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Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Mir@bel
Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques
Numéro No 46, 1993
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Perspectives pour l'économie française en 1993 et 1994 - Division modèle-trimestriel Mosaïque, Pierre-Alain Muet, Alain Gubian, Andrew Brociner, Eric Contais, Gérard Cornilleau, Catherine Mathieu p. 5-98 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article présente une analyse de l'entrée en récession de l'économie française et les perspectives de croissance à l'horizon de 1994. Des politiques monétaires inadaptées dans la phase de ralentissement engagée dès le second semestre de 1989 et un freinage durable de la consommation depuis la guerre du Golfe ont joué un rôle majeur dans l'accentuation du ralentissement alors que la politique budgétaire a laissé joué les stabilisateurs automatiques. Aujourd'hui, sans grandes marges de manœuvre, elle tente à la fois de relancer l'économie et d'enrayer l'aggravation des déficits publics, mais son impact sur l'activité sera probablement faible. La prévision envisage que les reprises modérées des pays anglo-saxons s'affirmeront et que les politiques monétaires, encore nettement assouplies, permettront à l'Allemagne, en récession profonde, de redémarrer lentement en 1994. La France connaîtrait elle-même une faible reprise en 1994 (1,2 %) — après un recul de 1 % du PIB en 1993 — soutenue par les exportations, un faible redémarrage de la consommation et l'arrêt de la chute de l'investissement. Le chômage toucherait plus de 3,5 millions de personnes. Un tel scénario n'en exclut cependant pas d'autres, beaucoup plus pessimistes. Après une présentation synthétique différents thèmes sont développés. Enfin l'annexe actualise, comme chaque année, l'article « Révisions successives des comptes nationaux et de l'emploi, quelques ordres de grandeur », paru dans la Revue de l'OFCE, n° 35, en janvier 1991, à l'aide des comptes de 1992. Elle présente également des tableaux synoptiques de nos prévisions pour les années 1990, 1991 et 1992.
    Forecasts for the French Economy in 1993 and 1994 : regaining demand Division modèle-trimestriel Mosaïque This article analyzes the recession in France and the prospects for growth in 1994. Restrictive monetary policy since the beginning of the downturn in the second half of 1989 and the fall in consumption since the Gulf War sharpened the recession, while fiscal policy consisted of letting the automatic stabilizers take effect. Today, with little room for manoeuvre, fiscal policy attempts to stimulate the economy on the one hand, while reducing the budget deficit on the other. The overall impact is likely to be weak. We forecast growth in the US and the UK, and expect Germany to come out of its deep recession — through the continued loosening of its monetary policy — in 1994. France will also come out of its recession (1 .2 % growth) after a fall of 1 % in GDP in 1993, due to its exports, a pickup in consumption and a halt in the fall in investment. Unemployment will reach 3.5 million by the end of 1994. Nevertheless, the scenario described could even be worse. Following the forecast, the various themes are presented in greater detail. The appendix also updates the article, « Révisions successives des comptes nationaux et de l'emploi, quelques ordres de grandeur », which was published in Observation et diagnosticcs économiques, n° 35, in January 1991, and is revised according to the 1992 national accounts. It also presents a synthesis of our forecasts for the years 1990, 1991 and 1992.
  • Croissance : le secret perdu ? - Equipe MIMOSA, Henri Delessy, Henri Sterdyniak, John Baude, Murielle Fiole, Emmanuel Fourmann, Hélène Harasty, Hélène Langin, Frédéric Lerais, Sébastien Paris-Horvitz p. 99-173 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Depuis 1990, la croissance des pays industrialisés est redevenue insuffisante pour contenir la montée du chômage. La reprise annoncée pour 1992 ne s'est guère produite, sauf aux Etats-Unis. Faut-il la prévoir pour 1993 et 1994 ? La remontée du dollar, induite par la diminution du différentiel des taux d'intérêt américain et allemand, devrait freiner l'activité américaine, mais favoriserait la croissance en Europe ; le Japon mène une politique budgétaire et monétaire stimulante ; les taux d'intérêt baissent en Europe tandis que le Royaume-Uni et l'Italie devraient bénéficier du coup de fouet que leur forte dépréciation donnerait à leur commerce extérieur. L'inflation reste contenue tandis que les prix du pétrole et des matières premières sont stables ou diminuent. En sens inverse, une forte reprise de l'investissement est difficile à envisager en raison d'importantes marges de capacités disponibles. La baisse des taux d'intérêts nominaux laisse des taux réels élevés. La consommation des ménages est peu vigoureuse. De nombreux pays mettent en œuvre des politiques budgétaires restrictives. A moyen terme (1994-2000), la croissance moyenne des pays de l'OCDE serait de 2,4 % ; les Etats-Unis, entravés par leurs problèmes budgétaires et une faible productivité, connaîtraient une croissance de 2,2 % ; le Japon ne sortirait que lentement de ses difficultés actuelles (3,3 % de croissance en moyenne). En Europe, l'Allemagne de l'Ouest retrouverait une croissance proche de sa croissance potentielle (2,4 %) ; la croissance de l'Allemagne réunifiée serait alors de 3 % ; le Royaume- Uni bénéficierait d'une certaine reprise après une récession profonde (2,2 % de croissance) ; la croissance française serait de 2,2 %, tandis que l'Italie, freinée par une politique budgétaire rigoureuse, aurait une ~croissancè~de 1,9 °/dpa croissance díTřeste dé la CE sëraifde 2,1 %. Après une baisse de 0,3 % en 1991 et une hausse de 0,3 % en 1992, le PIB mondial augmenterait de 1,6 % en 1993 puis de 3,3 % de 1994 à 2000, ceci reflétant l'essor des NPI et de l'Asie peuplée (Inde et Chine). La croissance des pays de l'Est serait soutenue, mais leur production serait en 2000 inférieure de près de 15 % à son niveau de 1989. La croissance de l'OCDE reste relativement médiocre. La politique économique hésite entre le souci de soutenir la croissance et celui de rétablir les grands équilibres. Après avoir toléré le creusement des défi- cits budgétaires de 1991 à 1993, de nombreux pays mettent en œuvre des politiques de freinage des dépenses publiques et de hausses d'impôts qui brident la croissance. Les taux d'intérêt nominaux sont bas car la croissance et l'inflation sont modérées, mais les taux d'intérêt réels restent élevés comparés au taux de croissance. La consommation des ménages est bridée par la modération salariale et le chômage. Les entreprises se heurtent à la faible croissance de la demande. Les pays européens qui pâtissent d'un fort chômage hésitent pour la plupart à s'engager dans des politiques de dévaluation et de blocage des salaires qui pourraient rétablir leur compétitivité, mais porteraient un rude coup à la construction européenne. Les mesures qui pourraient relancer l'économie mondiale (forte baisse des taux d'intérêt, apports massifs de capitaux au Sud et à l'Est, impulsion budgétaire concertée) ne font pas l'unanimité, ni parmi les gouvernements, ni parmi les économistes. Le secret de la croissance semble perdu.
    Growth : the lost secret ? Équipe MIMOSA Since 1990, growth in the industrial countries has become again insufficient to prevent a further rise in unemployment. The announced recovery has been quite weak in 1992, except in the United States. Will it happen in 1993 and 1994 ? The dollar's rise, resulting of the decreasing gap between Germany and US interest rates, should moderate US activity, and stimulate the European growth. Inflation remains weak and oil and raw materials prices are stable. A strong recovery in investment is difficult to forecast as the capacity rates of utilisation remain low. Despite the decrease in nominal interest rates, real rates remain high. Consumption is weak, and fiscal policies generally restrictive. In the middle term (1994-2000), the average growth for OECD countries should be 2.4 % per year. The United States, having budgetary constraints and low productivity, should grow at only 2.2 %. Japan should slowly emerge from its present problems, reaching a 3.3 % growth. In Europe, West Germany should match again its potential growth (2.4 %), which should imply a global rate of 3 % a year for a unified Germany. The United Kingdom should acknowledge a certain recovery after its 2 year-long deep recession, with an average growth of 2.2 %. Growth in France should also be 2.2 %. Enduring rigorous fiscal policy, Italy should grow at only 1.9 % a year. The world GDP should rise 1.6 % in 1993, and 3.3 % a year from 1994 to 2000, due to the upsurge of New Industrial Countries, India and China. Eastern countries should enjoy sustained growth, but their production level should remain 15 % lower in 2000 than its 1989-level. The OECD growth should be quite weak, as economic policies hesitate between sustaining growth and balancing public and external accounts. Having accepted to deepen their budget deficit in 1991-1993, numerous governments are now limiting their spending and rising taxes, which is lowering activity. Nominal interest rates are low as inflation and growth are weak, but real interest rates remain far higher than the real growth rate. Low wage rises and the high level of unemployment both weigh on final consumption, leading firms to perceive low demand. European countries generally hesitate to devalue, along with a wage- freeze, that should perhaps reduce their unemployment rate due to competitiveness gains, but more surely endanger the European union process. Drastic policies to secure World economic growth, such as reducing real interest rates, sending massive capital flows toward East and South or co-ordinating fiscal stimulation, do not meet with unanimity among neither governments nor economists. The secret of growth seems to have been lost.
  • Finances publiques en Europe : un blocage généralisé ? - Jean-Marc Daniel, Alain Gubian, Hélène Harasty p. 175-209 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les finances publiques font partie des critères retenus par les signataires du Traité de Maastricht pour apprécier l'état de convergence des économies et leur capacité à adopter la monnaie commune européenne dont l'entrée en vigueur est prévue pour 1999. Pour les membres de la CE, cela crée une norme supplémentaire d'évolution des dépenses publiques qui devrait les pousser à mieux coordonner leur politique budgétaire. L'expérience passée pourtant montre de leur part certaines difficultés à accepter cette coordination qui ne se fait en réalité que sous la contrainte. Le but du présent article est de montrer les difficultés des gestionnaires dans leur construction d'une politique budgétaire favorable à la croissance. Il cherche à expliquer, au travers de l'historique des finances publiques en Europe depuis trente ans, comment les relances qui ont suivi le premier choc pétrolier ont amené progressivement, du fait de l'alourdissement des dettes publiques, tous les Etats européens à conduire dans les années quatre-vingt des politiques restrictives, légitimées par le retour en vogue des idées libérales. Ces politiques ont permis à la plupart des Etats de réduire fortement leur déficit et donné l'illusion d'une convergence voulue ou spontanée dans leur démarche budgétaire. La récession du début des années quatre-vingt dix a révélé le caractère artificiel et très fragile de cette convergence : les Etats, malgré un attache- ment formel affiché au Traité de Maastricht, ont de nouveau laissé filer les déficits budgétaires de façon indépendante les uns des autres et à des niveaux tels qu'il est probable qu'en 1999 personne à part le Luxembourg ne respectera les critères retenus dans le traité ; elle a renforcé les tendances au repli national qui se sont concrétisées dans le destin du budget de la Communauté européenne qui reste d'un faible montant (1,2 % du Pib communautaire) et qui ne devrait vraisemblablement pas s'accroître.
    Budgetary Policies in Europe : Coming to Complete Halt ? Jean-Marc Daniel, Alain Gubian, Hélène Harasty Because of the Maastricht treaty, the members of Ec are supposed to reduce their fiscal deficit and the burden of their public debt. This paper presents the situation of these countries and shows how, after the increase of oil prices in 1973, they tried to maintain a high level of growth by a fiscal deficit and how they were obliged after 1979, one after another to reduce it and to reduce the public spendings. At the end of 1990, the fiscal deficits were everywhere rather low and all the members of Ec seem to have the same economic policy. But, with the recession and the crisis of the Erm, strong differences appeared and the fiscal deficits grew again everywhere so that no country will likely be able to respect the clauses of the treaty but Luxemburg. Some thinked that central budget of Ec, managed from Brussels, could reach a high enough figure to be used as an implement of economic policy. According to the recent decisions, it seems doomed to stay at the rather low level of 1,2% of European Gdp so that Ec will have to wait during a long time for a real fiscal policy.
  • États-Unis : illusions perdues ? - Département des diagnostics de l'OFCE p. 211-258 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    A la mi-1993, la reprise américaine semble encore hésitante. La progression de l'activité est inhabituellement lente, les créations d'emplois sont tardives. Cette reprise est par ailleurs atypique parce que fondée sur l'investissement des entreprises plus que sur la consommation des ménages. Structurellement, des progrès ont été réalisés dans les déterminants fondamentaux de la compétitivité. Dans le secteur manufacturier, la productivité du capital s'est nettement redressée depuis le milieu des années quatre-vingt, autorisant une croissance plus rapide de la productivité multi-factorielle. Néanmoins, le retour à une croissance forte et durable suppose au moins deux préalables: une redéfinition des modalités de l'insertion économique internationale des Etats-Unis face notamment à l'Extrême-Orient ; et une réelle reprise en main des finances publiques. A court terme, ces mutations en cours (et dont le succès n'est pas garanti) induisent une croissance potentielle lente. La politique budgétaire est dans ces conditions de nature à provoquer un étouffement progressif de la reprise à partir de l'année 1994, non une rechute brutale dans la récession.
    USA : Lost Ilusions ? Département des diagnostics Mid-1993, the american recovery still looks unsure. Economic activity increases at an unusually slow pace and the rise in employment has not still really happened. The present recovery is also unusual because demand is led by invesment rather than by consumption. Since the mid-eighties, some progress has obviously been achieved as regards long term competitiveness. In the manufacturing sector, output per unit of capital has increased rather sharply. But this is only one pre-condition for a sustainable economic growth over the next few years. At least two other conditions still need to be met : changes in the nature of economic relationships with south-east Asia, and a real decline of the federal deficit. In the short term, the rate of growth of the potential output is a small one. Therefore, the rather moderate fiscal policy will progressively dampen the recovery in 1994 but will not trigger a recession.
  • Chronique des tendances de la société française - Louis Dirn, Laurence Duboys Fresney, Philippe Bonnin, Louis Chauvel, Michel Forsé, Jean-Pierre Jaslin p. 259-287 accès libre avec résumé
    Cette chronique présente des résultats nouveaux issus d'enquêtes récentes et approfondit certaines tendances de la société française déjà évoquées dans des articles précédents. • En deux générations, les déterminants du choix du conjoint se sont modifiés. Les anciennes générations se mariaient préférentielle- ment en fonction des positions sociales de leurs parents ; les nouvelles privilégient le diplôme du conjoint. Il devrait en résulter un assouplissement de l'hérédité sociale. • En cinquante ans, le logement des Français a connu une série de transformations : urbanisation et rurbanisation, modernisation du parc immobilier et de l'habitation, croissance de la surface habitée, généralisation et banalisation des équipements ménagers, du confort et de l'hygiène. Selon ces indicateurs, l'homogénéité des façons de vivre des Français paraîtrait en progression. • Le nombre de créations d'associations en France continue d'augmenter à un rythme soutenu (+20 % entre 1987 et 1992). Cet accroissement est pourtant en recul par rapport à la période 1982 et 1987 (+ 30 %) : est-ce un début de saturation, ou bien un désengagement de la participation sociale des Français? Il faut cependant noter que les associations créées pour défendre l'environnement ont augmenté de 115%. • Le lien entre sentiment d'insécurité et nombre d'agressions est faible : ceux qui redoutent le plus d'être agressés sont aussi ceux qui sont le moins menacés de l'être. Il faut donc rechercher des origines plus diffuses à ce sentiment : le réseau de sociabilité et la consommation télévisuelle, par exemple. • La négociation collective dans l'entreprise continue de s'essouffler, ce qui s'explique notamment par le désengagement des militants, l'érosion du pouvoir syndical, le développement de micro-conflits sur la base d'enjeux locaux, et le développement d'une négociation individuelle des salariés.
  • Summaries in English - p. 289-291 accès libre