Contenu du sommaire : Questions de terrains

Revue Etudes de Communication Mir@bel
Numéro no 25, 2002
Titre du numéro Questions de terrains
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : Questions de terrains

    • Introduction - p. 1 accès libre
    • Situations de communication dans la pratique de recherche : du terrain aux composites - Le Marec Joëlle p. 2 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En sciences de la communication, les pratiques de communication sont à la fois le dedans et le dehors de la pratique scientifique. Elles en sont le dedans à double titre : elles sont constituées en objet et constituent des techniques permettant d'étudier ces objets. Elles en sont le dehors car elles remplissent le quotidien de la circulation des savoirs sociaux sans aucun besoin ni souci de la référence à la scientificité. Il n'y a là rien de nouveau par rapport à toutes les autres disciplines. Mais il y a en sciences de la communication une radicalisation de ce dilemme : c'est au jour le jour que la communication y est à la fois objet, méthode et toile de fond ordinaire. Dès lors, il est impossible d'espérer y résoudre les contradictions liées au rapport au terrain par l'amélioration d'une « simple » conscience réflexive accrue du chercheur et l'accroissement de l'expertise méthodologique. C'est par l'analyse des situations de communications vécues au quotidien dans la pratique de recherche qu'il est possible selon nous, d'accroître le champ de ce qui est discutable dans le champ de la méthodologie. Cette approche du « terrain » au sens élargi nous a amenée à définir la notion de composites pour désigner le mode de conceptualisation particulier des phénomènes complexes et hétérogènes qui en émergent.
      ‪Communication is both outside and inside any scientific practice. It is outside because it is part of the everyday world in which the scientist evolves, and it is inside because it becomes a technical instrument for inquiries. This contradiction is shared by all social sciences. But in the field of Communication Sciences, it‪'‪s perhaps deeper : it‪'‪s quite impossible to forget that communication is both object, method and daily background. Instead of fighting against supposed shifts and errors in methodology, I believe we can take advantage of this paradoxal situation to better analyse the situations of communication in which we are involved. Such an approach of the field ‪-defined in a wider sense- ‪ has lead me to define the notion of « composites » to describe the particular mode of conceptualisation of complex and heterogeneous phenomena that result.‪
    • Le sens du terrain - Quinton Philippe p. 3 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le sens du terrain ne va pas de soi. C'est une construction largement opérée par la démarche du chercheur pour lequel un terrain donné peut-être la caution ou le support d'une recherche. La représentation (« restitution ») de ce terrain n'en laisse voir qu'une interprétation partielle liée à un projet scientifique. L'intérêt d'une recherche, et sans doute le véritable sens du terrain, serait alors la démarche d'inscription originale d'un chercheur dans une production scientifique.
      ‪For a researcher, the sense of the field cannot be taken for granted. It's a construction that is largely implemented by the attitude of the researcher for whom a given field may be the guarantee or the medium of a research. The representation (restitution) of this field only shows a limited interpretation of it linked to a specific scientific project. The point of a research, and no doubt the real sense of the field, would then be the original attitude thanks to which a researcher involves him/herself in a scientific production.‪
    • « Scribe, dé-scription, description : ce que la sociologie de la traduction fait au terrain. À propos d'un dispositif muséographique » - Crenn Gaëlle p. 4 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article s'interroge sur les conditions de production d'un texte scientifique dans le cadre de la sociologie de la traduction. En recentrant l'analyse sur les opérations performatives des acteurs (humains et non humains) qui construisent leur monde, cette approche originale modifie le rapport du chercheur à son objet de recherche ainsi que le statut du texte scientifique produit : celui-ci est une description, organisée narrativement par le scribe-chercheur, des médiations (opérations d'attribution de cause aux objets) réalisées par les acteurs. Après avoir évoqué certaines « manières d'écrire », qui sont autant de manières de décrire, proposées par les auteurs de ce courant, l'auteure soumet au lecteur une relecture de sa propre production descriptive : la description d'un dispositif muséographique d'immersion simulée, visant à faire ressentir par et dans le texte l'effet du dispositif. Les principes et procédés d'écriture mobilisés sont analysés a posteriori, en vue de mieux cerner la genèse et l'opérativité du texte scientifique, mais également de comprendre le plaisir particulier pris à la lecture ce type de texte.
      ‪This article deals with the production of a scientific text within the theoretical frame of the « sociologie de la traduction ». Pointing the performative actions that human and non-human actors use to build their world, this original approach modifies the link between the searcher and its object, as well as the status of the scientific text : the latter becomes a description of the operations performed by the actors, description that is organised as a narration by the scribe-searcher. First, we present some « ways of writing », that are also ways of describing, among what sociologists propose. Then we propose to the reader an analysis of our own descriptive work : the description of a simulated immersion exhibit, description that aims at making people « feel », by and through the text, the effects of the exhibit. The principles and ways of writing are analysed a posteriori, in order to apprehend the genesis and operativity of the scientific text, as well as to understand the peculiar pleasure taken in reading such type of text.‪
    • La photographie de presse dans les cadres du chercheur - David Bruno p. 5 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Ce texte s'appuie sur une série d'investigations menées au sein de plusieurs entreprises de presse écrite. Il présente une expérience de terrain à travers le filtre d'une succession de cadrages à la fois théoriques, méthodologiques, sémiotiques et techniques que le travail ethnographique s'applique à mettre en lumière. La photo est appréhendée à la fois comme un objet théorique d'étude et une méthode d'investigation ethnographique. Ces réflexions montrent comment la notion de terrain met en tension des formes de réalités singulières construites à partir de l'expérience d'un réel partagé entre l'observateur et l'observé.
      ‪This text is based on a series of investigations carried out within several written press companies. It presents a field work experience through the filter of a sequence of framings which are both theoretical and methodological, semiotic and technical, which ethnographic work endeavours to bring to light. Photography is apprehended as a theoretical object of study and a method ofethnographic investigation. These thoughts show how the concept of field work confronts forms of singular realities that are built from the experience of a real shared between the observer and the observed.‪
    • Un travail d'enquête à l'épreuve du terrain ou « l'expérience de terrain » comme relation en tension - Raoul Bruno p. 6 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En quoi y a-t-il « terrain » dans le travail de recherche, et de quoi s'agit-il ? A partir d'où, de quel lieu, de quel moment considère-t-on qu'il y a « un terrain de recherche », que le chercheur a son terrain ? Telles sont les questions premières qui fondent cet article qui entend également montrer qu'au-delà d'appréhender le rapport chercheur/ terrain comme processus de construction et processus d'appropriation, c'est aussi en termes de « relation en tension » qu'il convient de le considérer lorsque le chercheur fait l'expérience du terrain. Ce faisant, sont proposées quelques réflexions sur l'enquête de terrain. L'article, qui prend particulièrement appui sur un travail de recherche ayant impliqué une investigation de terrain assez conséquente, explique comment le chercheur, dans sa pratique, se livre à un « travail de communication » et comment il peut être lui-même un acteur social en prise avec le terrain.
      ‪How is there « field » in research work ? And what is it ? Starting from where, from what place, what moment can we consider there is « a research field », that the researcher has his/her field ? Such are the primary questions which are the basis of this article. But the latter also wants to show that beyond apprehending the researcher/field relationship as a process of construction and a process of appropriation, it must be considered in terms of « relations in tension » when the researcher has the experience of fieldwork. In so doing, are proposed some reflections on field investigation. The article, which is particularly based on a work of research needed a sizeable investigation on the field, explains how the researcher, in his (or her) practical experience, does « communication work » and how he (or she) can be a social actor closely involved in the field.‪
    • Quand implication se conjugue avec distanciation : le cas de la recherche-action de type stratégique - Verspieren Marie-Renée p. 7 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis 1960, les recherches-actions se multiplient dans des champs professionnels variés. Elles produisent des connaissances tout en mettant au point des innovations sociales importantes, par l'expérimentation « dans la vie réelle ». Autrement dit, la démarche n'est possible que si l'ensemble des acteurs concernés travaillent ensemble, ce qui suppose que soit abordée la question suivante : comment peut-on, en recherche-action, prôner l'implication et respecter la distanciation ? L'article s'attache à répondre à cette question à l'aide d'un exemple. Celui-ci, analysé, propose deux clés pour que soit respectée une certaine forme de distanciation scientifique : l'organisation d'un « travailleur collectif » et la mise en mémoire par l'écriture... et l'on assiste alors un déplacement de la question initiale.
      ‪Since 1960, action researches have developed in various professional fields. They bring out knowledge while finalizing ‪important‪ social innovations through experimentation in real life. In other words, this process can exist only if the whole lot of the people concerned work together, which raises the following question : how can one favour implication and respect keeping a certain distance in action research. This article tries to answer this question with the help of an exemple, which, after analysis, proposes two keys so as to respect a certain kind of scientific distanciation : the setting up of a collective work force and the recording through writing. Then one can observe the initial question has been shifted. M R V has been working for over 20 years in the C.U.E.P. University of Sciences of Lille. After a temporary contract in the basic training course, she now is a lecturer in Education Sciences, and she carries on researches among the team « Megadipe » of the Trigone laboratory‪
  • Echanges

    • Performance et médiation : un dispositif d'intervention des salariés - de Crescenzo Jean-claude p. 8 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'incertitude et l'instabilité qui caractérisent l'environnement des entreprises réduisent la dimension opératoire des approches stratégiques fondées sur la lecture du marché. Ces entreprises ont tendance à renforcer le rôle du dirigeant visionnaire, dont les démarches stratégiques se construisent de plus en plus à partir de son système de représentations, par nature subjectif. Cette incertitude est également perçue par les salariés qui ne disposent plus d'un cadre de référence pour l'action autre que celui fortement influencé par la vision du dirigeant. L'article se propose de montrer à quelles conditions la performance de l'entreprise peut devenir un référentiel commun, capable de fédérer les représentations du dirigeant et celles des salariés, et à quelles autres conditions, cette performance peut se constituer en objet de médiation.
      ‪For enterprises, the environment is more and more of uncertainty and instability, which diminishes their ability to take a market-driven approach. One reaction is to strengthen the role of the owner manager as a visionary, by definition subjective. The uncertainty is also perceived by actors in the firm who have no other reference framework but the CEO‪'‪s. In this paper we will suggest performance might become an important component of the common reference. We will try to discuss how this common reference might federate the CEO‪'‪s and the other actors‪' priorities, and how it should become the purpose of a negotiation‪.
    • L'analyse éditoriale française et québécoise. Une comparaison entre Le Monde et Le Devoir - Gauthier Gilles p. 9 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les journalismes français et québécois apparaissent être plus dissemblables que similaires. Le travail ici présenté cherche à mesurer comment est analysée l'actualité dans l'une et l'autre presses à l'aide de l'examen d'un corpus d'éditoriaux du Monde et du Devoir. Le principal résultat de la recherche est que les deux quotidiens font un usage en gros identique des deux principaux procédés analytiques, l'attribution et l'évaluation.
      ‪It seems that the French and Quebecer journalisms are more different than similar. This work tries to expose how the events are analysed in the two journalisms by a study of a corpus of editorials of Le Monde and Le Devoir. The most important result of the research is that the newspapers used almost in the same way the two most common analytical devices, attribution and evaluation.‪
  • Notes de lecture