Contenu du sommaire : Relire la ville socialiste

Revue Histoire urbaine Mir@bel
Numéro no 25, août 2009
Titre du numéro Relire la ville socialiste
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction - Lydia Coudroy de Lille p. 5-13 accès libre
  • Architecture et patrimoine à Erevan : De l'identité nationale à « l'héritage » soviétique ? - Taline Ter Minassian p. 15-48 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Quel sens donner à la notion de patrimoine dans la capitale arménienne ? Elle est grandement associée au style néo-arménien en architecture, qui fleurit sous la période soviétique, et dont l'article présente la genèse, la célébration passée et la valorisation présente. Le plan d'urbanisme de 1924 pose les bases d'une modernité enracinée dans un passé national glorifié. L'article étudie ensuite l'évolution de la capitale post-soviétique depuis l'indépendance, entre privatisation, spéculation, rénovation, « décommunisation » : l'architecture néo-arménienne apparaît comme valorisée sur le marché résidentiel.
    Architecture and patrimony in Erevan : from the national identity to the soviet inheritance ? What is the sense of patrimony in the Armenian capital city ? This notion is mostly associated to the neo-armenian style in the architecture, which expanded under the soviet period. The paper presents the genesis, the former celebration, and the present promotion of this architecture. The urban plan of 1924 lays the foundations of a modernity which was rooted in a glorified national past. The paper analyses then the evolution of the post-soviet capital city since the independence,between privatization, speculation, urban renewal, ‘‘decommunization'' : the neo-armenian architecture enjoys high values on the residential real estate market.
  • « Oraşul Stalin » (La Ville de Staline) 1950-1960 : La construction politique d'une identité à Braşov - Corneliu Pintilescu p. 49-68 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans la période 1950-1960 la ville de Braşov connaît un changement d'identité, en recevant le 22 août 1950, dans le contexte politique de soviétisation de la Roumanie, le nom de « la Ville de Staline ». L'étude se propose d'examiner la manière dont le régime politique fonde la nouvelle identité, en nous appuyant dans ce but sur l'analyse de trois composantes : les manifestations politiques consacrées à cet événement, l'ensemble de statues et de marquages symboliques de l'espace et le discours officiel thématisant le développement de la ville. La nouvelle identité sera centrée sur le caractère industriel et ouvrier de la ville,rompant avec un passé avec lequel elle se construit en antithèse mais qu'ellecherche en même temps à assimiler.
    ‘‘Oraşul Stalin'' (Stalin city), 1950-1960 : The Political Construction of an Urban Identity During the period of 1950-1960, the Romanian town of Braşov undergoes a change of identity, by receiving at the 22nd of August 1950 the name of ‘‘Stalin'' (in a general context of Soviet influence over Romania). The present study involves the analysis of the manner in which the politic regime builds this new urban identity.The study focuses on three elements : the political manifestations dedicated to this event, the assembly of statues and symbolical spatial marks and finally, the official discourse regarding the development of the town. The new identity is built around the industrial and working aspects characterising the town, also around the idea of breaking with the past, which is negatively perceived, yet necessarily to incorporate in some measure in the new identity.
  • La Prager Straße à Dresde : Sociologie architecturale d'un ensemble urbain utopique - Joachim Fischer p. 69-82 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La Prager Straße est une large avenue aménagée dans les années 1960 à Dresde, et qui cristallise des opinions souvent négatives depuis 1990, comme symbole de l'urbanisme socialiste, aux antipodes d'une identité urbaine « européenne ». L'article retrace le contexte de la genèse, expose la composition urbaine de l'ensemble,et en livre une interprétation sémantique sous l'angle de la sociologie de l'architecture. Il conclut à la modernité socialiste de cet ensemble architectural, situé dans la continuité de l'avant-garde moderne des années 1920. Les aménagements actuels de Dresde délaissent cette architecture, mais peut-être retrouvera-t-elle unsens pour les générations futures.
    The Prager Straße in Dresde. A utopian urban area's architectural sociology The Prager Straße is a large avenue planned in the 1960s in Dresde, which has always been considered negatively since 1990, because it represents a symbol of the socialist urban planning, poles apart from a ‘‘European'' urban identity. The paper shows the context of the genesis of this complex, describes its composition,and proposes a semantic interpretation of it, in the light of architectural sociology It leads to the socialist modernity of it, in the continuity of the modern avant-garde of the 1920s. The present plans in Dresde deny this architecture ; but it may find back a sense for the generations-to-be.
  • Faire un musée vivant : la production d'une autochtonie urbaine à Moscou - Sarah Carton de Grammont p. 83-104 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les notables militants d'un quartier de Moscou classé « monument d'urbanisme de la période soviétique », objet de toutes les convoitises et autogéré par ses itmusée puis ses usages montrent la pluralité des objectifs et la difficulté de l'entreprise : construire la figure de l'autochtone métropolitain post-socialiste pour légitimer sa présence, fabriquer des objets qui prouvent cette autochtonie,réaliser le mythe d'une communauté en faisant des choses ensemble... Le défi est relevé avec un pragmatisme virtuose de l'art de la syncope temporelle et du syncrétisme des valeurs, tandis qu'une approche en termes de « vie sociale » de cet espace permet de mettre à jour la labilité complexe des rapports sociaux qui se nouent à travers sa manipulation.
    A Living Museum : Making the Post-Soviet Figure of the Urban Aboriginal in Moscow Local notabilities of a Moscow district classified as ‘‘Inheritance of Soviet Urbanism'', much coveted and yet self-administrated, decide to create a museum of their garden city. The making of this museum, and then its uses,show the plurality of their objectives and the difficulties of the challenge, i.e. : to produce the figure of the post-socialist metropolitan aboriginal to legitimate one's inhabiting the garden-city, to make objects of exposure proper to prove this autochtony, to realise the myth of a community by doing things together... They take up the challenge with a virtuoso pragmatism of the art of time syncopationand of syncretism of values. While for the anthropologist, an approach of this space in terms of ‘‘social life'' allows to understand the ever-changing complexity of the social relations people build by manipulating this space.
  • Etudes

    • Les notables catholiques et la marginalisation de la culture populaire au XVIe siècle - Sara Beam p. 105-125 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les historiens continuent de débattre de la nature de la culture populaire en France et de sa relative marginalisation pendant la période moderne. La présente étude place les villes de province et leurs notables au centre de cette transformation culturelle et révèle la manière dont les changements de croyances religieuses, en particulier ceux liés à l'essor de la réforme catholique après 1560,ont contribué à la tentative d'éradication des fêtes populaires. Les festivités au cours desquelles les confréries et les sociétés telles que la Basoche donnaient des spectacles étaient partie intégrante de la culture populaire, et elles ont longtemps été appréciées tant des élites que du peuple. Toutefois, à partir de 1600, de nombreuses pratiques festives furent qualifiées de superstitieuses et considérées par les notables urbains comme indignes du patronage de l'élite ou même de sa participation. À la différence de leurs collègues huguenots, les notables catholiques réussirent remarquablement bien à réformer la vie festive de leurs villes.
      The urban elites and the marginalization of the popular culture in France Historians continue to debate the nature of popular culture in France and its relative marginalization during the early modern period. This study situates provincial cities and their urban elites at the forefront of this cultural transformation, and reveal show changes in religious belief, specifically the rise of Catholic reform after 1560,contributed to the attempted suppression of popular festivals. Popular culture included festivities in which confraternities and groups such as the Basoche performed, attracting audiences of both elite and common people. By 1600, however,urban elites defined many festive practices as superstitious and unworthy of elite patronage or participation. In comparison with their Huguenot counterparts,Catholic notables were remarkably successful at reshaping festive life in their cities.
  • Quartier libre

    • La « crise invisible » des architectes dans les Trente Glorieuses - Dominique Raynaud p. 127-145 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La crise de la profession d'architecte est souvent expliquée par l'impact des deux chocs pétroliers sur le secteur du bâtiment. Plusieurs années de croissance contraignent à modifier ce diagnostic. En dépit des récents records affichés par le Bâtiment, les architectes disent toujours exercer une « profession sinistrée », ce quine peut plus être le signe d'une crise économique. Les deux hypothèses concurrentes, crise économique vs. crise de légitimité, sont testées sur la période prospère des Trente Glorieuses. Tous les signes de la crise actuelle sont déjà présents dans les témoignages d'architectes de ces années-là, qui décrivent les conséquences néfastes de la pénétration sur le marché des bureaux d'études et des revendications d'indépendance d'un nombre croissant d'acteurs.
      French architects' ‘‘invisible crisis'' between 1946-1973 French architects professional crisis is often said to result from the impact of the two oil crises on the building trade. Several years of prosperity force to change this diagnosis. In spite of recent building records, French architects still claim to exercise a ‘‘disaster profession'' that can be no more a sign of economic crisis.The two rival hypotheses, economic crisis vs. crisis of legitimacy, are tested during the ‘‘Trente Glorieuses'' prosperous period. Architects' testimonies of these years present all the warning signs of the current crisis. They describe the harmful consequences of design offices' breaking into the market, and the independence claims of a growing number of actors.
  • Lectures - p. 146-156 accès libre