Contenu du sommaire : Les producteurs audiovisuels. Comment la télévision fabrique la culture de masse

Que se passe-t-il quand un genre aussi traditionnel que la «recette de cuisine » est transposé à la télévision ? Est-il tiré du côté purement informationnel, la transmission d'un savoir, ou entre-t-il dans la ronde des genres et des univers fictionnels ? En voici une analyse, fondée sur la situation argentine où deux chaînes de télévision spécialisées coexistent sur le même thème culinaire moderne.

Quoi de mieux pour comprendre les pratiques traditionnelles d'écriture de l'information que de tâter les endroitslimites où elle laisse échapper sa vérité, presque malgré elle ? On est entraîné ici dans l'univers du «canular» , dont la prétention à la vérité est l'ultime réussite avant l'oubli. Croit-on que l'on peut diffuser un «hoax» quand on le veut ? Qu'il suffit d'un boute-en-train pour faire un bon canular ? On verra ici qu'il n'en est rien, et que le canular – comme sa soeur ennemie, l'information – suit des règles implicites qui, une fois mises au jour, montrent l'extrême complexité des liens sociaux médiatisés.

L'écriture de l'information ou de l'histoire ne souffre pas de mise en scène, ou en tout cas pas de mise en scène discordante. Plus exactement, l'écriture factuelle et son rendu radiophonique demandent que l'on respecte des rituels d'objectivité et d'impartialité journalistique : pas de doute public, pas de suspens, pas d'émotion, etc. Rares sont les émissions d'information où l'on peut déroger à ces pratiques traditionnelles. Il en est une, sur France Inter, le samedi, qui y parvient. Est-ce une émission originale d'information ou une «dramatique» qui ne dit pas son nom ? L'ambiguïté volontairement maintenue permet de sonder les rôles, les rituels et les arrangements avec les genres…

Qu'il y ait une part de jeu dramatique dans le fait de dire l'information, nul n'en disconvient. Il est tentant d'en demander des preuves tangibles. À cet exercice quasi-positiviste, les linguistes répondent à l'aide de prosogrammes, sorte de cartographie des intonations, accentuations, pauses, intensités… Bienvenue dans le monde de la prosodie appliquée.

Le récit des exécutions capitales est un genre déjà établi dans la littérature quand, au XIXe siècle, apparaît la presse industrielle. Cette dernière se contente-t-elle de rapporter les détails de la scène du supplice ? Non, les journalistes inventent un genre, le récit d'exécution, et l'exploitent à leur insu sans doute. Les récits sont alors ritualisés, au point que les lecteurs eux-mêmes n'y voient plus la mise en scène.

La figure du monstre est souvent confinée aux seuls contes enfantins, films d'horreur et autres ménageries de cirque hors d'âge. Il se pourrait pourtant que les médias, et en particulier les émissions de télé-réalité, se servent de ce motif archétypal comme d'un contrepoint nécessaire à la figure du héros, si nécessaire par les temps qui courent… Pour le savoir, il suffit peut-être de porter attention à une rhétorique trop polie pour être encore visible.

Dans l'Inde contemporaine – celle des capitalistes de l'acier, des informaticiens embauchés à prix d'or aux Amériques, et de la puissance atomique –, circulent parfois des récits étonnants, qui évoquent davantage la crédulité médiévale et l'obscurantisme. Mais l'Inde est parcourue par des réseaux médiatiques de toute sorte, télévision, radio, presse, qui pourraient expliquer à eux seuls la diffusion des rumeurs. Encore faut-il comprendre pourquoi de telles histoires circulent… Voici le témoignage d'un journaliste globe-trotter.

Sur Internet aussi se partagent les secrets et les rituels. Il s'y déroule toutes sortes d'initiations, baptêmes et autres excommunications. L'analyse de ces nouveaux moments permet d'entrer dans certains domaines parfois occultes du Net. Entre l'avatar qu'il faut se choisir et la compréhension des rôles et des statuts à l'oeuvre dans la communauté, il y a fort à faire pour être un cybernaute adoubé.

Dans les entreprises, la communication occupe, on le sait, une place importante. Elle utilise tous les supports : papeterie, affichage, documents à diffusion interne ou externe, etc. De manière insidieuse, l'imagerie qui y est présente n'est pas neutre. Elle préside au contraire à une ritualisation sournoise, celle de l'enchantement et de la domestication par le symbole. Un petit clin d'oeil d'un consultant devenu anthropologue.