Contenu du sommaire : No Future: Poetry of the Current British Crisis

Revue Etudes anglaises Mir@bel
Numéro vol. 76, no 1, janvier-mars 2023
Titre du numéro No Future: Poetry of the Current British Crisis
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  • Articles

    • No Future: Poetry of the Current British Crisis - Daniel Katz p. 3-9 accès réservé
    • “The Arc of Struggle”: Poetry and Defeat in the Work of Sean Bonney - David Grundy p. 10-30 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article se penche sur l'œuvre de Sean Bonney de 2010 à 2019 afin de réfléchir à certaines des façons dont les poètes britanniques contemporains ont figuré la défaite politique à une époque de gouvernements de droite, tant au niveau national qu'international. Bonney était une figure clé d'une scène restreinte mais florissante de poètes expérimentaux contemporains basés au Royaume-Uni qui, dans leurs œuvres, se sont souvent intéressés à cet environnement politique. Le travail de Bonney, à la fois en tant que poète et chercheur, a formé un ensemble que l'on pourrait schématiquement qualifier de « poétique militante » et qui englobe la tradition radicale noire américaine, l'école de Francfort, le surréalisme européen et l'anarchisme et le radicalisme britanniques d'Abiezer Coppe à Blake. Cet ensemble constitue à la fois une série de modèles passés que Bonney choisit comme généalogie de son œuvre — une sorte de famille poétique qu'il se constitue — et une série d'outils permettant de penser le moment contemporain. De même, cet article soutient que l'œuvre de Bonney sert elle aussi de boîte à outils pour réfléchir à la conjoncture actuelle et, en particulier, au problème de la défaite politique.
      In this essay I use Sean Bonney's work from 2010 to 2019 to reflect on some of the ways that contemporary UK poets have figured political defeat in an era of right-wing government both domestically and worldwide. Bonney was a key figure for a small but thriving scene of contemporary UK-based experimental poets whose work has frequently been concerned with this political environment. Bonney's work as both poet and scholar created a kind of assemblage, loosely organized under the term “militant poetics,” encompassing the US Black radical tradition, the Frankfurt school, European surrealism, and British anarchism and radicalism from Abiezer Coppe to Blake. This is at once a chosen genealogy of past exemplars for Bonney's own work—a kind of chosen poetic family—and a series of tools for thinking about the contemporary moment. Likewise, I will argue in this essay that his own work serves as a similar toolkit for thinking about the present conjuncture, and, in particular, the problem of political defeat.
    • Images of Transcendence: “Crisis Always” and the New Black British Poets - Malachi McIntosh p. 31-46 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      À partir du concept de “crise ordinaire” de Lauren Berlant, cet article étudie la génération de poètes britanniques noirs publiant depuis 2008. Il montre que cette cohorte d'écrivains emprunte souvent ses techniques de représentation à leurs prédécesseurs des années 1970-80, pour souligner les stéréotypes présentant la vie des noirs en Grande-Bretagne comme un état de crise permanent. Dans les œuvres de Momtaza Mehri, Warsan Shire et Caleb Femi, l'article voit des efforts pour, simultanément, célébrer les signes et les symboles d'une classe ouvrière britannique noire, urbaine et diverse, mais aussi pointer et dénoncer les difficultés de la vie contemporaine des noirs britanniques. En revanche, dans les œuvres de Roger Robinson et de Elizabeth-Jane Burnett, l'auteur décèle un mouvement émergent, lié au premier, qui tente de se libérer des techniques des générations précédentes : une poétique qui cherche à transcender toutes les limites pour offrir de nouvelles lectures de la condition noire et de sa relation au monde.
      Drawing on Lauren Berlant's concept of “crisis ordinary” in its analysis of Black British poets publishing after 2008, this essay argues that this new cohort of writers often draws upon the representational techniques of their 1970s and 1980s forebears to subtend stereotypes of Black British life that view it as a state of constant crisis. In the work of Momtaza Mehri, Warsan Shire, and Caleb Femi, the essay reads efforts to simultaneously exalt the signs and symbols of a city-based and eclectic Black British working class alongside efforts to name and assign blame for the challenges of contemporary Black British life. In the work of Roger Robinson and Elizabeth-Jane Burnett, however, the essay argues that an attendant, emergent trend is present that breaks away from the techniques of previous generations: a poetics that seeks to transcend all imposed limits in the service of novel readings of Black being and its relationship to the world.
    • The Anti-Austerity Poetics of the Archive: Jay Bernard's Surge and Holly Pester's go to reception and ask for Sara in red felt-tip - Andrea Brady p. 47-65 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      D'abord comme tragédie, puis comme farce : Jay Bernard et Holly Pester ont tous deux recours aux archives pour présenter leur critique de la politique britannique contemporaine. Bernard se penche sur la manière dont furent documentés l'incendie de New Cross en 1981 et l'activisme noir des années 1970 et 1980, tandis que la réflexion de Pester se fonde sur les archives du féminisme tel qu'exprimé dans les arts visuels et les mouvements de défense des droits reproductifs. Alors que la poésie de Bernard évoque une ville queer, hantée par les victimes de l'incendie de la tour Grenfell, Pester présente une approche comique du travail gestationnel et artistique. Ces poètes explorent tous deux les archives dans leur dimension matérielle, relationnelle et marginale pour y rechercher des formes de sociabilité disparues et proposer une relecture queer de ses formes temporelles et spatiales, en quête de points communs. En révélant les liens de continuité entre la Grande-Bretagne de l'ère Thatcher et celle aujourd'hui gouvernée par le parti conservateur, leurs ouvrages remettent en lumière les discours et images des archives, et nous rappellent ainsi les stratégies trouvées par les générations passées, qui pourraient inspirer et aider à poursuivre le combat contre la suprématie blanche et la misogynie.
      First as tragedy, then as farce: both Jay Bernard and Holly Pester make use of the archive to stage a critique of the politics of contemporary Britain. Bernard returns to documentation of the New Cross Fire in 1981, and Black activism in the 1970s and 80s; Pester thinks through archives of feminist visual art and organizing for reproductive freedom. Where Bernard's poetry manifests a haunted, queer city grieving for the victims of the Grenfell fire, Pester elaborates a comic approach to gestational and artistic labour. Both poets explore the materiality, relationality, and marginality of the archive, searching for forms of sociality that leave no trace; they also queer its temporal and spatial forms, finding spaces where connections can flourish. Exposing the continuities between Thatcherite and contemporary Tory Britain, their books surface from immersion in the found languages and images of the archive with records of the resources developed by previous generations to inspire and continue the struggle against white supremacy and misogyny.
    • “Things to address directly”: Border Politics and Contemporary British Poetry - Stephen Collis p. 66-81 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article propose une lecture de quatre poèmes britanniques récents, composés explicitement en réponse au Brexit, à la résurgence du nationalisme britannique et à un discours politique se proposant de créer un « environnement hostile » à l'immigration. Ces poèmes de Patience Agbabi, Inua Ellams, David Herd et Simon Smith se confrontent à la question du politique selon plusieurs modalités, du témoignage envisagé dans sa simplicité essentielle à la mise en scène performative et au discours critique. À chaque fois, les poètes concernés affichent leur foi en l'idée que la poésie « fait advenir quelque chose » (n'en déplaise à W.H. Auden) ou, à tout le moins, pour citer David Herd, trouve à « affronter directement » des enjeux complexes, tels que la « géographie politique ». La question de l'efficacité sociale du discours poétique révèle de profonds écarts entre les mots et le monde, qui eux-mêmes façonnent et sous-tendent notre appréhension des frontières nationales et des formes d'appartenance.
      This essay reads four examples of recent British poetry written, self-consciously, in the wake of Brexit, contemporary resurgent British nationalism and a border politics figured as a “hostile environment.” These examples—poems written by Patience Agbabi, Inua Ellams, David Herd and Simon Smith—deploy a variety of methods for engaging the political, from simple yet essential acts of witness to performative enactments and discursive critique. In each case, the poets clearly believe (despite Auden's famous provocation) that poetry “makes something happen,” or at least, as David Herd has it, finds complicated things (like “political geography”) “to address directly.” In turn, these questions of the social efficacy of poetic discourse reveal deeper rifts between “word” and “world” which themselves shape and underwrite national borders and questions of belonging.
    • Independence and Extinction in Scottish Wilderness Writing - Michael Gardiner p. 82-99 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Les crises de l'autorité constitutionnelle britannique ont souvent été des crises de la « métaphysique empiriste » au fondement de l'État — une philosophie visant à transformer le monde en un espace standardisé où tout objet soit chiffrable. Les spécialistes des études environnementales ont parfois abordé cette question, mais sans s'intéresser aux liens entre identité britannique, progrès empirique et logique extractive du monde-comme-propriété d'une part, et d'autre part cet autre risque existentiel majeur qu'est l'arme nucléaire. Le désarmement nucléaire est sans doute la ligne de partage la plus évidente entre le Royaume-Uni et l'une de ses nations périphériques, l'Écosse, dont le rattachement au xviiie siècle avait aidé à créer la philosophie morale adaptée au développement d'un empire commercial, mais dont le glissement vers l'indépendance marque le détachement d'avec le reste du Royaume. Comprendre le désarmement nucléaire comme rupture avec l'identité britannique permet d'expliquer la quantité d'écrits que l'Écosse du xxie siècle a vus fleurir sur le thème de la wilderness, c'est-à-dire des espaces échappant à la loi du marché. En convoquant des exemples tirés de poèmes récents, cet article explore l'antagonisme entre les espaces sauvages écossais et le « progrès empirique » vers des armes nous menaçant d'extinction totale.
      Crises of British constitutional authority have often been crises of the state's foundational “empiricist metaphysics”—the assumption that the world should be progressively converted into objects for evaluation within standardized space. Environmental writers have touched on this, but tended to miss the binding of Britishness, empiricist progress, and the “extractive” logic of world-as-property—and that other great existential risk, nuclear weapons. Nuclear disarmament is perhaps the single clearest crack between the UK and one of its peripheral nations—Scotland—whose adjustment had been crucial in creating an eighteenth-century morality for commercial empire, but whose de-adjustment is felt in its slide towards independence. Understanding nuclear disarmament as an un-Britishing helps explain the twenty-first-century boom in Scottish writing on wilderness, or places which exceed evaluable space. Turning particularly to specific examples from recent poetry, this paper explores this antagonism between Scottish wilderness and “empiricist progress” towards extinction-level weapons.
    • “Is the poet / An imperial dissident”: Migration and the Limits of Care in Bhanu Kapil's How to Wash a Heart - Shalini Sengupta p. 100-115 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse la manière dont les écrits de Bhanu Kapil, écrivaine indo-britannique dont l'œuvre englobe prose, poésie et performance, thématisent les contradictions inhérentes à la notion d'hospitalité multiculturelle. Le propos se concentre tout particulièrement sur How to Wash a Heart (2020), le premier recueil de poèmes publié par Kapil au Royaume-Uni, à un moment où l'hostilité envers les migrants y allait croissant. L'article montre comment le recueil de Kapil développe un discours sur l'hospitalité multiculturelle tout en critiquant simultanément les pratiques du soin (« care ») mises en œuvre après l'accueil des étrangers. Comment ces actes de « care » soutiennent-ils une forme systémique de violence ? Quel est le rapport entre « care » et contrôle ? Comment ce contrôle est-il structuré, ou légitimé, par le « care » ? Le recueil de Kapil plonge au cœur même de ces questions, et démêle le traumatisme lié à la race (qui est ici le traumatisme de la migration) et les limites du « care » dans le contexte de la Grande-Bretagne contemporaine. La conclusion pose que l'œuvre de Kapil saisit un moment de cette période troublée dont il est nécessaire de témoigner. Le recueil, un brûlot politique qui ne se laisse pas imposer de limites, va au plus profond de la conscience de la société britannique.
      This article examines how the contradictions implicit within the notion of multicultural hospitality are thematized in the writing of Bhanu Kapil, a contemporary British-Indian writer whose work straddles the boundaries between prose, poetry, and performance. I turn, in particular, to How to Wash a Heart (2020)—Kapil's first UK book-length poetry collection—that was published at a time of rising hostility against migrants in the country. I argue that Kapil's collection extends discourses of multicultural hospitality by also critically reflecting on practices of care that follow the act of welcoming the stranger. How do such acts of care subtend systemic violence? What is the relationship between care and control? How is control structured by, or legitimated through, care? Kapil's collection appears plugged into these questions and unpacks racial trauma—understood here as the trauma of migration—and the limits of care against the backdrop of present-day Britain. I conclude by arguing that Kapil's work captures a moment in our fraught times that warrants witnessing. Searing in its politics and unapologetic in its scope, the collection taps into the conscience and consciousness of contemporary British society.
  • Comptes rendus