Contenu du sommaire : Catherine II et les langues

Revue Histoire, Epistémologie, Langage Mir@bel
Numéro vol.32, n°1, 2010
Titre du numéro Catherine II et les langues
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Catherine II et les langues

    • Hommage
    • Articles
      • Présentation : Catherine II et les langues - Sylvie Archaimbault, Jean Breuillard p. 9-12 accès libre
      • Ad Urbanitatem informare : la langue et l'éducation dans les comédies de Catherine II (exemple de O temps !) - Alexeï Evstratov p. 13-29 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        La première comédie de Catherine II, O temps ! (1772) donne un inventaire des thèmes clés et des procédés littéraires des premières pièces de l'Impératrice. A travers l'analyse littéraire, dramatique et sémiotique, et en s'appuyant sur l'histoire de la langue, cet article montre comment Catherine II organise la structure de ses pièces pour mettre en scène ses projets politiques. L'antithèse entre Moscou et Saint-Pétersbourg, centrale dans la pensée de l'Impératrice, jalonne l'action de la comédie -le problème de l'éducation étant au coeur de l'opposition entre les deux villes, qui se présentent alors comme deux civilisations. Ainsi la jeune Xristina, personnage central de la pièce, se trouve face à un choix. C'est en réalité le choix d'un langage, et la lecture des imprimés en langue russe apparaît dans la comédie comme la voie à suivre. Eu égard à l'accroissement des publications des belles-lettres en russe au cours du règne de Catherine II, nous proposons de voir dans cette pièce une explication de la vision de l'impératrice quant à ses projets culturels : c'est la lecture qui est susceptible de former le coeur et l'esprit des nouvelles générations de ses sujets.
        Catherine the Great's first comedy Oh These Times ! (1772) provides an inventory of the key themes and literary devices that feature in the Empress's early plays. By way of literary, dramatic and semiotic analyses of the play, this article demonstrates the ways in which Catherine II structured her dramatic works in order to showcase her political goals. The antithesis between Moscow and St Petersburg, which was central to the Empress's political vision, underpins the action in Oh These Times ! It is above all the question of education that opposes the two towns, which were worlds apart in terms of way of life and values. Khristina, the central protagonist, is faced with a choice. She must choose a language of a social communication. Reading in Russian is represented as the way to progress in this comedy. In the light of the increased number of publications of Russian-language belle-lettres during the reign of Catherine the Great, Oh These Times ! is revealing as to the Empress's cultural projects : it was through reading that the hearts and minds of the new generation of Russian subjects were to be educated.
      • Catherine II : de la langue aux langues - Stéphane Viellard p. 31-46 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        L'article aborde trois aspects particuliers de la politique de Catherine dans le domaine de la langue. L'impératrice considère que le souverain russe doit apparaître comme l'incarnation de la langue source de la nation. Cette dimension est explicitement exprimée par Catherine dans ses Notes concernant l'histoire russienne. Allemande ayant été obligée d'apprendre le russe, Catherine est particulièrement sensible à l'apprentissage des langues étrangères. Elle en fera l'une des composantes de son système éducatif destiné à former les nouveaux citoyens d'un État éclairé. À la fin du règne de Catherine, la publication d'un Livre en quatre langues, anonyme, dans lequel on retrouve plusieurs oeuvres de l'impératrice, donne à penser qu'il s'agit là d'un ouvrage probablement voulu par la souveraine. L'analyse textuelle et linguistique apporte des arguments en faveur de cette hypothèse.
        This article tackles three aspects of Catherine the Great's language policies. The empress was of the opinion that the Russian sovereign should incarnate the nation's language. This is explicitly expressed by Catherine in her book, «Notes on Russian history » . As a German who had to learn Russian, Catherine was particularly sensitive to issues surrounding foreign language learning. She eventually made foreign languages one of the components of her educational system training the new citizens of an Enlightened State . At the end of her reign, the anonymous publication of what was called «Book in four languages, » and which included writings by the empress, leads us to believe that the Book was probably commissioned ( ?) by the Empress. Textual and linguistic analyses bring us additional arguments to support this hypothesis.
      • L'ordre des mots dans la pensée grammaticale russe du 18e siècle - Jean Breuillard p. 47-68 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        L'article distingue trois étapes dans la réflexion sur l'ordre des mots dans la Russie du 18e s., étapes personnifiées par Mixail Lomonosov (1711-1765 ), Anton Barsov (1730-1791) et Nikolaj Karamzin (1766 -1826). Il montre que l'ordre des mots est progressivement soustrait à la rhétorique pour devenir objet de la grammaire, avec, chez Barsov, la découverte de la focalisation et du marquage oral (accent de phrase) et, chez Karamzin, le rejet implicite de la notion d'inversion, au profit d'une conception qui associe toute modification de l'ordre des mots à un changement du sens.
        The article identifies three basic stages in the reflection on word order in Eighteenth-century Russia, personified by Mikhail Lomonosov (1711-1765 ), Anton Barsov (1730-1791) and Nikolai Karamzin (1766 -1826). It shows that word order gradually evolves from being a rhetorical consideration to a grammatical one, with Barsov pointing out the use of word order in the marking of oral emphasis and Karamzin rejecting the notion of inversion and asserting that any reordering of words entails change in the meaning.
      • Peter Simon Pallas (1741-1811), un naturaliste parmi les mots - Sylvie Archaimbault p. 69-91 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Le vocabulaire multilingue édité par P. S. Pallas à la demande de Catherine II regroupe des vocables provenant de deux cents langues différentes. Il a reçu, lors de sa parution, un accueil mitigé. Dans cet article, nous cherchons à montrer que ce travail comparatif témoigne autant d'une évolution des méthodes scientifiques, avec une prise en compte du terrain et un recours massif à des informateurs, que de la recherche d'une langue primitive qui se déduirait de l'observation, ou encore d'une inscription dans la lignée de compilations mettant en oeuvre une perspective onomasiologique. Il paraît indéniable que le retentissement de l'ouvrage a souffert d'avoir été composé en alphabet cyrillique, ce dernier n'ayant pu imposer son universalité à cette occasion.
        The aim of this paper is to study the Russian transposition of the lexical/ vocabulary items of the first edition (1786-1787) of Pallas's multilingual dictionary. The transcription method is analyzed for four different languages, German, English, Spanish and French, with the assumption that the results can be extrapolated to other languages. A specific transcription system was devised for each language, according to its own system ( ?) and its linguistic and cultural proximity to Russia. Each transcription system is characterized by a dominant feature, which is either transliteration based on written forms, or phonetic transcription, but in either case, there is no great consistency (as in of application of system, or selection of one of the two methods ? ?). Yet these compromises represent a significant step leading to the current Russian system for transcribing foreign words
      • Le russe comme métalangage : transcription et translittération en alphabet cyrillique dans dans le Linguarum totius orbis vocabularia comparativa - Roger Comtet p. 93-114 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Cet article étudie la transposition en russe des vocables de la première édition de 1787-1789 du dictionnaire plurilingue de Pallas. La méthode est analysée à partir de quatre langues, allemand, anglais, espagnol et français, en admettant que les résultats ainsi obtenus pourraient être extrapolés à l'ensemble. Il apparaît ainsi que chaque langue a fait l'objet d'un traitement spécifique selon son système et sa proximité linguistique et culturelle avec le monde russe. Ces facteurs font que chaque transposition présente une dominante, translittération basée sur l'écrit, ou transcription phonétique, sans que l'on puisse parler d'un tableau parfaitement cohérent et rigoureux. Ces compromis marquent cependant une étape importante dans la fixation de l'usus russe de la transcription des mots étrangers en russe.
        The aim of this paper is to study the Russian transposition of the lexical/ vocabulary items of the first edition (1786-1787) of Pallas's multilingual dictionary. The transcription method is analyzed for four different languages, German, English, Spanish and French, with the assumption that the results can be extrapolated to other languages. A specific transcription system was devised for each language, according to its own system ( ?) and its linguistic and cultural proximity to Russia. Each transcription system is characterized by a dominant feature, which is either transliteration based on written forms, or phonetic transcription, but in either case, there is no great consistency (as in of application of system, or selection of one of the two methods ? ?). Yet these compromises represent a significant step leading to the current Russian system for transcribing foreign words
    • Varia
      • La corrélation chez les grammairiens grecs : problèmes de métalangage - Frédéric Lambert p. 115-137 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Bien que le grec présente un riche système de termes corrélatifs, les grammairiens grecs n'ont pas accordé une grande importance aux faits de corrélation dans leurs traités. Néanmoins, les Grecs avaient une famille lexicale spécialisée pour désigner cette notion avec le verbe antapodidonai. L'article a trois objectifs. D'abord, il explore les sources philosophiques et rhétoriques et montre que les philosophes et les rhéteurs grecs avaient préfiguré le concept de corrélation. Ensuite, en explorant la tradition grammaticale, nous pouvons voir que les grammairiens grecs n'ignoraient ni les termes corrélatifs ni les faits de corrélation, mais ils ne prenaient pas en considération le niveau du système corrélatif, à l'exception d'Apollonios Dyscole (bien que la notion de corrélation n'ait été tirée au clair que chez Michel le Syncelle). Enfin, pour expliquer cette situation, nous suggérons trois raisons : l'interaction entre la rhétorique et la grammaire, le rôle des comparaisons et une conception de la syntaxe essentiellement restreinte aux mots.
        Though Greek language offers a rich system of correlative terms, Greek grammarians did not pay much importance to the facts of correlation in their treatises. Nevertheless, ancient Greek had a lexical family to designate the notion with the verb antapodidonai. This paper has three purposes. Firstly, it explores philosophical and rhetorical sources and shows that Greek philosophers and rhetoricians had foreshadowed the concept of correlation. Secondly, exploring grammatical tradition, we can see that Greek grammarians did not ignore correlative terms and correlation facts, but they did not take into account the level of correlative system, except Apollonios Dyscolos (but the notion of correlation is first clarified by Michael Syncellus). Finally, to explain this, we suggest three reasons : the interaction between rhetoric and grammar, the role of comparisons and a conception of syntax mainly restricted to words.
      • Chomsky et l'empirisme : de la critique de l'empirisme au sens de l'innéisme et du rationalisme chomskyens - Delphine Blitman p. 139-167 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        En défendant l'innéisme linguistique et en critiquant l'empirisme sous toutes ses formes, Chomsky s'inscrit à contre-courant de la tradition philosophique analytique contemporaine pour laquelle l'empirisme est la philosophie scientifique par excellence. Le but de cet article est de clarifier et d'expliquer la position de Chomsky. L'article prend comme fil conducteur la critique chomskyenne de l'empirisme et analyse ses arguments. Il montre comment Chomsky lie très fortement l'innéisme à deux autres thèses, le naturalisme et le mentalisme, ce qui explique que l'innéisme lui apparaisse plus scientifique que l'empirisme. Il s'interroge à partir de là sur le sens du rationalisme chomskyen et de la référence au rationalisme classique et à Descartes.
        By defending linguistic nativism and rejecting all varieties of empiricism, chomsky clearly goes against the general trend of analytical tradition in contemporary philosophy, for which empiricism is the scientific philosophy par excellence. The aim of this article is to explain and clarify Chomsky's position. It concentrates on his criticism of empiricism and provides an analysis of his arguments. It shows how Chomsky strongly links the nativist thesis with two other theses, naturalism and mentalism, which explains that nativism seems to him more scientific than empiricism. Then, it addresses the issue of the meaning of chomskyan rationalism and of its reference to classical rationalism and to Descartes.
    • Lectures et critiques