Contenu du sommaire : Transitions énergétique et numérique

Revue Responsabilité et environnement Mir@bel
Numéro no 110, avril 2023
Titre du numéro Transitions énergétique et numérique
Texte intégral en ligne Accès réservé
  • Préface - Gérard Roucairol p. 4-5 accès libre
  • Introduction - Olivier Appert, Richard Lavergne p. 6-8 accès libre
  • Vers des besoins croissants en électricité et en numérique

    • Why data is vital to build a better energy future for the world - Fatih Birol p. 9-13 accès réservé avec résumé en anglais
      In this contribution, Dr. Fatih Birol, Executive Director of the International Energy Agency (IEA), highlights how data is essential to understand and map progress in clean energy transition, to bring down global greenhouse gas emissions, achieve key international Sustainable Development Goals on universal access to modern energy and ensure energy security worldwide. The article depicts how the IEA produces, maintains and continuously improves essential datasets, indicators and data-based projections to help countries navigate this challenge.
    • Consommation énergétique des usages du numérique en France - Michel Schmitt p. 14-18 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      En 2018, le Conseil général de l'Économie avait évalué à 35 750 GWh la consommation électrique résultant des usages du numérique en France, laquelle était en net retrait par rapport au chiffre de la précédente étude de 2008. Ce même rapport a anticipé cette consommation, à usages similaires, à un niveau de 31 843 GWh en 2030. À la lumière des deux dernières éditions (2020 et 2022) du Baromètre du numérique, nous analysons dans cet article les tendances observées depuis 2018, comparons les données anticipées à l'époque pour 2022 avec les données actuelles et mettons à jour les prévisions 2030. En particulier, le confinement a modifié les comportements, avec le retour en force des ordinateurs et tablettes lors des périodes de télétravail.
      In 2018, the Conseil général de l'Économie estimated the electricity consumption resulting from digital uses in France at 35,750 GWh, which was a clear drop from the figure in the previous 2008 study. This same report anticipated that, for similar uses, this consumption would be 31,843 GWh in 2030. In light of the last two editions (2020 and 2022) of the Digital Barometer, in this article we analyze the trends observed since 2018, compare the data anticipated at the time for 2022 with the current data, and update the 2030 forecast. In particular, containment has changed behaviors, with computers and tablets making a strong comeback during telecommuting periods.
    • Autonomie stratégique comparée dans l'énergie et le numérique - Grégoire Postel-Vinay p. 19-25 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Les situations des trois plus grands blocs mondiaux divergent, s'agissant de l'autonomie énergétique : les États-Unis sont devenus exportateurs, la Chine est dépendante pour environ 21 % de sa consommation primaire, l'Union l'est pour 57 %, et ce chiffre s'aggrave depuis vingt ans, et la France pour 44 %. Un effort majeur est requis tant de l'Union que de notre pays pour améliorer ces chiffres, ce qui implique, entre autres, une inversion de tendance pour le nucléaire. Pour le numérique, la situation de dépendance de l'UE s'est encore accrue, en particulier vis-à-vis des États-Unis. Une prise de conscience, aggravée par les crises récentes, conduit à des inflexions majeures. Dans les deux cas, l'ordre de grandeur des investissements privés et publics requis est le billion d'euros sur la décennie. De même, de nouvelles compétences sont nécessaires, ainsi qu'une planification de long terme. Enfin, les efforts à conduire sont étroitement liés entre les deux domaines.
      The three largest world blocs have divergent situations when it comes to energy autonomy: the United States has become an exporter, China is dependent on energy for about 21% of its primary consumption, the European Union is dependent on energy for 57% of its primary consumption, and this figure has been rising for the past twenty years, while France is dependent on energy for 44%. A major effort is required by both the EU and France to improve these figures, which implies, among other things, a reversal of the trend for nuclear power. In the digital sector, the EU's dependence on the United States in particular is even greater. An awareness, aggravated by recent crises, is leading to major inflexions. In both cases, the order of magnitude of private and public investments required is one trillion euros over the decade. Similarly, new skills are needed, as well as long-term planning. Finally, the efforts to be made are closely linked between the two areas.
    • Comment l'Europe s'organise-t-elle pour assurer la convergence des efforts en faveur des transitions verte et numérique ? - Valérie Drezet-Humez p. 26-29 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Réussir la double transition verte et numérique constitue un défi majeur pour l'Union européenne. Dans son dernier rapport de prospective stratégique sur « le couplage des transitions verte et numérique », la Commission européenne souligne le fait que la mise en œuvre des deux transitions précitées doit être coordonnée et cohérente, afin d'identifier les opportunités, les arbitrages et les compromis à faire entre ces deux ambitions. Pour ce faire, elle recense dix domaines d'action clés pour accroître les synergies, tout en réduisant les risques potentiels qui découlent de ce couplage.Opérer les changements nécessaires au service d'une transition durable et numérique permettra de faire émerger une nouvelle économie régénératrice et neutre pour le climat. La Commission européenne est engagée et déterminée à faire avancer l'Europe sur la voie de cette double transition, tout en conjuguant cette orientation avec ses valeurs démocratiques et de justice sociale, et ce au bénéfice de l'ensemble des citoyens et des territoires.
      Achieving the twin green and digital transitions is a major challenge for the European Union. In its latest strategic foresight report on ‟Coupling the Green and Digital Transitions”, the European Commission stresses that the implementation of the two transitions must be coordinated and coherent, in order to identify opportunities, trade-offs and compromises between the two ambitions. To this end, it identifies ten key areas of action to improve synergies while minimising the potential risks that arise from the coupling. Making the necessary adjustments for a sustainable and digital transition will enable the emergence of a new, regenerative and climate-neutral economy. The European Commission is committed and determined to move Europe forward in this direction, while combining this twin transition with its democratic and social justice values, benefiting all citizens and territories.
    • Énergie et numérique : se préparer à un autre combat - Jean-Pierre Hauet p. 30-36 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Le numérique est, aujourd'hui, souvent montré du doigt en tant que consommateur effréné d'énergie électrique. Pourtant, des progrès considérables ont été accomplis, mais l'extension des services offerts, l'effet rebond et les excès de quelques applications gloutonnes font que les consommations continueront probablement d'augmenter à l'avenir.Il est de l'intérêt général de contenir ces consommations, tout en les décarbonant. Mais il faut aussi s'intéresser à leur cause première, c'est-à-dire à l'efficacité même de l'électronique comme moyen de traiter des bits d'informations. On s'aperçoit alors que l'électronique est un processus particulièrement inefficace sur le plan de la thermodynamique, mais qu'il existe aussi des voies de progrès en la matière qui pourraient constituer une véritable révolution, comme l'a été l'arrivée des LED dans le domaine de l'éclairage.C'est le défi posé à la spintronique qui se propose de piloter les électrons non seulement par leur charge électrique, mais aussi par leur spin. C'est un domaine dans lequel la France dispose de bons atouts, qu'il faut préserver et dont il faut tirer parti.
      Today, digital technology is often singled out as an unbridled consumer of electrical energy. However, considerable progress has been made, but the extension of the services offered, the rebound effect and the excesses of a few gluttonous applications mean that consumption will probably continue to increase in the future. It is in the general interest to contain this consumption while decarbonizing it. But we must also look at their primary cause, i.e. the very efficiency of electronics as a means of processing bits of information. We then realize that electronics is a particularly inefficient process in terms of thermodynamics, but that there are also ways of progressing in this area that could constitute a real revolution, as was the arrival of LEDs in the field of lighting. This is the challenge posed to spintronics, which proposes to control electrons not only by their electrical charge, but also by their spin. This is a field in which France has good assets, which must be preserved and exploited.
    • Les technologies du numérique font à la fois partie du problème et de la solution en matière environnementale - Patrice Geoffron p. 37-40 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Le débat relatif à l'impact environnemental du numérique présente un degré de complexité qui ne peut être approché à la seule observation de la progression de son poids dans les émissions de CO2 ou les consommations électriques. Des travaux récents permettent de mieux appréhender ses effets induits, en établissant notamment dans quel sens les usages du numérique influencent la trajectoire des émissions des États ou agissent sur des co-bénéfices de l'action climatique (comme la qualité de l'air). En outre, ces analyses devront être resituées dans le prolongement de la crise sanitaire (et du développement des activités socio-économiques « à distance »), ainsi que dans celui de la crise énergétique (qui implique une optimisation de systèmes gagnant en complexité du fait d'un développement accéléré des renouvelables, des efforts d'efficacité…). Ces travaux débouchent sur un constat contrasté de l'impact environnemental du numérique (qui, toutefois, n'invalide pas l'impératif de l'effort de sobriété).
      The debate on the environmental impact of digital technology is complex and cannot be approached simply by observing the increase in its weight in CO2 emissions or electricity consumption. Recent work has made it possible to improve the understanding of induced effects, in particular by establishing the extent to which the uses of digital technology influence the emissions trajectory of States or act on the co-benefits of climate action (such as air quality). Furthermore, these analyses must be placed in the context of the health crisis (and the development of ‘remote' socio-economic activities), as well as the energy crisis (which involves optimising systems that are becoming increasingly complex due to the accelerated development of renewables, efficiency efforts, etc.). This work leads to a contrasting assessment of the environmental impact of digital technology (which, however, does not invalidate the need for sobriety efforts).
    • Quid après les lois de Moore et de Koomey ? - Vincent Mazauric, Alexia Auffèves, Olivier Ezratty, Sergio Ciliberto p. 41-45 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Pendant près de cinquante ans, les lois de Moore et de Koomey ont caractérisé les progrès continus des performances computationnelles des microprocesseurs, et accompagné – voire fondé – l'exceptionnelle croissance de l'industrie du semi-conducteur. Ainsi, les ordinateurs sont devenus de plus en plus petits et de moins en moins coûteux, tout en étant de plus en plus rapides et puissants, alimentant ainsi un perpétuel « effet rebond » du secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC) qui n'est toujours pas arrivé à « satiété » ! Néanmoins, les fabricants de microprocesseurs se heurtent, depuis quelques années, aux limites physiques des hypothèses qui avaient permis de conjecturer la loi de Koomey. Si bien que l'avenir de l'industrie des semi-conducteurs, et plus généralement du secteur des TIC, doit désormais se construire au-delà de la loi de Moore.Dans le même temps, la massification actuelle a conduit à identifier le secteur des TIC comme étant largement intensif en énergie électrique, et donc fortement émissif en CO2, mais aussi extractif en matériaux critiques, alors qu'il était perçu comme « immatériel » il y a encore quelques années de cela. Pour envisager le rôle que peuvent jouer les technologies de l'information et de la communication en tant que réponse aux enjeux du développement durable, il faut donc relativiser le concept de performance computationnelle et revenir au lien entre information et énergie, qui a été énoncé, y compris dans le contexte digital, bien avant la loi de Moore. Les lois de Moore et de Koomey n'apparaissent alors que comme des « sentiers » conjoncturels menant à la maturité thermodynamique, qui est mesurée par une tendance vers la réversibilité. Afin que le « data deluge » ne se transforme pas en « mur de l'énergie », d'autres paradigmes devront être envisagés pour accompagner les futurs défis à relever par un secteur des technologies de l'information et de la communication engagé sur la voie de la soutenabilité.
      For nearly fifty years, Moore's and Koomey's laws symbolized the continuous progress in the computing performance of microprocessors and accompanied – even founded – the exceptional growth of the semiconductor industry. Thus, computers have become smaller and cheaper, while being faster and more powerful; thus fueling a perpetual ‟rebound effect” in the information and communication technologies (ICT) sector which has still not reached ‟fullness”! Nevertheless for a few years, the manufacturers of microprocessors are faced the physical limits of the assumptions which had made possible to conjecture the Koomey's law; so that the future of the semiconductor industry and more generally of the ICT sector must now be considered beyond Moore's Law. At the same time, the current massification of data has led to identify the ICT sector as being largely intensive in electrical energy, and therefore highly emissive in CO2, but also extracting critical materials, while it was viewed as ‟immaterial” few years ago. To consider the role that information and communication technologies can play as a response to the sustainability challenges, it is necessary to relativize the notion of computational performance and to turn back to the link between information and energy, which has been stated, including in the digital context, long before Moore's Law. Moore's and Koomey's laws then only appear as contextual ‟paths” leading to thermodynamic maturity, which is measured by a tendency to reversibility. In order that the ‟data deluge” does not turn into an ‟energy wall”, other paradigms will have to be considered to accompany the journey towards sustainability of the information and communication technology sector.
  • La décarbonation de l'économie dans le contexte de nouveaux modèles

    • Le numérique, une solution sous-utilisée pour répondre aux défis de la gestion des systèmes électriques - Étienne Beeker p. 46-51 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La crise ukrainienne a révélé la double fragilité du système électrique européen : une très forte exposition au gaz et à la Russie, son fournisseur principal, mais aussi une sous-capacité en moyens de production pilotables. Cette crise, qui ne concerne que l'Europe, est à mettre sur le compte de l'aventurisme de la politique énergétique européenne qui a voulu mettre en place à marche forcée un nouveau système basé sur les EnR intermittentes, conduisant à se débarrasser trop rapidement de l'ancien système et à oublier les impératifs de sécurité d'approvisionnement et de compétitivité. De nombreux moyens de production pilotables ont ainsi été fermés, sans songer à compenser le déficit de flexibilité qui en a résulté. L'usage du numérique pourrait le combler. Mais bien que les technologies correspondantes soient matures, elles restent notoirement sous utilisées, à l'instar de Linky en France, qui est pourtant pratiquement déployé sur tout le territoire et est conçu pour piloter la demande d'électricité.
      The Ukrainian crisis has revealed the double fragility of the European electricity system: a very high exposure to gas and to Russia, its main supplier, but also an under-capacity in controllable production means. This crisis, which only concerns Europe, can be blamed on the adventurism of European energy policy, which wanted to set up a new system based on intermittent renewable energies, leading to the overly rapid elimination of the old system and forgetting the imperatives of security of supply and competitiveness. Many controllable production facilities have been shut down, without thinking about compensating for the resulting flexibility deficit. The use of digital technology could fill this gap. However, although the corresponding technologies are mature, they are still notoriously underused, as is the case with Linky in France, which is practically deployed throughout the country and is designed to control electricity demand.
    • La place du numérique dans la transition énergétique - Gilles Guérassimoff p. 52-56 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La transition énergétique est sur tous les fronts pour œuvrer à la limitation des effets du changement climatique. Le numérique est un candidat qui semble tout désigné pour contribuer à l'aboutissement de cette transition, vu l'adéquation entre l'urgence climatique et le dynamisme du développement du secteur. Pour tenter d'évaluer la place du numérique dans la transition énergétique, il est important de définir en premier lieu le périmètre de la notion de numérique. Ensuite, il est nécessaire de quantifier son impact énergétique pour évaluer les applications qui seront bénéfiques à cette transition. Enfin, il ne faut pas occulter les risques et les limites de son déploiement. Quelques exemples sont évoqués pour illustrer les domaines privilégiés de son application.
      The energy transition is on all fronts to work towards limiting the effects of climate change. Digital technology is an obvious candidate to contribute to the success of this transition, given the match between the climate emergency and the sector's dynamic development. To attempt to assess the place of digital technology in the energy transition, it is important to first define the scope of the concept of digital technology. Next, it is necessary to quantify its energy impact to evaluate the applications that will be beneficial to the transition. Finally, the risks and limits to its deployment must not be overlooked. A few examples are given to illustrate the preferred areas of application.
    • Le rôle de la flexibilité dans le système électrique d'aujourd'hui et de demain - Alain Burtin p. 57-64 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      L'électricité ne se stocke pas. Il faut la produire, la transporter et la distribuer quand on en a besoin. Il faut pour cela disposer de marges et de leviers de flexibilité afin d'assurer l'ajustement physique de l'offre et de la demande d'électricité à chaque instant, en respectant des critères prédéfinis de sécurité et de fiabilité des réseaux électriques. La décarbonation des mix électriques avec le développement massif des EnR modifie en profondeur les fondamentaux d'exploitation des systèmes électriques, dont les besoins de flexibilité augmentent pour pouvoir gérer la variabilité des EnR, tandis que les principales sources de flexibilité constituées par les centrales conventionnelles se réduisent. Dans cet article, nous abordons la montée des enjeux de flexibilité dans le système électrique d'aujourd'hui et les leviers actionnés pour y répondre, les adaptations nécessaires pour atteindre les objectifs européens à l'horizon 2030, ainsi que les perspectives post-2030.
      Electricity cannot be stored. It must be produced, transported and distributed when needed. This requires flexibility margins and levers to ensure the physical adjustment of electricity supply and demand at every moment, while respecting predefined criteria for the security and reliability of electricity networks. The decarbonization of the electricity mix with the massive development of renewable energies is profoundly changing the fundamentals of power system operation, whose flexibility needs are increasing in order to manage the variability of renewable energies, while the main sources of flexibility constituted by conventional power plants are decreasing. In this article, we discuss the rise of flexibility issues in today's power system and the levers used to meet them, the adaptations needed to meet the European objectives for 2030, and the post-2030 outlook.
    • La blockchain est-elle bonne pour le climat ? - Paul Jolie p. 65-71 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La blockchain publique est une technologie récente qui permet de créer de la confiance. Dépourvue d'une instance centralisée, la blockchain repose sur un réseau de pair-à-pair. L'endommagement ou la perte d'un nœud n'affectera pas le fonctionnement de l'ensemble du système. Avec ses propriétés d'inviolabilité, de traçabilité et de transparence, la blockchain permet de créer des services de notarisation dans le monde numérique, entre des acteurs qui ne se font pas a priori confiance.Comme applications récentes utilisant la technologie blockchain, on recense les cryptomonnaies, avec le succès que l'on connaît pour deux d'entre elles, le Bitcoin et Ethereum. Or, entre 2018 et 2022, la quantité annuelle d'électricité consommée provenant des crypto-actifs mondiaux a augmenté de façon importante. En août 2022, les estimations publiées de la consommation mondiale totale d'électricité liée aux actifs cryptographiques situaient celle-ci entre 120 et 240 milliards de kilowattheures par an, des volumes qui dépassent la consommation annuelle totale d'électricité de pays comme l'Argentine ou l'Australie. Cela représente de 0,4 à 0,9 % de la consommation d'électricité mondiale annuelle et est comparable à la consommation d'électricité annuelle de tous les data centers dans le monde. Cette consommation est principalement due aux activités de minage (qui servent à établir un consensus entre les acteurs) recourant à la méthode dit de « Preuve de travail » (PoW), celle utilisée en particulier pour le Bitcoin.En ce sens, la blockchain, technologie cœur du Bitcoin, est très contributrice aux émissions de gaz à effet de serre. Heureusement, il existe d'autres mécanismes de consensus bien moins consommateurs d'énergie, comme le mécanisme de « Preuve de participation » (PoS), qui est utilisé par Ethereum.D'un autre côté, les nouveaux services qu'offre la blockchain sont particulièrement attractifs pour combattre le réchauffement climatique.Ainsi, la blockchain peut faciliter les échanges entre les producteurs des énergies qui sont difficiles à stocker. Elle est également très adaptée pour aider à la création d'infrastructures décentralisées et distribuées, tout en garantissant l'origine de l'énergie grâce à ses propriétés de traçabilité, et renforçant ainsi la confiance des consommateurs dans la provenance réelle de l'énergie qu'ils consomment.Ainsi, grâce à la blockchain, un processus de collaboration entre les États devrait devenir possible pour élaborer des normes de performance environnementale efficaces et fondées sur des preuves.
      The public blockchain is a recent technology that allows trust to be created without a centralized body. Blockchain is based on a peer-to-peer network. The damage or loss of one node will not affect the functioning of the whole system. With its properties of tamper-proofness, traceability and transparency, the blockchain enables the creation of notarisation services in a digital world between actors who do not a priori trust each other. Recent applications using blockchain technology include crypto-currencies, two of which have been very successful: bitcoin and Ethereum. Yet, between 2018 and 2022, the annual amount of electricity from global crypto-assets has increased significantly. As of August 2022, published estimates of total global electricity consumption for crypto assets ranged from 120 to 240 billion kilowatt hours per year, a range that exceeds the total annual electricity consumption of countries like Argentina or Australia. This is equivalent to 0.4% to 0.9% of the world's annual electricity consumption and is comparable to the annual electricity consumption of all data centres in the world. This consumption is mainly due to mining activities (which are used to establish a consensus between players) using the so-called ‟Proof of Work” (PoW) method, used in particular by bitcoin. In this sense, the blockchain, the core technology of bitcoin, is a major contributor to greenhouse gas emissions. Fortunately, there are other consensus mechanisms that consume less energy, such as the ‟Proof of Participation” (PoS) mechanism used by Ethereum. On the other hand, the new services offered by blockchain are particularly attractive for combating global warming. For example, blockchain can facilitate exchanges between energy producers that are difficult to store. It is also very suitable for helping to create decentralised and distributed infrastructures, while guaranteeing the origin of energy thanks to its traceability properties, reinforcing consumers' confidence in the real origin of the energy they consume. Thus, through blockchain, a collaborative process between states should become possible to develop effective and evidence-based environmental performance standards.
  • Le numérique comme vecteur de la décarbonation des secteurs d'activité économique

    • Comment la reconquête « industrielle » du numérique par l'Europe peut-elle contribuer à la neutralité carbone ? - Aurélie Picart p. 72-77 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Pour s'assurer que la contribution du numérique à la neutralité carbone ne soit pas compensée par une hausse des usages du digital, il est nécessaire de mener une action cohérente sur trois leviers majeurs : la recherche, le changement des comportements et le développement d'une énergie décarbonée et compétitive.Mais, plus largement, l'atteinte de nos objectifs de décarbonation et notre capacité à peser dans les négociations climatiques internationales dépendent de notre souveraineté industrielle, numérique1 et énergétique.Nous devons dès lors renforcer et décarboner nos filières industrielles et sécuriser nos approvisionnements, tout en mobilisant la demande du marché intérieur européen et en développant les compétences techniques clés. L'Europe a commencé à infléchir sa politique en ce sens. Il faut rapidement dégager un consensus entre les pays européens pour bâtir une politique cohérente et ambitieuse à la hauteur des challenges que représentent l'Inflation Reduction Act américain et l'inflation.
      To ensure that the contribution of digital technology to carbon neutrality is not offset by an increase in the use of digital technology, it is necessary to take coherent action on three major levers: research, changes in behaviour and the development of decarbonised and competitive energy. But more broadly, achieving our decarbonisation objectives and our ability to influence international climate negotiations depend on our industrial, digital and energy sovereignty. We must therefore strengthen and decarbonise our industrial sectors and secure our supplies, while mobilising the demand of the European internal market and developing key technical skills. Europe has begun to shift its policy in this direction. A consensus must quickly be reached between the European countries to build a coherent and ambitious policy to meet the challenges posed by the American Inflation Reduction Act and inflation.
    • Comment concilier décarbonation et compétitivité de l'industrie ? - Romain Bonenfant p. 78-81 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La maîtrise du changement climatique impose de décarboner notre industrie. Cette transformation structurelle nécessite un cadre réglementaire adapté pour assurer une concurrence équitable entre l'industrie européenne et celle des pays tiers, et créer les conditions propices à l'investissement privé dans des projets de décarbonation. Des ruptures technologiques sont toutefois nécessaires pour atteindre les objectifs compatibles avec les enjeux climatiques. Le secteur privé ne pourra entièrement les financer compte-tenu des risques associés. Dans ce contexte, la décarbonation de l'industrie doit être planifiée pour en optimiser les coûts et permettre de concentrer le soutien public là où il est le plus nécessaire.
      Containing climate change requires decarbonizing our industry. This structural transition calls for an appropriate regulatory framework to ensure a level playing field for both EU industry and third countries', and create favorable conditions to foster private investment for decarbonization projects. Breakthrough technologies are needed to reach emission reduction targets compatible with climate objectives. The private sector will not be in a position to finance entirely these innovations, considering associated risks. In this context, industry decarbonization should be planned to optimize transition costs and focus public funding where it is most required.
    • Le numérique, allié ou ennemi de la transition écologique ? - Claire Tutenuit, Benoît Galaup p. 82-85 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Caractérisée par un rythme d'innovation extrêmement rapide, la révolution numérique en cours transforme nos notions du temps et de l'espace et modifie profondément nos façons d'accéder à la connaissance, aux autres et à la consommation. Utilisées à bon escient, ces technologies peuvent apporter de nombreux bénéfices. Mais, aujourd'hui, elles sont surtout à l'origine de répercussions importantes sur l'environnement. L'enjeu nouveau pour les entreprises est donc de réduire leur empreinte, tout en poursuivant leur transformation numérique. Au sein de la commission Numérique et Environnement d'EpE, près de soixante grandes entreprises ont analysé les conditions d'une adoption accélérée d'un numérique à plus faible empreinte et utile à la mise en œuvre de leur transition écologique et celle de la société. La publication « Le numérique, allié ou ennemi de la transition écologique ? », qui est la synthèse de ces travaux, fait état de résultats encourageants et suggère l'adoption de comportements plus sobres pour conduire simultanément la transition écologique et la transition numérique.
      Characterised by an extremely rapid pace of innovation, the ongoing digital revolution is transforming our notions of time and space and profoundly changing our ways of accessing knowledge and consumption, and reaching others. Used wisely, these technologies can bring many benefits, but today, they are mainly at the origin of significant impacts on the environment. Therefore, the new challenge for companies is to reduce their environmental footprint while continuing their digital transformation. Within EpE's Digital and Environment Commission, nearly sixty large companies have analysed the conditions for accelerated adoption of digital technology with a reduced footprint as well as being useful for their ecological transition and that of society. The publication ‟The digital, ally or enemy of the ecological transition?” Summarises this work and shows encouraging results. It suggests the adoption of frugal behaviours to drive ecological and digital transition at the same time.
    • L'apport du numérique dans la décarbonation des mobilités : le cas de l'automobile - Christophe Midler, Patrick Pélata p. 86-90 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Les technologies numériques ont fortement impacté les automobiles sur le plan de leurs émissions de CO2, essentiellement à travers l'amélioration de la gestion des moteurs, et ce depuis le début des années 1990. L'effet cumulé de ces trente années d'innovation est de l'ordre de 200 MtCO2 par an pour l'Europe.Mais, en dehors des véhicules électriques, où, pour l'essentiel, les innovations viennent de la chimie et de l'électronique de puissance, celles que nous connaissons aujourd'hui et qui s'appuient sur le numérique (télétravail, e-commerce, auto-partage, VTC, mobilités partagées, douces ou pas) sont d'un bien moindre impact sur la décarbonation des mobilités.Ce que le futur nous réservera est encore bien incertain. Mais la conduite autonome, en particulier appliquée à des robo-taxis partagés, pourrait contribuer significativement et même accélérer la mutation majeure que constituent l'électrification et la réduction du parc automobile.
      Digital technologies have had a major impact on CO2 emissions from cars, mainly through improved engine management, since the early 1990s. The cumulative effect of these 30 years of innovation is about 200 MtCO2 per year for Europe. However, apart from electric vehicles, where most of the innovation comes from chemistry and power electronics, the innovations we are seeing today, which are based on digital technology (telecommuting, e-commerce, car-sharing, VTC, shared mobility, whether soft or not), have a much lesser impact on decarbonizing mobility. What the future holds for us is still very uncertain. But autonomous driving, especially when applied to shared robot cabs, could make a significant contribution to and even accelerate the major transformation that is the electrification and reduction of the car fleet.
    • L'apport du numérique en matière de décarbonation du bâtiment - François Bertière p. 91-94 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      L'industrie du bâtiment et de l'immobilier connaît une profonde évolution sous l'effet de la transition énergétique. En la matière, les outils numériques constituent de puissants atouts pour relever les défis afférents par un secteur qui connaissait un retard certain dans ce domaine du numérique par rapport à l'industrie.Dans cet article, nous présentons les avancées actuelles permises par le numérique dans les domaines de la construction neuve, de la rénovation et de l'exploitation des immeubles ainsi que celle des quartiers, en donnant des exemples de solutions innovantes. Il met en lumière l'importance de la réglementation et les perspectives ouvertes par le Building Information Model, l'analyse du cycle de vie et le jumeau numérique. Il conclut à la nécessité d'accompagner la contrainte réglementaire par une politique de formation, de soutien et d'incitation.
      The building and real estate industry is undergoing a profound change as a result of the energy transition. In this respect, digital tools are powerful assets to take up the related challenges in a sector that was lagging behind the industry in the digital field. In this article, we present the current advances made possible by digital technology in the fields of new construction, renovation and operation of buildings and neighborhoods, giving examples of innovative solutions. It highlights the importance of regulation and the perspectives opened by the Building Information Model, life cycle analysis and the digital twin. It concludes that regulatory constraints must be accompanied by a policy of training, support and incentives.
    • Comment réduire l'impact environnemental de la microélectronique dans un domaine du semi-conducteur en pleine évolution ? - Sébastien Dauvé, Léa Di Cioccio p. 95-101 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La microélectronique fait désormais partie intégrante des stratégies de nombreux pays, et l'on peut gager que le paysage mondial se recomposera dans les prochaines années pour rééquilibrer la chaîne de valeur. C'est dans ce contexte inédit que la question de l'impact environnemental de la microélectronique se pose de façon croissante à travers la production de ses composants, mais aussi à travers ses usages. Les acteurs de l'industrie et de la recherche se mobilisent pleinement pour concrétiser, au travers d'actions concrètes, l'objectif de réduction de son empreinte carbone. Ils intègrent également cette dimension dans la conception des futurs technologies et composants de la microélectronique. Dans cet article, nous dressons un état des lieux des enjeux et initiatives en la matière et donnons des exemples concrets des innovations en cours, notamment au CEA.
      Microelectronics is now an integral part of many countries' strategies, and the global landscape is likely to change in the coming years to rebalance the value chain. It is in this unprecedented context that the question of the environmental impact of microelectronics is increasingly being raised through the production of its components, but also through its uses. Industry and research players are fully mobilized to achieve the objective of reducing its carbon footprint through concrete actions. They are also integrating this dimension into the design of future microelectronics technologies and components. In this article, we take stock of the issues and initiatives in this area and give concrete examples of innovations underway, particularly at the CEA.