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Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest Mir@bel
Numéro Vol. 12, 1, 1981
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Articles

    • L'évaluation d'une réforme économique dans une économie planifiée est-européenne. Un exemple : la Hongrie - Morris Bornstein p. 5-25 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article apporte un cadre théorique à l'analyse d'une «réforme économique» dans une économie planifiée socialiste est-européenne et, à titre d'illustration, l'applique à l'expérience hongroise du Nouveau Mécanisme Economique (NME), introduit en 1968. Dans la première partie, on examine les diverses conceptions concernant l'ampleur d'une réforme économique, y compris (1) la différence entre les changements du système et politiques, (2) les diverses conceptions de la notion de « décentralisation » et (3) les stratégies d'application possibles. L'approche adoptée par le NME dans chacun de ces cas est expliquée. On peut analyser les réformes économiques nationales en fonction de leur impact sur les divers éléments du système économique. La seconde partie compare les implications respectives des approches « administrative » et « économique » de la décentralisation pour plusieurs aspects fondamentaux du secteur étatique, y compris l'organisation administrative, les plans de production, la répartition des inputs matériels, le travail et les salaires, l'investissement, la formation des prix, les indicateurs de succès, les stimulants et le commerce extérieur. L'expérience hongroise depuis 1968 est analysée brièvement pour chacun de ces facteurs. La troisième partie examine les raisons pour lesquelles les autorités hongroises ont seulement appliqué partiellement les principes du NME depuis sa première introduction.
      Evaluating an Economie Reform in. an East European Socialist Planned Economy ? With an Application to Hungary. This essay provides a theoretical framework for analyzing an "economic reform" in an East European socialist planned economy, and ? by way of illustration ? applies it to Hungarian experience under the New Economic Mechanism (NEM) introduced in 1968. Part I considers alternative conceptions of different dimensions of an economic reform, including (1) the difference between systemic and policy changes, (2) several different notions of "decentralization", and (3) alternative strategies to implement an economic reform. The approach of the NEM in each respect is explained. National economic reforms may be analyzed in regard to their effects on various elements of the economic system. Part II compares the respective prescriptions of the "administrative" and! "economic" decentralization approaches for a number of key aspects of the state sector, including administrative organization, output plans, distribution of material inputs, labor and wages, investment, price formation, performance indicators, incentives, and foreign trade. Hungarian experience in each respect since 1968 is discussed briefly. Part III examines reasons why the Hungarian authorities have only partially carried out the principles of the NEM since 1968.
    • Réforme de la gestion de l'économie en Chine - Thierry Pairault p. 27-45 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cette étude sur la réforme de la gestion de l'économie de la République Populaire de Chine se propose de faire le point sur un certain nombre de réformes en cours concernant l'organisation économique des provinces et la gestion des unités de production ; réformes dont l'objet final serait selon certaines interprétations courantes « la décentralisation des décisions économiques ». Une analyse plus en profondeur des dispositions légales et réglementaires récentes tend au contraire à montrer de la part des autorités centrales ? et plus spécialement de la part de l'administration économique centrale ? une très nette volonté de réglementation de l'activité de tous les agents économiques afin de lutter contre les effets néfastes nés de la «décentralisation anarchique» héritée de la révolution culturelle. Toutefois, ces manifestations centralisatrices sont partiellement compensées par un sincère effort en vue de combattre un renforcement de la bureaucratisation de la vie économique. C'est pourquoi, à côté de domaines strictement réservés à la tutelle des autorités centrales, apparaissent des zones de liberté hautement surveillée (introduction d'une économie dite de « marché ») ou encore de zones de liberté asservissante (octroi d'une « autonomie » financière aux provinces)... Par suite de la déconcentration ? et non de la décentralisation ? de la gestion de l'économie nationale qui résulte de ces réformes, les dirigeants chinois semblent vouloir s'orienter vers une conception de la planification qui tiendrait davantage compte des impératifs propres à chaque secteur économique tout en conservant au Plan d'Etat son caractère téléologique primordial.
      Reforms in Economie Management in China. The aim of this study on the reform of economic management in the People's Republic of China is to plot the course of certain reforms at present in progress relating to economic organization in the provinces and the management of units of production. Some current interpretations would suggest that the ultimate aim of these reforms is "the decentralization of economic decisions". A more searching analysis of recent legislation and controls would indicate, on the contrary, that the central authorities, and more particularly the central economic administration, are clearly bent upon control of the activities of all economic bodies in an effort to combat the harmful effects of the "anarchic decentralization" inherited from the cultural revolution. However, these centralizing tendencies are partly counterbalanced by a genuine effort to fight against any intensification of the bureaucratisation of economic life. It is for this reason that, alongside those areas which remain strictly under the control of the central authorities, there are emerging areas of carefully supervised freedom (the introduction of a so-called "market" economy) or even areas of highly circumscribing freedom (the granting of a so-called financial "autonomy" to the provinces). Following on the déconcentration ? and not the decentralization ? of management of the national economy arising from these reforms, it would appear that the Chinese leadership are anxious to move towards a concept of planning wich would take greater account of the essential features of each economic sector, while reserving for the State Plan its teleological primacy.
    • La pratique et la théorie de l'autogestion yougoslave - Ljubo Sirc p. 47-81 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les taux de croissance du produit social brut et de la consommation personnelle au cours de la période 1960-1976 sont comparables en Yougoslavie aux taux correspondants de la Grèce, de l'Espagne et du Portugal mais les taux yougoslaves ont été atteints au prix d'investissements beaucoup plus élevés. La Yougoslavie est obligée d'avoir une balance des paiements déficitaires pour maintenir ce développement compte tenu des distorsions de sa structure de production, de sorte que sa dette extérieure s'élève aujourd'hui à 15 milliards de dollars. La principale cause des difficultés yougoslaves est l'absence d'un critère clairement défini d'investissement. Dans le système de planification centralisée, l'investissement était soumis à des pressions politiques alors que de nos jours il est aléatoire parce que les taux d'intérêt n'ont aucun lien avec le taux d'inflation et parce que le sens de la responsabilité et l'esprit d'entreprise sont faibles dans le pays. Les tentatives de contrôler le développement économique à l'aide de contrats sociaux et d'accords autogestionnaires ont conduit à une bureaucratisation sans améliorer la structure de l'investissement. La responsabilité économique est impossible dans le cadre de l'autogestion parce que la décision initiale de créer une entreprise est prise par des personnes qui n'auront pas ultérieurement à la faire fonctionner. Les membres du groupe, qui est censé prendre les décisions courantes, changent continuellement et les décisions sont en fait prises par des managers qui n'ont aucune responsabilité légale. Les ouvriers refusent d'économiser en faveur des entreprises et se versent des salaires qui excèdent souvent les gains de ces entreprises. Il en résulte que le taux d'inflation avoisine actuellement les 30 %. Les salaires sont relativement bas parce que les Yougoslaves doivent produire un tiers de plus pour atteindre la même consommation par tête que les Portugais. La mauvaise gestion des investissements provoque également du chômage et la nécessité pour les travailleurs yougoslaves de partir à l'étranger. L'écart entre ce que le gouvernement communiste avait promis et ce qui a été réalisé mène au désenchantement et même à des grèves. Une partie de l'establishment communiste est favorable aux réformes, y compris à une extension du secteur privé, tandis que l'autre admet les insuffisances mais estime qu'elles peuvent être résolues dans le cadre du système en vigueur.
      One part of the communist establishment is in favour of reforms, including an expansion of the private sector, while others admit shortcomings but claim that they can be resolved within the present system.
    • Marxisme et socialisme étatique - Pierre de Fouquet p. 83-119 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le socialisme étatique désigne une réalité social-historique dominée par un Parti-Etat qui puise dans le marxisme sa légitimité. Comment le marxisme comme théorie peut-il rendre compte de cette réalité? Quelle place le marxisme comme idéologie occupe-t-il dans cette réalité ? Tenter de répondre à ces interrogations exige de soumettre le socialisme étatique à l'éclairage marxiste au travers d'un ensemble de concepts fondateurs ; cette opération rend manifeste une division sociale qui s'enracine dans les rapports de production et se lit à tous les niveaux de la formation sociale. Mais cette division apparaît comme spécifique, non réductible aux modes de production inventoriés par les classiques du marxisme, du fait que l'Etat-Parti définit le rapport social central, celui qui commande la structuration sociale. La domination du Parti-Etat, inscrite aux niveaux économique comme idéologique, détermine les traits particuliers de cette division : bureaucratique, hiérarchique, répressive, élitaire... De la genèse et de la reproduction de ce système, l'idéologie marxiste est organiquement partie prenante : partidaire puis étatique, elle produit une logomachie qui vise à sublimer un réel réputé socialiste par retournement du concept.
      Marxism and State Socialism. State socialism is the concrete expression of a socio-historical phenomenon, controlled by a Party-State, and regarded as the legitimate offspring of Marxism. How does Marxism as a theory accomodate this reality? What role does Marxism as an ideology play in this reality? In order to answer these questions, one must examine state socialism in the light of Marxism, by reference to a number of fundamental concepts; the resulting scrutiny reveals a social division which lies at the root of the relations of production, and is to be seen at every level of the social structure. This division, however, seems to be specific, and not expressible in terms of the modes of production listed by the classics of Marxism, by reason of the fact that it is the Party-State which defines the essential social relations, those which dictate the structuring of society. The domination of the Party-State, manifest both at economic and ideological level, determines the particular characteristics of this division: bureaucratic, hierarchic, repressive and elitist. In both the origin and the reproduction of this system, Marxist ideology is an organic constituent: first as party, then as state, ideology, it produces a logomachy aimed at sublimating a so-called socialist reality by standing the concept on its head.
    • Regards froids sur l'agriculture soviétique - Joseph Casas, François Labouesse p. 121-142 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les nombreuses présentations qui ont été faites d'e l'agriculture soviétique en réponse à la curiosité qu'elle a suscité à la suite de ses récents avatars (la mauvaise récolte 1979 et l'embargo céréalier nord-américain) reposent sur des méthodes d'évaluation discutables qui tendent à en donner une image contestable. Après avoir rappelé les grandes étapes du développement de ce secteur, un certain nombre d'idées reçues concernant le modèle mis en œuvre sont relativisées ou même remises en cause à partir des données disponibles, interprétées du point de vue de l'agronome : hyperindustrialisation, gigantisme, choix de la voie sèche pour l'alimentation animale, etc. Puis les résultats sont appréciés en tenant compte de leur évolution et en les restituant dans leur contexte et par rapport à ceux de pays ayant des conditions comparables. Ces résultats sont en progrès rapide et atteignent déjà un bon niveau malgré des faiblesses qui restent à combler. La modernisation accélérée de l'agriculture soviétique actuelle tire sa nécessité autant du besoin d'améliorer l'approvisionnement du pays que de satisfaire l'exigence de conditions modernes de vie et d'activité pour les travailleurs et enfin de faire face à des perspectives démographiques très contraignantes. Au total ce secteur est aujourd'hui en pleine mutation, selon les schémas qui paraissent loin d'être figés et monolithiques. Ses perspectives restent très ouvertes et semblent notamment liées à la place qui sera faite aux formes démocratiques de gestion. Sur le plan de la méthode l'évolution d'une telle agriculture ne peut s'apprécier qu'en référence à sa propre cohérence et non pas à l'aide des modes d'évaluation élaborés pour les systèmes agricoles qui nous sont plus familiers.
      A Hard Look at Soviet Agriculture. The many studies of Soviet agriculture which have appeared in response to the curiosity aroused by its recent vicissitudes (the poor harvest of 1979 and the North American grain embargo) are based on questionable methods of evaluation which tend to produce a debatable view of the subject. Reference having been made to the main stages in the development of this sector, a certain number of received ideas relating to the model in operation are either improperly compared, or indeed called in question, on the basis of the available data, interpreted from the agronomist's point of view: hyperindustrialisation, gigantism, choice of the dry process for livestock feeding, etc. The results are then assessed, taking account of their development and returning them to their context, and in relation to results from other countries where natural conditions are comparable. These results show rapid progress, and have already reached a reasonable level, despite certain shortcomings which remain to be remedied. The speedy modernisation of Soviet agriculture arises as much from the need to improve the country's food supplies, as from the necessity of meeting present- day requirements in living and working conditions for the workers, and ultimately in coping with the serious constraints of the demographic perspectives. The entire agricultural sector at the moment is in a state of total change, in accordance with plans which are far from being fixed and monolithic. Its future prospects remain very open, and would appear to be particularly dependent on the provision which will be made for democratic forms of management. As regards methods, the development of this form of agriculture can only be judged in terms of its own internal consistency, and not on the basis of modes of evaluation devised for agricultural systems which are more familiar to us.
    • Sondages, sondeurs, opinion publique et pouvoir politique en Pologne à la fin des années soixante-dix - Georges Mink p. 143-160 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'histoire de l'utilisation des sondages d'opinion en Pologne a un caractère cyclique. Au moment des crises (1956, 1970, 1976, 1980) des grands moyens sont mis en œuvre pour rétablir le dialogue social, les gouvernants manifestent le besoin de savoir ce que la société pense d'eux-mêmes, étant entendu que leur arrivée au pouvoir n'est pas due précisément à une consultation au suffrage universel mais plutôt à la pression populaire que l'on s'emploie à désamorcer par le remplacement de l'équipe dirigeante contestée. A une phase d' «emballement » des sondages, publiés abondamment dans la presse, succède la dénonciation de P « enquêtomanie », condamnation habilement exploitée par les gouvernants pour justifier les entorses au travail des sondeurs d'opinion; désormais les sondages qui révèlent des données contredisant les clichés de la propagande ne sont plus du goût des moyens de communication de masse. Le déclin des sondages est alors général. Un fait nouveau intervient après les événements de 1970-1971 : on croit pouvoir sonder la population sans lui faire part des résultats. Un réseau institutionnel des instituts de sondages se développe mais on voit que même l'information la plus exacte sur l'état d'esprit des citoyens ne peut rien contre les pesanteurs dti système politique. Pourtant derrière les données présentées au public, de manière très sélective sans doute, apparaissent les contours d'une opinion publique « parallèle », qui préfigurait la spécificité des événements de l'été 1980.
      Polls, Pollsters, Public Opinion and Political Power in Poland at the End of the 1970's. The history of public opinion polls in Poland shows them to be cyclical in nature. At times of crisis (1956, 1970, 1976, 1080) elaborate machinery is set in motion to reactivate the social dialogue, the authorities evincing a need to know what society thinks of them, given that their accession to power is not exactly the result of an appeal to universal suffrage, but rather a response to popular pressure which they endeavour to ease by replacement of the unpopular ruling group. A period of enthusiastic sampling of public opinion, the results of which are given abundant press coverage, is followed by denunciation of "Poll-mania", cleverly exploited by the leadership in order to justify obstruction of the work of the pollsters; from this point, opinion polls which produce results at variance with the clichés of propaganda no longer find favour with the mass media. The public opinion poll then goes into a general decline. One new fact emerges after the events of 1970-71: it was thought possible to test public opinion without letting the public know the results. An institutional network of bodies concerned with opinion polls came into being, but it was obvious that even the most precise findings on the views of the citizenry were of no avail against the weight of the political system. However, underlying such data as reached the public, no doubt in a highly selective form, there can still be discerned the outlines of a "parallel" public opinion, foreshadowing what was to be the reality of the events of the summer of 1980.
  • Revue des livres

  • Résumé des articles - p. 171-178 accès libre