Contenu du sommaire : Repenser la représentation collective
Revue | La Revue de l'IRES |
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Numéro | no 65, no spécial, 2010/2 |
Titre du numéro | Repenser la représentation collective |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Repenser la représentation collective
- Coordonné par Christian Dufour, Gregor Murray, David Peetz et Charlotte Yates- Repenser la représentation collective : introduction - Christian Dufour, Gregor Murray, David Peetz, Charlotte Yates p. 7 Ce numéro spécial de Transfer s'intéresse aux cadres analytiques utilisés pour comprendre les syndicats et leurs actions. Il se concentre sur les conditions du renouveau syndical et explore des idées clés, susceptibles de stimuler la réflexion sur la revitalisation du syndicalisme et sur les formes futures de la représentation collective. Chaque auteur ou groupe d'auteurs a dû se confronter à l'élaboration d'un cadre conceptuel susceptible d'aider les lecteurs à repenser leurs propres compréhensions et scénarios (narratives) concernant la représentation collective. Ces concepts comprennent la politique, le pouvoir, la légitimité, la démocratie, l'individualisme et le souci du collectif, le cadrage du genre et de la condition des femmes, ainsi que le changement climatique.Introduction: Rethinking Collective Representation
This special issue of Transfer concerns the analytical frameworks we use to understand trade unions and their actions. Focusing on the conditions for union renewal, it explores key ideas that might stimulate our thinking about union revitalization and future forms of collective representation. The challenge to each set of authors is to put forward a conceptual framework that will help readers to rethink their own understanding and narratives about collective representation. These concepts include politics, power, legitimacy, democracy, individualism and collectivism, the framing of gender and womanhood, and climate change. - Syndicats, politique et partis : une nouvelle configuration est-elle possible ? - Richard Hyman, Rebecca Gumbrell-Mc Cormick p. 17 Les syndicats ne sont pas uniquement des acteurs économiques (ou « des relations professionnelles »). Ils sont nécessairement des protagonistes de l'arène politique. La réglementation du marché du travail est une question de ressources de pouvoir. Pourtant, si les syndicats sont inévitablement à la fois des acteurs économiques et politiques, la relation entre ces deux rôles est complexe et contradictoire et la priorité accordée à chacun varie d'un pays à l'autre et avec le temps. Quatre facteurs semblent être particulièrement importants pour expliquer ces différences : l'idéologie, les structures d'opportunités, la capacité organisationnelle et les défis contextuels. Les auteurs examinent ces questions en faisant référence à dix pays d'Europe de l'Ouest et concluent en soulignant certaines raisons conceptuelles et pratiques pour lesquelles les syndicats devraient redéfinir de manière explicite leur identité politique.Trade Unions, Politics and Parties: Is a New Configuration Possible?
Trade unions are not merely economic (or ‘industrial relations') actors: they are necessarily protagonists in the political arena. Regulating the labour market is a question of power resources. Yet if unions are inescapably both economic and political actors, the relationship between the two roles is complex and contradictory, and the priority assigned to each varies across countries and over time. Four factors seem of particular importance in explaining these distinctive patterns: ideology, opportunity structures, organizational capacity and contextual challenges. We explore these issues with reference to ten West European countries, and end by pointing to some of the ideational and practical reasons why unions must explicitly redefine their political identities. - Comprendre le pouvoir syndical : ressources et aptitudes stratégiques pour renouveler l'action syndicale - Christian Levesque, Gregor Murray p. 41 Le pouvoir est au cœur des débats actuels sur l'avenir du syndicalisme. Le présent article fournit un cadre d'évaluation des ressources de pouvoir et des aptitudes stratégiques pour le renforcement des capacités d'action syndicales. Les auteurs identifient quatre ressources fondamentales de pouvoir : la solidarité interne, l'ancrage dans des réseaux, les ressources discursives qui encadrent les approches et les actions des syndicats et les ressources d'infrastructure (matériel, ressources humaines, processus, politiques et programmes). Les ressources seules ne suffisent pas. Les syndicats doivent également être capables de les utiliser. Les auteurs identifient quatre aptitudes stratégiques : la médiation entre des intérêts en jeu afin de favoriser une action commune et d'activer les réseaux, l'encadrement, l'articulation d'actions dans le temps et dans l'espace et l'apprentissage. Une expérimentation et une recherche accrues sur les interactions entre ces ressources et ces capacités dans des contextes particuliers sont nécessaires pour approfondir notre compréhension du renouveau du pouvoir syndical.Understanding Union Power: Resources and Capabilities for Renewing Union Capacity
Power is at the core of current debates over the future of trade unionism. This article provides a framework to assess the power resources and strategic capabilities central to union capacity building. We identify four key power resources: internal solidarity, network embeddedness, narrative resources that frame understandings and union actions and infrastructural resources (material, human, processes, policies and programmes). Resources alone are not enough; unions must also be capable of using them. We identify four strategic capabilities: intermediating between contending interests to foster collaborative action and to activate networks, framing, articulating actions over time and space and learning. Much experimentation and research on the interactions between these resources and capabilities in particular contexts is required to advance our understanding of the renewal of union power. - Légitimité des acteurs collectifs et renouveau syndical - Kim Voss p. 87 Au cours des trente dernières années, durant une période de changements profonds et d'une grande portée, les syndicats européens ont subi des pertes tant de pouvoir normatif que de capacité d'attraction au niveau de l'affiliation. Néanmoins, même si leur force a pu être ébranlée, les syndicats continuent à jouer leur rôle habituel. Cela tient à la fois à l'enracinement dans l'histoire et à la consolidation dans des institutions de la légitimité des syndicats européens en tant qu'acteurs sociaux. Dans le présent article, les auteurs soutiennent que la crise du syndicalisme n'est pas une crise de légitimité externe mais plutôt une perte de légitimité interne des acteurs syndicaux. Pour mieux la cerner, il faut s'intéresser à la nature de la représentation elle-même à travers laquelle se construit et se reconstruit en permanence la relation entre les représentants et les représentés. Les auteurs avancent également l'hypothèse que la construction des relations de représentation – souvent occultées dans l'étude des systèmes syndicaux – est au fondement de la légitimité syndicale. La façon dont les acteurs syndicaux comprennent leur capacité représentative et envisagent leur action est donc décisive pour la transformation des syndicats dans la mondialisation.The Legitimacy of Collective Actors and Trade Union Renewal
Over the last three decades, during a period of deep and far-reaching change, European trade unions have lost both regulatory power and membership. Nevertheless, though their strength may have been impaired, trade unions continue to fulfil their customary roles. This is because the legitimacy of European trade unions as social actors is both rooted in history and consolidated in institutions. In this article we argue that the crisis of trade unionism is not one of external legitimacy but rather the loss of internal legitimacy. An understanding of this phenomenon requires close consideration of the nature of representation itself, and of the way in which the relationship between representatives and those they represent is continually constructed and reconstructed. The hypothesis developed in this article is that the construction of relations of representation – a matter to which studies of trade union systems frequently pay scant attention – is fundamental to trade union legitimacy. Union actors' understanding of and action on their own representative capacity is therefore decisive for their transformation in a globalized world. - Dilemmes démocratiques : démocratie syndicale et renouveau syndical - Christian Dufour, Adelheid Hege p. 67 Le présent article examine le débat académique sur la démocratie syndicale et le compare avec des études récentes sur le renouveau syndical aux Etats-Unis. Il en ressort que la redynamisation des syndicats américains ne s'est pas déroulée de la façon prévue par la littérature traitant de la démocratie syndicale. Plutôt que d'être un processus essentiellement ascendant, la redynamisation a comporté un puissant élément de centralisme et de coordination. L'auteur pense que la démocratie syndicale a trop souvent été formulée en des termes singuliers et envisagée uniquement comme un moyen de restreindre l'accumulation illégitime de pouvoirs par les dirigeants syndicaux. Pourtant, un problème majeur auquel les syndicats sont aujourd'hui confrontés, à savoir comment mieux rassembler les intérêts des différents travailleurs et représenter les nouveaux groupes d'appui, constitue fondamentalement une préoccupation démocratique, qui ne peut être abordée que par l'approfondissement de notre compréhension de la démocratie syndicale.Democratic Dilemmas: Union Democracy and Union Renewal
This article examines the academic debate over union democracy and compares it with recent research on union renewal in the United States of America. The juxtaposition reveals that revitalization in US unions has not happened in the ways assumed in the literature on union democracy. Rather than being largely a bottom-up process, revitalization has contained a strong element of centralism and coordination. I suggest that union democracy has too often been framed in singular terms, as only involving the curbing of the illegitimate accumulation of power by union leaders. Yet a key problem faced by unions today – how they might best aggregate the interests of diverse workers and represent new constituencies – is also fundamentally a democratic concern, one that can be addressed only by broadening our understanding of union democracy. - L'individualisme tue-t-il le collectivisme ? - David Peetz p. 109 Le présent article aborde un aspect essentiel de la question suivante : « le collectivisme du travail connaît-il un déclin substantiel ? ». Il accorde une attention particulière aux comportements à l'égard du collectivisme à l'aide de données nationales et transnationales sur les tendances concernant les dimensions du collectivisme sur des périodes allant jusqu'à vingt ans. Ces données montrent que les valeurs et identités collectives sont généralement aussi fortes (ou faibles) qu'il y a vingt ou trente ans. Si la source du problème est l'individualisation, nous ne devrions pas examiner l'individualisation des comportements mais bien les tentatives des employeurs et des gouvernements d'individualiser la relation de travail. Les stratégies de syndicalisation doivent renforcer les valeurs syndicales et instaurer des solidarités entre groupes plus complexes et hétérogènes que par le passé.Are Individualistic Attitudes Killing Collectivism?
This article addresses a core aspect of the question: ‘is the collectivism of labour in fundamental decline?' It pays particular attention to attitudes towards collectivism using national and cross-national data on trends in dimensions of collectivism over periods of up to two decades. The data indicate that collective values and identities are today broadly as strong (or weak) as they were two or three decades ago. If individualization is the problem, then we should not look at individualization of attitudes but attempts by employers and governments to individualize the employment relationship. Union organizing strategies need to reinforce union values and build solidarities across groups which are more complex and heterogeneous than in the past. - Comprendre le travail de soins, syndiquer les femmes : comment le cadrage d'un problème modèle une stratégie syndicale - Charlotte Yates p. 133 Les syndicats ont besoin de compter davantage de femmes dans leurs rangs s'ils veulent s'agrandir. Pour syndiquer et représenter les femmes, ils doivent toutefois comprendre leurs différences d'identité, de problèmes et de relations au travail. En utilisant le concept du framing, ou définition du « cadre », dans une étude de cas sur la syndicalisation parmi les gardiennes d'enfants, le présent article montre que les syndicats luttent pour définir la portée et la nature d'un problème en utilisant des moyens qui constituent un attrait pour les futures affiliées et mobilisent tout soutien aux solutions qu'ils proposent. L'article examine également comment un syndicat tente de syndiquer des gardiennes d'enfants travaillant sous des formes d'emploi très différentes et avec des intérêts divergents et de créer une coalition avec des parents, au-delà de la simple revendication d'un système universel de garde d'enfants.Understanding Caring, Organizing Women: How Framing a Problem Shapes Union Strategy
Unions need more women members in order to grow. To organize and represent women, however, unions have to understand their different identities, issues and relationships at work. Using the concept of ‘framing', in a case study of union organizing amongst child care workers, this article argues that unions struggle to define the scope and nature of a problem in ways that appeal to prospective women members and mobilize support for union-proposed solutions. The article explores how one union attempts to organize child care workers from diverse employment settings with divergent interests into a coalition with parents behind demands for a universal child care system. - Les syndicats, acteurs de l'environnement - Darryn Snell, Peter Fairbrother p. 153 S'appuyant sur une longue expérience des problèmes relatifs à l'environnement de travail, les syndicats abordent aujourd'hui des questions, soulevées par les débats et les politiques, sur les causes humaines du changement climatique. Le présent article examine la manière dont les syndicats répondent à de telles questions. De nombreux syndicats étendent leurs compétences liées aux problèmes environnementaux et ce faisant redéfinissent leurs objectifs. Ceci n'est toutefois pas simple : les syndicats sont tiraillés entre d'une part, la nécessité d'assurer la création d'emplois et d'autre part, celle d'assumer la responsabilité environnementale. Certes, les syndicats abordent le changement climatique en tant qu'organisations indépendantes, mais il y a d'autres formes de syndicalisation regroupant les syndicats et leurs communautés locales dans un esprit de solidarité qui se font jour et qui rendent possibles des résultats beaucoup plus larges.Unions as Environmental Actors
Building on a long history of concerns with the working environment, unions are now addressing issues arising from the debates and policies on the human causes of climate change. This article examines how unions are responding to such issues. Many unions are extending their capacities in relation to environmental concerns and in the process are refocusing their purpose. This is, however, not straightforward: unions are caught in a tension between pressures to ensure job creation and pressures towards environmental responsibility. While unions address climate change as independent organizations, more comprehensive outcomes may be possible via emergent forms of unionism that bring unions and their local communities together in solidaristic ways.
- Repenser la représentation collective : introduction - Christian Dufour, Gregor Murray, David Peetz, Charlotte Yates p. 7