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L'article du professeur Zielinski ouvre le débat sur « les réformes du système » que notre Revue entreprend en commun avec Soviet Studies. L'auteur pose les trois questions fondamentales : 1. Quelles réformes globales sont nécessaires pour rendre possible le passage au nouveau mécanisme économique ? 2. Comment élaborer un projet de réforme cohérent et efficace ? et 3. Comment appliquer le nouveau mécanisme économique ? L'auteur accorde une attention particulière aux conditions économiques, sociales et politiques nécessaires pour une application efficiente du projet de réforme. L'article se conclut par l'analyse des leçons que l'on peut tirer des 20 ans d'expérience de réforme du système en Europe de l'Est et par quelques remarques polémiques en faveur des « réformes 'technocratiques7 ». L'étude va au-delà des problèmes purement économiques et soulève des questions d'ordre social et politique telles que l'importance de l'unité du parti pour les réformes ou la stratégie que les réformateurs devraient adopter face aux administrateurs du système. Le texte du professeur Zielinski paraîtra en anglais dans le n° 1, 1978 de Soviet Studies.

C'est maintenant un vieux débat que celui portant sur le mode de croissance et l'accumulation du capital en U.R.S.S. II est souvent énoncé que l'économie soviétique rencontre des difficultés à passer d'une croissance extensive à une croissance intensive. Cette conclusion est obtenue à l'aide d'une méthodologie basée sur la fonction de production néo-classique. Cet article tente de définir une nouvelle méthode d'analyse sectorielle, pour étudier les modes de croissance et d'accumulation du capital, qui soit applicable à la fois à l'Union soviétique et aux économies occidentales. D'après cette méthode, on peut distinguer trois modes d'accumulation. L'un, où l'accumulation est extensive, procède par un recours croissant à la force de travail ; il se caractérise par une production prédominante de biens de consommation et par un faible progrès technique. L'accumulation intensive repose sur l'intensification en capital des combinaisons productives ; il s'ensuit une production prioritaire de moyens de production, assortie de quelques innovations majeures. Enfin, l'accumulation progressive, que l'on rencontre dans les secteurs de pointe des pays capitalistes développés, consiste en une fusion entre l'extension du travail et l'intensification du capital. Ses traits marquants sont : la production de biens mixtes indifféremment destinés à la consommation des ménages et à la consommation productive des entreprises d'une part, et d'autre part la création et la diffusion d'un flux important et continu de progrès techniques, même s'ils sont mineurs. Un bref rappel historique de la croissance soviétique, dans cette nouvelle perspective, fait apparaître que l'U.R.S.S. traverse une phase d'accumulation intensive depuis le se- cond plan quinquennal. Mais, dans le même temps, les économies occidentales connaissent une accumulation progressive. Pour fonder davantage cette conclusion, est entreprise une étude comparative des structures industrielles en U.R.S.S. et aux Etats-Unis sur la base des T.E.I, les plus récemment publiés. Les branches industrielles présentant les caractères de l'accumulation progressive (biens mixtes, progrès technique continu) sont nombreuses aux U.S.A. et y représentent plus d'un tiers de la production industrielle totale. En U.R.S.S., cette proportion se situe entre un vingtième et un centième de la production, suivant les différentes estimations calculées ici. On observe, par ailleurs, une forte intensité capitalistique dans les branches les plus avancées de l'industrie soviétique, alors que cette intensité est moindre dans les branches américaines correspondantes. Ainsi, même au début de la décennie 1970, on ne relève aucun indice d'une évolution de l'économie soviétique vers le mode d'accumulation progressive prédominant aux Etats-Unis. Malgré les difficultés tenant à l'information disponible, la comparaison des niveaux technologiques et de la répartition sectorielle de l'effort de recherche, entre TU.R.S.S. et les U.S.A., confirme dans leurs grandes lignes les conclusions précédentes. Les technologies portent la marque des modalités de l'accumulation en vigueur dans chaque pays. En conclusion, est esquissée une vue prospective suivant laquelle l'U.R.S.S. n'atteindra le stade de l'accumulation progressive que si elle réoriente son effort technologique vers d'autres secteurs ou bien si elle développe largement l'importation des technologies occidentales dans ces secteurs. De nouvelles « réformes » économiques ne sauraient constituer un substitut à l'un de ces deux choix stratégiques.

Les procédures de planification qui établissent les règles de calcul et d'échange d'information, au cours de l'élaboration du plan ne tiennent pas compte du problème de motivation des agents. On suppose que les règles établies par les procédures seront scrupuleusement suivies et donc la question d'inciter les agents à se comporter de façon conforme aux règles ne se pose pas. Dans une première partie, l'auteur compare les procédures de Arrow-Hurwicz, Malinvaud, Kornai-Liptak, Weitzman et Heal du point de vue de leur efficacité motiva- tionnelle, c'est-à-dire étudie pour chaque procédure la possibilité que les agents respectent spontanément les règles dans la phase de la construction du plan. Ensuite, chaque procédure est placée dans un contexte plus large, celui d'un système de planification où la phase de l'exécution du plan succède à celle de sa construction. En supposant que le mécanisme adopté lors de la réalisation du plan possède certains traits caractéristiques de l'économie de type soviétique, l'auteur analyse le type d'infraction aux règles que l'on peut prévoir de la part des agents économiques au cours de la construction même du plan.

L'article rend compte d'une mission de quinze jours en Bulgarie consacrée à l'étude du problème du développement agricole bulgare, encore que les renseignements recueillis soient assez hétérogènes. La première partie concerne les transformations structurelles de l'agriculture bulgare, qui se sont succédées à un rythme rapide depuis 1959. Un bref rappel historique aboutit à la réforme de 1976, qui marque le renforcement des tendances à l'intégration verticale mais aussi de profonds changements économiques dans les relations entre les diverses parties du Complexe national agro-industriel, organisme créé en 1976 et qui s'identifie au Ministère de l'agriculture (et des industries agricoles). L'auteur en présente les principaux éléments (complexes agro-industriels et leurs échelons subordonnés, complexes industriels-agricoles, associations scientifiques agro-industrielles, complexes scientifiques et de production, etc.) dont il analyse les fonctions et l'activité. la seconde partie est consacrée à quelques problèmes globaux de l'agriculture bulgare : démographie, population agricole et emploi dans l'agriculture ; localisation des productions et récupération de rentes ; orientation de la production agricole ; cas particulier des productions animales. En conclusion l'auteur s'interroge sur le rôle global du secteur agricole dans la croissance économique générale (faut-il pressurer l'agriculture ou la financer ?), sur l'amélioration des revenus agricoles, sur les tendances vers des structures moins hiérarchisées et sur le rôle accru des économistes dans les prises de décisions en matière agricole.

Faute de statistiques régulières et crédibles, il est très difficile d'étudier la place et les fonctions du système financier dans l'activité économique roumaine. L'auteur s'y emploie néanmoins en analysant d'abord le système financier et budgétaire traditionnel. Il en montre ensuite l'évolution après l'arrivée au pouvoir du parti communiste, analysant les nouvelles fonctions dévolues au budget d'Etat etsarestructu ration dans le cadre des réformes du système financier. L'article se termine par une étude des problèmes et des tendances de développement futur des finances publiques en Roumanie. . ,

Entre les deux guerres, il y eut en Pologne un foisonnement d'idées dans le domaine de la planification spatiale. La planification régionale partait du principe que le plan créé un cadre à l'initiative des entrepreneurs privés tandis que l'Etat ne fait qu'inspirer et influencer cette initiative. La domination du « courant urbaniste » dans la planification régionale fit que l'analyse spatiale et la méthode cartographique prévalurent sur l'analyse économique. Malgré son acquis théorique et méthodologique, la planification régionale n'eut pas de succès considérables en pratique. C'est la création de l'arrondissement industriel du Centre, dans le cadre du plan gouvernemental d'investissement, qui établit pour la première fois les conditions nécessaires à l'exécution des plans régionaux. Le développement de la théorie et de la pratique de la planification régionale fit naître le besoin d'un plan national. La pensée polonaise dans le domaine de la planification a été très en avance sur son époque et la Pologne contribua grandement au développement des méthodes de planification régionale.

Cette étude se propose d'utiliser les données de nombreuses enquêtes sociologiques sur le loisir effectuées en Tchécoslovaquie dans les années soixante, pour faire ressortir certains aspects de la société tchécoslovaque et, en particulier, la persistance d'une stratification sociale à travers les phénomènes du mode de vie et de la culture. L'analyse souligne essentiellement les différences de « consommation» effective de loisir, puis les divergences d'attitude vis à vis de deux types de loisirs « culturels», la lecture et les mass media, en fonction d'une part du sexe, d'autre part des catégories sociales définies par la profession et le niveau d'instruction. En ce qui concerne le sexe, on constate, malgré le niveau d'instruction élevé de la population féminine, une consommation de loisirs nettement inférieure à celle de la population masculine (aussi bien en ce qui concerne le temps que les dépenses consacrées au loisir). Du point de vue de la catégorie sociale, on distingue ce qu'on peut appeler une « élite » assez nettement différenciée par son mode de vie et notamment par sa manière d'occuper ses loisirs (beaucoup plus que par son niveau de vie, l'éventail des salaires étant très resserré en Tchécoslovaquie). Les autres catégories sociales sont moins nettement différenciées mais on note néanmoins de nombreuses différences de comportement (entre les ouvriers et les employés par exemple, à salaire égal).