Contenu du sommaire

Revue Sociétés contemporaines Mir@bel
Numéro no 62, 2006
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les ambivalences d'une double appartenance : hommes et femmes en milieux populaires - Le Pape Marie-Clémence p. 5-26 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article s'inscrit dans le renouveau des études sur la parenté dans la famille contemporaine, en considérant qu'ego est à la fois au cœur des relations conjugales et des relations familiales (notamment avec sa famille d'origine). Comment négocie-t-il cette double appartenance ? Dans les milieux populaires, si les hommes affirment ne pas avoir de difficultés à concilier autonomie conjugale et appartenance filiale, les femmes éprouvent, quant à elles, une culpabilité à revendiquer une certaine autonomie vis-à-vis de leur famille d'origine. Toutefois, la forte reproduction des normes familiales au sein de l'unité conjugale, tant chez les hommes que chez les femmes, semble souligner que cet idéal d'appartenance sans contrainte génère chez chacun des aspirations parfois difficiles à concilier. Ces tensions intérieures et ce désir de se construire en référence à son passé familial sans toutefois en être prisonnier sont l'une des manifestations des paradoxes de l'individualisme contemporain`renvoi id="re1no1" idref="no1" typeref="note"b*`/renvoib.
    The ambivalences of dual family membership: Working class men and women. This article is a contribution to the study of contemporary family relationships. It considers that ego is both at the center of conjugal relations and of family relationships (especially with the family of origin). How does ego negotiate this dual belonging? Based on a qualitative survey of working class couples, we see that while men declare that they have no difficulty in conciliating conjugal autonomy and filial links, women feel guilty to claim some autonomy from their family of origin. However, the strong reproduction of family norms within the couple, for both men and women, seems to underline that this ideal of belonging without constraints generates for each partner yearnings which may be difficult to conciliate. These inner tensions and this desire to build oneself in reference to one's family experience without being trapped in it are one of the manifestations of the paradoxes of contemporary individualism.
  • La logique du don dans la transmission des entreprises familiales - Lobet Delphine p. 27-47 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La logique du don, telle que Mauss l'a théorisée dans son célèbre essai, semble particulièrement à même de rendre compte de la logique qui sous-tend la transmission des entreprises familiales. Tout comme le don exige d'être rendu, l'héritage exigerait d'être retransmis : transmettant à ses enfants, on rendrait à ses parents. Une enquête auprès des membres de cinq entreprises familiales wallonnes, représentant jusqu'à quatre générations, nous invite cependant à considérablement nuancer le système d'obligations du don. Contexte économique mais aussi tensions relationnelles, incompatibilité de l'entreprise avec d'autres projets, désenchantement du statut, ouverture et autonomisation des devenirs hors de la famille, font que, dans les faits, le cycle intergénérationnel a ses ratés.
    The logic of gift-giving in family firm descent. The logic of gift-giving, theorized by Mauss in his famous essay, seems particularly interesting to highlight the logic which underlies the descent of family-owned firms. As the gift requires to be returned, the heritage would require to be retransmitted : by transfering to the children, one would return the gift to the parents. However, a survey of five Walloon family firms, representing up to four generations, leads us to moderate considerably the obligations system of the gift. Economic context, relational tensions, incompatibility of the firm with other projects, disenchantment of the statute, more open and autonomous future projects out of the family, result, in practice, in failures of the intergenerational cycle.
  • Les licences professionnelles. Formes et sens pluriels de la « professionnalisation » à l'université - Maillard Dominique, Veneau Patrick p. 49-68 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Ce texte analyse l'offre de licences professionnelles, ses caractéristiques et le travail d'élaboration local dont elle est le produit. Il fait apparaître, au-delà de la diversité des réalisations, quelques formes principales de construction, fortement liées à l'offre de formations existantes et aux choix opérés par les enseignants pour faire évoluer celle-ci. Si la création de la licence professionnelle est avant tout justifiée par le « renouvellement » des qualifications ou leur élévation, le principe d'une nouvelle formation à « Bac+3 » semble en définitive davantage étayé par des préoccupations internes à l'Université. Ainsi, loin de se traduire par un mouvement unique de « professionnalisation », ce diplôme se manifeste par des formes plurielles.
    French “vocational degrees”: forms and plural meanings of “vocationalism” within university. This paper deals with the supply of French university vocational degrees (licences professionnelles), its characteristics and local elaboration process. Beyond the diversity of developments, several main forms of construction can be made out. They are strongly related to the previous supply of degrees and to the choices university faculty make in order to transform it. If the arguments in favour of the creation of vocational degrees are first of all based on the “renewal” and increase of professional skills required, the principle of new degrees three years after the French baccalauréat seem ultimately to be largely the outcome of internal university concerns. Thus, far from producing a common trend towards “vocationalism” within universities, the introduction of these degrees reveal plural forms of mobilisation and supply.
  • La ségrégation sociale a-t-elle augmenté ? La métropole parisienne entre polarisation et mixité - Préteceille Edmond p. 69-93 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'idée que la ségrégation sociale a augmenté et qu'elle concerne avant tout les catégories défavorisées fait partie du sens commun politique, médiatique, académique. Pourtant, l'analyse détaillée de la distribution des différentes catégories sociales dans l'espace de la métropole parisienne montre que ce sont les classes supérieures qui sont le plus ségrégées et que leur auto-ségrégation s'intensifie. Parmi les catégories populaires, les plus ségrégés sont les ouvriers, dont les effectifs décroissent, alors que la plupart des catégories d'employés et des professions intermédiaires connaissent une ségrégation décroissante avec des effectifs croissants. Ces tendances générales résultent d'évolutions spatiales bien plus diversifiées que la dualisation souvent avancée. Elles se traduisent par une exclusivité accrue dans les espaces les plus bourgeois, qui s'élargissent, mais par des évolutions diversifiées des quartiers populaires ouvriers, où l'appauvrissement social est une modalité minoritaire mais préoccupante. Si la situation de mixité sociale reste la modalité résidentielle la plus fréquente pour les classes moyennes et populaires, le tissu social de ces espaces est menacé par la montée du chômage et de la précarité, qui affectent de façon croissante les classes moyennes elles-mêmes.
    Has social segregation increased? The Paris metropolis between polarisation and social mix. The idea of an increase of social segregation that is a concern for disadvantaged groups has become conventional wisdom in the media, the political and the academic worlds. A detailed analysis of the spatial distribution of social categories in the Paris metropolis shows that the more intense segregation is that of upper classes, and it is increasing. Among lower class categories, blue collar workers come next, with an increased segregation also but decreasing numbers. Whereas the expanding middle categories and white collar workers have both a low degree of segregation and a decreasing one. These general trends result from spatial trends much more diverse than the predominant idea of dualization. Upper class areas are becoming more exclusive and are expanding. Working class areas experience diverse types of changes, where the increased concentration of unemployed and casual workers is a minority of cases but a worrying trend. For working classes and middle classes, socially mixed residential areas remain the most frequent modality, although the social fabric of these mixed areas is being threatened by the rapid rise of unemployment and casual labour affecting increasingly the middle classes themselves.
  • Le recensement de 1999 en France : retour sur une expérience pratique de mobilisation étatique - Ngwe Luc p. 95-113 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le recensement de la population en tant qu'entreprise d'État rassemble sous sa bannière des individus et groupes différents engagés et investis dans l'opération en fonction des perceptions qu'ils en ont, de leur niveau de socialisation à l'opération et de leurs propres enjeux. Contrairement à la planification administrative de l'opération, sa réalisation sur le terrain met en relation différents individus qui y investissent différentes ressources contribuant ainsi à façonner le résultat. En même temps, l'opération, qui convoque les différents attributs sociaux des individus, met en scène les rapports complexes que ceux-ci entretiennent avec les différents espaces sociaux administrés par l'État.
    The 1999 census in France: reflections on practices of state mobilization. The population census, a state enterprise, is carried out by diverse individuals and groups, each invested with its specific level of socialisation with the census and perception of it. Contrary to the administration's planning, the implementation of the census on the field depends upon the relations between individuals who invest their different social resources, which contribute to shape the result. At the same time, the census mobilises social attributes of individuals, therefore engaging the relations that they have with the different social spaces under state control.