Contenu du sommaire : Les pratiques religieuses dans la Russie post-soviétique ...

Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest Mir@bel
Numéro vol 36, no 4, décembre 2005
Titre du numéro Les pratiques religieuses dans la Russie post-soviétique ...
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les pratiques religieuses dans la Russie post-soviétique : entre tradition et renouveau

    - Cordonnateurs : Kathy Rousselet et Alexandre Agadjanian
    • Pourquoi et comment étudier les pratiques religieuses ? - Kathy Rousselet et Alexandre Agadjanian p. 5 accès libre
    • Un "fardeau léger". Les orthodoxes dans la Russie des années 1990-2000 - Boris Dubin p. 19 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Sur la base d'enquêtes sociologiques représentatives menées, dans les années 1989-2005, par le Centre d'analyses de Iouri Levada (Centre Levada, antérieurement VCIOM), l'auteur s'intéresse à la propagation de la religion orthodoxe dans la société russe : le contenu de la foi et ses liens étroits avec des croyances archaïques et magiques, les mécanismes institutionnels de sa reproduction (Église, famille, école), la corrélation entre l'appartenance ostentatoire à l'orthodoxie et l'identification ethnique et nationale des Russes (pour la grande majorité d'entre eux, « orthodoxe » signifie russe), le rapport à ceux qui sont désignés comme les « autres » (les « intrus » d'un point de vue ethnique, les représentants d'autres nations et cultures), les opinions politiques (le penchant pour un chef autoritaire doté d'un pouvoir fort, la rhétorique nationaliste sur la « voie particulière » de la Russie, la nostalgie de l'URSS en tant que grande puissance).
      A "light burden": The Orthodox in Russia during the 1990s-2000s Representative sociological surveys carried out by the Levada Center (previously VCIOM) from 1989 to 2005 serve to study the revival of Orthodox Christianity in Russian society: the contents of the faith and its close ties to archaic beliefs in magic; the institutional mechanisms (church, family, school) of its reproduction; the correlation between ostentatiously showing that one is Orthodox and the ethnic and national identity of Russians (most of whom consider that "Orthodox" means "Russian"); the relation to persons called "others" (representatives of other nations and cultures, "intruders" from an ethnic viewpoint); and political opinions (the preference for an authoritarian leader with strong powers, nationalistic rhetoric about Russia's "special path" and nostalgia for the USSR as a big power).
    • La renaissance de la culture religieuse : une paroisse de l'Église orthodoxe russe dans les environs de Moscou - Ksenija Sergazina p. 43 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Sur la base d'une enquête qualitative dans la paroisse du village de Frjanovo, dans la région de Moscou, nous analysons les caractéristiques culturelles de l'orthodoxie russe et les stratégies de renaissance religieuse au niveau local entre 1991 et 2004. On peut distinguer deux périodes marquées par des différences tant dans la pratique liturgique que dans le discours religieux et dans les relations entre le clergé et les laïcs. La renaissance de la culture religieuse a successivement évolué dans deux directions différentes. Le premier courant cherchait à conserver la tradition locale : les coutumes, les principes et les idées qui s'étaient perpétués au sein de la famille. Le second courant, en revanche, tend à installer une nouvelle culture religieuse, « d'en haut », en créant de nouveaux textes (livres, émissions de télévision, prêches) et de « nouveaux croyants ». En donnant un sens neuf aux substrats anciens, on construit une nouvelle culture pensée comme un retour à la tradition des ancêtres, comme une renaissance de la culture russe, dont le but final est l'établissement d'un État orthodoxe.
      The revival of religious culture in Russia: A Russian Orthodox parish in the greater Moscow area A qualitative survey conducted in a parish in Frjanovo, a village in the greater Moscow area, serves as the basis for analyzing the cultural characteristics of Russian Orthodoxy and strategies of religious revival at the local level. Two periods stand out with different characteristics with regard to liturgical practices, religious discourse and clergy-laity relations. This revival of religious culture evolved successively in two different directions from 1991 to 2004. One current has sought to preserve local traditions, i.e., the customs, principles and ideas passed down within families. The second has tended to create a new religious culture "from above" through new references (books, television programs, sermons) and "new believers". By endowing older strata with a new meaning, a new culture has emerged that is taken to be a return to ancestral traditions, a renaissance of Russian culture with the establishment of an Orthodox State as the ultimate goal.
    • La vénération des icônes miraculeuses dans l'orthodoxie contemporaine : l'exemple de la copie de Bronnicy d'après l'icône de la Vierge de Jérusalem - Petr Cistjakov p. 69 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La vénération des icônes est, dans l'orthodoxie, une des formes les plus répandues de piété. Sur la base d'archives non publiées et d'enquêtes de terrain effectuées en 2002-2004, nous étudions le processus de transformation de cette pratique à travers l'histoire, à commencer par les réformes ecclésiales de Pierre Le Grand, en nous intéressant tout particulièrement à la copie de Bronnicy de l'icône de Jérusalem. Aujourd'hui, les croyants, en quête de pratiques « authentiques », contribuent activement à la conservation et à la renaissance de coutumes anciennes liées aux icônes miraculeuses. Mais si, au XIXe siècle, l'icône était uniquement vénérée parce qu'elle était censée guérir des maladies, aujourd'hui le miracle acquiert de nouvelles significations.
      The veneration of miraculous icons in the Russian Orthodox Church: The Bronnicy copy of the icon of the Virgin of Jerusalem The veneration of icons is one of the most widespread forms of piety in the Orthodox Church. Unpublished archives and field surveys carried out in 2002-2004 are used to study how this worship has changed down through history (starting with Peter the Great's ecclesiastical reforms) by focusing on the Bronnicy copy of the icon of the Virgin of Jerusalem. In the quest for authentic practices, believers are actively helping to preserve and revive ancient customs related to miraculous icons. In the 19th century, the icon was venerated solely because it was thought to heal sickness, whereas the notion of miracle is now taking on new meanings.
    • L'archimandrite Naum et les "naumovcy" comme quintessence du phénomène contemporain du starcestvo - Nikolaj Mitrokhin p. 89 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le starcestvo est une pratique religieuse informelle au sein de l'Église orthodoxe russe. Il est analysé ici comme un phénomène parallèle à la doctrine théologique officielle participant du système de pratiques et de croyances qualifié d'« orthodoxie populaire ». Notons qu'il est loin d'être homogène. L'influence des starq/ (pères spirituels) est primordiale ; ces prêtres officiellement rattachés à l'Église orthodoxe russe jouissent d'un ascendant sur les croyants et le clergé qui est reconnu par l'épiscopat. De fait, ils ont instauré leur propre système d'administration de l'Église. Prenant à titre d'exemple l'un d'entre eux, l'archimandrite Naum (Bajborodin), nous étudions les rapports entre le starec et ses disciples. Ce faisant, nous analysons autant l'influence du starec sur la vie de l'Église, y compris dans les domaines politique et social, que les mécanismes psychologiques mis en œuvre pour régenter les adeptes.
      The Naum archimandrite and "naumovtsy" as the quintessence of the contemporary starchestvo phenomenon The starchestvo, an informal religious practice in the Russian Orthodox Church, is a phenomenon that, parallel to official theological doctrines, fits into a system of practices and beliefs called "popular Orthodoxy". This practice is far from homogeneous. The influence of spiritual fathers is of overriding importance. Officially belonging to the Russian Orthodox Church, these priests exercise an influence (recognized by the episcopate itself) over the faithful and the clergy. They have set up their own system of Church administration. By concentrating on one example, the Naum archimandrite (Bajborodin), the relations between the starets and his disciples are studied so as to analyze both his influence on Church activities, even in the political and social fields, and the psychological mechanisms used to rule over followers.
    • Le prêtre et l'"orthodoxie populaire" dans le diocèse de Riazan - Ol'ga Sibireva p. 121 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article est consacré à l'influence réciproque des traditions « populaire » et « canonique » de l'orthodoxie. Il met en évidence les diverses formes de religiosité à partir de l'appréhension qu'ont les croyants des sacrements, des rites et des fêtes ainsi que de la vénération des saints. L'auteur s'intéresse aux différentes attitudes des serviteurs du culte face à la religion dite populaire. Cette étude est fondée sur des entretiens menés en 2002-2004 avec des membres du clergé et des laïcs du diocèse de Riazan ainsi que sur des publications de la presse locale, orthodoxe et séculière.
      Contemporary priests and "popular Orthodoxy" in the Riazan diocese This analysis of the reciprocal influence between "popular" and "canonic" traditions in the Russian Orthodox Church sheds light on various forms of religiosity by focusing on how the faithful understand sacraments, rites, feast days and saint worship. The various attitudes toward "popular Orthodoxy" by those who serve the Church are studied through interviews conducted in 2002-2004 with members of the clergy and laity in the Riazan diocese and through publications of the local (Orthodox and lay) press.
    • Les lieux saints des clans routouls : pratiques religieuses hybrides chez les musulmans daghestanais - Vladimir Bobrovnikov p. 157 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le culte des saints (awliya') constitue dans l'islam une sorte de défi intellectuel pour les savants musulmans (oulémas) ainsi que pour les orientalistes. En identifiant les particularités post-soviétiques de ce culte, l'auteur a pour objectif de réviser les approches modernes de la « renaissance » islamique dans le Caucase du Nord à la fin du XXe siècle. S'appuyant sur les matériaux recueillis sur le terrain auprès d'un petit peuple montagnard, les Routouls du Sud-Daghestan, il cherche à comprendre ce que signifie aujourd'hui la religiosité musulmane au niveau micro-social d'une communauté kolkhozienne ou d'un clan rural. Il s'intéresse surtout aux types de sanctuaires de la vallée de Samour, leur architecture et leurs rites, aux récits légendaires concernant les cheikhs enterrés dans cette région, aux fonctions sociales des lieux saints et à leur lien avec le soufisme. Le cas routoul de la pratique musulmane post-soviétique révèle son caractère hybride. N'appartenant ni aux survivances pré-islamiques, ni aux rites des confréries soufies, celle-ci témoigne de la transformation globale de la société musulmane locale sous l'influence des réformes modernes laïcisantes. Pour mieux cerner la mosaïque religieuse post-soviétique, il faut renoncer définitivement aux oppositions simplistes entre islam traditionnel et islam moderne, islam du Livre et islam populaire.
      Rutul clan shrines: Hybrid religious practices among Dagestani Muslims In Islam, saint worship {axvliya) is a problem for both the Muslim scholars (ulema) and academics specialized in Mid-Eastern studies. Its characteristics during the post-Soviet era are identified in the attempt to review modern approaches to studying the late 20th-century Islamic revival in the northern Caucasus. Data collected among the Rutul, a small group dwelling in the mountains of southern Dagestan, shed light on the meaning of Muslim religiosity at the microsocial level of a kolkhoz or rural clan. Focus is placed: on the types of shrines in the Samur Valley, their architecture and rites; on legends about the sheikhs buried there; and on the social functions of these shrines and their relation to Sufism. Muslim practices among the Rutul during the post-Soviet era are hybrid. They are not remnants from a pre-Islamic past; noc are they related to the rites of Sufi brotherhoods. They are evidence of the overall transformation of local Muslim society due to modern secular reforms. To better delimit the post-Soviet patchwork of religions, we must abandon once and for all simplistic contrasts between traditional and modern Islam, between an Islam of the Book and popular Islam.
    • Identité et pratiques. Le cas des judaïsants russes - Aleksandr L'vov p. 185 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le mouvement religieux des judaïsants russes (subbotniki - soubbotniks) est apparu dans les provinces du centre de la Russie au milieu du XVIIIe siècle et existe encore de nos jours. Il se distingue des autres mouvements iconoclastes (doukhobores et molokanes) par son attachement exclusif à l'Ancien Testament, par ses pratiques religieuses juives et son intérêt pour la littérature religieuse juive russe. La présence simultanée, dans la culture religieuse des judaïsants, de deux principes distincts - la référence aux textes bibliques et l'autorité de la tradition orale juive - crée des tensions au sein de leur mouvement et le divise en tendances « karaïms »-soubbotniks et « talmudistes »-ghères. L'auteur étudie ici un conflit né à la fin des années 1990 dans la communauté religieuse juive de la ville de Volgograd où s'affrontent de nouvelles tendances du judaïsme - liées à l'arrivée de représentants d'organisations culturelles israéliennes, puis d'un envoyé du has- sidisme loubavitch - et les traditions des judaïsants russes qui, jusqu'à il y a peu, en constituaient le noyau. L'analyse se fonde sur la distinction entre deux idéal- types de communautés : les communautés « textuelles » et les communautés « identitaires ».
      Identity and practices: The case of Russian Judaisers Subbotnikiy a religious movement among Russians, came into being in the central Russia during the 18th-century and still exists. It differs from other iconoclastic movements (Dukhobors and Molokans) owing both to its exclusive adherence to the Old Testament and to its Jewish religious practices and interest in the literature of Russian Judaism. This simultaneous reference to two different principles - to the Old Testament and to the authority of Jewish oral traditions - led to tensions in this movement, which split between "Karaïm-Subbotniki" and "Talmudist-Geres". A dispute in the late 1990s in the Jewish community in Volgograd is studied that involved new tendencies in Judaism: on the one hand, the representatives of Israeli cultural organizations and later of someone sent by the Lubavitch Hasids; and on the other hand, the traditions of Subbotniki, who, till quite recently, formed this community's core. This analysis distinguishes two ideal types of communities: "textual" communities (a term borrowed from Brian Stock) and "personified" communities.
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