Contenu du sommaire : L'Europe et les enjeux de sécurité

Anciennes et nouvelles menaces : les enjeux de la sécurité en Europe. Après 1991, la stratégie classique en Europe, déterminée par un adversaire menaçant, a perdu en partie son sens et sa justification avec la disparition du bloc communiste et l'intégration progressive de l'Europe orientale dans la Communauté européenne. L'impression prévaut désormais que de nouvelles menaces se sont substituées aux anciennes. Parmi celles qui sont le plus souvent mentionnées figurent le terrorisme, la prolifération des armes de destruction de masse, les conflits régionaux, la déliquescence de l'État, la criminalité organisée, la violence civile, les migrations clandestines, les catastrophes naturelles et les atteintes à l'environnement, voire la pauvreté et les épidémies. La nature de l'insécurité, dans le monde et plus particulièrement en Europe, suppose, au niveau national comme au niveau international, des politiques de sécurité plus complexes, plus sophistiquées et plus coordonnées, sinon même plus intégrées. Ce qui ressort, c'est que la situation actuelle en matière de sécurité ne répond pas encore aux exigences diverses que comportent les enjeux contemporains.

La sécurité européenne : état général des lieux depuis la fin de la bipolarité. L'article dresse un inventaire général des menaces dites nouvelles (transnationales, intra-étatiques et à prédominance non militaire) et traditionnelles (armes de destruction massive et conflits interétatiques) qui affectent la sécurité de l'Europe post-communiste. Il analyse ensuite la coopération entre les quatre principales organisations de sécurité chargées de la gestion de l'ensemble de ces menaces : l'OTAN, l'Union européenne, le Conseil de l'Europe et l'OSCE. Il traite également des régimes de sécurité en vigueur à l'échelle du continent. En conclusion, il met l'accent sur le rôle fondamental binôme OTAN/Union européenne et sur la distension continue du lien transatlantique provoquée par la politique étrangère dévastatrice de l'administration Bush.

Y a-t-il une « révolution dans les affaires militaires » (RAM) en Europe ?Depuis le début des années 1990, le débat sur la « révolution dans les affaires militaires » a pris de l'ampleur aux États-Unis. Définie simplement, une RAM est un changement majeur dans l'art de la guerre, introduit par l'application de nouvelles technologies qui, combinées à des changements profonds dans la doctrine militaire et les concepts organisationnels et opérationnels, changent la nature de la guerre et la conduite des opérations militaires. La campagne militaire de 1999 au Kosovo a montré les capacités limitées des États européens membres de l'OTAN, et de la plupart des pays européens, dans plusieurs domaines liés à la RAM. La question centrale de cet article est donc de savoir s'il y a une révolution dans les affaires militaires en Europe.

Les forces navales européennes face aux « nouvelles menaces » en mer. Les « nouvelles menaces » à la sécurité définies par les Européens dans la période post-guerre froide s'expriment fortement en mer en raison des libertés inhérentes au milieu marin, telles qu'une relative liberté juridique et des frontières au caractère poreux. Nous pouvons notamment relever le terrorisme en mer, la criminalité transnationale et l'immigration illégale, et enfin la pollution marine et l'atteinte aux ressources halieutiques. Notre étude démontre que les forces navales européennes, flexibles, polyvalentes et interopérables, se sont relativement bien adaptées pour répondre à ces menaces. Cependant, les tâches de police et de service public en mer nécessitent, pour être réellement efficaces, un haut degré de coopération aux niveaux national et international.

Les interventions « militaires » de l'Union européenne dans les Balkans. Dans cette contribution, il est montré que, depuis le traité de Maastricht qui a lancé la politique étrangère de sécurité commune (PESC), l'Union européenne a développé sa propre stratégie de défense autonome vis-à-vis de l'OTAN et l'UEO. Avec la nouvelle politique européenne de sécurité et de défense (PESD), l'Union réagit à ses échecs face aux conflits violents comme ceux de Bosnie et du Kosovo où elle n'est intervenue qu'avec des moyens diplomatiques. L'EUFOR, qui vient de remplacer la SFOR en Bosnie-Herzégovine, montre la détermination de l'UE à apporter à l'Europe un élément de défense militaire autonome et crédible. En Macédoine, l'UE est même devenue le principal acteur pour gérer une crise au sein du continent. Pourtant, les missions au titre de la PESD restent majoritairement non militaires.

Le Royaume-Uni et la défense européenne aujourd'hui : enjeux, choix, réalités. Malgré les déclarations de Tony Blair sur l'engagement britannique à la PESD, ses choix se font clairement dans le contexte de la politique étrangère britannique en général, dont la priorité – voire l'illusion – reste l'influence de la Grande-Bretagne sur la scène internationale. En matière de défense européenne, son souci principal est d'éviter tout conflit d'intérêt entre l'UE et l'OTAN. Or, si la priorité atlantiste semble justifiée aux yeux de Londres (et ne surprend personne au sein de l'Union européenne), la Grande-Bretagne doit aujourd'hui faire face à l'affaiblissement considérable et incontestable de ses relations avec les États-Unis. L'avenir de sa politique étrangère dépend désormais de son engagement au sein de l'UE et, plus précisément, dans le seul domaine où elle peut encore avoir une véritable influence : l'élaboration et la mise en place d'une véritable politique de défense européenne.

Le discours politique et la sécurité en Europe : Blair, Chirac et Schröder et la politique européenne de sécurité et de défense (1998-2003)Cet examen du discours sur la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) de Tony Blair, Jacques Chirac et Gerhard Schröder combine analyse du contenu et analyse linguistique. L'analyse révèle que les acteurs promeuvent la PESD non seulement pour ses conséquences sécuritaires, mais également pour relancer le processus d'intégration européenne dans son ensemble, ou encore pour jouer un rôle clé dans ce processus. Ces considérations se retrouvent dans le discours des trois acteurs avec des accents très différents qui sont l'indication de perceptions divergentes du rôle de la PESD. En outre, il apparaît une instrumentalisation du discours qui peut, dans une certaine mesure, voiler les tensions, mais débouche sur des récits divergents de la PESD et de son processus de constitution.

La sécurité entre permanence et changement. La fin de l'ère bipolaire devait forcément déboucher sur une nouvelle approche dans les conceptions sécuritaires. Mais dans quel sens ? En liant entre eux des apports de Barry Buzan, Ole Waever et Roxanne Lynn Doty, en retraçant brièvement l'évolution conceptuelle de la sécurité étatique à la sécurité humaine en passant par la sécurité sociétale, en proposant une lecture transnationale des approches et des enjeux sécuritaires, l'auteur offre une réflexion sur les manières d'appréhender la sécurité comme objet d'étude et comme traduction des enjeux et des problématiques sécuritaires pouvant concerner l'individu, la société et l'État. Entre permanence et changement, on comprendra que les enjeux sécuritaires ne sont finalement que le résultat d'une rencontre entre le naturel et le rationnel.