Contenu du sommaire : Le risque systémique - 1. Repenser la finance
Revue | Revue d'économie financière |
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Numéro | no 100, décembre 2010 |
Titre du numéro | Le risque systémique - 1. Repenser la finance |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Le risque systémique - 1. Repenser la finance
- Introduction - Hans-Helmut Kotz - Conseil d'orientation, Revue d'économie financière ; Gilles Vaysset - Comité de rédaction, Revue d'économie financière p. 9
- La crise : jusqu'où ?
- La gestion des crises systémiques et les réformes du système financier - Jacques de Larosière - Conseiller du président, BNP Paribas p. 17 L'ancien directeur général du FMI (1978-1993) tire les leçons de la crise financière qui a secoué les pays d'Amérique latine, et le Mexique en particulier, au cours des années 1980 et qui menaçait d'emporter le système bancaire américain. Elle a pu être contenue par la mise en oeuvre de trois principes : un ajustement structurel des politiques économiques avec l'aide du FMI, la contribution des créanciers et une approche intelligente du problème par les régulateurs. L'auteur revient également sur la crise financière de 2007 et met en avant la responsabilité des lacunes importantes du système de surveillance américain dans son déclenchement. Il insiste également sur le fait que les autorités américaines ne semblent pas en avoir tiré tous les enseignements et que sur ce plan, l'UE et les États-Unis sont très éloignés. Classification JEL : F3, G01, G28, H12, H63.Managing a Systemic Crisis and Reforming the Financial System. The former Managing Director of the IMF (1978-1993) draws the lessons of the financial crisis that shook the Latin American countries, and especially Mexico, during the 1980' s and threatened to overflow the American banking system. Three principle have been put into force to contain this crisis : a structural adjustment of economic policies, the lenders' burden-sharing and a smart appraisal of the situation by the regulatory authorities. As for the 2007 crisis, the author emphasizes the responsibilities of the severe short-comings of the American supervision system in its occurrence. He also stresses that as of today the Americans have yet not resolved this problem and that EU and USA are all the most distant with this respect. Classification JEL : F3, G01, G28, H12, H63.
- Quelle gouvernance pour la zone Euro ? - Paul De Grawe - Professeur d'économie, université catholique de Louvain p. 29 La crise de la dette publique en 2009 dans la zone euro est imputable à une gouvernance déficiente. Pour améliorer son fonctionnement, il est souvent mis en avant la nécessité pour les gouvernements nationaux de favoriser la convergence des économies. Or les phases de croissance et de dépression sont dues à des « esprits animaux nationaux » spécifiques aux différents pays et seul le contrôle du crédit au niveau national est en mesure d'influer sur les variables macroéconomiques nationales. Les propositions de l'UE pour traiter les divergences entre les membres doivent donc prendre en compte la responsabilité des autorités monétaires et pas seulement l'action des gouvernements. L'augmentation importante de l'endettement public a en effet débuté après le déclenchement de la crise financière et a été nécessaire pour réduire l'endettement privé qui menaçait d'entraîner les économies dans une spirale déflationniste. De ce point de vue, les propositions actuelles de la Commission sont mal conçues. Classification JEL : E52, E58, F36, H63.What Kind of Governance for the Eurozone ? The 2009 public debt crisis of the Eurozone is the result of a failure of economic governance. In order to improve its efficiency, the discussion has focused on what national governments should do to enhance the convergence of macroeconomic variables. But the divergences are mainly driven by “ national animal spirits” specific to each country and the control over the credit movements at the national level is a key issue. The EU proposals to deal with theses divergences should concentrate on the responsibilities of the monetary authorities and not only focus on those of the governments. The dramatic increase of the public debt has been necessary to reduce the level of private debts that threatened to lead to a deflationary spiral. From this point of view, the present proposals of the Commission are ill-conceived. Classification JEL : E52, E58, F36, H63.
- De la crise des collatéraux à la remise des dettes publiques - Gérard Thoris - Professeur, Sciences Po p. 43 La crise économique a été globalement perçue comme une crise de compte de résultat et non comme une crise de bilan. Dans la première, les ventes s'affaissent et il convient d'agir d'une part sur la trésorerie et d'autre part sur l'attractivité de la demande. Dans la seconde, il faut assumer la perte de richesse nette que constitue la destruction économique d'une partie de l'actif. Dans ce cas, la solution consiste normalement à reconstituer les fonds propres à hauteur des pertes d'actifs. Cette augmentation peut être utilisée pour diminuer l'endettement de sorte que les grands ratios de gestion soient respectés. Si cela a été effectué au niveau des entreprises, voire des ménages, c'est la politique contraire qui a été menée au niveau des États. Les déficits et l'endettement public se sont accrus considérablement. La reconstitution des ratios de bonne gestion publique est désormais un objectif majeur. Or les chiffres montrent que la réussite d'une telle politique est impossible. D'où l'idée qu'il serait préférable d'envisager une remise des dettes publiques. Celle-ci serait organisée par les banques centrales sous réserve que les gouvernements acceptent désormais le principe de l'équilibre budgétaire. En restaurant les finances publiques, c'est l'horizon de tous les agents économiques qui s'éclaircit et ce sont les conditions de la croissance qui sont reconstituées. Classification JEL : E42, E51, E52, E58, F34, F50.From the Crisis of Collaterals to Forgiving the National Debts. The economic crisis has generally been perceived as a crisis of income statement and not as a balance sheet one. In the first case, sales decrease and it should be acted on cash on the one hand, and on the attractiveness of demand on the other. In a balance sheet crisis, it is necessary to bear the loss of net wealth. In this case, the solution is usually to build up again equity so that debts can be reduced and the major management ratios are being met. If this has been done at the firm level, even at the household level, the opposite policy was conducted at the state level. Deficits and public debt increased dramatically. The recovery ratios of good governance is now a major objective. However, data show that the success of such a policy is impossible. So, it would be preferable to consider a forgiveness of public debts. It would be held by central banks provided that the Government now accept the principle of balanced budgets. Once public finances are recovered, the horizon of all economic agents are cleared and the conditions for growth are restored. Classification JEL : E42, E51, E52, E58, F34, F50.
- Crise financière et politique monétaire - Benoît Besson, Benoît Nguyen p. 69 La crise à laquelle les marchés financiers et les économies mondiales ont été confrontés depuis 2007 a pris des formes multiples. Elle s'est propagée de segments de marchés financiers spécialisés, comme celui des crédits hypothécaires américains, au coeur même du fonctionnement du système financier en provoquant des dysfonctionnements majeurs sur les marchés de refinancement ainsi que, plus récemment, sur certains marchés de dettes souveraines. À chaque stade, les banques centrales sont intervenues de manière pragmatique et rapide. Elles ont, dans un premier temps, fourni des liquidités en urgence et mené des politiques agressives de baisse de taux pour contenir les conséquences de la crise sur les marchés financiers et l'économie réelle. La gravité de la crise les a également amenées à adapter leur cadre opérationnel et mettre en place des politiques non conventionnelles, qui, selon les banques centrales et la structure de financement de l'économie domestique, ont visé à abaisser les coûts de financement de l'économie réelle et/ou à assurer le fonctionnement des mécanismes de transmission de leur politique monétaire. Le maintien de l'ancrage des anticipations d'inflation et le respect des mandats des banques centrales ont, dès la mise en place de mesures non conventionnelles, conduit à définir des stratégies de sorties, pour obtenir une normalisation de l'action des banques centrales à moyen terme. La mise en oeuvre de ces stratégies sera l'un des enjeux de l'après-crise. Classification JEL : E02, G01, E52, E58.Financial Crisis and Monetary Policy. Since 2007, financial markets and economies have been faced with a multiform crisis, which originated from specific market sectors, such as the US subprime credit component, and led to a systemic risk at the heart of the financial markets, causing major disruptions in funding markets as well as more recently in sovereign debt market. At each step in the gathering crisis, central banks have intervened in a timely and pragmatic fashion. They have provided emergency liquidity support and aggressively cut official interest rates in order to mitigate the consequences of the crisis in the financial markets and in the real economy. As a result of the severity of the crisis, central banks have also adapted their operational framework and have implemented innovative non conventional monetary policies. The nature of their response was conditioned by their explicit mandate and by the structure of their domestic funding mechanisms. Nonetheless the common objective was to lower the financing costs for the real economy and to ensure the smooth transmission of monetary policy. However, whilst the primary requirement concerns accommodative monetary policy, it remains paramount that expectations for future inflation remain firmly anchored. To this end, Central banks have defined the path to exit strategies, to ensure the normalization of their interventions in a medium term horizon. The implementation of these exit strategies is one of the post-crisis major challenges. Classification JEL : E02, G01, E52, E58.
- L'Afrique subsaharienne à l'épreuve de la crise - Bastien Bedossa, François-Xavier Bellocq, Pierre Jacquet, Gaëlle Letilly p. 89 Même s'ils sont moins intégrés à l'économie mondiale que les pays émergents, les pays d'Afrique sub-saharienne ont subi les conséquences de la crise mondiale qui a éclaté avec la chute de Lehman Brothers en 2008. La baisse de la demande mondiale et la contraction des flux de capitaux internationaux ont entraîné une perte de croissance significative mais très hétérogène au sein du continent. Dans certains cas, les politiques budgétaires volontaristes ont permis de contenir le ralentissement mais en raison d'une forte contraction des recettes, ces politiques ont également provoqué un creusement significatif des déficits publics. Parallèlement, le recul du commerce mondial a fortement dégradé les soldes courants de certains pays sans toutefois générer une chute généralisée de la liquidité externe. Dans une perspective de moyen terme, l'impact de la crise internationale révèle la nécessité de renforcer les outils de pilotage de la politique macroéconomique pour réagir aux chocs externes (politiques monétaire et budgétaire). À plus long terme, cette crise appelle le développement de politiques économiques actives susceptibles d'appuyer la mobilisation des ressources intérieures (fiscalité, secteur financier), le renforcement de la compétitivité (diversification productive, accords commerciaux...) et le développement de politiques sociales efficaces. Classification JEL : G01, F30, O57.Sub-Saharan Africa towards the Crisis. Sub-Saharan African countries are still less integrated into global financial markets than emerging economies. However, spillover effects from global crisis after the Lehman Brothers bankruptcy in 2008 also hit African economies. The international trade collapse and the downturn of foreign capital inflows led to a major growth slowdown in 2009 ; this slowdown differed according to African countries' exposure to the globalization. The implementation of countercyclical budgetary policies certainly provided support for economic activities but resulted in higher fiscal deficit and public indebtedness. The decline of international trade weakened current accounts of many Sub-Saharan African countries ; however, no specific tension
- La gestion des crises systémiques et les réformes du système financier - Jacques de Larosière - Conseiller du président, BNP Paribas p. 17
Le débat politique : vers une nouvelle finance ?
- Régulation et confiance - Christian Noyer Gouverneur, Banque de France p. 111 La confiance est un actif essentiel pour le fonctionnement des économies modernes. La crise récente a vu la dévalorisation progressive de cet actif au sein du système financier. La notion de contraction du crédit manifeste économiquement cet effondrement. Pour le contrer, les autorités publiques ont mis en jeu leur propre crédit. Cette intervention, pour indispensable qu'elle fut, ne peut se substituer à une régulation financière saine et solide. Celle-ci est essentielle pour construire et maintenir la confiance des agents dans le système financier : elle protège les agents ; elle corrige des défaillances de marché ; elle limite les prises de risque excessives pour la stabilité du système. Un défi est néanmoins de calibrer la régulation financière de façon appropriée, afin d'en minimiser certaines conséquences (négatives) involontaires. Pour l'avenir, trois chantiers sont clés : restaurer la confiance dans les banques, ce que les récentes réformes prudentielles devraient grandement favoriser ; étendre la confiance dans les instruments et infrastructures financiers, grâce à une plus grande standardisation et un recours plus systématique à des dispositifs de trading et de clearing robustes et supervisés ; pérenniser la confiance envers les régulateurs, sans céder à la fausse assurance que peuvent nourrir des règles prudentielles très automatiques. Classification JEL : G28, P16.Regulation and Trust. Trust is an asset of utmost importance for the smooth functioning of modern economies. The recent crisis witnessed the gradual devaluation of this asset among financial system's participants. The notion of credit crunch is the economic manifestation of such a collapse in value. To combat it, public authorities have used their own credit and put it at risk. This intervention, necessary as it was, cannot substitute for robust and sound financial regulation. The latter is of fundamental importance to build and maintain agents' trust in the financial system : it protects economic agents ; it addresses market failures ; it limits risk-taking when it exceeds what financial stability requires. A challenge when designing regulation is, however, to minimize the risks of unintended (adverse) consequences. For the future, three goals should drive our efforts : to restore trust in banks, a goal the recently agreed new Capital Accord significantly helps to achieve ; to expand trust in financial products and infrastructure, through greater standardization and more systematic use of robust and supervised clearing and trading venues ; to safeguard trust in regulators, without succumbing to the false assurance associated with automatic prudential rules. Classification JEL : G28, P16.
- Notre système financier nous sert-il bien ? - Benjamin M. Friedman Professeur d'économie politique, université d'Harvard p. 123 La crise financière débutée en 2007 a mis le fonctionnement du système financier au coeur des préoccupations des économistes et des politiques. Si les causes et les effets de cette crise ont été analysés en profondeur, la question fondamentale n'a pas été abordée : l'allocation de l'épargne réalisée par le système financier est-elle efficace et le coût de ce système est-il acceptable au regard de son efficacité ? Au cours des trente dernières années, le coût de fonctionnement du système financier a fortement augmenté, alors que les performances globales de l'économie américaine ont eu tendance à se dégrader. L'auteur considère que les économistes sont confrontés au défi de mesurer l'efficience du système financier à l'aune de ses coûts. Cette idée apparemment simple sera toutefois longue et difficile à mettre en oeuvre. D'ici là, un certain nombre de mesures pourraient réduire les comportements risqués des établissements financiers. Classification JEL : C0, E44, G0, G01.Is our Financial System Serving Us Well ? The financial crisis that occured in 2007 has put the way the financial system works at the heart of the economists and politicians preoccupations. If the causes and effects of this crisis have been explored in depth, a fundamental question has not been addressed : does the financial system allocates the savings efficiently and is its efficiency worth its cost ? For the last thirty years, this system has become more and more costly whereas the performances of the American economy as a whole have been on a decreasing trend. The author considers that economists face the challenge to measure this efficiency with regard to its cost. This question might seem straightforward but it is practically highly complex. That is why he suggests a few concrete steps that might reduce the risks of a new financial crisis in the meanwhile. Classification JEL : C0, E44, G0, G01.
- Re-réglementation financière internationale : un défi transatlantique - Jacques Mistral Professeur de sciences économiques, directeur des études économiques, Institut français des relations internationales (Ifri) p. 141 Il est désormais largement admis que la crise a montré l'échec des marchés. Lors de sa première réunion, à Washington en novembre 2008, le G20 a entrepris une campagne de re-réglementation. Des mois de négociation plus tard, ses membres semblent manifestement moins enclins à se mettre d'accord sur des principes et de grands objectifs, et à définir et faire appliquer des règles et des engagements. Toronto, le quatrième sommet du G20, n'a apporté que peu de progrès tangibles. L'article examine d'abord les raisons fondamentales pour lesquelles une convergence internationale des régulations financières est difficile dans un monde multipolaire et hétérogène. Néanmoins, la prévention des risques systémiques et le renforcement de la réglementation et de la supervision bancaire ont significativement progressé et témoigneront à Séoul d'actions réussies dans la ligne des décisions du G20. Ceci met en évidence ce que nous appelons «une convergence viable » . Dans l'avenir, l'ordre du jour atteindra des questions plus périlleuses comme le traitement des SIFI et des dérivés. Les opinions pourraient être encore plus opposées sur la convergence en matière de normes comptables et de banques d'investissement. La conclusion porte sur les chances de rendre le système financier plus sûr et invite le sommet de Séoul à ne pas s'appuyer seulement sur les résultats actuels mais à donner une nouvelle impulsion afin d'améliorer la convergence des normes financières internationales. Classification JEL : F50, F55, G28, M48.The G20 and the Challenge of International Financial Re-regulation. The crisis, it is now widely accepted, means that markets failed. Meeting for the first time in Washington in November 2008, the G20 embarked in a ride of re-regulation. Months of negotiations later, it dramatically appears different to agree on principles and broad objectives, and to write and enforce rules and commitments. Toronto, the fourth G20 summit, delivered few tangible progresses. The paper first discusses the fundamental reasons why international convergence of financial regulations is difficult in a multipolar and heterogeneous world.
- Le « partage de la charge » : de la théorie à la pratique - Dirk Schoenmaker Doyen, école de finance Duisenberg (Amsterdam) ; professeur de finance, banque et assurance, université libre d'Amsterdam p. 163 Le traitement des banques internationales en difficulté crée des problèmes de coordination entre pays d'origine et pays d'accueil. Goodhart et Schoenmaker (2006, 2009) ont proposé de mettre en oeuvre un mécanisme de partage de la charge ex ante afin de surmonter l'échec de la coordination entre autorités nationales. Si le partage de la charge ne présente pas de grande difficulté sur le plan technique, il exige en revanche une coopération politique entre nations souveraines. La crise financière a fourni quelques exemples spectaculaires d'échecs de la coordination : les défaillances de Fortis, de Lehman Brothers et des banques islandaises illustrent l'importance des dommages qui peuvent résulter de l'absence d'un dispositif international approprié pour la stabilité du système bancaire mondial. Quelques accords de partage de la charge sont actuellement mis en place, dans le sillage de la crise financière. Classification JEL : F50, F53.Burden Sharing : from Theory to Practice. The handling of cross-border banks in difficulties gives rise to coordination problems between home and host countries. Goodhart and Schoenmaker (2006, 2009) have suggested to implement an ex ante burden sharing mechanism to overcome the co-ordination failure of national authorities. While burden sharing is technically not very difficult, it requires political cooperation between sovereign nations. The financial crisis has provided some spectacular examples of coordination failure : the failures of Fortis, Lehman Brothers and the Icelandic banks illustrate how much damage the absence of an adequate cross-border framework can do to the stability of the global banking system. In the aftermath of the financial crisis, some burden sharing agreements are now being put in place. Classification JEL : F50, F53.
- Too big to fail : gouvernance et régulation des banques - Frédéric Lobez European center for corporate control studies, université Lille Nord de France. p. 187 Cet article tente de répondre aux questions suivantes : Quels ont été le rôle et les effets de la gouvernance des banques dans le développement de la crise ? Quelles leçons tirer de la crise systémique pour situer les objectifs d'une régulation, et comment articuler gouvernance et régulation ? La thèse soutenue est double. Le sentier d'expansion d'une banque résulte usuellement d'un équilibre entre les effets antagonistes de la gouvernance des actionnaires et de celle des déposants ; dans la crise récente, l'émergence du too big to fail effect a annihilé l'effet disciplinant des «ruées bancaires » . Logiquement, il en est résulté un accroissement du risque porté par les banques. La régulation bancaire doit avoir pour principaux objectifs d'inciter les banques à revenir à leurs fondamentaux, de restaurer les vertus de la faillite et de limiter un risque systémique qui est nouveau et déstabilisant. Dans cette perspective, plusieurs pistes sont discutées : la limitation de la taille des banques, la création d'un régime spécial de faillite pour les banques, la limitation de la titrisation et le principe d'une régulation contingente à la gouvernance de la banque. Classification JEL : G01, G21, G28.“Too Big to Fail Effect” : How to Articulate Bank Governance and Regulation ? This article tries to answer these questions : What were the role and the effects of the governance of banks in the development of the crisis ? What lessons to learn from the systemic crisis to develop a new regulation, and how articulate this new regulation and bank governance ? We advocate a double analysis. The path of expansion of a bank usually results from a balance from conflicting interests between shareholders and depositors ; during the recent crisis, the emergence of the “ too big to fail argument” annihilated the disciplining effect of the “ bank runs”. This lead to an increase in bank risks. The main objectives of the banking regulation are the following : to provide incentives for banks to return to their fundamentals, to restore bankruptcy virtues, and to limit systemic risk. In this respect, several paths are discussed : the limitation of bank size, the creation of special bankruptcy framework for banks, the limitation of securitization and the principle of a regulation contingent to the governance of each bank. Classification JEL : G01, G21, G28.
- La comptabilité mark-to-market en période de crise - Franklin Allen, Elena Carletti Professeur d'économie, université de Pennsylvanie. Professeur d'économie, European University Institute p. 201 La comptabilité mark-to-market doit-elle être utilisée par les institutions financières ? On peut soutenir que les prix de marché fournissent la meilleure estimation possible de la valeur et devraient toujours être utilisés. Cependant pour certains, en période de crise, les prix ne rendent pas bien compte de la valeur et leur utilisation peut conduire à de graves distorsions. Cet article explique dans quelles circonstances les prix de marché reflètent bien les perspectives de gains futurs et quand au contraire, ils ne devraient pas être utilisés à cause des imperfections du marché. Dans les situations de crise financière où la liquidité se fait rare et où les prix baissent en conséquence, les prix de marché ne devraient pas être utilisés. Mais lorsque les prix des actifs sont bas en raison d'anticipations d'une baisse prochaine des flux financiers, ils devraient être utilisés. Classification JEL : G12, M41, M48.Mark-to-Market Accounting in Times of Crisis. Should mark-to-market accounting be used for financial institutions ? One argument is that market prices provide the best estimate of value available and should always be used. However, others suggest that in times of crisis market prices are not a good reflection of value and their use can lead to serious distortions. This article explains the circumstances where market prices do reflect future earning power and when market imperfections mean that they should not be used. In financial crisis situations where liquidity is scarce and prices are low as a result, market prices
- La normalisation comptable internationale après David Tweedie - Nicolas Véron Économiste, Bruegel (Bruxelles) ; chercheur invité, Peterson Institute for International Economics (Washington) p. 211 Depuis sa création en 2001 et la nomination à sa tête de David Tweedie, l'International Accounting Standards Boards (IASB) a connu un succès spectaculaire, marqué par l'adoption de ses normes, sous des formes variées, dans la plupart des économies développées et émergentes. Toutefois, ce succès crée pour l'IASB une responsabilité de type politique vis-à-vis de l'ensemble des acteurs affectés par ses normes, que l'organisme de normalisation internationale a eu des difficultés à endosser et à laquelle il ne s'est pas à ce jour entièrement adapté. Depuis 2007, la crise financière a accentué les défis qui se posent à l'IASB concernant son mandat, ses structures, et son rôle en aval de la normalisation proprement dite. L'analyse de ces défis permet d'identifier trois scénarios concernant l'évolution de l'IASB après le départ de David Tweedie programmé en 2011. Classification JEL : M41, M48.International Accounting Standard-Setting : The Challenges of the Post-Tweedie Era. The International Accounting Standards Board (IASB) has met spectacular success since its creation in 2001 and the appointment of Sir David Tweedie as its chairman, as its International Financial Reporting Standards have been publicly endorsed in various forms in most developed and emerging economies. However, success means the IASB acquires a collective, quasi-political responsibility to all economic actors that are affected by its standards. The IASB so far has found it difficult to acknowledge this responsibility and adapt to it through the creation of adequate channels of accountability. The financial crisis since 2007 has accentuated the IASB's challenges along three dimensions : its mandate, its structure, and its role downstream of standard-setting. Analysis of these challenges leads to identify three possible scenarios for the IASB after the departure of Sir David Tweedie in 2011. Classification JEL : M41, M48.
- Firme bancaire : quel nouveau paradigme après la crise ? - Georges Pauget, Dhafer Saïdane Président, Économie, Finance et Stratégie. Skema Business School, université Lille 3 ; Equippe p. 223 Les crises financières sont fréquentes. Leur coût est de plus en plus élevé. La dernière, dite des subprimes, coûterait quasiment 1 000 milliards de dollars. Faut-il y voir des défaillances au niveau de la réglementation, de la gouvernance, du manque de transparence... et du divorce entre la théorie économique et la pratique de la banque ? Les économistes du XXème siècle se sont-ils un peu trop focalisés sur les Business Cycle et la macroéconomie réelle au point de minimiser le rôle de la banque et de la finance ? Cette rupture et ces choix ont sans doute encouragé le développement des stéréotypes sur la banque. Peut-on rêver d'une réconciliation entre la théorie et la pratique bancaire, bref d'un nouveau paradigme de la firme bancaire ? Notre ambition dans ce papier est simple. Elle vise à essayer d'offrir les éléments de réflexion permettant de mieux appréhender la complexité de la banque et à les intégrer dans un cadre théorique. Classification JEL : E5, G21, G33.Banking Firm : After the Crisis, What Is the New Paradigm ? Financial crises are frequent. Their cost is becoming higher. The last one, the “ subprime” crisis, would cost almost $ 1000 billion. Should we see in it failures in regulation, governance, lack of transparency... and divorce between economic theory and bank's practices ? Were economists of the 20th century too focused on “ Business Cycle” and does real macro-economy minimize the role of banking and finance ? This breaking and these choices may have encouraged the development of stereotypes on the bank. Can we imagine reconciliation between theory and banking practice and a new paradigm of banking firm ? Our aim in this paper is simple. We try to provide material for a better understanding of the complexity of the bank and to integrate them into a theoretical framework. Classification JEL : E5, G21, G33.
- Régulation et confiance - Christian Noyer Gouverneur, Banque de France p. 111
27ème Journées d'économie monétaire et financière
- Regards croisés sur le système monétaire international - Patrick Artus, Agnès Bénassy-Quéré, André Cartapanis, Marc Flandreau p. 253 À l'occasion d'une table ronde organisée dans le cadre des 27ème Journées d'économie financière et monétaire (Bordeaux, juin 2010 ; CNRS GdRE 335), les auteurs ont confronté différents points de vue sur le système monétaire international. Marc Flandreau analyse le rôle joué par le marché américain des « acceptances » dans la montée en puissance du dollar comme monnaie internationale au début du XXème siècle et souligne le soutien actif apporté par la banque centrale et les responsables politiques américains. Pour André Cartapanis, le dollar et l'euro semblent s'être installés dans une configuration stable mais hiérarchisée -le dollar monnaie internationale incontestée et l'euro brillant second -qu'une analyse strictement économique ne permet pas d'expliquer. Le statut de monnaie internationale répond en effet aussi à des facteurs spécifiquement politiques et l'euro ne dispose pas, sur ce plan, des mêmes attributs que le dollar. Patrick Artus traite de la manière dont les marchés perçoivent les évolutions en cours : des déséquilibres vont se maintenir mais se déplacer avec la réduction en cours des excédents commerciaux chinois et une attention de plus en plus forte est portée par les investisseurs à la qualité des actifs au bilan des banques centrales. Agnès Bénassy-Quéré insiste sur les divergences entre les poids relatifs, dans les pays développés et émergents, des économies réelles et financières, causes de fortes variations des taux de change et d'asymétries d'ajustement. Elle explore les différentes voies de réforme du système monétaire international. Classification JEL : F31, F32.Meeting Eyes on the International Financial System. During the 27th Journées d'économie financière et monétaire (Bordeaux, June 2010 ; CNRS GdRE 335), the authors have been discussing different points of view relative to the International Financial System. Marc Flandreau analyzes how the acceptances market has been used by the Americain central bank, supported by a political will, to ease the emergence of the dollar as the international currency at the beginning of the 20th century. As for André Cartapanis, the dollar and the euro are into a stable hierarchical configuration : the dollar being an undisputed international currency and the euro a brilliant second. A purely economic analysis does not explain this supremacy, as the international currency also responds to specific political factors and the euro does not offer, on this level, the same attributes that the U. S. dollar. Patrick Artus gives an investor's outlook : global imbalances will remain but will move due to the ongoing shrinking of the Chinese commercial surpluses and acute attention is now payed to the quality of the assets of central banks balance sheets. Agnès Bénassy-Quéré stresses the unbalances between the relative weights of the real and the financial sectors in both emerging and developed
- Regards croisés sur le système monétaire international - Patrick Artus, Agnès Bénassy-Quéré, André Cartapanis, Marc Flandreau p. 253
Articles divers
- Les collectivités locales et les produits structurés - Michel Bouvard Vice-président, commission des finances, Assemblée nationale p. 281 Les difficultés financières de plusieurs collectivités locales en France et dans d'autres pays européens du fait du recours à un endettement à base de produits structurés ont été mises en avant au cours de ces derniers mois. L'utilisation de ces produits doit cependant être relativisée : ainsi en 2009, seuls 9 % de la dette des collectivités locales françaises reposaient sur des produits structurés volatiles. La charte Gissler s'est attaquée aux problèmes d'information et de transparence de ces produits. Se pose malgré tout la nécessité d'une meilleure formation de l'encadrement et des élus locaux. Mais un des problèmes majeurs reste celui du niveau d'information des assemblées délibérantes sur la gestion de la trésorerie et de la dette, sur le niveau de risque induit et sur la prise de décisions. Par ailleurs, il importe aussi que les prêteurs aient une vision complète de la situation financière des emprunteurs. Classification JEL : G21, H74.Local Authorities and Structured Products. The financial troubles of several local authorities throughout Europe due to the use of structured financial products have been emphasized in the last few months. Yet in 2009 only 9% of the French local authorities' debt were based on volatile structured products. The adoption of the Charte Gissler will give access to better and standardized information and transparency. Nevertheless, the training of both the executives and the elected members of these authorities has to be improved. But one of the main pending problems is the level of information of the deliberative assemblies' members on items such as cash and debt management, induced risk and decision making. What also matters is that lenders have an accurate view of borrowers' financial situation ? Classification JEL : G21, H74.
- Écarts d'inflation et soutenabilité de la zone euro : les enseignements des indicateurs des conditions monétaires - Nabil Maâlel, Olfa Zarrad p. 285 L'existence d'écarts d'inflation au sein de la zone euro est un phénomène préoccupant. Des niveaux d'inflation divergents au sein d'une union monétaire entraînent des écarts de taux d'intérêt réel parmi les pays membres, qui sont susceptibles d'exercer un effet déstabilisateur sur les économies nationales, en contribuant à entretenir les écarts d'inflation et de production. Mais les effets du taux d'intérêt réel peuvent être contrecarrés par le canal du taux de change effectif réel. Ce papier vise à tester l'impact des variations du taux de change effectif réel sur les écarts de production au sein des pays membres de la zone euro. Nous utilisons à cet effet la version standard des indicateurs des conditions monétaires (ICM) qui traduit l'action conjointe des variations du taux d'intérêt et du taux de change sur le niveau d'activité ou l'inflation. Les résultats révèlent une certaine compensation entre les conditions monétaires internes (taux d'intérêt) et externes (taux de change) dans beaucoup de pays membres. Classification JEL : E31, E42, E52, F31.Inflation Gaps and Sustainability of the Euro Zone : What Do the Monetary Conditions Indexes Tell Us ? The existence of inflation gaps across the euro zone countries is a real preoccupation for policy makers. Diverging levels of inflation across a monetary union lead to various gaps of real interest rates among the member countries. These gaps of real interest rates can contribute to maintain both inflation and output gaps. Therefore, the impact of real interest rates can be compensated by the movements of the real effective exchange rate. The motivation of this paper is to test the effect of real effective exchange rate movements on output gaps within the euro area countries. Using the standard version of the monetary conditions index (MCI), which is a combination of the changes of interest rate and exchange rate from some arbitrary base period, we find that there is a compensation between internal and external monetary conditions (interest rate and exchange rate) for many economies of the euro zone members. Classification JEL : E31, E42, E52, F31.
- Les collectivités locales et les produits structurés - Michel Bouvard Vice-président, commission des finances, Assemblée nationale p. 281