou durablement comme le suggèrent les théories de la croissance endogène ? Il faudra sans doute de longues années pour que les théories récentes conduisent à des résultats empiriques suffisamment robustes pour guider les politiques économiques.Contemporary Theories of Economic Growth Pierre-Alain Muet This paper presents a survey of contemporary theories of economic growth, ranging from the works of Harrod and Domar to the theory of endogenous growth developed more recently. What was to become the basic model behind growth theories began as a rather sceptical enquiry into the possibility that growth was able to generate full employment. Recognizing that stable growth can be maintained, economic theory went on to explain the different factors contributing to a growth rate which would assure full employment. For neo-classical theory, flexibility of production techniques allows full employment to be maintained, whereas, in post-Keynesian models, this flexibility is a result of the effect of changes in income distribution on the savings rate. In the seventies, neo-classical models were extended theoretically and empirically: optimal growth regimes; capital vintage models; and the analyses of factors generating long term growth. The disequilibria bequeathed by the oil shocks led to a stagnation of growth theories in the 70s. The only important innovation of that period was the integration of desequilibrium theory with the earlier theories of economic growth. In contrast, the end of the 80s saw the re-birth of these theories, led by models of endogenous growth. The neo-classical model and its extensions well described the role of capital accumulation in the process of economic growth; however, because of decreasing returns to capital, economic growth could only be maintained in the long run by exogenous factors such as technological progress and population growth. To maintain steady growth, the assumption of decreasing returns to accumulated factors of production had to be abandoned. But this raised the problem that increasing returns to factors of production is incompatible with the existence of an opjimaicompetitjve equilibrium. In endogenous growth models, increasing returns almost always result from positive externalities arising from growth. Therefore, a competitive equilibrium can exist, although it is not a social optimum: a central planner who optimizes resources generates a higher growth rate than optimizing individual agents. There still remains a long road ahead before confirming or discarding some of the more controversial conclusions of these new theories. Does economic policy change the growth rate only temporarily — as conventional wisdom assumes — or can it do so permanently — as endogenous growth theory suggests? It will probably take a long while before the recent theories yield results which are robust enough empirically to guide economic policy.
- Modèles d'équilibre et de déséquilibre dans les théories contemporaines des cycles - Pierre-Alain Muet p. 53-93 revanche ambigu sur le travail de Robinson : l'augmentation de richesse lui permet de consommer plus aujourd'hui en travaillant moins, mais il a aussi intérêt à travailler plus aujourd'hui, puisque la cueillette est aisée, et moins demain où elle sera plus difficile. Si ce second effet l'emporte, l'investissement, la consommation et l'emploi fluctueront en phase avec la production, dans l'île, et donc dans l'économie réelle. En particulier, le chômage (loisir de Robinson) diminuera dans les phases d'expansion et augmentera dans les phases de récession, pour le plus grand bonheur de Robinson. Si ces modèles arrivent à reproduire les fluctuations des principales grandeurs macroéconomiques, c'est en grande partie parce que la variable qui sert généralement à mesurer les chocs technologiques, le « résidu de Solow », reflète très largement les fluctuations de la demande. La conclusion plaide pour une approche non mécaniste des fluctuations économiques qui peuvent résulter aussi bien de chocs de demande (dans les années soixante) que de chocs d'offre (dans les années soixante-dix et quatre-vingt) et conduire de ce fait à des dynamiques contrastées.Equilibrium and Disequilibrium Models in the Theory of Business Cycles Pierre-Alain Muet This article examines the contributions of equilibrium and disequilibrium models to the understanding of economic fluctuations. In disequilibrium models, short-run price and wage rigidities lead to quantity adjustments which cause economic fluctuations. Capital accumulation plays, via multiplier-accelerator effects, a fundamental role in business cycles, as illustrated by studies of dynamic econometric models and the adequacy of this simple model to the cyclical pattern of macroeconomic variables. The dynamics of price and quantity, that is, the response of prices, wages and interest rates to market disequilibria and their impact on demand, constitute the other elements of disequilibrium dynamics. In the mid-sixties, a theory of fluctuations was developed based on the assumption that markets were in a permanent state of equilibrium. In the early models of the new classical theory, departures from stationary equilibria were caused by unanticipated nominal shocks which thus had real temporary economic effects. But the most original developments of the application of rational expectations to business cycle theory were bubbles and the fact that extra-economic speculative phenomena, such as sunspots, can influence economic fluctuations. The most recent reincarnation of equilibrium models, the theory of real business cycles, interprets economic fluctuations as the optimal reaction of economic agents to technological shocks. Its main contribution only appears to be the new methodology which it fostered. We illustrate the economic mechanisms by the story of Robinson Crusoe. What happens if there is an abundance of coconuts today? If the shock is temporary, Robinson should invest (use the nuts to plant coconut trees) to be able to consume more tomorrow. Its impact is, however, ambiguous on the work of Robinson: the increase in wealth allows him to consume more today and work less, but, on the other hand, he should work more today as it is easy and less tomorrow as it will be harder. If the second effect dominates, investment, consumption and employment are procyclical on the island and thus in the real economy. In particular, unemployment (Mr. Crusoe's leisure) diminishes in the phases of economic expansion and increases during recessions, to Robinson Crusoe's joy. If these models are able to reproduce the fluctuations of the main macroeconomic variables, it is because the variable which serves to measure technological shocks — the Solow residual — largely reflects demand fluctuations. The conclusion calls for a non-mechanical approach to economic fluctuations which could be the result of demand (as in the sixties) or supply (as in the seventies) shocks and thus lead to different dynamics.
- Eléments pour une approche endogène des retournements conjoncturels - Jacques Adda, Philippe Sigogne p. 95-158 Aujourd'hui l'hypothèse fréquemment retenue est que les cycles sont le résultat de la propagation dans le système économique de chocs de nature exogène. L 'hypothèse alternative retenue ici est que les cycles sont avant tout le produit de l'instabilité naturelle des économies de marché. N'étant pas à l'origine des fluctuations cycliques, les chocs exogènes auraient plutôt tendance à altérer leur régularité. L 'objet de ce travail est de cerner les mécanismes à l'œuvre dans les phases de retournement conjoncturel : entrée en récession et reprise d'activité. L'étude est menée en deux temps. D'abord les principales variables non exogènes sont situées par rapport aux cycles de référence des deux économies analysées sur la période 1972-1991 : les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Ensuite on propose une interprétation de la dynamique endogène du cycle conjoncturel centrée sur l'articulation entre tensions physiques, conflit de répartition et tensions financières. Il ressort de la phase d'analyse que, si l'investissement productif est bien le principal vecteur de l'ampleur des fluctuations, il n 'est pas pour autant le déclencheur habituel des retournements conjoncturels. Les agents économiques se comportent sans connaître a priori le meilleur sentier de croissance, lequel est donc testé par tâtonnements successifs. Les projets d'accumulation revêtent un aspect auto- entretenu tant que les pénuries ne sont pas vivement ressenties. Le blocage intervient lorsque certains acteurs ne peuvent plus surenchérir pour s'approprier les rares facteurs de production physiques ou financiers, encore disponibles. De même la chute d'activité s'amortit en resolvabilisant les acheteurs les uns après les autres. Les retournements macro-économiques se construisent ainsi sur les disparités de situations micro-économiques. Le comportement d'épargne des ménages apparaît essentiel pour initier ces retournements. La montée de l'épargne en valeur dans la période de blocage prérécessionniste s'accompagne d'une baisse de volume de l'investissement logement, ce qui souligne le rôle joué par les distorsions de prix relatifs entre capital et travail aux extrémités du cycle. Plus généralement l'excès de valeur immobilisée dans les biens capitaux en haut du cycle précipite le retournement. Symétriquement la dévalorisation des actifs peu reproductibles est la condition de reprise de l'activité courante.Elements for an Endogenous Approach of Recessions and Revivals Jacques Adda, Philippe Sigogne Today cycles are most frequently assumed to be the outcome of the propagation of exogenous shocks through the economic system. We assume here alternatively that cycles are primarily due to the natural instability of market economies. Far from generating cyclical fluctuations exogenous shocks would rather alter their regularity. The purpose of this work is to grasp the working of turning phases : recessions and revivals. The study is twofold. First the main non exogenous variables are compared to the reference - cycles of two economies, for the period 1 972-1 991 : the United States and the United Kingdom. Then an endogenous dynamic process of business cycles is propounded, based upon the interaction of physical tensions, conflicts of income distribution and financial tensions. The analysis phase stresses the role of productive investment as the main vector of the amplitude of fluctuations, though not the usual trigger of turning points. Economic agents behave without knowing ex ante the best path of growth, which is accordingly tested through successive trials. The piling up of physical capital follows a self-sustained process as long as shortages are not strongly felt. The increasing saturation induces the recession when some actors can no longer bid up to obtain the rarefied inputs, physical or financial. Similarly the drop of activity cushions itself as it makes solvent more and more potential buyers. Macroeconomic turning phases are thus built on disparities of microeconomic situations. The saving behaviour of households looks essential to the understanding of these turning phases. The rise of nominal savings during the saturation phase goes along with a falling volume of residential investment, which underlines the role plaid by relative price distorsions of capital and labour at both turning points of the cycle. Broadly speaking, too much value locked in capital goods triggers the downturn. Symmetrically the capital losses of less reproductible assets are a prerequisite of any revival of current operations.
- Les théories contemporaines de la croissance - Pierre-Alain Muet p. 11-51
II. Instruments et résultats de l'analyse cyclique
- Décrire le cycle économique - Jacky Fayolle p. 161-197 Ce papier présente et commente les techniques descriptives d'analyse cyclique aujourd'hui utilisées par l'OCDE. L 'intérêt de ce corpus technique est double : la méthodologie en usage à l'OCDE, qui élargit et prolonge des techniques initialement développées par des auteurs américains du NBER (1), constitue une synthèse de travaux antérieurs, dont la tradition remonte jusqu'au début du siècle (2), et cette synthèse permet d'appliquer une méthode homogène à l'ensemble de la zone OCDE. On peut donc considérer cette méthodologie comme représentative de l'attitude pratique des conjoncturistes attentifs aux réalités cycliques et confrontés, en temps réel, à la caractéri- sation du moment du cycle en cours. Avant d'entrer dans la matière elle-même, l'introduction est consacrée à un énoncé rapide et interro- gatif des problèmes soulevés par la confrontation de cette tradition d'analyse cyclique et des nouvelles techniques d'analyse développées par l'économètrie des séries temporelles : il ne s'agit que d'un préambule pour un dialogue qui devrait être poursuivi et approfondi.Describing the Economic Cycle Jacky Fayolle This paper presents and comments the descriptive techniques currently used by the OECD in cyclical analysis. This set of techniques is interesting from at least two points of view. First, the methodology is based upon former research in the field, particularly that of the NBER, dating back to the beginning of the century; it synthesises and enlarges them. Second, this synthesis can be homogeneously applied to all OECD countries. Therefore, it can be considered as representative of the frame of mind of those economists who read the current economic developments as largely reflecting business cycles. The paper briefly starts by describing the questions raised by the confrontation of these traditional methods with the techniques recently developed in the field of time series'econometrics; this is only a first step in a dialogue that should go further on.
- Genèse des indicateurs cycliques, et maturation aux États-Unis - Philippe Sigogne, Véronique Riches p. 199-244 Les fluctuations économiques sont nées avec l'économie. Reconnues depuis des millénaires, elles ont été considérées comme des fatalités pendant toute l'ère préindustrielle, en raison de la prédominance de l'agriculture. Les prix, certains salaires, et les taux d'intérêt restèrent longtemps les seuls éléments chiffrés a vec quelque régularité. Les matériaux nécessaires à la mesure des fluctuations réelles n'apparurent qu'avec le développement des manufactures et de l'emploi salarié. Le cours des théories économiques a aussi reflété révolution des structures économiques. Bien souvent les économistes ont manqué de recul dans leurs tentatives d'explication, faute d'instruments statistiques établis sur la longue durée. Au milieu du XIXème siècle l'accent est mis sur les crises endogènes du capitalisme ; à la fin du siècle il porte sur les oscillations autour de l'équilibre. Ces réflexions, progressivement alimentées par le développement des statistiques monétaires et industrielles, donnent naissance au concept des cycles économiques. Les fluctuations sont alors classées selon leur durée et analysées en termes d'écart et de retour à une position d'équilibre de court et de long terme. La Grande dépression des années trente met un terme à une première génération d'indicateurs cycliques, coupables d'avoir mal anticipé la crise. Par réaction les nouvelles recherches refusent tout a priori théorique. Le NBER américain développe alors une analyse systématique des statistiques existantes sur la base d'une définition des cycles fondamentalement empirique. La notion de cycle des affaires est à présent inchangée depuis plus d'un demi-siècle. Elle a permis une datation historique peu contestable des cycles de référence puis une sélection d'indicateurs conformes au mouvement général des affaires dont la première liste remonte à 1937. Simultanément s'est développée une mesure du degré de diffusion du phénomène cyclique, sorte de précurseur des enquêtes de conjoncture. La publication des indicateurs cycliques commence avec les années soixante. Elle popularise les termes d'indicateurs avancés, coïncidents et retardés, puis en 1968 celui d'indice composite. Ce dernier connaît un succès médiatique qui nuit souvent à sa réputation, nombre d'utilisateurs voyant là un moyen commode de prévision sans réflexion. En réalité les indicateurs cycliques doivent être abordés en tant que système où cohabitent indices composites, indices de diffusion, et données exogènes au monde des affaires. Le système d'indicateurs a entériné par ses révisions successives les progrès des statistiques. Il constitue non seulement un tableau de bord conjoncturel complet mais aussi une synthèse des principaux enchaînements des actes économiques privés. Il semble par ailleurs bien résister aux mutations structurelles provoquées par la montée du tertiaire.Genesis of Cyclical Indicators, and their Maturation in the United States Philippe Sigogne, Véronique Riches Economic fluctuations were born with the Economy. Acknowledged since millenaries, they were considered as fatalities during all the preindustrial era, on account of a predominating agriculture. Prices, some wages, and interest rates were long the mere elements recorded with some steadiness. Materials required forgauging real fluctuations appeared only with the development of manufactures and wage earners. The flow of economic theories has also mirrored the evolution of economic structures. Quite often did the economists lack long term statistical data to build tentative explanations. Midway through the XIXth century endogenous crises of capitalism were pointed out ; at the end of the century the emphasis was on swings around the equilibrium. Fluctuations are then classified according to their duration and analysed as departures from and return to short and long term equilibrium. The Great Depression of the thirties put an end to a first generation of cyclical indicators, guilty of misanticipating the crisis. By opposition the new researches did exclude any theoretical a priori. The American NBER worked out a systematic analysis of existing statistics using a basically empirical definition of cycles. The idea of business cycles has stood unchanged for more than fifty years. It allowed for a hardly questionable dating of reference cycles, then a selection of indicators well conforming with business cycles. Their first list goes back to 1 937. Simultaneously a diffusion measure of the cyclical process, sort of forerunner of business surveys, was elaborated. Publishing of cyclical indicators begins with the sixties. It popularizes the words of advanced, coincident and lagging indicators, then in 1 968 this of composite index. This last one has achieved a mediatic success that prejudices its reputation, as many users take it as a convenient way of mechanical forecasting. Actually cyclical indicators must be handled as a system where composite indexes, diffusion indexes and data exogenous to the business sector cohabit. The system of indicators has ratified the improvement of statistics, through its successive updatings. It forms not only a complete set of business monitoring instuments but also sums up the main sequences of private economic doings. Besides it stands apparently well to structural change induced by a rising tertiary sector.
- Cycle réel, représentation VAR et ouverture de l'économie française - Catherine Bruno, Franck Portier p. 245-281 A la suite des travaux fondateurs de Kydland et Prescott (1982) et de Long et Plosser (1983), la théorie du cycle réel (Real Business Cycle theory) propose une explication des fluctuations macroéconomiques conjoncturelles utilisant comme cadre de référence théorique le modèle néoclassique de croissance. La modélisation RBC permet une représentation simplifiée et fortement spécifiée de l'économie, représentation généralement soumise à validation quantitative par le biais de simulations stochastiques. Deux extensions récentes du paradigme RBC retiennent plus particulièrement notre attention dans cet article : la première concerne la prise en compte de la dimension économie ouverte des économies occidentales modernes ; la seconde permet l'introduction de facteurs de production autres que le capital et le travail dans la fonction de production. Notre objectif est ici de concilier ces deux développements récents de la théorie du cycle réel en modélisant la France comme une petite économie ouverte (i.e. sans influence sur le taux d'intérêt mondial), important de l'énergie faiblement substituable au capital national et à un prix également exogène. Sur un plan empirique, nous développons deux techniques de validation du modèle théorique : nous procédons à des simulations stochastiques et comparons les moments d'ordre deux théoriques — issus du modèle — à ceux observés — issus des données. Cette méthode de validation est couramment utilisée par les théoriciensdircycle réel. Nous étendons cette méthddede validation courante à la comparaison des fonctions de réponse à un choc du modèle RBC avec les fonctions de réponse à un choc estimées selon une représentation vectorielle autorégressive (VAR). Les principales limites de ce travail nous semblent de deux ordres. D'une part, le problème technique de non-stationnarité du modèle linéarisé d'une petite économie ouverte a été résolu en supposant que les titres nationaux et étrangers n'étaient pas parfaitement substituables, et ce en intégrant négativement le niveau absolu du stock d'actifs étrangers à la fonction d'utilité. Une telle hypothèse, de parson caractère « ad hoc », devra être abandonnée au profit d'une spécification plus explicite dans nos travaux futurs. D'autre part, le caractère peu convaincant de la comparaison des réponses aux chocs RBC versus VAR pose un problème plus général du traitement de la tendance stochastique dans la littérature RBC et de l'articulation valide cycle-tendance qu'elle permettrait.Real Business Cycle, VAR Representation and the Openness of the French Economy Catherine Bruno, Franck Portier Two fruitful extensions of the RBC paradigm were recently developed. The first one concerns the open economy and is motivated by some empirical regularities in key international indicators:for instance, the strong correlation between savings (S) and investment (I) even if the degree of capital mobility is high and the character of the trade balance is countercyclical (ТВ). The second one concerns the introduction of other inputs into the production function, energy in particular. This extension is motivated by the major role that oil price shocks (pe) played over the last twenty years. In this paper, we combine these two extensions in order to replicate the French business cycle. We focus on international stylized facts (S-l, Pe-Y,TB-Y correlations) and on the empirical relevance of RBC model with technological shocks. Thus, we develop a theoretical model whose main characteristics are the following :the world real interest rate is exogenous, imported energy enters the production function, physical capital mobility is imperfect and financial asset substitutability too. This last assumption means that national agents prefer national assets: it is a convenient way of solving and simulating the RBC open-economy model. We then use two different techniques in order to validate the model :firstly, the comparison of observed and simulated second order moments and secondly the comparison of simulated impulse response functions with estimated VAR ones. The latter technique is new. It shows that the RBC model does not fit well the data, even though it performs well by the standards of the first technique.
- Décrire le cycle économique - Jacky Fayolle p. 161-197
III. Récurrences et transformations des comportements cycliques
Les cycles : éléments de comparaison internationale
- 1ère partie : La production manufacturière - Monique Fouet p. 285-341 Le présent article décrit les choix théoriques et statistiques qui fondent la méthode retenue ici pour décrire les cycles courts de l'activité économique: le cycle est conçu comme le rapport de l'indice à la tendance, celle-ci étant calculée par moyenne mobile. Ces cycles sont observés sur les décennies 60 à 80 pour 16 pays de l'OCDE. Des calculs de régularité inter et intra-cycles d'une part, d'intensité des cycles d'autre part, permettent de dresser une typologie des pays. Les économies anglo-saxonnes apparaissent comme nettement plus cycliques que les autres. La décomposition de la production manufacturière en trois secteurs confirme l'idée selon laquelle les biens d'équipement sont plus cycliques que les biens de consommation, mais meten lumière le retard systématique, atteignant plusieurs trimestres, des premiers sur les seconds.International Comparisons of Business Cycles Monique Fouet I: Manufacturing output Theoretical and statistical choices must be made in order to describe business cycles. The present paper explains why it was decided here to define a cycle as the ratio «index/long term moving average». Such cycles are observed from the early 60s to the late 80s for 16 OECD countries. Anglo-saxon economies appear as the most cyclical countries. The sectorial breakdown of manufacturing output confirms the usual assumption that equipment goods behave in a more cyclical way than consumption goods. But it also clearly shows that equipment goods lag behind consumption goods by at least two quarters.
- 2ème partie : Les comptes ressources-emplois - Monique Fouet p. 343-410 Cette seconde partie de l'article concernant les comparaisons internationales des cycles s'attache tout d'abord au rôle des différentes composantes de la demande intérieure privée dans le déroulement du cycle du Pib. Il analyse ensuite le rôle contra-cyclique, ou non, des dépenses publiques et du commerce extérieur. Les économies anglo-saxonnes apparaissent ici encore comme les plus cycliques, notamment du fait qu 'elles maîtrisent moins leurs fluctuations que des pays tels que le Japon ou l'Allemagne.II: National Accounts Using the methods described in the first part of the paper («manufacturing output»), the second one deals with Gdp cycles. The role of the various components of final internal demand on one hand, of the possibly counter-cyclical agregates (public expenditure and external trade) on the other, are compared through time and space. Once again the USA and the U.K. appear as the most cyclical economies, possibly because countries such as Japan and Germany manage short term fluctuations more efficiently.
- 1ère partie : La production manufacturière - Monique Fouet p. 285-341
- Cycles anciens - cycles modernes : l'exemple américain - Hervé Péléraux p. 411-442 La décennie quatre-vingt a été le théâtre aux Etats-Unis d'une phase de croissance particulièrement longue. Ce phénomène inhabituel a relancé un débat récurrent sur le processus de stabilisation de l'économie américaine, dont la fin de la deuxième guerre mondiale avait marqué le premier jalon. L 'absence de récession durant les années quatre-vingt signifie-t- elle qu'une nouvelle étape de ce processus a été franchie ? Il semble au vu des fluctuations persistantes de l'économie américaine, qui n'apparaissent pas immédiatement à la lecture du découpage en cycles tel que l'établit le National Bureau of Economie Research, que la réponse à cette question doive être négative. Durant les années quatre-vingt, le cycle n'a pas disparu. Il a été masqué par des chocs de nature exogène qui ont perturbé son déroulement et ont prolongé la phase d'expansion au delà de toute attente. Si l'on peut d'ores et déjà avancer que le cycle perdure, les changements institutionnels intervenus dans le mode de fonctionnement de l'économie laissent plutôt attendre son amplification dans l'avenir. La déréglementation joue à cet égard un rôle déterminant en affectant profondément les canaux de transmission de la politique monétaire qui se voit court-circuitée par une plus grande autonomie de la sphère financière. Les nouveaux modes de fonctionnement du marché du travail, impliquant une « décollectivisation » des décisions en matière salariale et une précarisation des emplois; déstabilisent les revenus salariaux dont la dépendance vis-à-vis de l'activité se trouve renforcée. Quand on aura constaté enfin que la politique budgétaire ne peut plus guère être que restrictive, que les réformes fiscales ont altéré la progressivité de l'impôt et qu'il ne faut pas attendre des changements structurels un effet modérateur systématique sur les fluctuations, on concluera alors que l'économie américaine est devenue moins stable et que tout concourt à en renforcer le caractère cyclique dans l'avenir.Old Cycles - New Cycles: the American Case Hervé Péléraux The eighties expansion period in the United States had been rather long. This unusual fact stimulated once again the debate, which had appeared at the end of World War two, about a possible stabilisation of the American economy. Does the absence of recession during the last decade signify that a new step in the progress toward economic stability had been reached ? Considering persisting fluctuations, which the National Bureau of Economic Research's chronology does not reveal, we can provide a negative answer. During the eighties the cycle had not vanished. It was hidden by shocks which disturbed its mechanism and extended the growth period beyond its usual lenght. In the opposite direction, larger fluctuations can be expected due to institutional changes in the way the economy works. Deregulation basically affects monetary policy's effectiveness which is crippled by a greater indépendance of the financial system. New labor market patterns, like the disappearing of collective négociation about wages and the emerging of precarious jobs, involve greater fluctuations of wage incomes whose link with economic activity is therefore strengthened. When we have ascertained that budgetary policy cannot be other than restrictive, that fiscal reforms have reduced tax progressivity and finally that structural changes in demand components do not smooth GNP fluctuations, we shall conclude that the American economy became less stable and will be more cyclical in the future.
- Cycles et trends d'épargne et d'investissement dans une économie moyenne et ouverte : le cas de la France - Jacky Fayolle p. 443-517 Le problème des rapports entre l'épargne et l'investissement est un vieux débat dans le monde des économistes, mais son intensité est variable et obéit aux rythmes cycliques qui gouvernent la nature des préoccupations macro-économiques. Ce débat est revenu sur le devant de la scène depuis quelques années, parallèlement au redémarrage de la croissance intervenu dans les grands pays industrialisés sur la seconde moitié des années quatre-vingt. On pourrait donc voir dans ce remake un événement de nature principalement conjoncturelle : les besoins et désirs d'investissement associés à la phase d'expansion de la seconde moitié de la décennie quatre-vingt ont fini, classiquement, par trop tirer sur la corde des financements et fait ainsi ressentir un déficit d'épargne. De plus, à la fin de cette période d'expansion, le choc spécifique des changements affectant les pays est-européens et révélant brutalement l'ampleur de leurs besoins de financement, aurait aggravé ces tensions. On notera cependant d'emblée que la polarisation récente du débat macroéconomique sur le thème de la pénurie d'épargne est, au premier degré, quelque peu paradoxal, au terme d'une décennie qui, par réaction aux excès antérieurs de l'économie d'endettement administrée, prétendait rétablir des incitations saines et puissantes à une épargne volontaire et stable par le retour en force et l'approfondissement des marchés financiers. Si le thème de la pénurie d'épargne a une certaine vérité, il témoigne en ce cas d'une mise en échec des réformes financières intervenues au cours des années quatfë-vihgtV On peut aborder la question des rapports de l'épargne et de l'investissement comme un problème de nature conjoncturelle, lié au déroulement habituel du cycle économique de moyenne période, et commenter sous cet angle les indicateurs conjoncturels disponibles. Cette manière de voir est cependant insuffisante pour rendre compte des évolutions intervenues durant les années quatre-vingt : ces évolutions relèvent aussi de « changements de régime » qui infléchissent ou modifient les trends apparents et ces changements interfèrent avec le cycle conjoncturel. Pour saisir l'originalité de la configuration macro-économique présente, il faut bien évidemment prendre en compte ces interférences et expliciter leur contenu. Interpréter les enchaînements des décennies quatre-vingt et quatre-vingt-dix comme le moment d'une interaction forte entre cycles de différente périodicité, courts et longs, parait alors une hypothèse de travail stimulante. L 'article est articulé en deux parties. La première s 'attache à fournir un schéma général des interactions entre épargne et investissement au cours du cycle conjoncturel. Elle examine les données françaises sur l'ensemble de l'après-guerre, situées dans leur contexte international, à la lumière de ce schéma. La seconde partie se concentre sur le rôle joué par les facteurs patrimoniaux et financiers dans les dynamiques cycliques à l'œuvre durant les décennies quatre-vingt et quatre-vingt-dix.Trends and Cycles of Savings and Investment in a Middle-Size Open Economy: the French Example Jacky Fayolle The relationships between savings and investment have long been debated among economists. The debate itself presents a cyclical behaviour largely related to macro-economic worries. It has been revived during the second half of the 80s, when economic growth reappeared in industrialised countries. Therefore one might be tempted to read the recent sequence of events as largely reflecting short term fluctuations: needs and demands of investment have expanded too far, eventually creating a shortage of savings which is the usual pattern of a business cycle. Furthermore, at the end of the expansion the shocks happening in eastern Europe suddendly made those tensions worse. But things are not that simple. To begin with, it is rather weird that the shortage of savings should be such an obvious worry at the end of a decade which was supposed to solve the problem: as a reaction to the excessive indebtedness of the 70s, financial markets have been deregulated in order to let incentives create a huge, stable, voluntary amount of savings. If savings really are scarce today, then it means that the financial reforms of the 80s are a failure. The relationships between savings and investment have of course something to do with business cycles: the traditional indicators in the field are relevant. But only to a certain degree. In order to explain what has been happening during the 80s, one must also look at the shifts of the long-term trends reflecting structural changes. The present period is original because on-going shifts combine with short-term cycles: the former, the latter, and the consequences of their interaction must be analysed to understand the situation of the early 90s.
- Summaries in English - p. 519-525