Contenu du sommaire : Le minimalisme nordique : architecture, arts, design et littérature

Revue Nordiques Mir@bel
Numéro no 44, printemps 2023
Titre du numéro Le minimalisme nordique : architecture, arts, design et littérature
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial - Aymeric Pantet, Frédérique Harry, Harri Veivo, Yohann Aucante, Katerina Kesa accès libre
  • Dossier : Le minimalisme nordique : architecture, arts, design et littérature

    • Les paysages esthétiques et religieux en Norvège au XIXe siècle - Arne Bugge Amundsen accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article étudie les changements esthétiques des paysages culturels religieux en Norvège au XIXe siècle. Ces changements doivent être interprétés dans un contexte scandinave plus large qui voit les Églises d'État luthériennes historiques contestées par de nouvelles organisations de chrétiens laïcs et de nouvelles dénominations chrétiennes, toutes construisant leurs propres lieux de réunion ou leurs propres églises, selon des normes qui s'éloignent des traditions luthériennes et laissent la part belle à la piété individuelle et une esthétique religieuse simple, classique et aisément interprétable. Cette évolution représente une rupture avec les choix architecturaux passés, en intérieur comme en extérieur, et manifeste la recherche d'un nouveau lien entre les expériences émotionnelles et corporelles et la sphère cultuelle.
      The article investigates the changes in aesthetics and religious cultural landscapes in Norway during the 19th century. These changes must be interpreted in a Scandinavian perspective: The historical Lutheran state churches were challenged by both new lay organisations and new Christian denominations, all building their own assembly halls or churches according to standards that deviated from the Lutheran traditions. This led to a general interest in individual piety and a new focus on the simple, classical, and easily interpreted religious aesthetics. The development represented both a break with past preferences in architecture and church interiors and a search for a new connection between emotional and bodily experiences and the cultic sphere.
    • Le design et l'architecture d'Alvar et Aino Aalto, esquisse du minimalisme scandinave - Béranger Begin accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le couple d'architectes-designers finlandais Alvar et Aino Aalto a largement participé à la définition et à la diffusion internationale du style scandinave au début du XXe siècle. Ce style, marqué par les traditions artisanales (et notamment le travail du bois), évolue du néoclassicisme vers le modernisme, puis il s'en écarte pour se tourner vers ce qu'ils intitulent le nouveau réalisme (parfois aussi nommé modernisme régional). Ce cheminement est intéressant puisqu'il révèle l'origine du minimalisme scandinave. L'étude de leurs œuvres, couplée à l'analyse de leurs textes, nous permet ainsi d'esquisser les contours esthétiques et théoriques de ce courant. A la fin des années 1920, Alvar et Aino Aalto ont poussé l'épurement formel et le fonctionnalisme à un tel point que leurs réalisations portent en elles l'essence du minimalisme : des espaces épurés pour des usages essentiels. Leur intérêt pour le bois ancre leur travail dans les traditions nordiques et qualifie leur minimalisme de scandinave.
      The couple of Finnish architects and designers Alvar and Aino Aalto played a major role in defining and spreading the Scandinavian style internationally in the early 20th century. This style, marked by traditional craftsmanship (particularly woodworking), evolved from neoclassicism to modernism and then to new realism (so-called regional modernism). This evolution is interesting because it reveals the origins of Scandinavian minimalism. The study of their works and writings allows us to sketch the aesthetic and theoretical contours of this movement. In fact, at the end of the 1920s, Alvar and Aino Aalto pushed formal simplification and functionalism to such an extent that their creations carry within them the essence of minimalism: reduced spaces for essential purposes. Their interest in wood anchors their work in Nordic traditions and thus qualifies their minimalism as Scandinavian.
    • Muminalism : Tove Jansson's Art of the Miniature - Björn Sundmark accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans cet article, j'analyse l'art de la miniature chez Tove Jansson. En m'appuyant sur la conceptualisation de la miniature de Gaston Bachelard et en l'adaptant au discours critique sur la littérature de jeunesse et la miniature, je soutiens que l'art verbal et visuel de Jansson en général, et dans la série Moomin en particulier, peut être compris en termes d'une « imagination miniaturisante ». Ainsi, la miniature – verbale, visuelle, artefactuelle – dans l'œuvre de Tove Jansson atteint généralement la condensation et l'enrichissement plutôt que la réduction, un « espace poétique » pour reprendre le terme de Bachelard. Le « muminalisme » de Tove Jansson sert à ouvrir le monde fictif des Moomins par un acte de construction d'un monde fictif.
      In this article I analyze Tove Jansson's art of the miniature. Drawing on Gaston Bachelard's conceptualization of the miniature and adapting it to the critical discourse of children's literature and the miniature, I argue that Jansson's verbal and visual art in general, and in the Moomin series in particular, can be understood in terms of a “miniaturizing imagination”. Thus, the miniature in Tove Jansson's work – verbal, visual, artifactual – typically achieves condensation and enrichment rather than reduction, a “poetic space” to use Bachelard's term. Tove Jansson's “muminalism” serves to open up the fictional world of the Moomintrolls in an act of fictional world-building.
    • La réduction et le reste : la poésie médiale de Jørn H. Sværen - Emmanuel Reymond accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article vise à poser les bases d'une réception critique de l'œuvre en cours du poète norvégien Jørn H. Sværen, qui se laisse exemplairement ressaisir depuis la perspective de son économie de matière. En observant l'articulation des gestes poétiques et éditoriaux sur laquelle se construit cette œuvre, ainsi que la thématisation qu'elle propose de la question de la simplicité, on mettra en place un parcours visant à faire saillir les dynamiques qu'elle génère au sein d'un espace réduit, tout en les historicisant de façon à interroger la tension qu'elles inscrivent au cœur du programme minimaliste. On verra à ce titre qu'à une approche en termes de manque, l'œuvre de Jørn H. Sværen semble opposer une approche en termes de reste, liée à une compréhension de la condition médiale de la littérature, et d'autant plus apte à réengager nos représentations de sa capacité d'action dans le contexte contemporain.
      This article aims to lay the foundations of a critical reception of the work of contemporary Norwegian poet Jørn H. Sværen. Observing how this work articulates poetic and editorial gestures exemplary of a minimalist approach to the material, and how it thematizes the question of simplicity, I will try to show and historicize the specific dynamics it generates within a reduced space, in order to see the tension they bring forth in the heart of the minimalist program. I will show then how Jørn H. Sværen's work seems to favour an approach of minimalism in terms of remainder over an approach in terms of lack, linked to an understanding of literature's medial condition, and fitting to reengage our representations of its agency in a contemporary context.
    • Voir la sciure - Aspects de l'écriture minimaliste de Petri Tamminen - Harri Veivo accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article analyse l'œuvre littéraire de l'écrivain finnois Petri Tamminen (né en 1966) connu pour son écriture minimaliste. Dans ses textes, les événements sont souvent banaux et le style dépouillé à l'extrême. Les failles, les non-dits et les allusions s'ouvrent cependant vers un univers de signification riche et complexe. Tamminen aborde des « grands » sujets comme l'histoire de la Finlande, l'angoisse, les émotions négatives et la condition existentielle de l'homme dans la société contemporaine, tout en utilisant souvent des méthodes d'écriture collective qui ouvrent ses textes à d'autres voix que la sienne. Le minimalisme devient ainsi un maximalisme en quelque sorte.
      This article analyses the literary production of Finnish writer Petri Tamminen (born in 1966) known for his minimalist writing. In his texts, the events are often banal and the style extremely simple. The silences, the absences and the allusions point however to a rich and complex fabric of meanings. Tamminen writes on “great” topics such as the history of Finland, anxiety, negative emotions and the existential condition of men in the contemporary society. He also uses often methods of collective writing that open his works to other voices. In this sense, minimalism becomes maximalism in a way.
    • Le minimalisme chez Carl Theodor Dreyer et Ingmar Bergman : auteurisme, modernisme, transcendance - Aymeric Pantet, Lucas Brochot accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article cherche à articuler les périodes explicitement minimalistes des œuvres de Carl Theodor Dreyer et d'Ingmar Bergman afin d'en dévoiler les similarités esthétiques et d'enjeux. En rappelant le contexte artistique, il vient souligner que les œuvres de Dreyer et Bergman dialoguent entre elles, mais aussi s'inscrivent dans le sillage d'une tradition nordique. Ainsi, l'idiosyncrasie de ces deux auteurs est relativisée et les correspondances esthétiques s'articulant autour d'un principe d'épure sont dévoilées. L'article montre ainsi que les œuvres de Dreyer et Bergman partagent trois visées, en l'occurrence la figuration de la condition humaine, l'introspection et la transcendance, qui déploient une compréhension du monde similaire aux deux cinéastes.
      This article seeks to articulate the explicitly minimalist periods of the works of Carl Theodor Dreyer and Ingmar Bergman in order to reveal their aesthetic similarities and issues. By recalling the artistic context, it underlines that the works of Dreyer and Bergman are in dialogue with each other, but also in the wake of a Nordic tradition. Thus, the idiosyncrasy of these two authors is relativised and the aesthetic correspondences articulated around a principle of purity are revealed. The article shows that the works of Dreyer and Bergman share three functions, namely the figuration of the human condition, introspection and transcendence, which unfold a similar understanding of the world for both filmmakers.
    • De la lumière, des lignes et des poussières. Commentaire sur le « minimalisme » de Rayons de soleil ou Soleil, « Danse de la poussière aux rayons de soleil » (1900) de Vilhelm Hammershøi - Christian Bank Pedersen accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À en croire le sous-titre d'une grande exposition internationale de 2008, le travail du peintre danois Vilhelm Hammershøi (1864-1916) exprime « la poésie du silence ». Comment une œuvre peinte pourrait-elle représenter non seulement le silence, mais aussi la poésie de celui-ci ? De telles métaphores synesthétiques touchant à l'univers artistique de Hammershøi dévoilent un lieu commun critique le concernant : l'artiste fait œuvre en faisant voir le silence et ce, surtout à travers ses intérieurs, singulièrement épurés. Serait-ce approprié de qualifier Hammershøi de « minimaliste » ?Dans le présent article, je considère cette question notamment en regardant certains de ses choix techniques et donc artistiques en relation avec les réflexions esthétiques et le travail du peintre exemplaire du minimalisme, Frank Stella. Puis, je commente le plus célèbre des tableaux dépouillés de Vilhelm Hammershøi, Rayons de soleil ou Soleil, « Danse de la poussière aux rayons de soleil », afin de voir en quoi consiste véritablement sa stratégie « minimale ».
      According to the subtitle of a major international exhibition held in 2008, the work of Danish painter Vilhelm Hammershøi (1864-1916) expresses “the poetry of silence”. How could the work of a painter represent not only silence, but also the poetry of silence? Such synaesthetic metaphors relating to the artistic universe of Hammershøi reveal a commonplace in the critical reflection of his work: the artist makes silence visible, especially through his singularly clean-cut interiors. Would it be appropriate to categorise Hammershøi as a “minimalist” painter?In my article, I consider this question by looking at some of his technical and therefore artistic choices in relation to the aesthetic reflections and painterly creations of the exemplary minimalist Frank Stella. In conclusion, I propose a commentary on the most famous of Vilhelm Hammershøi's pared-down paintings, Sunbeams or Sunlight, “Dust Motes Dancing in the Sunbeams”, to see what his "minimal" form really consists of.
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