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L'article porte sur la nature de la crise polonaise entre les années 1975 et 1980. Cette crise est, notamment, consécutive à l'affrontement de deux anthropologies, qui sous- tendent deux projets de société. L'une est celle de l'Etat, saisie à travers les positions officielles du Parti ouvrier unifié polonais : le Code du Travail entré en vigueur en 1975, la Constitution de la République populaire de Pologne révisée en 1976 et les Congrès. La seconde est celle de l'Episcopat saisie à travers ses discours, messages, lettres pastorales publiés à propos d'un événement important ou en réponse au gouvernement. Aux perspectives d'une «société socialiste avancée» c'est-à-dire intégrée nationalement ou internationalement, l'Episcopat oppose une conception basée sur l'éthique. Cette étude est réalisée selon une approche particulière qui se limite aux textes écrits et publics. Pour présenter ces deux conceptions de la société et de l'homme, ont ainsi été laissées de côté les multiples initiatives prises à la base par les militants du Parti Communiste ou par les chrétiens. Il y a donc, à l'évidence, des dysfunctions entre les positions officielles et les pratiques sociales du peuple polonais. La prise en compte de ces pratiques quotidiennes compléterait et nuancerait la définition de ces deux anthropologies. Enfin, ces dernières ne disent pas le tout de la production sociale en ce domaine.

En suscitant un grand nombre de recherches sociologiques sur le mode de vie, les instances dirigeantes des sociétés de type soviétique voudraient étayer par des données empiriques leur thèse officielle sur la formation d'un mode de vie spécifiquement socialiste. Or, les résultats de ces mêmes recherches effectuées en Hongrie, en Pologne, en Tchécoslovaquie, que l'auteur analyse dans cette étude, révèlent que la réalité empirique ne se plie pas à cette image idéologique. Le mode de vie dans ces sociétés accuse au contraire des tendances qui se sont affirmées dans les sociétés modernes de type capitaliste : extension des attitudes instrumentales à l'égard du travail, privatisation de la vie des individus, orientations utilitaristes et hédonistes. D'autres tendances qui s'expriment dans les cultures sociales et politiques opposées ne diffèrent des sociétés occidentales que par les formes de manifestations, déterminées par la nature du système socio-politique. Toutefois, si la civilisation industrielle (conditions matérielles, leurs implications ou ? conséquences sociales et tendances culturelles) empreint le mode de vie dans les sociétés de type soviétique de traits communs avec les sociétés de type capitaliste, certaines spécificités apparaissent plus nettement en ce qui concerne la différenciation sociale dans le mode de vie. L'examen des conditions de vie, des pratiques et des orientations de valeur de divers groupes sociaux dans plusieurs sphères de leur existence sociale qui semblent constitutives de la formation des modes de vie (travail, consommation, activités culturelles et activités du temps libre, interaction sociale), conduit l'auteur à des conclusions qui s'écartent de certaines idées répandues. Les modes de vie dans les sociétés de type soviétique sont beaucoup moins l'effet des conditions matérielles et des mécanismes de différenciation sociale que la conséquence des conditions politiques de la vie sociale et culturelle de ces sociétés. Les groupes sociaux particuliers ne présentent jamais des modes de vie aussi « cristallisés » ou « surdéterminés», comme c'est le cas souvent dans les sociétés de type capitaliste, car les tendances qui les forment sont à beaucoup d'égards contradictoires ; les déterminismes économiques, sociaux et culturels sont fréquemment divergents dans leur nature et dans leurs effets. Les modes de vie sont moins marqués par les inégalités que par une égalité que l'on pourrait désigner comme une «égalité négative». La différenciation effective dans les modes de vie résulte davantage de l'habileté et des stratégies personnelles que des inégalités profondes dans les conditions de vie.

Cet article a pour but essentiel d'analyser les modes de transmission des perturbations externes dans les économies protégées et isolées par le monopole du commerce extérieur, telles les économies centralement planifiées (ECP). L'une de ces perturbations externes a été le changement des prix relatifs sur les marchés mondiaux qui a altéré la structure des avantages comparés pour tous les pays engagés dans le commerce international. L'auteur décrit le mécanisme qui permet aux ECP d'absorber les chocs extérieurs ainsi que les signaux qui s'allument au niveau micro-économique pour engager à des changements structurels. Les canaux de transmission existent : les autorités centrales les médiatisent sous forme d'instruments de leur politique; à moins qu'ils ne prennent la forme de liens financiers entre les secteurs interne et extérieur.

La robotique industrielle soviétique devrait connaître un important développement lors du prochain plan quinquennal. Pourtant cette croissance ne pourrait être qu'un leurre, un jeu sur la définition du mot robot, concept littéraire et non technologique. En effet pour les Soviétiques, la robotique représente un enjeu idéologique, la croissance par le progrès technique, et économique, la lutte contre la baisse de la productivité du travail. Leurs retards dans la maîtrise de technologies de pointe, essentiellement l'électromécanique et l'automatique, les obligent à adopter une stratégie de production différente de celle utilisée aux Etats-Unis. Ils produisent des robots uni-taches et modulaires. Alors que la tendance américaine est à la construction de robots sophistiqués et universels. Ainsi, le profil de la robotique industrielle soviétique, en dehors de prototype-vitrines, se dessine comme celle d'une production de masse de machines aux caractéristiques rudimentaires.

Dans cet article, on entend examiner l'interaction de la stratégie de développement et du système économique en tant que source éventuelle des crises socio-économiques qui ont éclaté à plusieurs reprises en Pologne depuis la fin de la seconde guerre mondiale. On veut attirer l'attention sur cette source bien précise de difficultés et non effectuer une analyse rigoureuse des fluctuations économiques polonaises. Dans la section II, on se réfère à la littérature consacrée à la nature des fluctuations cycliques en économie socialiste planifiée. La section III relate l'expérience de la Pologne jusqu'à la fin des années soixante et la section IV l'évolution depuis le début des années soixante-dix. Enfin dans la section V, on s'interroge brièvement sur le degré d'instabilité du processus de développement en Pologne.

Le spectaculaire effondrement économique que connaît la Pologne pose la question de l'opportunité d'une réforme économique et de son ampleur, mais le temps de la réforme est-il le présent, le passé ou le futur ? La confrontation des principes de la Réforme et de son application en 1982 et 1983 donne l'impression d'un retour progressif aux mécanismes économiques traditionnels. Cela est remarquable à quatre niveaux : celui de la répartition des ressources, celui du profit, celui de la gestion de la main-d'œuvre et enfin au niveau des associations d'entreprises. La répartition des biens de production et celle des biens de consommation se caractérise par un haut degré de centralisation, le rôle du profit dans la gestion des entreprises reste faible, la crise de motivation au travail est patente, la politique de l'emploi, inefficace et les nouvelles associations s'apparentent de plus en plus aux anciennes unions. La prétention du Centre à assumer toutes les décisions économiques, par des moyens formels ou non, va de pair avec sa faible maîtrise des processus économiques. L'introduction d'une réforme dans les conditions d'un profond déséquilibre économique et politique n'est sûrement pas chose aisée. Mais il est aussi possible de penser qu'au delà de ses difficultés, sous le signe de la réforme, le Gouvernement voulait en fait sauvegarder le statu quo, et visait essentiellement la reconquête de la légitimité du du pouvoir et non l'efficacité économique.

La décision des planificateurs soviétiques de créer sur les rives de la Kama un gigantesque complexe industriel de production de camions de gros tonnage avait pour objectif de satisfaire les besoins non satisfaits de l'économie nationale dans cette catégorie de moyens de transport routiers. Pour réaliser cet objectif, l'importance du projet, l'ampleur des investissements et le poids futur de cette entreprise au sein du secteur automobile impliquaient le recours, en matière de structures d'organisation, à des solutions nouvelles. La mobilisation des principaux chefs de file de la nouvelle école managériale a été requise en vue de faire bénéficier Kamaz des retombées de leurs recherches. Ces dernières, engagées à la fin des années soixante, visaient à adapter aux conditions d'une économie planifiée les enseignements de ce que l'on a appelé le «management américain». Une première application sur le terrain de méthodes d'analyse, rappelant plus ou moins les approches de ce type de problèmes par les cabinets d'organisation occidentaux, a permis la mise en place de structures d'organisation originales, évolutives et mieux adaptées aux objectifs que les structures traditionnelles. Le cas de Kamaz ne paraît pas avoir été un phénomène isolé. Il a inspiré des démarches similaires et parfois suscité des démarches différentes autant qu'innovatrices.