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Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest |
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Numéro | Vol. 12, 2, 1981 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Europe de l'Est: économie officielle et économies parallèles.
- La seconde économie et la planification économique soviétique - Gregory Grossman p. 5-24 Telle qu'elle est définie ici, la seconde économie (SE) inclut aussi bien le petit secteur privé légal que l'empire protéiforme et omniprésent des activités illégales. Sont intimement liés à la SE (a) le vol de la propriété socialiste, (b) la tromperie sur les produits offerts aux consommateurs et (c) la corruption des responsables et d'autres employés. Quelques aspects importants des activités de la SE sont décrits. Les autorités, nationales ou locales, paraissent relativement tolérantes pour certaines des activités illégales de la SE et, parfois, iraient jusqu'à les encourager à des fins tant officielles que personnelles. La SE et la première économie (PE) coexistent en une relation de symbiose. La politique et la planification économiques ne peuvent réguler qu'indirectement le fonctionnement de la SE; en outre, et cela est dû en partie à la SE, elles ne contrôlent pas entièrement la PE. En même temps, les planificateurs doivent souvent ? et le font indubitablement d'une certaine manière, ne serait-ce qu'indirectement ? prendre en compte les effets de la SE sur la PE, quoiqu'on ne sache guère par quel moyen exactement. De plus, la corruption au cours du «processus de planification», c'est-à-dire l'allocation de matériaux et d'équipement, la répartition des ressources budgétaires, l'élaboration des normes et des objectifs, etc., n'est ignorée de personne. L'article soulève une série de questions à cet égard. Il se fonde sur des sources soviétiques et des interviews avec d'anciens participants bien informés, de l'économie soviétique.The Second Economy and Soviet Economic Planning. As here defined, the Second Economy (SE) comprises both the small legal private sector and the ubiquitous and protean realm of illegal activities. Closely connected with the SE are (a) theft of socialist property, (b) cheating of customers, and (c) corruption of officials and other employees. Some important examples of SE activity are described. The authorities, national or local, seem to take a tolerant view of some illegal SE activities, and in certain cases may even encourage them for both official and self-seeking ends. The SE and the First Economy (FE) co-exist in a symbiotic relationship. Economic policy and planning can only indirectly regulate the behavior of the SE; moreover, owing in part to the SE, its control of the FE is also quite incomplete. At the same time, planners often must ? and in some ways doubtless do, if only indirectly ? take cognizance of the effects of the SE on the FE, though there is little knowledge of just how they do. Moreover, corruption in the performance of "planning acts" ? e.g., allocating supplies and equipment, distributing budgetary funds, setting norms and targets, etc. ? is known to exist. The paper raises a series of questions in these regards. The research rests on Soviet sources and on interviews with knowledgeable former participants in the Soviet economy.
- L'économie parallèle à l'Est : le cas hongrois - Agota Dezsenyi-Gueullette p. 25-39 Une certaine partie des actes économiques spontanés de l'homme devient «parallèle» (secondaire) dans la mesure où elle ne s'inscrit pas dans les règles économiques et juridiques dont une société a su se doter. L'activité «parallèle» de l'individu s'adapte-t-elle aux modalités des différents systèmes économiques en vigueur, ou, par exemple, la « Schwarzarbeit » pratiquée en République Fédérale Allemande n'est distincte que par la forme d'apparition d'une usine clandestine soviétique ? Dans la conception de Grossman, les composantes de l'économie parallèle soviétique peuvent être présentes dans n'importe quel pays. C'est leur combinaison qui détermine la spécificité de l'économie parallèle soviétique. Il serait intéressant de déterminer si la modification du mécanisme économique soviétique entraîne une modification simultanée du caractère et de l'étendue de l'économie parallèle et de savoir si cette modification se rapproche ou non des activités illégales exercées en Occident. L'analyse de l'économie parallèle hongroise est révélatrice à cet égard. Dans un premier temps, nous analysons la genèse et les incitations à l'économie parallèle en Hongrie et tentons de faire apparaître les différences entre l'économie parallèle hongroise et l'économie parallèle d'un système centralement planifié. Ensuite, nous comparons les positions adoptées et les mesures prises vis-à-vis de l'économie parallèle en Hongrie et en France (choisie à titre d'exemple) et examinons si cette comparaison met en lumière des analogies entre les activités relevant de l'économie parallèle des deux systèmes. Les deux sortes de pénuries, qui seraient responsables de l'apparition de l'économie parallèle dans un système socialiste, n'ont pas pu être éliminées par le nouveau mécanisme économique. Mais les causes et les formes d'apparition de la pénurie relative, ou créée artificiellement, des biens et de la force de travail se sont quelque peu modifiées en Hongrie par rapport à un pays socialiste centralement planifié. L'économie parallèle suscite, à travers ces raretés, les conditions de sa propre existence, tant dans l'économie privée légale qu'en économie parallèle illégale. Si les causes de développement de l'économie parallèle dans le secteur socialiste ont été modifiées par le nouveau mécanisme économique, les motivations des individus à entreprendre une activité privée légale ou illégale témoignent d'une plus grande stabilité. La recherche d'un gain plus élevé reste la principale incitation et l'explication de l'activité parallèle. Sous l'impact direct de l'économie parallèle (effet de boule de neige) sur le comportement des particuliers, 70-75 % des familles ont une activité parallèle. Ce qui a incité les autorités à chercher des remèdes. Comme la France veut « blanchir » certaines activités exercées « au noir », la Hongrie s'apprête aussi à légaliser une partie des activités parallèles qui a toujours été considérée comme légale en Occident. Cette législation pose quelques difficultés liées aux principes socialistes : nature juridique de la propriété, utilisation des capitaux privés, etc. Même si les mesures prises ne visent qu'à aider le secteur socialiste là où celui-ci est défaillant, il ne s'agit pas moins de la reconnaissance de l'utilité des motivations régies par l'intérêt privé. On reconnaît le conflit entre le secteur socialisé et le secteur privé, jusque-là dissimulé.The Parallel Economy in the East : the Hungarian Case. Certain spontaneous economic acts become "parallel" (or secondary) insofar as they do not fall within the given society's economic and juridical rules. Do the "parallel" activities of individuals adapt themselves to specific economic systems, or does the "Schwartzarbeit" (moonlighting) practised in the German Federal Republic differ only in form from a Soviet clandestine factory? As Grossman sees it, the different elements which make up the parallel economy in the Soviet Union can be present in any country. It is their combined existence which constitutes the specific feature of the parallel economy in the USSR. It would be interesting to know whether a change in the Soviet economic mechanism brings about an immediate change in the nature and extent of the parallel economy, and whether this brings it nearer to the illegal activities encountered in the West. An analysis of the Hungarian parallel economy helps us in this. In the first place we analyse the origins, and motives, of the Hungarian parallel economy, bringing out the differences between this and the parallel economy of a centralized planning system. Then we compare the attitudes, and measures taken, with regard to the parallel economy in Hungary and in France (used as an example), and see whether this comparison shows up any analogies between parallel activities in the two systems. Neither of the two kinds of shortage (of goods and of labour), said to be responsible for the appearance of the parallel economy under socialism, have been eliminated by the new economic mechanism. However, the causes and forms of relative shortages of goods and labour-power, as well as those artificially created, have become somewhat less acute in Hungary, in comparison with the centrally- planned socialist countries. The parallel economy, through its scarcities, creates the conditions for its own existence, both in the legal private economy and in the illegal parallel economy. While the causes for the development of the parallel economy have been modified by the new economic mechanism, the motives for individuals to undertake legal or illegal private activities show a greater degree of stability. The desire to earn more remains the primary motive and explanation. Under the direct impact (or snowball effect) of the parallel economy on individual behaviour, 70-75% of all families undertake "parallel" activities. This has led the authorities into a search for remedies. Just as the French seek to "whitewash" certain "black" activities, so Hungary too is preparing to legalise a part of those parallel activities which were always considered legal in the West. Such legislation poses problems, related to socialist principles: for example the juridical nature of property, the use of private capital, and so on. Even though the measures taken aim at reinforcing, the socialist sector at its weak points, this none the less involves the recognition of the usefulness of motivations governed by private interest. The conflict between the socialised and the private sectors, which used to be concealed, is explicitly recognised.
- Le dixième plan économique (1976-1980) comme instrument du perfectionnement de l'efficacité économique - Hermann Clement p. 41-62 Les évaluations quantitatives des plans quinquennaux soviétiques ne doivent pas être considérées comme des objectifs qui engagent les dirigeants, mais plutôt comme la formulation des intentions d'une politique économique à moyen terme. Face à un développement démographique défavorable, à des taux de croissance économique en déclin et à la part déjà élevée des investissements dans le revenu national, les autorités soviétiques ont assigné au 10e plan quinquennal un rôle clef alors qu'elles s'efforcent de faire entrer l'économie dans une phase orientée vers la productivité (phase intensive). Les résultats des premières années de la période planifiée sont actuellement disponibles. L'analyse des données montre que le développement effectif des sources de la croissance économique allait dans une direction opposée à celle qui avait été initialement planifiée. Les calculs de la CIA et nos calculs à l'Osteuropa-Institut de Munich montrent clairement un fort déclin des taux de croissance de la productivité totale des facteurs. Contrairement à ce qui s'est passé au cours du 9e plan quinquennal, ce développement est dû essentiellement à une contre-performance du secteur industriel. Les causes de ce développement non planifié ne sont pas difficiles à comprendre : évidemment, à la fois dans ses déclarations générales et dans ses objectifs quantitatifs, le Plan quinquennal met l'accent sur l'accroissement de la productivité. Cependant, les applications pratiques de cette politique se limitent aux appels bien connus ? mais guère couronnés de succès ? à l'achèvement des constructions en cours, à la concentration des ressources sur la modernisation des usines existantes, à un emploi plus efficient de l'énergie et des matières premières, à la restructuration de l'économie en faveur des branches appelées à croître, à l'amélioration de la localisation de l'industrie, à l'accélération du progrès technique, au perfectionnement de la planification et du contrôle de l'économie, etc. Le Plan quinquennal n'offre pas une conception saine et cohérente. Il n'est donc pas étonnant qu'un certain nombre de programmes complexes (métaux ferreux, transports, etc.) remplacent les proportions initiales. Le plan a également été incapable d'introduire des améliorations essentielles dans le mécanisme de planification et de gestion. Le 10e plan a bien défini les problèmes de la productivité et les objectifs correspondants, mais il n'a pas su leur apporter une solution adéquate. Compte tenu d'un point de départ moins favorable qu'au début du 10e plan quinquennal, les problèmes de la productivité du travail sont devenues plus difficiles à résoudre.The 10th FYP has identified the productivity problem correctly and has put forward adequate targets. However, in the process of implementation not only have the targets not been met but the productivity problems appear to have aggravated.
- La baisse des taux de croissance à l'Est et à l'Ouest - Ljubo Sirc p. 63-77 Il devient de plus en plus clair que les économies est-européennes, en prenant tous les facteurs en considération, ne croissent pas plus vite que les économies occidentales comparables. La croissance de l'Union soviétique notamment décline à un rythme inattendu, ce qui semble indiquer que les défauts de la planification centralisée, pratiquée depuis plus de cinquante ans sont de plus en plus avérés d'autant que la dimension de l'économie soviétique limite les effets de l'aide étrangère. Le but final de la croissance est d'accroître le niveau de vie, ce qui rend absurde l'argumentation des Soviétiques quand ils prétendent que leur économie ne peut se développer en raison d'une chute des taux de fécondité de la population. Mais les Soviétiques et autres planificateurs centraux ont été particulièrement incapables d'améliorer la productivité des facteurs. Comparativement aux pays occidentaux, les pays est-européens ont besoin du double pratiquement de capital pour maintenir le même taux de croissance, ce qui signifie qu'à production égale, ils consommeront près de 30 % de moins que leurs homologues occidentaux. La situation est-européenne paraît se détériorer. L'absence de critères pour déterminer quoi produire et comment provoque une structure déformée de la production. Etant donné qu'on n'explicite pas non plus comment combiner les divers secteurs entre eux, des pans entiers de l'économie divergent et rendent la croissance encore plus difficile. En Occident, de telles divergences sont impossibles à long terme en raison de l'autonomie des entreprises. L'Occident connaît un ralentissement provoqué par les hausses excessives des salaires qui rendent difficile voire impossible, le fonctionnement de l'économie de marché.Falling Growth Rates East and West. It is becoming ever clearer that East European economies are not, all taken into account, growing any faster than comparable Western economies. Especially the growth of the Soviet Union is falling at an unexpected rate which seems to indicate that there the deficiencies of centralist planning, practiced for over 50 years, are beginning to tell in particular as the size of the Soviet economy limits the effects of assistance from abroad. The final aim of growth is an increased standard of living which makes the Soviet claim that their economy cannot grow because of a fall in the fecundity of the population absurd. But the Soviet and other centralist planners have been notoriously bad at improving factor productivities. East European countries require almost twice as much capital as Western economies to maintain the same rate of growth which means that, out of the same production, they can consume nearly 30% less than comparable Western countries. The situation in Eastern Europe appears to be deteriorating. The lack of criteria for what to produce and how to produce it leads to a distorded production structure. Since there are no clear indications either of how to combine various sectors with each other, parts of the economy are diverging and making growth ever more difficult. In the West, such distorsions are impossible in the long run because of the continuing high autonomy of enterprises. The West is slowing down because of excessive wage claims which make the functioning of the market economy difficult if not impossible.
- La fonction de production de Cobb-Douglas et l'évaluation des paramètres de croissance en économie soviétique. - Henri Dunajewski p. 79-87 L'auteur analyse la fonction de Cobb-Douglas et met en question le bien-fondé de son application à l'économie soviétique. L'hypothèse tacite qui est à la base de cette fonction admet que la substitution entre les facteurs « capital » et « travail » est régie par un jeu libre des prix. La rareté relative d'un facteur fait automatiquement augmenter son prix et glisser les préférences de substitution vers celui qui est relativement moins rare et dont le prix est plus abordable. Ce type de glissement, étant perpétuel, assure que les prix des facteurs sont inversement proportionnels à leurs raretés relatives. Lorsque la fonction de Cobb-Douglas apporte, grâce à ses coefficients d'élasticité, des renseignements sur la productivité du capital ou sur le rendement du travail, la référence de la valeur marchande des facteurs est claire et nette. Tel n'est pas le cas de l'économie soviétique. Les prix rigides n'y reflètent pas les raretés relatives des facteurs. Les mêmes coefficients d'élasticité n'ont plus comme référence les valeurs marchandes mais celles que le planificateur central a bien voulu arbitrairement leur affecter. Dans ces conditions, la séparation et l'appréciation en valeur des facteurs «capital» et «travail» n'a pas de signification particulière. L'auteur définit une fonction homogène de production à élasticité parfaite de substitution où les deux facteurs sont considérés comme un seul. Essayant 7 équations de régression, dont une linéaire et six non linéaires, il trouve que la formule Q = 0,30647 (KL)».60351 correspondant à la période 1961-1979 décrit la croissance économique de l'U.R.S.S. à long terme avec une précision nettement supérieure à celle obtenue jusqu'à présent. Le carré du coefficient de corrélation caractérisant la formule proposée est égal à 0,99696.The Cobb-Douglas Production Function and Evaluation of the Parameters of Growth in the Soviet Economy. The author examines the Cobb-Douglas function, and questions its relevance as applied to analysis of the Soviet economy. The tacit assumption underlying the Cobb-Douglas function is that the substitution of "capital" and "labour" is regulated by the free movement of prices. The relative scarcity of a given factor leads automatically to a vice in its price, and causes a displacement of preferences towards another factor which is relatively less scarce, and whose price is therefore more accessible. This sort of adjustment being continuous the prices of factors are in inverse proportion to their relative scarcity. In cases where the Cobb- Douglas function, by reference to its elasticity coefficients, is used to analyse capital productivity or the return to labour, the relationship to the market value of the factors is perfectly clear. This is not the case with the Soviet economy. A rigid price system does not reflect relative scarcities of the factors. The same elasticity coefficients are no longer related to market values, but to those which the central planning body has arbitrarily assigned to them. In these circumstances the separation and assessment in terms of value of the factors of capital and labour, has no particular significance. The author defines homogeneous production function with a perfect elasticity of substitution where the two factors are considered to be one. He tried 7 regression equations, one linear. He found that the formula Q = 0.30647 (KL) 0.60351 relating to the period 1961 to 1979 describes the long-term growth of the USSR with a precision notably superior to that obtained hitherto. The square of the correlation coefficient which characterises the above formula is equal to 0.99696.
- Le changement technique et les «Agency costs» : Un dilemne croissant pour le planificateur central soviétique - John H. Moore p. 89-116 Les taux de croissance de l'économie soviétique ont beaucoup ralenti ces dernières années. On constate que les taux d'accroissement des inputs ne peuvent être substantiellement augmentés de sorte que l'inversion de la tendance repose, dans une large mesure, sur le progrès technique. Cependant, le système soviétique est particulièrement inapte à engendrer et à diffuser le perfectionnement des techniques. Ces défauts sont bien connus et persistent pourtant. Ce qu'on veut démontrer ici est que ces défauts du système ne reflètent pas nécessairement l'irrationnalité ou l'ignorance mais résultent plutôt d'un marchandage implicite entre les objectifs de l'efficacité économique et du contrôle du système. Prenant pour point de départ la conclusion de Zaleski selon laquelle le but du système de planification est de gérer, l'auteur utilise pour son analyse les développements récents de la théorie des «agency costs» afin de montrer pourquoi des caractéristiques apparemment illogiques ou irrationnelles persistent dans le système. Par exemple, la politique des prix permanents, la tendance à produire longtemps les mêmes biens standardisés et la faible propension à tenir compte de Fobsolescence, peuvent être comprises dans cette optique. L'analyse porte alors sur les traits du système qui paraissent ralentir le progrès technique. On parvient ainsi à la conclusion que le système de planification en vigueur s'explique mieux s'il est considéré comme un instrument servant à promouvoir les objectifs des dirigeants. Pour être efficace, le système doit être contrôlé et c'est cette volonté de garder le contrôle qui provoque certaines de ses caractéristiques apparemment anormales. Pour essayer de comprendre le système ou les tentatives de réforme, il est important d'évaluer dans quelle mesure le système sert les fins des autorités plutôt que de se demander s'il se conforme aux critères économiques néoclassiques du bien-être.Technological Change and Agency Costs. A Growing Dilemma for Soviet Central Planners. Growth rates in the Soviet economy have slowed significantly in recent years. It appears that input growth rates cannot be increased substantially, so the burden of reversing the retardation falls, in large measure, on technological change. Yet the Soviet economic system is notoriously weak in generating and diffusing improved technology. These weaknesses are well known and yet they persist in the system. The central argument of this paper is that these systematic weaknesses are not necessarily a reflection of irrationality or ignorance, but rather reflect the results of an implicit trade-off between the objectives of economic efficiency and control of the system. Taking off from Zaleski's conclusion that the purpose of the planning system is to manage, the papers's analysis applies recent developments in the theory of agency costs to show why apparently illogical or irrational characteristics persist in the system. For example, the policy of permanent prices, the proclivity for long production runs of standardized products, and the reluctance to make allowances for obsolescence, among other things, can be understood in these terms. The basic analysis is then applied to characteristics of the system that appear to slow technological change. A main conclusion is that the existing planning system can be better understood as an instrument that is used to promote the ends of the leadership. To be effective, the system must be controlled, and it is the effort to maintain control that results in some of its apparently anomalous characteristics. In trying to understand the system or reform attempt, it is important to evaluate how well the system serves the ends of the leaders, rather than whether it conforms to neoclassical economic welfare criteria.
- «Agency costs» et réforme du système de planification - Renato Mieli, Gianni Salvini p. 117-120 Après s'être affirmés d'accord avec les conclusions de John Moore, les auteurs apportent quelques précisions supplémentaires sur des points qui les ont particulièrement intéressés, notamment les divergences entre les objectifs des entreprises et du plan et l'insuffisance du rôle des prix dans le progrès technique.Agency Costs and Reform of the Planning System. Having expressed their agreement with John Moore's conclusions, the authors have some additional information on points which are of special interest to them, in particular the divergence between the objectives of enterprises and those of the plan, and the inadequate role of prices in the field of technical progress.
- L'économie soviétique et les économistes soviétiques. Quelques observations - Alec Nove p. 121-145 L'auteur présente les idées de quelques économistes soviétiques, omettant certains des noms les plus connus. Il évoque des théoriciens des réformes (Petrakov, Karagedov, Kazakeviô), qui débattent de changements radicaux des méthodes de gestion et de fixation des prix. Tout en accentuant le rôle du profit, ils ont une conception réaliste des limites du mécanisme de marché et des méthodes mathématiques. Suit une description des travaux d'analystes critiquant la piatique en vigueur (Krasovskij, Aganbegjan) qui proposent d'autres moyens, plus perfectionnés, d'élaboration et d'administration des projets d'investissement, du développement régional, etc. Puis vient une analyse de certains « économistes politiques » concernés eux par les problèmes de la théorie de l'économie socialiste (par exemple Cerkovec, Kosolapov), suivie d'une courte allusion à des économistes mathématiciens et des théoriciens du système (Majminas, Gernjak). Toutes ces catégories se recoupent et d'autres économistes de talent existent de sorte que la classification aussi bien que les personnes choisies sont quelque peu arbitraires. Cependant, l'objet de l'auteur était de montrer que des idées économiques profondes et intéressantes sont développées et discutées à l'heure actuelle.Soviet Economies and Soviet Economists. Some Random Observations. The author presents the ideas of some contemporary Soviet economists, omitting some of the best-known names. These include reform theorists (Petrakov, Karagedov, Kazakevich), who discuss a radical change in methods of management and in pricing. While emphasising the role of profit, they show a realistic sense of the limitations of the market mechanism and of mathematical methods. There follows a description of the work of critical analysts of current practice (Krasovsky, Aganbegyan), who propose new and better ways of devising and administering investment projects, regional development, etc. Then follows an analysis of some "political economists" who are concerned with problems of socialist economic theory (e.g. Cherkovets, Kosolapov), and finally a short section on some mathematical economists and systems theorists (Maiminas, Chernyak). These categories overlap, and there are many other economists of talent, and so both the classification and choice of individuals are somewhat arbitrary. However, it is intended to demonstrate that serious and interesting economic ideas are being developed and discussed.
- Du nouveau et de l'ancien chez les économistes soviétiques - Gérard Duchêne p. 147-152 La classification des économistes soviétiques proposée par Alec Nove amène à des recoupements car chaque auteur pourrait être classé dans plusieurs catégories. A une analyse par auteurs est substituée une analyse par grands domaines d'étude, distinguant entre économie pure et économie appliquée. L'économie pure soviétique, qui regroupe les travaux de l'école mathématique et de l'économie politique marxiste, n'a guère fait de progrès depuis quinze ans, et est jugée globalement de niveau faible en regard des standards internationaux. C'est dans l'économie appliquée, menée en général de façon empirique pour répondre à des problèmes de politique économique réels, que des progrès importants ont été accomplis et que l'on trouve les travaux susceptibles d'intéresser les économistes occidentaux, par exemple en matière d'analyse des revenus, d'investissement, d'emploi, de comportement des firmes.Ideas New and Old Among Soviet Economists. There is some overlapping in Alec Nove's suggested classification of Soviet economists, since each of the authors might be listed under several different headings. The analysis is based on broad categories of subject rather than on individual writers, the distinction being drawn between pure and applied economics. Soviet studies in pure theory, which covers the mathematical school and Marxist political economy, has made little progress over the past fifteen years, and the general level of achievement is regarded as poor, judged by international standards. However, in the field of applied economics, where empirical work is directed towards the solution of practical problems of economic policy, considerable progress has been made, and it is here that western economists are most likely to find matter of interest to them, for example in analyses of income, investment, employment, behaviour of firms, etc.
- L'efficacité de la planification de type soviétique face à la stagflation mondiale - Jean Marczewski p. 153-169 Après avoir défini les principales caractéristiques de la planification économique de type soviétique (PS) et de la stagflation mondiale (SM), je procéderai à une analyse de la capacité de la PS à optimiser l'évolution économique des pays concernés sous les contraintes de la SM. Apparemment, la très forte centralisation des décisions et la séparation étanche de l'économie interne des marchés mondiaux devraient conférer à la PS un degré élevé d'indépendance. L'exemple historique de la croissance rapide de l'économie soviétique pendant la dépression mondiale des années 1930 ne doit pas être oublié. Mais, l'interdépendance économique internationale est aujourd'hui infiniment plus intense qu'elle ne l'a été alors et la PS s'étend désormais sur des pays qui sont beaucoup plus petits et bien plus dépendants de l'extérieur que PU.R.S.S. de 1930. De plus, les implications économiques de la stagflation sont plus complexes et plus insidieuses que celles de la Grande Dépression et les conditions sociales et politiques dans lesquelles ces deux expériences historiques se déroulent ne sont pas similaires. Pendant les années 1930, le régime soviétique a pu survivre à une détérioration profonde du niveau de vie de la plus grande partie de la population. En 1980, cela ne serait probablement pas possible, même en U.R.S.S., et certainement pas dans la plupart des autres pays de l'Est. C'est la raison pour laquelle la stratégie d'isolement de la conjoncture mondiale doit être remplacée par une stratégie d'adaptation. La question est de savoir si, et dans quelle mesure, la PS est capable d'appliquer cette dernière, sans une modification radicale de ses principes. Le reste du rapport sera consacré à une analyse précise des modifications nécessaires.The Efficiency of the Soviet-Type Economic Planning under Conditions of World Stagflation. After a very short definition of the Soviet-Type Economic Planning (SEP) and of World Stagflation (WS), I shall try to analyse the capacity of the SEP to optimize the economic evolution of countries concerned under the constraints of WS. Apparently the highly centralized system of decision-taking and the almost total separation of domestic economy from World markets should procure to a SEP economy a high degree of independence. The historical example of the rapid growth of the Soviet economy during the World depression of the 1930s should not be forgotten. But the international economic interdependence nowadays is much stronger than it was then and since that time the SEP has been extended to countries which are much smaller and much less selfsufficient than the U.S.S.R. in the 1930s. Moreover, the economic implications of stagflation are much more intricate and insidious than those of the Great Depression and the social and political conditions accompanying these two historical events are not at all the same. In the 1930s the Soviet system could survive a dramatic deterioration of the living standard of a large majority of population. In the 1980's this probably would not be feasible even in the U.S.S.R. and certainly not in most other Eastern countries. Therefore the strategy of isolation from World economic trends must be replaced by a strategy of adaptation. The problem is, however, to determine if, and to what extent, the SEP is able to apply the latter without a very deep change of its main characteristics. The rest of the paper will deal with a precise analysis of necessary changes.
- Stagflation mondiale et planification socialiste : le cas de la Hongrie - Camilo Tejera p. 171-180 Stagflation mondiale et planification socialiste : le cas de la Hongrie. L'auteur, qui est d'accord pour l'essentiel avec les affirmations du professeur Marczewski, ajoute quelques observations sur les causes de la stagflation mondiale et prend plus particulièrement le cas de la Hongrie et de son Nouveau mécanisme économique comme exemple de réaction aux problèmes qui se posent à l'heure actuelle au niveau mondial.World Stagflation and Socialist Planning: the Hungarian Case. The author, who agrees on the whole with Professor Marczewski's considerations, adds some of his own observations on the causes of world stagflation. He analyses the Hungarian case more particularly and shows how the New Economic Mechanism is reacting to the world problems which arose these last years.
- Planification et régulation dans les économies socialistes : pour une théorie de la valeur comptable - Robert Tartarin p. 181-197 En considérant d'une façon très générale, que le type de l'économie soviétique peut être caractérisé par le système de la valeur comptable, c'est-à-dire par un ensemble de normes visant à assurer un contrôle externe sur le comportement d'unités organisées dans une structure de dépendance hiérarchique, l'article tente de montrer quels rapports nécessaires entretiennent la forme d'organisation soviétique et le mode d'évaluation correspondant et il essaie d'intégrer analytiquement l'autonomie réelle et la subordination réelle des unités. Les modèles de l'économie soviétique comme économie de commandement ou comme économie pluraliste apparaissent dès lors inadéquats tandis que l'économie seconde devient le double informel, intrinsèquement lié à toute activité formelle.Planning and Control in the Socialist Economies: a Theory of Accounting Value. Starting from the general proposition that the Soviet type economy is one characterised by a system of accounting value, i.e. by a set of norms aimed at ensuring external control over the behaviour of units organised in a hierarchical structure of dependence, the article attempts to show what are the essential relationships underpinning the Soviet type of organisation and its concomitant method of evaluation, and also to relate analytically the actual degrees of autonomy and subordination of the units of production. The models of the Soviet economy, as a command or pluralist economy, are then seen as inadequate, while the second economy becomes an informal connterpart closely interwoven with the pattern of formal economic activity.
- Commentaire sur l'article de Robert Tartarin - Alec Nove p. 199-200
- Sur la théorie de la régulation financière et les prix - Benjamin Bastida, Camilo Tejera, M. Teresa Virgili p. 201-218 Les auteurs s'intéressent successivement aux réformes du système de gestion de l'économie en U.R.S.S. et en Hongrie et notamment au recours à des « leviers indirects », c'est-à-dire entre autres à la fiscalité. Il va sans dire qu'une réforme du système d'imposition implique une évolution profonde des éléments économiques et institutionnels tels que les systèmes de fixation des prix, d'approvisionnement matériel et technique, etc. Faute de vouloir et de pouvoir procéder à de véritables changements, les autorités ont laissé les réformes s'essouffler.On the Theory of Financial Regulation and Prices. The authors are concerned with the reforms in the system of economic management in the USSR and in Hungary, and in particular with the use of "indirect levers" or indirect means of control, including for example, the use of fiscal measures. It is clear that a reform of the tax system would involve radical changes in economic and institutional structures, such as price fixing mechanisms, material and technical supply systems, and so on. In the absence of either the will of the power to effect genuine change, the authorities have allowed the reforms to die a natural death.
- Résumés des articles - p. 219-232
- La seconde économie et la planification économique soviétique - Gregory Grossman p. 5-24