Contenu du sommaire
Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest |
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Numéro | Vol. 15, 3, 1984 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- La pénurie ? problème fondamental des économies centralement planifiées ? et la réforme hongroise - János Kornai p. 5-20 L'article est constitué d'une interview de Janos Kornai, effectuée par une journaliste de Munich, qui l'a longuement interrogé sur les problèmes économiques des pays est-européens et notamment sur la pénurie qui est l'effet secondaire le plus frappant de l'économie planifiée. Quelles sont les causes de cette pénurie et pourquoi pose-t-elle autant problème ? Avant d'indiquer les principales causes de la pénurie, Kornai insiste sur quatre points qui sont en même temps les sujets de chaudes controverses. Selon lui, la pénurie est chronique et pas du tout conjoncturelle, elle ne découle pas de certaines erreurs humaines mais est une conséquence du mécanisme économique et du cadre institutionnel en vigueur. En outre, il estime qu'elle ne peut s'expliquer par un faible niveau de développement et que le problème doit être abordé du point de vue de la demande et non de celui de l'offre, de la demande de la sphère de la production et du secteur public (ce qu'il appelle avec d'autres la « faim d'investissements ») plutôt que de la demande des ménages. Kornai énumère ensuite les conséquences néfastes de la pénurie avant d'aborder le thème de la réforme économique hongroise à laquelle la seconde partie de l'interview est consacrée.Shortage ? a basic problem in centrally planned economies ? and the Hungarian Reform. This article is based on an interview given by Janos Kornai to a Munich journalist, who questioned him at length on the economic problems of Eastern Europe, with particular reference to the shortages which are the most notorious by-product of planned economies. What are the reasons for these shortages, and why are they such a problem ? Before indicating the main causes, Kornai stresses four points, themselves the -subject of much controversy. In his view, shortage is not due to specific circumstances b\it is a chronic condition ; it arises not from human error, but from existing economic mechanisms and institutions. In addition, he is of the opinion that the problem is not explicable in terms of a low level of development, but must be considered from the point of view of demand and not supply, demand in the field of production and the public sector (what he. and others describe as « investment hunger ») rather than the demand of households. Kornai goes on to describe the harmful effects of shortages, before proceeding to the subject of the Hungarian reform, to which the second part of the interview is devoted.
- Le lend-lease américain pour l'Union soviétique - Henri Dunajewski p. 21-89 L'article est consacré à l'aide militaire et civile que les États-Unis d'Amérique (EUA) ont procuré à l'Union soviétique (URSS) durant la 2e guerre mondiale. L'auteur rappelle d'abord les circonstances historiques, politiques, militaires et économiques qui ont précédé et accompagné l'octroi à l'U.R.S.S. du bénéfice de la loi américaine sur le Prêt-bail (LLA), décrit la réalisation matérielle de cette aide et analyse l'importance du transfert de la technologie américaine pour le potentiel et pour les victoires de l'Armée rouge. Plusieurs thèses sont réexaminées à cette occasion, dont voici les principales : Staline, aurait-il capitulé en 1942 s'il n'avait pas obtenu une aide extérieure immédiate ? L'U.R.S.S. aurait-elle pu habiller son armée, la chausser, la nourrir, la transporter et l'équiper sans la livraison de 115 millions de mètres de tissu, sans 14,5 millions de chaussures, sans 1 million de tonnes de produits céréaliers, sans 2 000 locomotives, 1 1 000 wagons et autre matériel roulant ? L'Armée rouge aurait-elle pu assurer la liaison tactique entre ses troupes dispersées sur plusieurs fronts sans avoir reçu 38 000 récepteur-émetteurs radio, des dizaines de millions de kilomètres de fils et câbles de liaison ? L'état-major de Staline, pouvait-il penser sérieusement à assurer la sécurité aux frontières nords, surtout à Murmansk, son principal port d'approvisionnement, sans avoir obtenu des Américains la mise à sa disposition exclusive de 735 bateaux et navires de guerre ? La bataille de Stalingrad aurait-elle pu constituer un tournant dans fa guerre sans technologie américaine, sans que les 10 divisions russes, organisées dans le plus grand secret loin de Stalingrad, puissent être déplacées en « Fords », « Dodges » et « Studebakers » sur plusieurs centaines de kilomètres en une seule nuit ? Et enfin, l'Armée soviétique aurait-elle pu devancer les armées alliées dans plusieurs pays de l'Europe centrale en 1945 sans avoir obtenu 12 000 avions américains, 13 000 véhicules de combat dont 6 000 chars de qualité et 409 000 camions et autres véhicules de transport rapide ? Ensuite, l'auteur fait une estimation raisonnée des valeurs comptable et relative de la contribution américaine aux réussites de 1'U.R.S.S. lors des années 1941-1945. Le calcul qu'il effectue lui permet de constater que la contribution ci-dessus se montait à 17,9 % au minimum, et à 26,9 % au maximum, de l'effort financier-militaire soviétique. La valeur de l'aide américaine s'avère comparable à celle du Produit matériel net de 1'U.R.S.S. de l'année 1950. Les deux dernières sections de l'article sont consacrées au problème du règlement définitif des obligations contractuelles de 1'U.R.S.S. résultant du lend-lease et à l'examen des raisons pour lesquelles le peuple' soviétique est tenu à l'écart de toute information sur le transfert de technologie occidentale dans son pays. L'annexe jointe à l'article comporte quelques listes de matériel américain transféré à 1'U.R.S.S. durant les années 1941-1945 dans le cadre du LLA.American Aid for the Soviet Union under Lend Lease. The article deals with the military and civil aid which the United States made available to the USSR during the Second World War. The authors begins by outlining the historical, political, military and economic circumstances which led up to and accompanied the granting of aid under Lend-lease to the USSR ; the article describes how Lend-lease functioned, and analyses the important part played by the transfer of American technology in the Red Army's potential and its victories. The author takes a fresh look at a number of questions, including particularly the following : Would Stalin have capitulated in 1942 if he had not received immediate aid from abroad ? Could the USSR have fed, clothed and shod its army, transported it and equipped it, without the delivery of 115 million metres of cloth, 14.5 million boots, and shoes, 1 million tonnes of cereals, 2 000 locomotives, 1 1 000 wagons and other rolling-stock ? Could the Red Army have maintained tactical communication among troops dispersed over several fronts without the assistance of some 38 000 radio receiver-transmitters, tens of millions of kilometres of wire and cable ? Could Stalin's headquarters seriously have thought it possible to ensure the security of their northern frontiers, particularly at Murmansk, their main supply port, without having obtained from the Americans the exclusive use of 735 boats and warships ? Could the Battle of Stalingrad ever have proved a turning-point in the war without American technology, without the Fords, Dodges and Studebakers which enabled 10 Russian divisions, organized in the greatest secrecy far from Stalingrad, to be moved up over several hundred kilometres in a single night ? Finally, could the Soviet army in 1945 have moved ahead of the Allied Forces in several East European countries, had it not been for the 12 000 American aircraft, 13 000 combat vehicles (including 6 000 tanks) and 409 000 lorries and other rapid transport vehicles ? The author goes on to assess the value, in monetary and in relative terms, of the American contribution to the successes of the USSR in 1941-45. He calculates this contribution at a minimum of 17.9 % and a maximum of 26.9 % of the Soviet military- financial effort. The value of American aid appears comparable to the value of the net material product of the USSR for 1950. The last two sections of the article examine the question of the final settlement of the Soviet Union's contractual obligations under Lend-lease, and the reasons why the Soviet people are kept uninformed about the part played by the transfer of Western technology in their country. An appendix to the article contains lists of American material supplied to the USSR during the period 1941-45 under Lend-lease.
- L'incompatibilité entre le socialisme et l'innovation rapide - Stanislaw Gomulka p. 91-104 Le premier objectif de cet article est de recenser et d'analyser les principales caractéristiques de l'innovation dans un régime socialiste de type soviétique. Cinq caractéristiques sont ainsi avancées. L'article se poursuit par une discussion sur le rôle essentiel de la concurrence pour stimuler l'innovation. L'auteur avance l'hypothèse suivante : dans la mesure où l'expression « socialisme compétitif » met côte à côte deux termes contradictoires, le socialisme idéal (marxien) et l'innovation rapide sont incompatibles. Les cinq caractéristiques de l'innovation et l'intérêt persistant des sociétés modernes, tant à l'Ouest qu'à l'Est, pour les systèmes fondés sur le marché sont cohérents avec l'hypothèse mentionnée. L'article se termine par une brève étude du ralentissement de la croissance qui affecte ces dernières années l'économie soviétique et analyse en particulier ses causes et ses implications pour un changement de système.The Incompatibility of Socialism and Rapid Innovation. The primary purpose of the paper is to identify and discuss what appears to be the major distinctive characteristics of innovative activity under socialism of the Soviet type. Five such characteristics are suggested. The paper goes on to discuss the essential role of competition in stimulating innovation. It is proposed that to the extent that competitive socialism is a contradiction in terms, the idealized (Marxian) socialism and rapid innovation are not compatible. The five innovational characteristics and the continuing interest of modern societies, both in West and East, in market-based economic systems are interpreted as consistant with that basic proposition. The paper ends with a brief discussion of the recent growth slowdown of the Soviet economy, in particular its causes and implications for systemic change.
- Fluctuation du taux de croissance de l'investissement dans les économies à planification centralisée - Irena Grosfeld p. 105-124 L'article rend compte des différentes interprétations du phénomène de fluctuations du taux de croissance de l'investissement dans les économies planifiées. Bien que la littérature sur le sujet soit assez riche nous n'avons toujours pas de véritable théorie du cycle de l'investissement, c'est-à-dire de théorie qui pourrait expliquer aussi bien la continuité ? dans la hausse comme dans la baisse ? que les discontinuités (les renversements de la tendance : la crise et la reprise). Les plus élaborées sont les analyses du processus cumulatif à la hausse (pression d'investissement) et celles de la crise. Dans les premiers travaux concernant les cycles d'investissement la tendance fut générale d'attribuer les fluctuations aux erreurs des planificateurs. Le perfectionnement de la planification devait assurer ? pensait-on ? un développement harmonieux. Mais la persistance des phases successives d'accélération et de décélération contribua à la' formation d'une hypothèse selon laquelle ce sont les planificateurs eux-mêmes qui provoquent les perturbations. Les travaux présentés dans l'article permettent de croire que les deux hypothèses peuvent être testées rigoureusement et peut-être conciliées. Le plan semble en effet jouer aussi bien le rôle d'un générateur des perturbations que celui d'un mécanisme équilibrant. Les planificateurs procèdent à un ajustement, mais seulement au moment où l'accumulation des tensions et des déséquilibres dépasse un certain seuil.Fluctuations in the Rate of Growth of Investment in Centrally Planned Economies. This article deals with various interpretations of the phenomenon of fluctuations in the rate of growth of investment in planned economies. Although a fair amount has been written on the subject, we are still without a genuine theory of the investment cycle, i.e. a theory which might explain continuing factors in the process (both in « rises » and « falls ») as well as discontinuities (reversals in a tendency, crisis and recovery). The most developed studies are those analysing the cumulative upward process (pressure of investment) and those on crises. In early studies of investment cycles, there was a general tendency to attribute fluctuations to errors on the part of the planners. It was held that perfection of the techniques of planning would ensure harmonious development. But the persistent succession of phases of acceleration and deceleration led to the formulation of a new theory, according to which it was the planners themselves who brought about the instability. The studies referred to in this article suggest that it may be possible to submit both hypotheses to a vigorous test, and perhaps reconcile them. It does seem as if the plan may well play a dual role, as a generator of imbalance and as an equilibrative mechanism. The planners make up adjustment, but only at the point where the build-up of tensions and imbalances has gone beyond a certain threshold.
- Naissance et fin d'une émigration soviétique ? - Caroline Regnaut-Labord p. 125-134 A travers l'histoire des structures institutionnelles et du fonctionnement de la censure en Union soviétique se dégage une dynamique d'évolution ; la troisième vague d'émigration'provoquée par le pouvoir soviétique dans les années soixante-dix s'y inscrit à part entière comme une stratégie politique de reprise en main des contournements de la censure nés à partir des années cinquante. La façon dont l'émigration des éléments non-conformistes est mise sur pieds et savamment régulée fait de cette émigration une arme puissante qui détermine, au tournant des années quatre-vingts, un cycle nouveau dans la politique soviétique.Beginning and End of a Wave of Soviet Emigration ? Behind the history of the Soviet censorship, in its institutional structures and its operation, one is aware of a line of development. The third wave of emigration, instigated by the Soviet authorities in the seventies, can be seen as a wholly political manœuvre, designed to regain control over a movement towards evasion of the censorship which began in the fifties. The way in which the emigration of dissident elements was set in motion, and astutely regulated, turns it into a powerful weapon which, by the eighties, marks a new phase in Soviet policy.
- La pénurie ? problème fondamental des économies centralement planifiées ? et la réforme hongroise - János Kornai p. 5-20
Note
- Présentation sommaire des principaux événements survenus au cours de l'année 1983 en République Populaire Démocratique de Corée - Alain Brillouet p. 135-139 1983 a été une année de transition pour la République Démocratique Populaire de Corée (R.D.P.C.). On constate des incertitudes politiques (i.e. de nombreux changements au sein de la hiérarchie, des problèmes économiques (terminer le deuxième plan septennal en 1984) et une nette dégradation de l'image de marque de la Corée dans la communauté internationale.A Digest of the Main Events of 1983 in the Democratic People's Republic of Korea. 1983 was a transitional year for the Democratic People's Republic of Korea (D.P.R.K.). There are political incertitudes (i.e. numerous changes in the hierarchy), economic problems (to achieve the second seven year plan in 1984) and a noticeable degradation of North Korea's image in the international community.
- Présentation sommaire des principaux événements survenus au cours de l'année 1983 en République Populaire Démocratique de Corée - Alain Brillouet p. 135-139
Revue des livres
- Hélène Carrère D'Encausse, Le Grand Frère. L'Union soviétique et l'Europe soviétisée - Georges Mond p. 143-146
- Patrice Gelard, Le Parti communiste de l'Union soviétique - Georges Mond p. 147-148
- Georges Sokoloff, L'économie de la détente : l'U.R.S.S. et le capital occidental - Gérard Wild p. 149-152
- Crises à l'Est ?, Études coordonnées par Xavier Richet - Krystyna Szymkiewicz p. 153-156
- Résumés des articles - p. 159-163